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témoignage avec l'apparence de fétichisme qui frappe seule un observateur moins attentif : c'est de dire avec l'auteur d'une histoire du peuple américain ':.... « Les

Indiens croyaient à l'existence d'un être infini, mais « cette conception ne s'élevant pas pour eux aux pro« portions d'une généralisation soutenue, ils lui don<naient une forme saisissable qu'ils appelaient Esprit « et qu'ils multipliaient à l'infini. » Il paraît qu'un Indien-prêtre (powwow), auquel on demandait pourquoi il adorait le buffle, répondit qu'il ne rendait aucun culte au buffle, mais à l'esprit invisible qui est le type de tous les animaux de cette espèce.

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C'était parmi les animaux que les Indiens cherchaient le plus souvent la personnification de leur « Inconnu. Les animaux passaient pour de puissants protecteurs; on prenait les plus grandes précautions pour ne pas leur donner de sujets de mécontentement; on leur offrait souvent une partie du butin ou du produit de la chasse, à seule fin de se les rendre favorables. Les Indiens maniaient doucement les os du castor, du buffle, du cerf et de tout autre gibier, dans la crainte que les esprits des animaux morts n'allassent auprès des animaux vivants et ne leur apprissent à éviter les piéges et les coups du chasseur. Souvent ils s'entretenaient avec les animaux comme avec des êtres humains; ils leur demandaient pardon de les avoir blessés, ils leur expliquaient la nécessité où ils

1 Carlier.

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s'étaient trouvés de les attaquer et les exhortaient à endurer dignement la douleur afin de ne pas déshonorer leur famille. L'un des premiers missionnaires raconte qu'il vit un Indien tirer sur un ours et le blesser. La bête tomba et se roula en poussant des gémissements plaintifs. L'Indien s'approcha tout près d'elle et lui dit : « Ours, tu es un lâche et non un guerrier. Tu sais que ta tribu et la mienne sont « en guerre et que c'est la tienne qui l'a commencée. « Si tu m'avais blessé, je n'aurais pas poussé le plus • petit cri, et tu es là à crier et à gémir de telle sorte « que tu déshonores ta tribu. »

Les pratiques religieuses étaient bizarres et bruyantes, les Indiens les accompagnaient de chants et de danses; ils avaient des hommes de médecine » qui tenaient le milieu entre nos prêtres et nos médecins, et qui prétendaient guérir autant par des conjurations magiques que par les simples remèdes qu'ils connais

saient.

Ils croyaient aussi aux esprits des étoiles et des vents et craignaient leur influence sur le résultat de leurs entreprises. Le célèbre poëte américain Longfellow, dans son ouvrage intitulé « Hiawatha, » cite plusieurs des légendes extraordinaires et absurdes qui se transmettaient de génération en génération parmi les Indiens.

Les Iroquois enfin adoraient un « Grand Esprit et étaient convaincus de l'existence des « Pays de chasse bienheureux, » où chaque guerrier, après sa

mort, devait aller chasser, faire bonne chère et être aussi paresseux qu'il lui plairait. L'imagination indienne n'avait pas conçu d'autre idéal de la vie future. Tout ce qu'espérait ce peuple d'une intelligence et d'une sensibilité bornées, c'était la continuation de la vie présente.

Le culte de la mort était répandu chez ces peuples sauvages, mais exprimé par de singulières coutumes; tantôt le cadavre était brûlé ou simplement fumé, ou encore mangé par les parents du défunt; tantôt il était abandonné à la putréfaction dans les branches d'un arbre ou exposé aux vautours sur une claie élevée.

Tels étaient les Indiens il y a deux cents ans, tels ils sont encore aujourd'hui.

A l'époque de l'établissement des Européens en Amérique, on disait que la guerre et la peste diminuaient rapidement le nombre des Indiens; depuis, cette décroissance a continué et des tribus entières ont même disparu. Au commencement, ils étaient disposés à avoir des rapports amicaux et pacifiques avec les blancs, mais des querelles ne tardèrent pas à s'élever, chaque parti ayant d'ailleurs des torts à se reprocher. Les sauvages indiens mirent souvent le feu à des villages, emmenant les habitants prisonniers et laissant derrière eux des régions entières inhabitées. En revanche, leurs villages et leurs forts furent détruits et leurs tribus repoussées vers les contrées de l'ouest ou réduites à une mince poignée d'hommes.

Il est dans la nature de l'Indien de s'opposer à l'établissement du colon et à la construction des chemins de fer, mais il ne peut arrêter le courant de l'émigration. A moins qu'on ne puisse lui faire abandonner ses habitudes de vagabondage et le forcer à s'adonner à la culture du sol, l'Indien est fatalement condamné à disparaître. Seules ces tribus survivront, qui auront adopté, en partie, les coutumes et les mœurs des pays civilisés. Enfin, il est à espérer que l'« Homme rouge de la Forêt, » comme il est appelé communément, sera un jour converti au christianisme, et que ses aptitudes naturelles seront tournées vers l'industrie et la paix.

CHAPITRE II

Premières découvertes du Nouveau Monde par les Suédois et les Norwégiens. Preuves matérielles de leur passage. Traditions islandaises et scandinaves. - Oubli de ces premières découvertes et de

l'existence d'un second continent.

Tradition dieppoise

Jean Cousin; son voyage de découvertes. Vraisemblance de la tradition; le Gulf-Stream.

Les habitants de la Suède et de la Norwége prétendent avoir les premiers découvert l'Amérique. Si l'on s'en rapporte à leur témoignage, le Nouveau Monde aurait été vu pour la première fois en l'an 1000, par un navigateur nommé Biorne, dont le vaisseau avait été écarté de sa route par une tempète. A son retour, il fit des récits si enthousiastes sur les richesses 'du pays qu'il n'avait pourtant qu'entrevu, qu'il excita l'esprit d'aventures de ses contemporains, et qu'après lui, d'autres navigateurs firent le même voyage, découvrant successivemeut Terre-Neuve, la NouvelleÉcosse et Vineland qu'on suppose être la côte de la Nouvelle-Angleterre. Ils se mirent même en rapport avec les sauvages et fondèrent quelques établissements. On raconte que, comme ils y séjournaient plusieurs hivers, la femme d'un riche Islandais nommé

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