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boucliers en peau de buffle, et quelquefois se garantissaient la poitrine au moyen d'une plaque faite de menus morceaux de bois reliés par des cordes. Mais bientôt après l'arrivée des blancs, ceux-ci leur fournirent des armes à feu dont ils apprirent le maniement: ils devinrent rapidement d'une adresse au tir surprenante, et depuis lors ils négligèrent leurs premières armes. Quelques tribus se bâtirent, aussi, de véritables forts entourés de palissades et de fossés où leurs approvisionnements étaient conservés.

On a peu de renseignements sur l'organisation intérieure des tribus. Il est certain qu'une tribu reliait entre elles plusieurs familles pour en faire un tout indivisible et solidaire. Chaque tribu avait son emblème ou « totem. » C'était une tortue, un cerf, une bécasse ou un hibou, bêtes dont les guerriers s'imprimaient l'image sur la poitrine et les bras. Chaque tribu avait aussi son chef ou « sachem, » dont la charge consistait à représenter son peuple aux grands conseils et à le gouverner suivant les traditions et les coutumes. Mais l'autorité du chef n'était pas partout égale. Voici ce que dit à ce sujet un savant historien : « Quelques « tribus semblaient être les esclaves d'un despotisme « spirituel..., d'autres paraissaient avoir adopté une a monarchie limitée, quelques-unes la démocratie dans

laquelle tous les guerriers se trouvaient presque sur a un pied d'égalité. Le pouvoir du chef était souvent « héréditaire et quelquefois exercé par des femmes. « Mais les idées des Indiens concernant l'hérédité

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« différaient de celles d'Europe : l'héritier n'était pas « le fils propre du chef, mais le fils de sa scur, usage ( universel dans toute l'Amérique partout où le poua voir se transmettait par hérédité. Toutefois la naisa sance était de peu de poids quand les autres qua«lités manquaient; le titre de chef pouvait rester à « l'héritier, mais ' l'influence passait en d'autres ( mains 1.)

Il nous reste à parler de la religion qui tient une place si importante dans l'histoire des peuples. On a prétendu que les Indiens n'en avaient pas; on ne leur connaît en effet aucun temple, mais ils paraissent avoir eu des formules de prières dont ils faisaient usage dans toute circonstance importante, par exemple, avant de partir pour la chasse ou pour la guerre. Cependant il est difficile de faire connaître avec précision quelles étaient les croyances indiennes : « Les uns ( adorent pour Dieu le soleil, d'autres la lune ou la a terre, ou le feu, ou d'autres objets de moindre, ima portance, mais finalement ils reconnaissent deux « ètres suprêmes, l'un auteur de tout bien, l'autre « producteur de tout mal?. » Roger William, le fondateur de Rhode Island, aborde la même que on, et conclut seulement que, suivant les croyances indiennes, « Dieu existe et est le rémunérateur de tous ( ceux qui le cherchent avec empressement. » Il nous semble qu'il n'y a qu'une façon de concilier ce double

1 Hildreth, ler vol. 2 Gookin.

témoignage avec l'apparence de fétichisme qui frappe seule un observateur moins attentif : c'est de dire avec l'auteur d'une histoire du peuple américain':.... « Les « Indiens croyaient à l'existence d'un être infini, mais « cette conception ne s'élevant pas pour eux aux proa portions d'une généralisation soutenue, ils lui dona naient une forme saisissable qu'ils appelaient Esprit ( et qu'ils multipliaient à l'infini. » Il paraît qu'un Indien-prêtre (powwow), auquel on demandait pourquoi il adorait le buffle, répondit qu'il ne rendait aucun culte au buffle, mais à l'esprit invisible qui est le type de tous les animaux de cette espèce.

C'était parini les animaux que les Indiens cherchaient le plus souvent la personnification de leur « Inconnu. » Les animaux passaient pour de puissants protecteurs; on prenait les plus grandes précautions pour ne pas leur donner de sujets de mécontentement; on leur offrait souvent une partie du butin ou du produit de la chasse, à seule fin de se les rendre favorables. Les Indiens maniaient doucement les os du castor, du buffle, du cerf et de tout autre gibier, dans la crainte que les esprits des animaux morts n'allassent auprès des animaux vivants et ne leur apprissent à éviter les piéges et les coups du chasseur. Souvent ils s'entretenaient avec les animaux comme avec des êtres humains ; ils leur demandaient pardon de les avoir blessés, ils leur expliquaient la nécessité où ils s'étaient trouvés de les attaquer et les exhortaient à endurer dignement la douleur afin de ne pas déshonorer leur famille. L'un des premiers missionnaires raconte qu'il vit un Indien tirer sur un ours et le blesser. La bête tomba et se roula en poussant des gémissements plaintifs. L'Indien s'approcha tout près d'elle et lui dit : « Ours, tu es un lâche et non un « guerrier. Tu sais que ta tribu et la mienne sont « en guerre et que c'est la tienne qui l'a commencée. a Si tu m'avais blessé, je n'aurais pas poussé le plus « petit cri, et tu es là à crier et à gémir de telle sorte a que tu déshonores ta tribu. »

1 Carlier,

Les pratiques religieuses étaient bizarres et bruyantes, les Indiens les accompagnaient de chants et de danses; ils avaient des « hommes de médecine » qui tenaient le milieu entre nos prêtres et nos médecins, et qui prétendaient guérir autant par des conjurations magiques que par les simples remèdes qu'ils connaissaient.

Ils croyaient aussi aux esprits des étoiles et des vents et craignaient leur influence sur le résultat de leurs entreprises. Le célèbre poëte américain Longfellow, dans son ouvrage intitulé « Hiawatha, » cite plusieurs des légendes extraordinaires et absurdes qui se transmettaient de génération en génération parmi les Indiens.

Les Iroquois enfin adoraient un « Grand Esprit » et étaient convaincus de l'existence des « Pays de chasse bienheureux, » où chaque guerrier, après sa mort, devait aller chasser, faire bonne chère et être aussi paresseux qu'il lui plairait. L'imagination indienne n'avait pas conçu d'autre idéal de la vie future. Tout ce qu'espérait ce peuple d'une intelligence et d'une sensibilité bornées, c'était la continuation de la vie présente.

Le culte de la mort était répandu chez ces peuples sauvages, mais exprimé par de singulières coutumes; tantôt le cadavre était brûlé ou simplement fumé, ou encore mangé par les parents du défunt; tantôt il était abandonné à la putréfaction dans les branches d'un arbre ou exposé aux vautours sur une claie élevée.

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Tels étaient les Indiens il y a deux cents ans, tels ils sont encore aujourd'hui.

A l'époque de l'établissement des Européens en Amérique, on disait que la guerre et la peste diminuaient rapidement le nombre des Indiens; depuis, cette décroissance a continué et des tribus entières ont même disparu. Aucommencement, ils étaient disposés à avoir des rapports amicaux et pacifiques avec les blancs, mais des querelles ne tardèrent pas à s'élever, chaque parti ayant d'ailleurs des torts à se reprocher. Les sauvages indiens mirent souvent le feu à des villages, emmenant les habitants prisonniers et laissant derrière eux des régions entières inhabitées. En revanche, leurs villages et leurs forts furent détruits et leurs tribus repoussées vers les contrées de l'ouest ou réduites à une mince poignée d'hommes.

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