Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

déloger de la position qu'elle occupait, il sortit de la citadelle avec ses troupes. Les vétérans anglais attendirent l'ennemi de pied ferme, sans répondre à son feu, mais lorsque les Français allaient les atteindre, des décharges rapides et régulières les forcèrent à s'arrêter. Le général Wolfe se placa alors à leur tête, et leur commanda de charger à la baïonnette. Quoique blessé en deux endroits, il continuait à pousser les siens en avant, quand une troisième balle le frappa et il dut être transporté à l'arrière. Pendant qu'on le pansait, il entendit crier autour de lui : « Ils fuient ils fuient! Qui? demanda faiblement le général. Les Français, répondit un officier. Que Dieu soit béni, je meurs content,» murmura Wolfe en rendant le dernier soupir.

--

Le général de Montcalm fut aussi mortellement blessé pendant l'action. Lorsqu'on lui eut dit que la gravité de sa blessure ne laissait aucun espoir, il prononça ces paroles : « C'est aussi bien; je ne vivrai

pas pour voir la reddition de Québec. » De Montcalm n'expira cependant que le lendemain, après avoir donné des instructions pour que la retraite se fît en bon ordre sous le feu de l'ennemi. Il fut enterré dans le trou qu'une bombe avait creusé dans le couvent des Ursulines de Québec, « digne sépulture d'un héros, dit un de ses historiens.

Après avoir lu ces deux morts glorieuses, on ne sait lequel des deux ennemis doit être le plus admiré. Un monument a été érigé dans le jardin du gouverneur

de Québec à la mémoire de de Montcalm et de Wolfe, dont les deux noms sont gravés sur la pierre. C'est lord Dalhousie, un Anglais, qui eut, en 1827, cette généreuse pensée d'unir ainsi deux guerriers vraiment dignes l'un de l'autre, et qui fit graver sur une colonne en marbre cette inscription: « Mortem virtus « communem, famam historia, monumentum posteri« tas dedit... »

Cinq jours après la mort du général de Montcalm, le 18 septembre 1759, la citadelle et la ville capitulèrent. Les Français avaient perdu, pendant ce siége, plus de cinq cents hommes, et les Anglais firent, en outre, environ mille prisonniers, qu'ils envoyèrent dans les prisons de la Grande-Bretagne.

L'année suivante, les Français essayèrent de reprendre Québec; mais une flotte très-puissante arriva à temps d'Angleterre et les contraignit à renoncer à ce dessein.

Au mois d'août 1760, le général Amherst décidait d'assiéger Montréal qui, située sur une île du SaintLaurent et à une égale distance de Québec et du lac Ontario, était, par son importance, la seconde capitale du Canada. Le 6 septembre, il débarquait avec des forces considérables, munies de grosses pièces d'artillerie, dans l'île de Montréal, et commençait un siége en règle. Mais le gouverneur de la ville, le marquis de Vaudreuil, sentant qu'avec les troupes sous ses ordres il résisterait aux Anglais sans grandes chances de succès, et, de plus, ayant appris que de

nouveaux renforts très-nombreux étaient partis de Québec pour se joindre à l'armée du général Amherst, envoya deux de ses officiers au camp ennemi pour demander à capituler. Les conditions posées par le général Amherst furent acceptées par le gouverneur de Vaudreuil, qui abandonna la ville aux Anglais.

Dans l'intervalle, le commandant des troupes parties de Québec publiait sur son passage des manifestes aux Canadiens dont la plupart se soumirent.

La conquête du Canada étant achevée, les Anglais s'occupèrent de la démolition des fortifications de Louisbourg, sur l'île du cap Breton. Dans ce but, ils firent venir d'Angleterre des ingénieurs qui, au moyen de mines, réduisirent les murs de la ville à un monceau de débris, nivelèrent les glacis et remplirent les fossés.

Les Français possédaient encore sur le continent américain la contrée fertile située de chaque côté du grand fleuve << Mississipi; mais la colonie était si

peu peuplée et si mal approvisionnée qu'elle était contrainte d'avoir sans cesse recours aux marchands anglais.

En 1761, des négociations de paix entre la France et l'Angleterre avaient été entamées à Fontainebleau, mais elles n'aboutirent que deux ans après, lorsque la paix fut rétablie entre ces deux nations par le traité signé à Paris le 10 février 1763. Louis XV céda à l'Angleterre l'Acadie, le Canada et toutes les terres

que la France avait jusque-là possédées sur la rive droite du Mississipi, sauf quelques stations de pêche situées auprès de Terre-Neuve. Il abandonna encore toute la contrée ouest du Mississipi à l'Espagne, qui, à son tour, accorda la Floride à l'Angleterre.

On avait espéré que les tribus indiennes, naguère amies des Français, auraient les mêmes sentiments pour les nouveaux possesseurs de la contrée, et qu'ils se rangeraient immédiatement sous l'autorité anglaise. Cette espérance fut bientôt dissipée. Les tribus habitant à l'ouest ne tardèrent pas à résister à leurs nouveaux maîtres. Pontiac, chef des Indiens Ottawas, homme d'un grand courage, adroit et très-influent parmi les autres tribus, crut que, si les Indiens s'unissaient, il leur serait possible de chasser les Anglais de leurs territoires. Pontiac avait été présent à la bataille que perdit le général Braddock, et avait vu fuir les habits rouges. » Il organisa une vaste conspiration pour la destruction simultanée de toutes les garnisons anglaises. Il envoya des messagers dans toutes les directions, porter aux différents chefs une ceinture de grains de wampum, rouges et noirs, ce qui signifiait guerre, et un tomahawk peint en rouge. Partout où les messagers se présentèrent, la ceinture et le tomahawk furent acceptés, et les guerriers s'engagèrent à se joindre à leurs frères dans la prochaine guerre.

Toute l'astuce des Indiens fut ici mise en jeu. A Maumee, une jeune femme indienne attira loin du

fort le commandant, en lui demandant son aide pour une femme qui, disait-elle, se mourait à quelques pas de là, faute de secours. Le trop confiant officier se trouva ainsi à la merci des Indiens qui le tuèrent et le scalpèrent.

Aussitôt que Pontiac eut recueilli les adhésions de la plupart des tribus indiennes, un grand conseil fut réuni; chaque tribu y fut représentée par son chef ou sachem, et Pontiac exposa le plan qu'il avait conçu et qui fut adopté à l'unanimité. Il s'agissait de s'emparer, par la ruse, du fort Détroit, et voici quel était le plan de Pontiac. Un jour, il irait au fort avec une trentaine d'hommes et demanderait à y entrer pour donner aux officiers et aux soldats une représentation de la danse indienne. Pendant qu'un certain nombre d'entre eux, choisis à l'avance, danseraient et occuperaient l'attention des Anglais, les autres erreraient dans le fort et observeraient tout ce qui s'offrirait à leur vue. Quelques jours après, ils s'y rendraient de nouveau pour demander à tenir un conseil, et à un signal convenu tomberaient sur les blancs avec les armes qu'ils auraient dissimulées dans leurs couvertures.

La première partie de ce projet réussit, mais la seconde échoua. Le commandant du fort, averti par une femme indienne, fit ranger la garnison en ordre de bataille, et lorsque Pontiac arriva avec ses cinquante guerriers cachant chacun un fusil dans sa couverture, il reconnut qu'il avait été trahi, et il se laissa désarmer, heureux d'en être quitte à si boni

« VorigeDoorgaan »