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petits souverains allemands avaient fait des traités avec l'Angleterre, qui s'était engagée à leur payer, en outre d'un subside annuel très-élevé, une somme de 180 francs pour chaque homme, et à garantir leurs États contre toute agression étrangère. La lettre suivante, écrite par le landgrave de Hesse-Cassel à un de ses officiers, montre avec quel cynisme ces princes se livraient à ce trafic d'hommes pour aider à étouffer la révolte de l'Amérique : « Vous ne pouvez vous figu« rer la joie que j'ai ressentie en apprenant que de 1,950 Hessois qui se sont trouvés au combat, il n'en « est échappé que 345; ce sont justement 1,605 hommes « de tués, et, partant, 144,450 florins que la trésorerie « me doit, suivant ma convention. La cour de Londres « objecte qu'il y a une centaine de blessés qui ne doi« vent pas être payés comme morts; mais j'espère que « vous vous serez souvenu des instructions que je vous « ai données à votre départ de Cassel, et que vous « n'aurez pas cherché à rappeler à la vie, par des se<cours inhumains, les malheureux dont vous ne pou« vez sauver les jours qu'en les privant d'un bras ou d'une jambe. Ce serait leur faire un présent funeste, « et je suis sûr qu'ils aiment mieux mourir avec gloire « que de vivre mutilés et hors d'état de me servir. Rappelez-vous que de 300 Lacédémoniens qui défendaient les Thermopyles, il n'en revint pas un seul. Que je serais heureux si j'en pouvais dire autant de <mes braves Hessois! »

Le gouvernement anglais avait aussi demandé des

mercenaires à Catherine II: celle-ci refusa. De même Frédéric ne permit pas l'enrôlement dans ses États, et lorsque les mercenaires traversaient ses provinces, il leur faisait payer l'impôt du bétail. Le parlement vota ensuite la levée de vingt-huit mille marins, et décréta que toutes les personnes capturées sur des vaisseaux américains seraient forcées de servir sur les vaisseaux anglais. Le général Oglethorpe, qui avait fondé la Géorgie en 1732, accepta le commandement des forces royales.

Ces résolutions du gouvernement anglais n'eurent qu'un effet sur les colonies: elles leur montrèrent qu'elles avaient été trop loin pour pouvoir reculer et qu'elles devaient au contraire persévérer dans leur entreprise. Il est à remarquer aussi que les quelques batailles livrées par les Américains leur ayant été généralement favorables, ils devaient naturellement avoir une plus grande confiance dans le résultat définitif. Le docteur Franklin, dont le caractère très-gai le portait à la plaisanterie malgré la gravité des circonstances, convaincu que les Américains réussiraient à s'affranchir de la domination anglaise, écrivait à un de ses amis résidant en Angleterre : « La Grande« Bretagne, au prix de trois millions de livres sterling « (75,000,000 de francs), a tué pendant cette campagne cent cinquante Yankees, ce qui fait vingt mille livres sterling par tête; à la colline de Bunker, elle a gagné un mille de terrain dont ensuite elle a reperdu la moitié lorsque nous avons occupé Plou

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ghed-Hill. Pendant le temps pris par ces opérations, soixante mille enfants sont nés en Amérique. Main«tenant l'esprit mathématique du docteur Price pourra « facilement calculer le temps et l'argent nécessaires à l'Angleterre pour nous tuer tous et pour conquérir notre territoire. » Les journaux provinciaux s'empressèrent, comme de juste, de reproduire cette remarque humoristique du docteur Franklin, et cela eut pour résultat d'entretenir dans les colonies les sentiments d'hostilité contre la mère-patrie.

Depuis la mort du général Montgomery, les intérêts américains avaient fortement baissé dans le Canada; la nouvelle du premier succès remporté par ce général avait inspiré au congrès les plus hautes espérances, et, même après sa mort, des mesures avaient été prises pour assurer l'exécution de ses projets. Quelques renforts avaient été envoyés au colonel Arnold dont la blessure, quoique grave, était presque guérie, mais ils avaient été retardés dans leur marche, et diminués dans leur nombre par les fatigues et les privations. Enfin, le congrès rédigea une adresse aux Canadiens pour les engager à se joindre à la cause commune, et le docteur Benjamin Franklin partit avec une députation de ses membres pour soutenir de ses paroles le message du congrès, et pour leur promettre en son nom tous les avantages de la confédération. Mais il échoua dans sa mission, et, d'après les ordres du congrès, il écrivit à l'agent américain en Hollande, Dumas, pour le prier de sonder les différents gouver

nements d'Europe, par l'entremise de leurs ambassadeurs à la Haye, touchant les secours et l'aide qu'ils seraient disposés à donner à l'Amérique dans le cas où elle se déclarerait indépendante.

CHAPITRE XXIII

1776-1777

Proclamation de l'indépendance. La Virginie fait la première proposition tendant à ce but. Commission nommée pour la rédaction de l'acte. Discussion du projet déposé par Jefferson. Il est voté par le congrès. Nouveau titre pris par cette assemblée et par ses membres. Joie causée au peuple par la proclamation de l'indépendance. Enthousiasme de l'armée. Irritation des whigs contre les tories. Les Etats-Unis cherchent à se créer des alliances étrangères. Silas Deane vient en France comme agent politique et commercial des Etats-Unis. Il envoie des armes et des habillements en Amérique. Arrivée à Paris de trois commissaires américains. Ils échouent dans le but principal de leur mission. Lee part pour l'Espagne et obtient son aide. La France consent à prêter deux millions de livres au congrès. Vote de la Confédération. Drapeaux dont les colonies se servirent pendant les premiers temps de leur rébellion. Drapeau définitif adopté par le congrès.

Depuis que le roi George III avait déclaré les Américains rebelles, l'opinion s'était partout répandue que leur seule ressource était dans la proclamation de leur liberté. Les écrits du temps publiés en Amérique favorisèrent encore cette surexcitation des esprits chez les habitants qui étaient prêts à appuyer de toutes leurs forces la proclamation de l'acte d'indépendance; mais celui qui causa le plus de tort au parti anglais fut le livre intitulé « Le sens commun, publié par

Thomas Paine et auquel, d'après une opinion accrédi tée, il y a lieu de supposer que le docteur Franklin collabora pour une grande partie. Ce livre, rempli

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