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quatre-vingt-trois hommes seulement avaient pu être transportés sur la rive opposée. Craignant d'être découvert par les Anglais s'il retardait la surprise préméditée contre le fort, Ethan Allen ne voulut pas attendre d'autres hommes, et, se mettant à la tête de sa petite troupe avec Arnold à ses côtés, il marcha rapidement vers la forteresse qu'il savait défendue par plusieurs centaines de réguliers anglais et plus de cent canons. Les Anglais avaient, il faut le croire, une bien grande confiance dans leur force et dans la peur qu'ils devaient inspirer, car la porte de sortie du fort était ouverte et une seule sentinelle y veillait, lorsque la troupe des Américains arriva. Ethan Allen se précipita en avant, pénétra dans le fort en évitant le coup que lui tira à bout portant la sentinelle qui s'enfuit, et conduisit ses hommes sur la place où ils firent face aux casernes des soldats. S'avançant ensuite vers la demeure du commandant, il lui cria de se rendre. «En vertu de quel droit? » lui demanda cet officier. « Au nom du grand Jéhovah et du congrès continental, » répondit Allen. Surpris par cette attaque imprévue, les Anglais rendirent la place sans opposer la moindre résistance, et toutes les munitions qui y avaient été amassées tombèrent au pouvoir des Américains.

De là, un détachement fut envoyé sous le commandement du colonel Seth Warner pour s'emparer du fort de Crown-Point, situé à l'entrée du lac Champlain. Cette forteresse, qui possédait les mêmes moyens de défense que Ticonderoga et renfermait des quantités

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considérables de munitions de guerre, se rendit aux premières sommations.

Les Américains désirèrent ensuite étendre leur domination sur le lac, mais pour cela il fallait qu'ils prissent la corvette de guerre « Entreprise, stationnée à l'extrémité nord du lac. Dans ce but, ils armèrent une goëlette qu'ils trouvèrent à Southbay; puis le colonel Arnold en ayant pris la direction, il mit à la voile, emporta la corvette anglaise par un coup de main et revint à Ticonderoga, où il consentit à rester en garnison après le départ d'Ethan Allen.

Enflammé par le succès qu'il avait obtenu, et poussé par l'impétuosité de son caractère, Arnold projeta alors quelques entreprises plus vastes. Le 13 juin 1775, il écrivait au congrès, offrant de se charger de soumettre tout le Canada avec deux mille hommes. Le congrès accueillit favorablement sa proposition et lui donna le commandement d'un corps de l'armée américaine, tandis qu'il chargeait les deux généraux Schuyler et Montgomery d'une seconde expédition dans la même direction. S'avançant sur les territoires anglais à la tête d'un millier d'hommes, ces deux généraux échouèrent d'abord dans leur tentative contre le fort Saint-Jean, mais quelques jours après, s'étant emparés du fort Chamblée, où ils trouvèrent une grande provision de poudre qui leur faisait absolument défaut, ils revinrent devant le fort Saint-Jean qu'ils forcèrent facilement à capituler. De là, ils se rendirent à Montréal, qui subit le même sort; puis ils

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se dirigèrent vers la capitale du Canada, Québec, où ils comptaient opérer leur jonction avec l'expédition du colonel Arnold.

Mais celui-ci n'avait pas eu le même succès dans ses entreprises. Conduisant sa petite armée à travers les déserts inhospitaliers de cette région, il exposa ses soldats à toutes les souffrances du froid et de la faim, à tel point qu'ils durent, à un certain moment, manger le cuir de leurs souliers. L'esprit de ténacité infatigable que cette troupe courageuse montra en cette occasion, surmontant sans faiblesse toutes les difficultés qu'elle rencontra en chemin, fit donner à son chef le titre « d'Annibal américain. » Enfin, le 10 décembre, les deux expéditions se réunirent devant Québec, et le siége de la place fut immédiatement commencé. La fortune, qui jusqu'alors s'était montrée favorable aux Américains, se tourna à ce moment contre eux. Des dissentiments éclatèrent parmi les officiers; l'argent fourni pour l'expédition était épuisé; la rigueur de l'hiver et les difficultés de toutes sortes augmentaient. Dans ces conditions, le général Montgomery, convaincu qu'il fallait ou lever le siége ou l'amener promptement à sa fin, résolut de bombarder la ville. Formant de son armée quatre divisions, il ordonna à deux corps de simuler une attaque sur la ville haute, tandis que lui et le colonel Arnold conduiraient les deux autres divisions contre la ville basse. Le 31 décembre, l'attaque cominença sur tous les points, mais dès les premiers coups, le général Montgomery tomba pour ne plus se

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relever. Le colonel Arnold fut lui-même grièvement blessé quelques instants après. Leurs divisions, décimées par le feu plongeant de l'ennemi et se trouvant prises dans les retranchements qu'elles avaient vaillamment conquis, perdirent courage et durent capituler. Québec restait donc au pouvoir des Anglais. Le gouverneur de la ville, Carleton, fit enterrer solennellement le corps de son adversaire, le général Montgomery, pendant qu'Arnold, qui avait réussi, malgré sa blessure, à percer les lignes ennemies, ralliait ce qu'il pouvait de ses soldats, et, les réunissant aux deux autres divisions américaines, continuait à tenir la ville en état de blocus.

CHAPITRE XXII

1775-1776

Seconde réunion du congrès continental. Décisions prises par cette assemblée. Création du papier-monnaie. Nomination de George Washington au commandement en chef de l'armée américaine. Premières années de la vie du général Washington. Description de l'armée américaine. Situation de l'armée anglaise dans Boston. Bombardement de Boston par l'armée continentale. Evacuation de la ville par les Anglais. Le gouvernement anglais augmente le chiffre de son armée. Mercenaires employés dans l'armée anglaise. - Réflexions du docteur Franklin touchant le temps et l'argent nécessaires à la Grande-Bretagne pour soumettre ses colonies. Le congrès songe à déclarer l'indépendance des colonies.

Avant la bataille de Bunker-Hill, le congrès continental avait déjà déclaré l'armée provinciale qui assiégeait les Anglais dans Boston, armée nationale, et avait voté la levée dans les autres provinces de troupes complémentaires. Le 10 mai 1775, le congrès continental se réunit pour la seconde fois à Philadelphie, malgré les ordres expédiés par le ministère anglais aux gouverneurs provinciaux pour en défendre la réunion. Cette fois, les élections se firent presque partout par des conventions populaires; comme elles précédèrent la rencontre de Lexington,

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