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compte. Contrairement à ce qu'on eût pu espérer, Pontiac ne conserva aucune reconnaissance aux Anglais de leur générosité et, deux jours après, ayant réuni un nombre considérable de guerriers indiens, il mit le siége devant le fort Détroit. Pendant cinq mois, les Indiens bloquèrent le fort et, à l'entrée de l'hiver, la garnison, épuisée par la famine, allait se rendre aux sauvages quand ceux-ci, dont la patience était à bout, accoutumés qu'ils étaient à prendre une place forte plutôt par la violence que par un investissement prolongé, commencèrent à se débander et finalement se retirèrent.

Mais si Pontiac et ses guerriers n'avaient point réussi, il n'en avait pas été de même pour les autres tribus qui employèrent la ruse et les attaques imprévues pour arriver à leurs fins. Huit forts furent pris de cette manière par les Indiens. A Mackinaw, par exemple, sept cents Indiens sans armes se réunirent un jour de fète sous les palissades du fort pour y jouer à la balle. Ils invitèrent les soldats à assister à leur

jeu, tandis que leurs squaws (leurs femmes) se tenaient roulées auprès d'eux dans des couvertures. Le jeu commença, chaque camp repoussant l'autre. Tout à coup, la balle alla frapper la porte du fort, et tous les Indiens se ruèrent dans cette direction, se saisissant, au passage, des armes que les femmes avaient jusqu'alors tenues cachées dans les couvertures. Les palissades furent escaladées en un clin d'oeil, et une affreuse boucherie suivit une courte résistance. Le comman

dant, le major Henry, était, à ce moment, dans sa chambre en train d'écrire. Entendant les cris d'appel et d'agonie des victimes, il se précipita à la croisée et vit l'horrible massacre de ses soldats. Il comprit aussitôt que tout espoir de repousser les Indiens devait être abandonné, et il ne songea plus qu'à son propre salut. Après avoir couru mille dangers, il parvint à un lieu de sûreté où vingt hommes de la garnison seulement réussirent à le rejoindre.

Une panique générale s'était emparée des colonies; les habitants s'enfuyaient par centaines pour échapper au scalpel des Indiens, et l'on était en droit de craindre le dépeuplement prochain des colonies, lorsque enfin la confédération indienne fut rompue, et Pontiac conclut la paix avec les Anglais. Quelque temps après, un de ses anciens compagnons le tua dans un moment d'ivresse.

Cette guerre coûta aux habitants des colonies seize millions de dollars, soit 80 millions de francs, dont l'Angleterre ne leur remboursa même pas le tiers. Ils avaient eu à souffrir toutes les atrocités inventées par les Indiens. Trente mille hommes avaient péri.

Les impôts absorbaient souvent les deux tiers du revenu du fermier, et pourtant aucune réclamation, aucune plainte ne s'était élevée, parce qu'ils avaient été votés par leurs propres représentants. Dans les guerres dont nous venons de parler, les hommes de colonies et d'opinions différentes combattirent souvent côte à côte, oubliant à l'heure du péril toute haine ou jalousie

anciennes. Ils connurent leur force en convoquant des assemblées, en levant et en entretenant des troupes. Nerecevant ni secours, ni conseils de l'Angleterre aux moments les plus difficiles, ils apprirent ainsi à penser et à agir en dehors de la tutelle de la mère-patrie. Par la connaissance de leurs droits, les idées démocratiques prirent racine chez eux et ils aspirèrent à la liberté.

La manière dont les officiers anglais se conduisaient envers les troupes coloniales, se moquant ouvertement de la tournure gauche et embarrassée des recrues, contribua aussi à affermir l'union des colons. Beaucoup d'officiers américains expérimentés avaient été remplacés par de jeunes subalternes anglais, mais cela ne put empêcher Washington, Gates, Montgomery, Stark, Arnold, Morgan, Putnam, et une foule d'autres, de faire leur éducation militaire, et d'apprendre même, ainsi qu'ils le montrèrent lorsque le temps en fut venu, à combattre les réguliers anglais.

CHAPITRE XX

Causes principales. Prétention de la Grande-Bretagne d'imposer ses , colonies. Lois qui les régissaient. Restrictions apportées à leur commerce. Sentiments des colons à l'égard de la mère-patrie. Ils demandent à être représentés au parlement anglais. Ce droit leur est refusé. Premières hostilités. Mesures de répression adoptées par le gouvernement anglais. Loi du timbre. Réclamations des colonies. La Virginie donne le signal de la révolte. Réunion d'un congrès américain. Déclaration des droits des colonies. La résistance s'organise. Ligue contre le commerce de la Grande-Bretagne. Arrivée du papier timbré. Fureur de la population. Les magistrats ne peuvent exécuter la loi. Discussions soulevées par ces incidents au sein du parlement anglais. Retrait de la loi du timbre. Joie des colons. Ils demandent le rappel des lois régissant le commerce. Nouvelles taxes votées par le parlement. Troubles qu'elles provoquent. Envoi de troupes aux colonies. Rixes entre les soldats et le peuple. Progrès de la révolte. Refus des colons d'acquitter la taxe sur le thé. Bill du port de Boston. Réunion du premier congrès continental. I approuve la résistance à l'Angleterre. Les << tories. » Les colonies se préparent à la guerre.

La cause la plus générale à laquelle on peut attribuer la révolution américaine est la prétention que manifesta la Grande-Bretagne d'exercer sur ses colonies d'Amérique un gouvernement arbitraire. Tant que cette prétention resta théorique, le conflit fut retardé; mais le jour où le gouvernement anglais voulut mettre ce principe en pratique, les colonies résistèrent énergiquement. La question commença à être ouvertement débattue à l'époque de la signature

du second traité d'Aix-la-Chapelle, en 1748, et depuis cé moment, jusqu'aux premières hostilités de 1775, chaque année vit de nouvelles agitations causées par les abus d'autorité des gouverneurs anglais et par les impôts que l'Angleterre entendait tirer de ses colo

nies.

Une seconde cause, subordonnée à la première, fut le caractère personnel du roi d'Angleterre George III, qui monta sur le trône en 1760. Pendant soixante ans, ce monarque entêté fit indignement souffrir les habitants de ses colonies d'Amérique, par la forme de gouvernement despotique et autoritaire qu'il avait adoptée pour elles, ainsi que par des vexations de tout genre.

La majorité des hommes qui avaient fondé les treize colonies de New-Hamphire, Massachusetts, Rhode-Island, Connecticut, New-York, New-Jersey, Pennsylvanie, Delaware, Maryland, Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud et la Géorgie dont nous avons raconté l'histoire primitive, étaient venus en Amérique pour fuir les persécutions religieuses dont l'Angleterre avait été le théâtre, et avaient apporté avec eux des principes de liberté qui grandirent avec leurs établissements. Provoquer ces hommes par l'injustice, c'était rompre les liens qui les attachaient à la mère-patrie. C'est précisément ce que l'Angleterre fit sans cesse et comme de propos délibéré.

Le gouvernement anglais sembla toujours traiter les colons comme les membres d'une classe très-infé

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