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Si les Islandais et les Norwégiens ont véritablement les premiers découvert le Nouveau Monde, il était réservé à un autre peuple de faire connaître à l'Europe l'existence d'un second continent. L'Espagne devait être le pays dont le bienveillant patronage allait ajouter un nouveau monde à l'ancien.

CHAPITRE III

Disposition des esprits au quinzième siècle. Croyances répandues au sujet de la terre. Christophe Colomb. Incertitude sur le lieu et la date de sa naissance. Ses premières années. Son mariage. Colomb conçoit le projet de rechercher de nouvelles terres. Il fait part de son dessein à la ville de Gênes, qui le repousse. I! le présente au roi de Portugal et ne réussit pas mieux. Il retourne à Gênes, renouvelle sa proposition et essuie les mêmes dédains. Il veut faire connaître son projet au roi d'Angleterre, qui refuse de l'écouter., Venise rejette les offres que Colomb lui fait. Colomb trouve un protecteur. Il obtient une audience des souverains de l'Espagne. Rejet de la proposition de Colomb. Colomb se décide à quitter l'Espagne; ses offres sont acceptées. Première expédition. Découverte des les San-Salvador, Santa-Maria, de la Conception, Fernandina, Isabella, Cuba et Haïti. Colomb retourne en Espagne. Il dirige successivement une deuxième et une troisième expédition. Découverte du nouveau continent. Après un quatrième voyage, il revient en Espagne et meurt. Remarques sur son caractère.

Cinq cents ans s'étaient écoulés depuis l'époque où l'Amérique avait été entrevue pour la première fois. Les ténèbres du moyen âge s'étaient dissipées et l'Europe semblait avoir acquis une nouvelle vigueur. Une grande activité commerciale reliait entre elles les nations. européennes; des voyages étaient entrepris dans toutes les directions; les croisades, enfin, avaient développé l'importance maritime de certaines villes italiennes telles que Pise, Gènes et Venise; le goût du luxe dominait partout, et de grandes relations commerciales

s'étaient établies entre toutes les nations de l'Europe méridionale d'une part, et les Indes et la Perse de l'autre. Les châles, les soieries, les pierres précieuses et les épices qui arrivaient de ces pays étaient fort recherchés, et chacun prenait un vif intérêt à la lecture des livres de voyages. Marco Polo venait d'écrire le récit de ses courses; d'autres racontaient les merveilles que renfermaient le Japon et la Chine dont le sol, disaientils, scintillait de l'éclat des rubis et des diamants qui le recouvraient et où les perles étaient aussi abondantes que les cailloux en Europe.

Tous ces récits devaient forcément enflammer l'imagination, et l'on ne songeait plus alors qu'à trouver les moyens d'arriver aux Indes par la mer, afin d'éviter des transports et des voyages longs et pénibles. D'Italie, en effet, il fallait aller à travers la Méditerranée jusqu'à la mer Rouge, puis par caravanes sur le dos des chameaux par l'intérieur des terres jusqu'au pays des épices et des pierreries.

La terre était généralement considérée comme une vaste plaine dont tous les bords étaient entourés par un Océan immense. Quelques géographes, mieux instruits, avaient déjà conçu l'idée de sa rotondité, mais, d'après leurs calculs, ils croyaient le globe infiniment plus petit qu'il n'est en réalité. Ils pensaient, en outre, que l'Asie s'étendait beaucoup plus loin à l'est, de sorte qu'en partant d'Europe et en suivant une route occidentale, on devait, après un très-court voyage, arriver à la côte orientale du seul continent connu.

Washington Irving, parlant de la découverte de l'Amérique, dit: « Il est singulier combien le succès de cette grande entreprise a été la conséquence de deux hasards heureux: 1° l'extension imaginaire de l'Asie à l'extrême est, et 2° la petitesse supposée de la terre. Ces deux erreurs étaient l'opinion des plus érudits et plus profonds philosophes du temps, et certainement si Colomb n'y avait attaché pleine croyance, il ne se serait pas lancé dans son entreprise. »

CHRISTOPHE COLOMB1

« Fou sublime insulté par des sages vulgaires.

(CASIMIR DELAVIGNE.)

Le lieu et l'époque de la naissance de ce grand homme ont soulevé de longues et vives controverses. Plus de dix endroits différents se sont disputé la gloire de lui avoir donné le jour.

Certains auteurs le font naître à Nervi ou à Bugiasco, petits bourgs des environs de Gênes, d'autres à Savone ou à Plaisance, et enfin des savants tels que Augustino Giustiniani, Antonio Gallo, Muratori, Washington Irving et le baron de Humboldt affirment qu'il naquit dans la ville de Gênes même. Christophe Colomb, dans son testament, semble trancher la difficulté: il dit positivement qu'il est né dans la ville de Gênes 2.

Quant à la date précise de sa naissance, elle reste, comme tous les autres événements de sa vie qui sont

1 Colomb, en italien, Colombo; en espagnol, Colon ou Colomo; en latin, en anglais et en allemand, Columbus.

2 Biographie générale, t. X1.

antérieurs à sa correspondance avec Toscanelli (1474), enveloppée d'une profonde obscurité. Les différentes hypothèses relatives à l'âge de Colomb, dit le baron de Humboldt, laissent une incertitude de vingt-cinq ans. Ainsi, tandis que quelques auteurs donnent les dates de 1430, 1436, 1441, 1445, 1446, 1447, 1449, Willard, dans son Histoire des États-Unis, croit être sûr de l'année 1455.

Son père, Dominique Colomb, était fabricant d'étoffes de laine, « olim textor pannorum, » à Gênes; une de ses sœurs se maria avec un charcutier, ce qui indique, bien qu'on en ait dit, que Christophe Colomb n'était point gentilhomme, mais appartenait, au contraire, à une des familles les plus pauvres d'Italie. D'ailleurs, son instruction fut tout élémentaire, car il n'apprit, dans son enfance, qu'à lire et à écrire. Plus tard, il acquit quelques notions d'arithmétique, de dessin et, vers l'âge de dix ans, il fut envoyé à l'université de Pavie, où il étudia la géométrie, la géographie et l'astronomie, alors appelée science de la navigation.

A quatorze ans, il quitta l'université, se sentant pris d'un irrésistible penchant pour la mer, et s'embarqua. Il fit partie de plusieurs expéditions, soit sur la côte de Guinée, soit sur les vaisseaux de Gênes alors en guerre contre Venise.

Entre ce moment et l'époque où il vint en Espagne, il est difficile de dire avec précision ce qu'il fit. On sait toutefois qu'en 1470, Colomb épousa une jeune de

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