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par les aumôniers de l'armée, un feu de joie fut allumé et, à un signal convenu, l'air retentit du cri de « Vive le roi de France! La Fayette raconte qu'après avoir lu ces paroles du gouvernement français dans la notification du 13 mars: « Les Etats-Unis..... en possession de l'indépendance prononcée par leur acte de tel jour, il s'écria: « Voilà une grande vérité que nous leur rappellerons un jour chez eux. »

Contrairement aux espérances qu'avaient fondées les Américains sur les secours promis par le gouvernement français, l'aide qu'ils attendaient de ce côté fut moindre qu'ils n'avaient cru, et ce, par suite de la déclaration de guerre qui venait d'être faite à la France par l'Angleterre. Néanmoins, sans parler de l'emprunt de trois millions de livres, accordé par le gouvernement français au congrès, un premier secours de douze vaisseaux de ligne et de six frégates, sous le commandement du comte d'Estaing, fut envoyé aux provinces révoltées. A bord d'un de ces vaisseaux se trouvaient Silas Deane, le commissaire américain, et M. Girard, premier agent diplomatique du gouvernement de Louis XVI auprès des Etats-Unis d'Amérique. John Adams fut le successeur de Silas Deane à Paris, où les commissaires devaient s'occuper de l'envoi des fournitures militaires, de l'armement de vaisseaux de course, de la réalisation des captures faites par ces derniers, enfin de toutes les fonctions ordinairement remplies par les consuls ou par les agents commerciaux. Cette mission était maintenant moins

difficile qu'avant la conclusion du traité; la GrandeBretagne, lors de la déclaration de guerre à la France, avait rappelé son ambassadeur de Paris, laissant ainsi la France libre d'agir suivant son inclination.

Depuis son arrivée en Amérique, La Fayette avait toujours désiré obtenir la direction d'une expédition qui serait pour lui une occasion de se signaler. Le général Washington accéda enfin à sa demande, vers le mois de mai 1778, en lui confiant la tâche d'aller, avec trois mille hommes, occuper Barren-hill, situé à une distance de sept milles du camp américain, pour arrêter les excursions et les ravages des Anglais. La Fayette s'y rendit avec sa troupe, mais au milieu de la nuit, deux corps d'armée anglais, sous le commandement des généraux Grant et Gray, vinrent s'interposer entre lui et le gros de l'armée américaine, pendant que le reste de l'armée anglaise s'avançait pour l'attaquer de front. Prévenu à temps fort heureusement, La Fayette put opérer sa retraite et rejoindre le général Washington. Sa conduite prudente dans cette affaire lui valut les félicitations du congrès.

En juin, le général Clinton, qui avait succédé au général Howe dans son commandement, ayant appris la prochaine arrivée de la flotte française, voulut concentrer ses troupes à New-York. Washington se mit aussitôt à sa poursuite, et les deux armées se rencontrèrent à Monmouth. La bataille dura toute la journée et se termina par la fuite des troupes anglaises, qui profitèrent de l'obscurité pour se retirer à

New-York. La Fayette se distingua particulièrement dans ce combat, pendant lequel il se passa un fait qui mérite d'être signalé au plus fort de l'action, une femme, qui apportait de l'eau à son mari servant une pièce d'artillerie, le vit tomber frappé d'une balle, au moment où le général en chef donnait l'ordre de changer de positions; sans hésiter, elle vint prendre la place qu'occupait son mari et remplit son service pendant le reste de la journée avec une adresse et un courage surprenants. Les soldats l'appelèrent « le major Molly,» et, dans la soirée du même jour, elle fut présentée au général Washington qui, en récompense de sa belle conduite, lui donna le brevet de sergent avec demi-solde pour sa vie entière.

Peu après la déclaration de guerre que s'étaient faite la France et l'Angleterre, la lutte entre ces deux puissances commença par un combat qui se livra à la hauteur de l'île d'Ouessant, et où la victoire fut indécise. De là, elle s'étendit dans l'Inde, à cause des colonies que les deux nations rivales y possédaient, et donna lieu à une série de batailles navales dont nous n'avons pas à nous occuper, leurs résultats n'entrant pas dans le cadre de notre récit; puis elle atteignit l'Amérique, où le vice-amiral d'Estaing, d'accord avec les colons révoltés, voulut attaquer, par terre et par mer, l'importante position de Rhode-Island, au milieu des Etats-Unis du Nord. D'Estaing avait franchi les passes qui conduisent à Newport dans l'île, et il allait débarquer, quand il apprit

l'arrivée de l'escadre de l'amiral Howe. Il se porta aussitôt à sa rencontre; mais une tempête survint, occasionna de graves dégâts aux deux flottes française et anglaise, et d'Estaing fut obligé de renoncer à l'attaque de Rhode-Island. Les Américains montrèrent une grande irritation de cette mésaventure, et il fallut toute l'habileté de La Fayette et de d'Estaing, qui offrit de servir sous les ordres du général Sullivan, un légiste, pour rétablir l'union un instant troublée.

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Dans cette première année, le concours que la France prêtait aux Etats-Unis lui coûta bien des pertes. Le marquis de Bouillé s'empara, il est vrai, de l'île de la Dominique, mais la France perdait Sainte-Lucie, que d'Estaing tenta inutilement de reprendre, et les îles de Saint-Pierre et de Miquelon. En revanche, au début de l'année suivante, la France reprenait aux Anglais Saint-Louis du Sénégal, et détruisait les comptoirs anglais de la Gambie, de Sierra-Leone en Afrique.

Au mois de juillet 1778, une bande de loyalistes, qui avaient appelé à leur aide quelques tribus d'Indiens, envahirent la vallée de Wyoming, où ils firent un épouvantable carnage des vieillards, des femmes et des enfants qui y avaient été laissés par leurs parents enrôlés dans l'armée républicaine.

Pendant trois ans encore, la guerre de la révolution continua avec des chances diverses.

CHAPITRE XXV

DE 1779 A 1783.

La Fayette se rend en France. Il obtient l'envoi en Amérique d'un corps d'armée auxiliaire. L'Espagne déclare la guerre à l'Angleterre. Prise du fort Stony-Point par les Américains. Echec essuyé par l'amiral d'Estaing devant Savannah. Combat du Serapis et du Bonhomme Richard. L'Angleterre déclare la guerre à la Hollande. Arrivée d'une escadre et de 6,000 soldats français en Amérique. La Géorgie se soumet à l'Angleterre. Charlestown capitule. Bataille de Camden. Trahison du général Arnold. Arrestation et exécution du major André. Les Anglais se concentrent autour de New-York. Le général Cornwallis s'arrête à Yorktown qu'il fortifie. Il y est attaqué par toutes les forces américaines et françaises réunies. Capitulation du général Cornwallis et reddition de la ville. Fin de la guerre. Evacuation des villes occupées par les troupes anglaises. Conclusion de la paix entre la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France, l'Espagne et la Hollande.

C'est à cette époque que des bruits sur la guerre engagée entre la France et-l'Angleterre commencèrent à se répandre en Amérique. La Fayette, qui, malgré l'enthousiasme qu'il ne cessait de témoigner pour la cause américaine, n'avait point oublié sa qualité de Français, sentit se réveiller son patriotisme et obtint du congrès la permission de revenir en France. Il échappa par miracle, pendant son voyage, à une conspiration formée pour le livrer aux Anglais, et arriva à Paris au mois de février 1779. Durant son séjour, il s'oc

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