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sion indispensable pour maintenir sa position dans la ville. Mais quelle ne fut pas sa surprise quand, le 17 juin au matin, éveillé par le bruit de la canonnade, il tourna ses regards vers cette colline et vit les retranchements élevés sur la colline de Breed par les patriotes, qui, malgré le feu croisé auquel ils étaient exposés, continuaient avec ardeur leur travail. Le courage dont faisaient preuve en cette circonstance. les patriotes américains risqua fort d'être compromis par la mort de l'un d'eux, qui s'était aventuré en dehors des tranchées et qui fut tué par un éclat d'obus: plusieurs de ses compagnons prirent peur et voulurent s'enfuir. Le colonel Prescott les arrêta, et, pour les rassurer, il monta sur les talus, et fit tranquillement, sans se presser, le tour des fortifications, s'exposant ainsi volontairement aux coups de l'ennemi. Le général Gage aperçut, au moyen de sa longue-vue, le colonel Prescott, qui se promenait sur les retranchements: se tournant vers un de ses officiers, il lui demanda qui était cet homme, et, ayant appris que c'était le colonel Prescott « Est-ce qu'il se battra? > ajouta-t-il. Jusqu'à la dernière goutte de son sang, lui répondit un loyaliste américain qui se trouvait à ses côtés. » Aussitôt le général anglais décida d'attaquer ces ouvrages le même jour.

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On était en plein été : la journée s'annonçait comme devant être très-chaude. Trois mille soldats s'embarquèrent à Boston pour se rendre à Charlestown, et prendre ainsi en écharpe les lignes américaines. Mais

le colonel Prescott prévit cette intention; il envoya immédiatement un régiment du Connecticut pour arrêter les Anglais dans leur mouvement, puis il profita de ce dernier délai pour achever ses préparatifs de combat. Il plaça ses hommes, comme il put, derrière les retranchements construits pendant la nuit, et attendit l'ennemi de pied ferme. Le général Howe, qui commandait les Anglais, convaincu de la force de la position occupée par les Américains, ne voulut pas engager le combat sans s'être fait appuyer par quelques corps supplémentaires; mais, dès qu'un millier d'hommes se fut ajouté aux troupes qu'il avait déjà avec lui, il s'avança lentement, gravissant la montagne, et détruisant, au fur et à mesure qu'il les rencontrait, les obstacles élevés par les Américains. Il y eut alors un moment d'incertitude, de doute terrible chacun, dans le camp des révoltés, avait conscience de l'importance du rôle qu'il avait accepté, et bien des poitrines étaient oppressées par une crainte très-légitime. Les collines environnantes, les rues et les toits des maisons de Boston étaient couverts d'une foule anxieuse sur le résultat de la bataille qui allait s'engager. Les chances étaient loin d'être égales : d'un côté, 1,500 hommes, sans discipline ni aucune connaissance militaire, ayant travaillé toute la nuit sans relâche, manquant de nourriture et mème d'eau pour étancher leur soif; de l'autre, 4,000 anciens soldats exercés, bien armés, bien équipés, et commandés par des officiers expérimentés. Comme les patriotes

américains ne possédaient qu'une très-petite quantité de poudre, le général Putnam et le colonel Scott parcoururent rapidement tous les rangs, et leur recommandèrent de ne tirer sur les « habits rouges » que lorsqu'ils verraient le blanc de leurs yeux, et de viser bas.

Suffoqués par la chaleur et gênés par leurs accoutrements, les soldats anglais n'avançaient qu'avec peine; cependant ils conservaient un très-grand ordre, et, tout en marchant, ils tiraient sur les retranchements des Américains, qui ne répondaient que par quelques coups isolés. Quand ils ne furent plus qu'à une dizaine de mètres des redoutes, le commandement de « Feu!» retentit à l'instant, une pluie de balles accueillit les Anglais qui reculèrent jusqu'au rivage, laissant un grand nombre de morts. Après un moment d'arrêt, le général Howe rallia ses troupes et renouvela son attaque en se servant, pour dissimuler son action, de la fumée produite par l'incendie que les Anglais venaient d'allumer à Charlestown. Mais les patriotes leur firent le même accueil, et, pour la seconde fois, les Anglais reculèrent. Enfin, le général Clinton étant arrivé de Boston avec de nouvelles forces, une troisième attaque fut résolue. A ce moment, la démoralisation s'était emparée des soldats anglais; ni les exhortations, ni les reproches de leurs chefs, ne purent les décider à marcher de nouveau contre les patriotes, et il fallut, pour les y contraindre, que les officiers les frappassent de leurs épées. Le général Howe ordonna

ensuite que l'artillerie fût amenée sur la colline, si bien que les patriotes reçurent alors un feu convergent de toutes les batteries de Boston et des trois navires de guerre qui s'étaient avancés devant Charlestown, Dans la crainte que ses hommes ne faiblissent devant cette aggravation du danger, le général Putnam passa dans leurs rangs, leur disant que, si les Anglais étaient repoussés une troisième fois, ils ne pourraient se reformer. Il eût fallu entendre avec quel enthousiasme les patriotes, malgré leur fatigue, lui répondirent: « Nous sommes prêts pour les « habits rouges.» Leurs munitions étaient presque épuisées, et, en se partageant entre eux ce qu'ils possédaient encore, ils n'en trouvèrent juste que pour une décharge. Putnam leur recommanda de nouveau de ne point tirer avant que les Anglais ne fussent arrivés au pied de la redoute, et de les ajuster à la ceinture. Une seule décharge frappa les premiers rangs des Anglais. Le corps principal escalada néanmoins les remparts et envahit la redoute. La plupart des Américains n'avaient pas de baïonnettes; ayant brûlé leur dernière charge de poudre, ils saisirent leurs fusils par le canon et continuèrent ainsi à se battre, disputant chaque pouce de terrain et ne reculant que lentement, Le général Warren, qui, malgré son grade, avait combattu héroïquement dans les rangs des patriotes, fut tué par un officier anglais qui l'avait reconnu. Enfin Putnam, rassemblant ses hommes, opéra sa retraite, et vint se réfugier sur la colline de Prospect, éloignée à peine

- d'un mille du champ de bataille. Quant aux Anglais, épuisés par cette longue lutte entreprise par une chaleur excessive, ils renoncèrent à la poursuite des Américains. Ils avaient perdu 1,054 hommes dont un quart était formé d'officiers. Les patriotes ne comptaient pas 450 morts ou blessés; mais la perte la plus sérieuse et la plus regrettée dans le camp des Américains fut celle du général Warren. Président du congrès provincial, il s'était toujours montré un vaillant défenseur du droit des colonies. Lorsque le général anglais Howe apprit cette mort, il dit à son entourage qu'elle causerait plus de tort aux Américains que la perte de 500 hommes.

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Pendant que ces faits se passaient dans le Massachusetts, quelques entreprises dirigées contre les forts occupés par les Anglais dans le Canada donnaient des résultats divers. Une société d'habitants du Connecticut, s'étant procuré par un emprunt public de quoi équiper une expédition de trois cents hommes, ses membres conçurent le dessein de surprendre le poste très-important de Ticonderoga, situé à la jonction des lacs George et Champlain, et qui était en quelque sorte la clef de communication entre New-York et le Canada. Rejoints en route par les célèbres colonels Ethan Allen et Arnold, ils remirent la direction de l'entreprise entre les mains du premier.

Dans la soirée du 9 mai 1775, ils arrivaient sur les bords du lac qu'ils se mirent en devoir de traverser, mais les bateaux qu'ils réussirent à trouver étaient si petits et en si petit nombre qu'au point du jour,

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