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sèrent entièrement le reste. Le général Dieskau fut blessé grièvement et, dans la poursuite qui suivit la défaite de son armée, ayant été rencontré, appuyé sur un tronc d'arbre, par un soldat anglais, il mit la main à son gousset pour lui offrir sa montre en échange de la liberté; mais celui-ci, se méprenant sur l'intention du geste, crut qu'il cherchait un pistolet et le tua. Les restes de ses troupes allèrent donner dans une embuscade de volontaires des colonies de New-York et de New-Hampshire, et y trouvèrent la mort ou la captivité.

Cette victoire ne rapporta rien aux Anglais, tandis que les conséquences de la défaite du général Braddock furent des plus graves. Les Français restèrent, pendant une nouvelle période, en possession de toute la région située à l'ouest des Alleghanys, et les Indiens accrurent encore leur mépris pour les Anglais et leur estime pour les Français, renouvelant à l'occasion leurs attaques contre les colonies. Toute la partie ouest de la Virginie fut particulièrement le théâtre de massacres et d'incendies.

CHAPITRE XIX

Déclarations de guerre réciproques entre la Grande-Bretagne et la France. Plan conçu par le général Abercrombie. Le général de Montcalm s'empare des forts Ontario et Oswego. Prise du fort Granville par les Français. Projet des Anglais contre Louisbourg. Capitulation du fort William Henry. Washington se rend maître du fort Frontenac. Louisbourg retombe au pouvoir des Anglais. Le général Abercrombie échoue devant le fort Ticonderoga. Un détachement de son armée s'empare du fort Duquesne. Siége de Québec par les Anglais. Mort des généraux Wolfe et de Montcalm. Capitulation de Québec. Tentatives faites par les Français pour le reprendre. Prise de Montréal par les Anglais. Signature du traité de paix entre la France et l'Angleterre. Continuation des attaques des Indiens contre les colonies anglaises. Conspiration générale des tribus. Projet des Indiens. Ils échouent devant le fort Détroit, mais s'emparent du fort Mackinaw. Rupture de la ligue indienne. Condition des colonies après cette guerre.

Dans le courant de l'année 1755, l'Angleterre saisit, sans déclaration préalable de guerre, trois cents vaisseaux marchands qui naviguaient sur la foi des traités. Pour venger cette agression inouïe, la France, représentée par le duc de Richelieu, attaqua les possessions anglaises de la Méditerranée. Sur ce, le roi d'Angleterre George II déclara la guerre à la France, prétendant que, depuis le traité d'Aix-la-Chapelle, les empiétements et les usurpations des Français en Amérique avaient été notoires et que, malgré toutes les réclamations qu'il avait fait adresser au ministère

français, les actes injustifiables des gouverneurs français, ainsi que des officiers agissant d'après leurs ordres, avaient été continués.

Le mois suivant, le roi de France Louis XV déclara à son tour la guerre à l'Angleterre; dans son message, il insistait sur l'attaque faite en 1759 par les Anglais contre les possessions françaises dans l'Amérique du Nord; il rappelait le tort causé par la marine anglaise à la navigation et au commerce des sujets français en violation directe des traités; il se plaignait de ce que les soldats et les marins français enduraient les plus cruels traitements sur les pontons de la Grande-Bretagne, ce qui est contraire aux lois de la nature et de l'humanité et excède les droits les plus larges accordés par la guerre.

Ces déclarations, toutes deux tendant vers le même but, surexcitèrent au plus haut degré la haine nationale qui avait pris de si profondes racines entre les Français et les Anglais établis en Amérique. Les hostilités, qui avaient langui un moment, reprirent avec une nouvelle intensité.

Le 25 juin 1756, le général Abercrombie, arrivant d'Angleterre, prenait le commandement des troupes anglaises. Il proposa aussitôt, au conseil de guerre tenu à New-York, d'attaquer le fort Niagara, situé entre les lacs Ontario et Erie, de surprendre Ticonderoga et Crown-Point, d'assiéger le fort Duquesne, et d'envoyer une expédition contre la capitale du Canada. Mais ce plan était trop vaste pour être exé

cuté par les troupes à ce moment sous ses ordres, et il dut attendre les renforts qui lui étaient promis d'Angleterre.

Pendant ce temps, les Français, sous le commandement du général marquis de Montcalm, faisaient quelques attaques contre les avant-postes anglais et, après plusieurs engagements partiels avec l'armée du général Abercrombie, se retiraient à l'intérieur vers les grands lacs, où ils cherchaient à intercepter un convoi de vivres destiné à la garnison du fort Oswego. Au commencement de l'automne, de Montcalm s'emparait des forts Ontario et Oswego, ainsi que de leurs magasins remplis de marchandises. Cette perte fut très-sensible aux Anglais, parce que ces deux forts étaient construits sur la rive méridionale du grand lac Ontario, de chaque côté de l'embouchure de la rivière Onondago, qui se jette dans le lac, et que, par leur position, ils commandaient le commerce ainsi que tous les mouvements de l'ennemi, surtout depuis que des navires avaient été construits spécialement par les deux parties intéressées pour croiser sur ce lac. Peu après, la garnison du fort Granville, situé sur les confins de la Pennsylvanie, se laissait surprendre par un corps de Français et d'Indiens qui emmenèrent prisonniers les vingt-deux hommes qui la composaient, et réduisirent le fort en cendres.

Le général en chef de l'armée anglaise s'efforça alors, par tous les moyens, de réunir des forces suffisantes pour contre-balancer les succès de ses ennemis. L'atta

que contre le fort Frédéric ou Crown-Point, qui avait été longuement méditée, fut mise de côté comme étant d'une importance moindre actuellement que l'expédition projetée contre Louisbourg. Mais au moment où, à la tête d'une armée de douze mille hommes, le général Abercrombie allait donner l'ordre de se porter en avant, les espions qu'il avait prudemment envoyés dans la direction de Louisbourg vinrent lui annoncer que cette ville était à l'abri de tout coup de main; de leurs rapports, il ressortait que la ville avait une garnison de plus de neuf mille hommes blancs et d'environ quinze cents Indiens, et qu'elle était pourvue de toutes les munitions et vivres nécessaires pour résister à un long siége. De l'avis des officiers supérieurs de l'armée anglaise réunis en conseil de guerre, l'expédition fut remise au printemps suivant.

L'année d'après, le fort William Henry, situé sur le côté sud du lac George, fut assiégé par les Français et dut capituler. Dans les conditions de la reddition de la place, il avait été convenu que les Anglais auraient la vie sauve; à peine cependant avaient-ils quitté le fort, qu'une nuée d'Indiens s'abattit sur eux pour les massacrer et les dépouiller. C'est en vain que les officiers français s'interposèrent au péril de leur vie pour sauver les jours de leurs anciens ennemis. <«< Tuez-moi, criait de Montcalm dans son désespoir, « mais épargnez les Anglais qui sont sous ma protec<tion. Rien n'y fit, la furie des Indiens était à son paroxysme, aucune influence n'eût réussi à les arrêter,

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