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CHAPITRE XVIII

Fondation de la ville d'Halifax. Jalousie des colons français. Senti

ments d'inimitié professés à leur égard par les colons anglais. Prétentions des deux partis. Les Indiens sont refoulés hors de leurs territoires. Déclaration de la guerre, George Washington est envoyé auprès des Français; il échoue dans sa mission. Incidents de son voyage. Première expédition organisée par les Anglais. Ils sont vaincus et Washington est fait prisonnier. Congrès d'Albany. Alliance des Anglais avec les Indiens des « Cinq Nations. » Le docteur Benjamin Franklin. Premières années de sa vie. Proposition de l'Albany-plan. Son rejet. Premier drapeau des colonies. Expédition contre le fort Duquesne. Déroute de l'armée anglaise. Acte de cruauté commis par les Anglais dans la Nouvelle-Ecosse. Bataille entre les Français et les Anglais devant le fort Frédéric (CrownPoint). Mort du général Dieskau. Défaite de son armée. Cessation des hostilités.

Après la conclusion de la paix, l'Angleterre se trouva embarrassée pour donner de l'ouvrage aux nombreux soldats et marins qu'elle avait employés pendant la dernière guerre, et dont elle venait d'ordonner le licenciement. Ces hommes avaient contracté, dans les camps ou à bord des vaisseaux, des habitudes de paresse telles, que, lorsqu'ils furent sans emploi et sans moyens d'existence, ils se rendirent dangereux en se laissant aller au vol et au pillage. En face de cette situation, le gouvernement chercha à les attirer vers les colonies américaines, et, dans ce but, il annonça

'il accorderait à tous les anciens officiers et soldats

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de son armée, qui consentiraient à s'expatrier avec leurs familles, une certaine portion de terrain située dans la Nouvelle-Ecosse, et dont l'étendue serait proportionnée à leurs grades. Cette décision produisit le meilleur résultat. En très-peu de temps, quatre mille de ces aventuriers s'inscrivirent avec leurs familles, et, au commencement du mois de mai 1748, ils partirent sous la direction du colonel Cornwallis. Ils débarquèrent au lieu de leur destination vers la fin de juin, et, après avoir cherché pendant quelques jours un emplacement favorable, ils se décidèrent pour un endroit proche du port où ils étaient descendus, et jetèrent les premières fondations d'une ville à laquelle le nom d' Halifax fut donné.

La création d'une colonie aussi puissante dans la Nouvelle-Écosse ne pouvait manquer de porter ombrage aux Français établis dans le voisinage. Ils envoyèrent clandestinement des émissaires aux Indiens pour les exciter à harasser les nouveaux colons par leurs attaques, afin de les dégoûter de leur entreprise et de les obliger à abandonner le pays.

De plus, et comme si les causes que nous venons de rapporter ne suffisaient pas à entretenir les sentiments d'inimitié des colons français et anglais entre eux, les mères-patries recherchaient avec empressement toute nouvelle occasion de se déclarer la guerre. Depuis plus de deux siècles, la France avait été à la tête du mouvement catholique, tandis que l’Angleterre encourageait ouvertement les menées du parti

protestant, de telle sorte que la question religieuse alimenta encore la jalousie innée des deux puissances rivales. Puis, lorsque l'Angleterre constata les progrès faits par les Français en Amérique, et vit qu'ils allaient avoir le monopole du commerce des fourrures avec les Indiens, sa rage et son ressentiment ne connurent plus de bornes.

Il faut se rappeler qu'à l'époque où se place notre récit, soit vers le milieu du dix-huitième siècle, les colonies anglaises occupaient seulement une étroite bande de terre d'une longueur d'un millier de milles, située sur les rives de l'Atlantique. Les Français, au contraire, tenaient sous leur domination tout le Canada et la Nouvelle-Ecosse, et prétendaient même à la possession de toute la région intérieure s'étendant du fleuve Saint-Laurent à l'embouchure du Mississipi. Ils avaient hautement déclaré leur ferme intention de défendre ces territoires contre toute invasion anglaise, et avaient, à cet effet, construit soixante forts sur la ligne entre Québec et la Nouvelle-Orléans. Ils avaient descendu l'Ohio, « la belle rivière, » et commençaient à en coloniser la vallée, qui est un des plus beaux pays de l'Amérique. « Il est indubi

. a table, disait Franklin, qu'en moins d'un siècle peut« être, il y aura là un Etat populeux et puissant : a grand accroissement de pouvoir soit pour l’Anglea terre, soit pour la France. » La lutte était donc engagée, et jusqu'ici c'était la France qui semblait l'emporter.

L'émigration anglaise continuait cependant, et par suite les anciennes colonies, acquérant tous les jours une plus grande importance, les nouveaux arrivants cherchèrent à en fonder d'autres et ils se répandirent vers l'ouest. A un moment donné, ils se rencontrèrent sur les bords de l'Ohio avec les trappeurs et les soldats français descendant du nord, et les rixes qui devaient . résulter de cet état de choses ne tardèrent pas à éclater. Les Français repoussèrent les colons anglais, et avec eux les inspecteurs qu'ils avaient emmenés. Un poste à Monongahela fut détruit, et le chef des Indiens

à Miami, qui combattaient avec les Anglais, fut tué et mangé par les Indiens alliés des Français.

Pendant ces querelles, les réclamations des Indiens, premiers et véritables propriétaires du sol, étaient méprisées. Pressentant qu'un jour il leur serait contesté jusqu'au droit d’exister sur ces terres que leurs ancêtres avaient habitées bien longtemps avant la venue des Européens, ils transmirent, par un messager, à l'agent de la Compagnie de l'Ohio, cette question polie et que les circonstances motivaient : « Où est la a torre de l'Indien? Les Anglais veulent tout un côté « de la rivière, les Français tout l'autre. Où donc est ( notre terre ? )

Ces conflits quotidiens entre les habitants des frontières des colonies rivales firent éclater, en 1749, la guerre qui couvait depuis longtemps, et dont la déclaration satisfit les aspirations secrètes de la majeure partie des colons en dispute. Les Français construi.

sirent immédiatement trois nouveaux forts : l'un à Presqu'île, à l'endroit où est aujourd'hui la ville d'Erie, dans l'État de Pennsylvanie; un second, le fort Le Bæuf, sur l'emplacement occupé actuellement par la ville de Waterford, et un troisième qu'ils appelèrent fort Venango. )

En 1753, le gouverneur de New-York écrivit au gouvernement anglais que, si on laissait les Français en possession de toutes les terres qu'ils avaient découvertes ou explorées, les rois d'Angleterre n'auraient pas une seule colonie distante de plus de cent milles de la mer. Tourmentées par cette observation, les autorités supérieures anglaises décidèrent d'envoyer un représentant auprès des Français pour leur demander une explication. George Washington, jeune homme de vingt et un ans, et qui faisait concevoir par son esprit et son instruction de brillantes espérances, fut choisi par le lieutenant-gouverneur de la Virginie, Dinwiddie, pour aller trouver les commandants des forts français et en demander l'abandon.

Le jour même qu'il reçut ses lettres de créance, Washington se mit en route. Il alla d'abord s'adresser au commandant du fort Venango, qui le reçut trèsmal, puis il vint au fort Le Bæuf, dont le commandant Saint-Pierre le traita avec égards, mais, comme un vrai et franc soldat qu'il était, refusa absolument de discuter sur des théories, et déclara, à la fin, qu'il avait reçu des ordres qu'il était de son devoir d'exécuter.

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