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les mandats donnés aux députés eurent un caractère pacifique. Franklin, qui avait quitté l'Angleterre lorsque les affaires de son pays avaient pris une certaine gravité, et était arrivé à Philadelphié cinq jours auparavant, fut nommé à l'unanimité, par l'assemblée de la province de Pennsylvanie, délégué au congrès. Convaincu alors de l'impossibilité d'une réconciliation, il consacra dès ce moment toute son énergie à la résistance et au succès de la lutte engagée pour l'indépendance des colonies. Il s'occupa constamment de stimuler le patriotisme de ses compatriotes, les poussant à résister aux ordonnances anglaises et activant ainsi les progrès de la révolution. - Peyton Randolph fut réélu président du congrès, et Charles Thomson, secrétaire. Mais Randolph donna bientôt sa démission, et fut remplacé par John Hancock, riche négociant de Boston, qui, comme nous l'avons vu dans les pages précédentes, s'était signalé tout particulièrement à la haine et à la vengeance de l'Angleterre. Au sein du congrès, les mesures militaires étaient votées concurremment avec les protestations de loyauté au roi. Ses membres déclaraient qu'il fallait laisser entrer les troupes à New-York, tout en restant sur la défensive et en se préparant à soutenir la lutte en cas d'attaque. Le 26 mai, l'assemblée décidait qu'on devait mettre les colonies sur le pied de défense, et, en même temps, elle arrêtait que des négociations seraient ouvertes « afin d'accommoder les malheureuses disputes qui existaient entre la Grande-Bretagne et les colonies.

Deux adresses étaient, en outre, envoyées, l'une au roi, et l'autre au peuple anglais. Dans ces deux adresses, les délégués déclaraient qu'ils avaient gémi de ce qu'ils avaient été obligés de faire, et qu'ils n'avaient pas appris à se réjouir d'une victoire remportée sur les Anglais. Pour soutenir la lutte, le congrès vota la levée d'une armée de vingt mille hommes, l'émission d'un papier-monnaie garanti par toutes les colonies, l'arrêt de toute exportation de provisions aux stations de pêches anglaises, ainsi qu'à toute colonie ou île qui continuait à obéir au gouvernement anglais, enfin la création de la poste dont la direction fut confiée au docteur Franklin.

C'est d'après les conseils de cet homme illustre que le papier-monnaie fut adopté par le congrès, et Franklin se servit de son influence sur la population pour lui faire accepter une mesure sans laquelle la résistance à la Grande-Bretagne eût été faible et de courte durée. La première émission de papier-monnaie eut lieu le 25 juillet suivant, pour la somme de trois millions de dollars (15,000,000 de francs), sous la promesse d'échanger les billets pour de l'or et de l'argent dans l'espace de trois ans. Vers la fin de 1776, une nouvelle émission de vingt-un millions de dollars fut faite. Le congrès commença alors à se sentir très-embarrassé, ne sachant pas s'il serait jamais possible de racheter une aussi forte somme de billets; ses membres s'adressèrent en cette circonstance à Franklin, qui leur fit la réponse sui

vante: «Ne vous désolez pas à ce sujet. Continuez à émettre votre papier-monnaie aussi longtemps que son émission paiera pour le papier, l'encre et l'impression, et nous serons capables, par ce moyen, de liquider toutes les dépenses de la guerre. »

Dans une des séances postérieures du congrès, John Adams, après avoir rappelé les qualités nécessaires à un général en chef, proposa inopinément de nommer à cette haute fonction le colonel George Washington, présent à cette réunion, comme représentant de la Virginie. Quoique tous les membres de l'assemblée fussent assez surpris de cette proposition à laquelle ils ne s'attendaient pas, cependant leurs suffrages unanimes ratifièrent ce choix.

Le colonel George Washington, qui venait d'être appelé par ses compatriotes à ce poste aussi glorieux que difficile, était un riche habitant de la Virginie. Né dans le comté de Westmoreland (Virginie), le 11 février 1732, il avait alors quarante-trois ans. Il est à remarquer que beaucoup des hommes qui s'illustrèrent en Amérique n'ont reçu qu'une éducation élémentaire, et ont été, en quelque sorte, les fils de leurs œuvres. Comme plus tard Lincoln, il fut d'abord arpenteur, mais, contrairement à Franklin et à Lincoln, il n'eut jamais que peu de goût pour l'étude des livres; né pour la vie active, il préféra étudier les hommes et les choses tels qu'ils se présentaient à ses yeux, tels qu'il les voyait dans la vie de chaque jour. Doué de qualités plus réelles qu'éclatantes, il gagne

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à être connu; au premier abord, il n'impose pas l'admiration « pareil, comme on l'a très-bien dit, à ces « monuments dont la grandeur ne frappe pas au pre«mier coup d'œil, précisément à cause de la parfaite « harmonie de leurs proportions, et parce qu'aucune < partie n'étonne le regard. » C'est pour cela qu'on a pu l'appeler le plus raisonnable des grands hom« mes 1. D L'armée ouvrait une vaste carrière à son activité. En 1754, il conduit cette malheureuse affaire de la vallée de l'Ohio, où fut tué, le capitaine français Jumonville. En 1755, il se distingue dans la guerre du Canada, et particulièrement le jour de la défaite du général Braddock, dont il était l'aide de camp à la tête de la milice provinciale, il couvrit la retraite des troupes anglaises et les sauva d'une destruction certaine. Après cette belle conduite, il avait été nommé colonel et commandant de toutes les troupes de la Virginie. Il sortit bientôt du service et épousa une jeune veuve, mistress Martha Curtis, dont il adopta les deux enfants. Nommé à l'assemblée de Williams. burg, il y reçut, ainsi que nous l'avons vu, les félicitations du président Robinson. De 1760 à 1773, sans négliger ses devoirs de député, il se livra aux occupations paisibles de l'agriculture sur les bords du Potomac, améliorant les conditions de sa propriété de Mont-Vernon, dont il avait hérité à la mort de sa mère. Il est prouvé, par sa correspondance, qu'il était sincèrement désireux

1 Theodore Fabas, Encyclopédie nouvelle.

de maintenir intacts les liens qui unissaient les colonies. à la mère-patrie, mais lorsque la rupture sembla inévitable et que la voix du pays appela tous ses enfants à délibérer et à agir pour la conservation de leur indépendance, Washington quitta ses occupations favorites et se joignit au premier congrès de Philadelphie. Son haut caractère et la part remarquable qu'il avait prise dans la dernière guerre le firent nommer membre de tous les comités où la science militaire était nécessaire. L'honneur que lui faisait le congrès en lui remettant le commandement en chef des forces américaines le toucha, mais il ne l'accepta qu'avec timidité. « Je sens, dit-il à ses collègues, que mes talents « et mon expérience militaire ne répondront peut-être « pas à l'étendue et à la grandeur de la mission qui m'est confiée. Cependant, puisque le congrès le a demande, je me soumets à ce devoir difficile, et je <ferai tous mes efforts pour servir le congrès et pour « défendre une si belle cause. Je prie le congrès de recevoir mon remerciement cordial pour ce grand ◄ témoignage de son approbation. Mais s'il survient a quelque événement malheureux et contraire à ma « renommée, je demande à tous les membres de cette assemblée de se souvenir qu'aujourd'hui je déclare, « avec la sincérité la plus absolue, que je ne me juge a pas à la hauteur du commandement dont on m'honore. Le congrès lui témoigna sa confiance en ne lui donnant que les instructions les plus générales : <que votre soin principal soit que les libertés de l'Amé

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