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rieure. Son intention était de maintenir les colonies sous sa dépendance absolue, et les lois étaient faites de manière à favoriser le fabricant anglais au détriment du colon. Par l'acte de navigation, les habitants des colonies étaient tenus d'envoyer tous leurs produits en Angleterre et de n'acheter de marchandises que sur les marchés anglais. Toute fabrication d'articles de toilette, d'ustensiles de ménage, d'outils pour la culture ou autres, était rigoureusement interdite dans les colonies. Pitt, le premier ministre du roi George III, qui pourtant se disait « l'ami de l'Amérique, déclara à la Chambre des communes « qu'elle n'avait pas le droit de fabriquer même un clou pour un fer à cheval. » L'exportation de chapeaux d'une colonie à l'autre était prohibée, et un chapelier ne pouvait avoir plus de deux apprentis à la fois, « car, « disaient les défenseurs de ces lois vexatoires et impolitiques, si les colons sont laissés libres, ils << fourniront des chapeaux au monde entier. » Il était aussi défendu de s'établir chapelier, si l'on n'avait pas fait un apprentissage de sept ans. Il était permis d'exporter le fer en gueuse ou en barre, mais on ne pouvait posséder de forges et les gouverneurs avaient ordre de les détruire. L'importation du sucre, de la mélasse, du rhum, était frappée de droits exorbitants; les Caroliniens ne pouvaient abattre de pins dans leurs immenses forêts, afin de se servir du bois pour leurs constructions, ou de convertir la séve en résine et en goudron.

«

Les colons devaient naturellement chercher à éluder des lois aussi odieuses; la contrebande se fit sur une vaste échelle, et sur la quantité de thé consommée annuellement dans les colonies, et qui représentait une valeur d'environ un million et demi de dollars (7,500,000 francs), c'est à peine si quelques caisses passaient par la douane et acquittaient les

taxes.

Les gouverneurs nommés par le roi pour administrer les provinces avaient souvent blessé les sentiments du peuple par les mesures arbitraires qu'ils avaient prises. Des essais avaient même été faits pour retirer les chartes octroyées aux colonies de Massachusetts, de Rhode-Island et de Connecticut, lors de leur création.

Quoique cette manière d'agir envers les colonies semblât faite pour détruire l'affection qui les attachait à la mère-patrie, elles conservèrent néanmoins, pendant les premiers temps de leur rébellion, la même vénération pour l'Angleterre. Au commencement, lorsque le peuple refusa de payer les impôts fixés par le gouvernement anglais, les habitants ne crurent pas manquer. à leur devoir, et pour peu ils eussent crié: Vive le roi George! Après que des armées eurent été levées, et eurent commencé à combattre les troupes régulières, le congrès qui avait été réuni fit la déclaration suivante: « Nous n'avons pas formé des armées dans le but ambitieux de nous séparer de la Grande-Bre<tagne et de nous proclamer États indépendants!

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A ce moment encore, les habitants auraient été parfaitement satisfaits si le gouvernement anglais leur eût permis d'être représentés au parlement, lors de la discussion des impôts qu'on proposait d'établir sur eux. Ceux de la Nouvelle-Angleterre, dont les sentiments républicains les prédisposaient plus particulièrement à repousser toute tentative de ce genre, et dont le caractère hardi et intelligent était le plus porté à la résistance, furent les premiers à étudier le nouveau projet du gouvernement anglais et à en découvrir les tendances. Ils s'aperçurent vite que, si la prétention de l'Angleterre de taxer ses colonies à son propre bénéfice et suivant son plaisir lui était, une fois, reconnue, un système d'oppression pourrait être introduit, qui, par la suite, deviendrait graduellement intolérable, et qu'il ne serait plus possible de renverser. Puisqu'ils n'étaient pas représentés au parlement anglais, qu'est-ce qui empêcherait la Chambre des communes de continuer à alléger les impôts de l'Angleterre à leur détriment? et quelle attention cette assemblée prêterait-elle à l'examen de taxes dont ses membres seraient exempts?

Telles sont les considérations qui amenèrent les colons américains à dénier au parlement anglais le droit de lever aucune taxe sur les colonies, déclarant que toute tentative de les imposer serait la violation de leurs priviléges à un double titre; car, comme colons, ils possédaient, par chartes royales, le droit de se taxer eux-mêmes pour leurs besoins, et, comme

sujets britanniques, ils ne devaient accepter qu'un impôt approuvé par leurs représentants. Mais, ce double droit leur étant refusé, ils déclarèrent que les taxer sans qu'ils fussent représentés était de la tyrannie.

Franklin protestait éloquemment contre les priviléges de l'Angleterre, dans une lettre qu'il adressait, en 1754, à Shirley, gouverneur du Massachusetts. Il demandait des représentants pour les colonies et l'abolition des vieux actes du parlement qui restreignaient le commerce et paralysaient les manufactures des colonies. Il allait même jusqu'à parler du gouvernement des colonies par un parlement colonial. « Si ce nou« veau parlement, disait-il, jugeait à propos, dans « l'intérêt général, d'établir des lois semblables à « celles qui pèsent si lourdement sur les colonies, cest «lois seraient acceptées de meilleur cœur, et plus « facilement exécutées. »

La réclamation des colons américains était pourtant considérée en Angleterre comme très-juste et très-raisonnable par plusieurs hommes d'Etat éminents, qui eussent certainement favorisé une mesure aussi équitable.

Peu à peu, le conflit s'engagea. En 1761, les percepteurs des taxes reçurent l'ordre d'exécuter les lois contre le commerce. Des mandats furent lancés, qui autorisaient ces officiers du fisc à rechercher, jusque dans les habitations, les marchandises entrées en fraude. La résistance prit alors un caractère de

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gravité plus sérieux les habitants ne voulurent point se soumettre à ces perquisitions et chassèrent les percepteurs. Les marchands de Salem et de Boston, en particulier, résistèrent aux «< writs of assistance, » ou mandats d'assistance donnés aux collecteurs, et James Otis présenta, en leur nom, une pétition à la cour supérieure. Avocat général, James Otis avait donné sa démission pour soutenir les droits des Américains. Son discours enflammé, l'impétuosité de son éloquence, ce mot si souvent répété : « L'impôt sans représentation, c'est la tyrannie, » mirent tout le pays en feu. Ce fut bien lui qui donna le signal de la résistance, et l'on peut dire, avec son élève John Adams, « que c'est le jour où James Otis parla devant la cour « supérieure de Boston qu'est née l'indépendance « américaine. »

En 1764, le gouvernement anglais renouvela devant le parlement sa proposition de tirer un revenu direct des colonies. George Greenville, qui succéda à lord Bute, proposa tout une série de règlements, pour le plus grand bien, pensait-il, de la métropole augmentation du nombre des douaniers, répression énergique de la contrebande par les forces navales et militaires de l'Angleterre, règlement uniforme pour les cours d'amirauté qui jugeaient seules et sans jury les contrebandiers. Ce n'était pas la première fois que cette idée était émise; car déjà, lorsque sir Robert Walpole, ministre des finances, échoua, en 1732, dans un projet d'impôt sur le tabac consommé en Angleterre, le

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