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coup, mais beaucoup plus de monde aux ennemis. « qu'ils n'en ont perdu. » Après cela on ajoutera : « C'est « fort bien, mais Philadelphie est prise, la capitale de

l'Amérique, le boulevard de la liberté. » Vous repar« tirez poliment : « Vous êtes des imbéciles. Phila« delphie est une triste ville, ouverte de tous côtés, « dont le port était déjà fermé; que la résidence du « congrès a rendue fameuse, je ne sais pourquoi. » Pendant que les Anglais obtenaient des succès dans la Pensylvanie, leurs victoires se trouvaient plus que contre-balancées par les défaites qu'ils éprouvaient dans le nord. Ils avaient formé le dessein de séparer la Nouvelle-Angleterre de New-York en envoyant une expédition sur l'ancienne route de guerre francoindienne jusqu'au lac Champlain : cette expédition aboutit à la ruine. Au mois de juin 1777, le général Burgoyne, à la tête d'une armée de dix mille hommes, envahit les Etats de la Nouvelle-Angleterre et invita les Indiens à se joindre à lui. Il passa le long du lac Champlain et prit successivement les forts de CrownPoint, Ticonderoga et Edouard, puis il détacha une partie de ses troupes pour aller à Bennington détruire les approvisionnements militaires que les Américains y avaient rassemblés. Instruits de son projet, les patriotes organisèrent rapidement leur défense, et lorsque le colonel Baum arriva à Bennington, il y rencontra le général Stark à la tête d'un corps de milice. Les Anglais s'arrêtèrent pour faire leurs préparatifs de combat, et, tandis qu'ils formaient leurs

lignes, Stark, qui avait assisté à la bataille de BunkerHill et n'ignorait pas que les troupes américaines pouvaient aussi bien attaquer que résister à leurs ennemis, vint se placer devant ses hommes et leur cria « Voici les habits rouges! Il faut qu'avant la « nuit, nous les ayons battus, ou Molly Stark sera « veuve. Enflammés par son intrépidité et par son patriotisme, les miliciens à peine formés et mal aguerris qui composaient sa petite troupe parvinrent néanmoins à repousser les Anglais et leur firent plus de six cents prisonniers.

Les habitants

de la contrée étaient dans un état de surexcitation extraordinaire qui leur faisait accomplir des actes d'héroïsme et d'abnégation que leur multiplicité empêche seule de signaler. Un vieillard avait cinq fils dans l'armée du général Stark, à Bennington. Un de ses voisins, qui avait été témoin de l'action, vint lui apporter de tristes nouvelles de l'un d'eux. « A-t-il été lâche ou traître?» demanda le père. Pis que cela, lui fut-il répondu, il est mort, mais en combattant bravement. » — « Ah! s'écria le vieillard, en ce cas, je suis content!»

Le lendemain de cette affaire, un corps plus nombreux de Hessois vint attaquer les patriotes qui, malgré leur infériorité numérique, réussirent à le défaire.

Ces succès servirent naturellement à encourager les Américains dans leur résistance et leur firent acquérir en même temps une plus grande confiance dans leur force, en sorte qu'ils ne craignirent pas, un mois plus

tard, d'affronter l'armée du général Burgoyne et de lui livrer bataille.

Après la prise des trois forts dont nous l'avons vu s'emparer, le général Burgoyne avait réparti son armée dans leurs environs. Il n'avait pas tardé à la voir souffrir de la faim, car partout sur son passage les habitants avaient détruit leurs récoltes, afin qu'elle n'en pût pas profiter. Les entreprises qu'il combina pour lui procurer des provisions échouèrent presque toutes. Reculant devant ce nouveau danger, Burgoyne se replia alors sur Saratoga, où il fut rejoint par le général Gates, à la tête d'une forte troupe de patriotes. Deux batailles importantes furent livrées à Stillwater, mais sans résultats marqués. Bientôt l'armée anglaise se vit entourée d'assaillants dont les batteries d'artillerie, placées sur des hauteurs, commandaient ses positions. Le général anglais comprit que toute chance d'échapper aux Américains était perdue, et il réunit ses officiers en conseil de guerre pour leur exposer la nécessité de capituler. Pendant qu'ils délibéraient dans la tente du général en chef, un boulet de canon vint passer à quelques pieds au-dessus de leurs têtes et leur fit sur-le-champ adopter la proposition qui leur était soumise. Le 17 octobre 1777, l'armée anglaise, forte de six mille hommes, déposa les armes devant les troupes américaines, et le général Burgoyne remit son épée au général Gates qui la lui rendit aussitôt. Les approvisionnements militaires qui tombèrent entre les mains des vainqueurs, à la suite de cette capitulation,

furent considérables: trente-cinq pièces de canon, près de cinq mille fusils, sans compter une quantité d'articles dont ils avaient le plus pressant besoin, tel fut pour les Américains le résultat de cette journée.

A la suite de la victoire qu'ils avaient remportée à Brandywine sur les patriotes, les Anglais s'établirent à Philadelphie et à Germantown, pour y passer l'hiver. Cependant Washington n'entendait pas laisser les ennemis de son pays vivre en paix dans ces villes, et il chercha à les en déloger. Se mettant en marche à la nuit avec toutes ses troupes, il vint tomber au point du jour sur la garnison de Germantown; mais son assaut fut repoussé et il dut battre en retraite.

Pendant ce temps, le général Howe, qui occupait Philadelphie, tournait toute son attention vers les forts construits sur les bords du fleuve Delaware et qui empêchaient le ravitaillement de la ville. Un bombardement terrible que les Anglais dirigèrent sur ces forts contraignit les garnisons américaines à les abandonner.

Quelques autres engagements sans résultats sérieux eurent ensuite lieu, puis Washington se retira avec toute son armée, c'est-à-dire vingt mille hommes, dans la vallée Forge pour attendre la fin de l'hiver dont la rigueur causait un très-grand mal à ses soldats. On peut dire que le temps qu'ils passèrent dans cette vallée fut la période la plus sombre de la guerre. Le papier-monnaie créé par le congrès était si déprécié, que les billets de quarante dollars ne valaient pas

plus d'un dollar en espèces. Une paire de bottes coûtait six cents dollars en cette monnaie. La paie d'un officier ne pouvait suffire pour l'habiller, et une quantité de soldats employaient leur solde entière d'un mois à payer leur dîner. Beaucoup avaient dépensé tout leur avoir pour se soutenir jusqu'à ce moment et ils se trouvaient dans cette alternative dont le choix ne laissait pas que d'être fort embarrassant ou d'être exposés à mourir de faim en restant à l'armée, ou de la quitter pour reprendre leurs anciens métiers et gagner de quoi vivre. Il est facile, d'après cela, de s'imaginer ce que devait être la misère des soldats et la difficulté extrême qu'ils éprouvaient pour se procurer les choses les plus indispensables à leur existence. Ils étaient logés dans de misérables huttes, sans paille, et les malades, comme les autres, étaient obligés de cou. cher sur la terre nue. La Fayette, qui se trouvait avec eux, remis de sa blessure, disait en parlant des logements que lui et les autres officiers étrangers occupaient dans le camp, qu'ils n'étaient pas plus gais qu'un donjon. D'autre part, le congrès était en proie à des divisions regrettables, et il n'était question de rien moins que de destituer Washington dont on blâmait l'inaction forcée, et de le remplacer par le général Gates. Malgré toutes ces souffrances, le patriotisme ne s'éteignit pas parmi les Américains. Le général Washington, plus qu'aucun autre peut-être, sentait que la cause qu'ils défendaient était juste, et il se serait énergiquement opposé à ce qu'ils abandon

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