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riches, nous le sommes aussi; s'ils sont courageux, nous ne le sommes pas moins; s'ils sont nombreux, notre population, grâce à la fécondité de nos chastes épouses, égalera bientôt la leur; s'ils ont des hommes recommandables dans la paix et dans la guerre, nous pouvons en citer parmi nous : les révolutions politiques engendrent et développent les grands courages et les génies audacieux. De ce que nous avons déjà fait dans ces pénibles commencements, il est facile de présumer ce que nous pourrons faire : l'expérience est la source des sages conseils, et la liberté est la mère des grands hommes. N'avez-vous pas vu l'ennemi chassé de Lexington par trente mille citoyens armés et rassemblés en un jour? Déjà les plus fameux généraux ont cédé dans Boston à l'habileté des nôtres; déjà leurs marins, repoussés de nos côtes, errent sur l'Océan, où ils sont le jouet des tempêtes et la proie de la famine. Acceptons de si favorables augures: combattons, non pas pour savoir à quelles conditions nous devons être les esclaves de l'Angleterre, mais pour nous assurer une existence libre, pour fonder un gouvernement juste et indépendant. Animés par la liberté, les Grecs ont repoussé l'innombrable armée des Perses; soutenus par l'amour de l'indépendance, les Suisses et les Hollandais ont humilié par de nombreuses défaites la puissance de l'Autriche, et ils ont conquis un rang parmi les nations. Mais l'astre qui éclaira leurs exploits luit aussi sur nos têtes; la pointe de nos armes n'est pas moins redoutable, notre courage ne le cède pas au leur; on voit régner parmi nous la même union, le même mépris des dangers et de la mort, pour briser les fers de la patrie.

Pourquoi donc nous consumer dans de plus longs délais ? Que ce jour même, que cet heureux jour voie naître la république américaine! Qu'elle s'élève, non pour dévaster et conquérir, mais pour rétablir le règne de la paix et des lois! L'Europe a les yeux fixés sur nous: elle nous demande, au nom du bonheur de ses habitants, d'opposer le triomphe éclatant de la

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liberté à la tyrannie toujours croissante sur ces malheureux bords. Elle nous invite à préparer un doux asile, où l'infortune puisse échapper à la persécution. Elle réclame de nous un champ où puissent croître et s'étendre au loin les rameaux de cet arbre précieux qui, né dans sa vigueur sur le sol de l'Angleterre, mais bientôt flétri par le souffle de la tyrannie écossaise, ne trouve plus, dans tout l'hémisphère oriental, un terrain où il puisse ranimer ses racines languissantes Voilà le but auquel ont aspiré nos premiers efforts, voilà le prix dù à nos premières victoires et à l'ardeur qui nous embrase tous également aujour d'hui. Seront-ce des augures insignifiants pour nous, que la fuite de Howe, le fléau qui dévora les troupes de Dunmore, les vents qui repoussèrent les flottes de la Grande-Bretagne, les tempêtes qui engloutirent sept cents vaisseaux sur les côtes de Terre-Neuve? Si nous ne trahissons pas aujourd'hui nos devoirs envers la patrie, les noms des législateurs américains seront placés par la postérité à côté de ceux de Thésée, de Lycurgue, de Romulus, de Numa, des trois Guillaume de Nassau, et de tous ceux dont la mémoire a été et sera toujours chère aux hommes de bien et aux citoyens vertueux.

DÉCLARATION D'INDÉPENDANCE ADOPTÉE PAR LE CONGRÈS,
LE 4 JUILLET 1776.

Déclaration faite par les représentants des Etats-Unis d'Amérique assemblés en congrès.

Lorsque dans le cours des événements de ce monde il devient nécessaire pour un peuple de rompre les liens qui l'attachaient à un autre peuple, et de prendre, parmi les puissances de la terre, la position indépendante et le rang d'égalité auquel, suivant les lois de Dieu et de la nature, il a droit, par le respect

qu'il doit aux opinions du genre humain, ce peuple se trouve appelé à déclarer les causes qui l'ont amené à cette séparation.

Nous considérons comme parfaitement claires et évidentes les vérités suivantes : que tous les hommes ont été créés égaux; qu'ils sont doués par leur Créateur de certains droits inaliénables; que, parmi ceux-ci, il faut ranger la vie, la liberté, et la recherche du bonheur; qu'afin d'assurer ces droits, des gouvernements ont été établis parmi eux, recevant leur juste autorité du consentement des gouvernés; que, lorsqu'une forme de gouvernement arrive à détruire ces vérités, il est du droit du peuple de la changer ou de l'abolir, et d'instituer un nouveau gouvernement, en fondant son établissement et en organisant ses pouvoirs dans telle forme qui lui semblera la plus propre à assurer sa sécurité et son bonheur. Toutefois, la prudence démontrera que des gouvernements établis depuis longtemps. ne doivent pas être changés pour des causes légères et passagères, et il a été prouvé par l'expérience que le genre humain est plus enclin à souffrir, lorsque les maux sont supportables, qu'à se faire justice lui-même en abolissant les formes de gouvernement auxquelles il est accoutumé.

Mais quand une longue suite d'abus et d'usurpations, ayant invariablement le même but, témoigne l'intention arrêtée de le réduire sous un despotisme absolu, il est du bon droit, du devoir de ce peuple, de renverser un pareil gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles garanties, à sa sécurité future. Telle a été la longue patience de ces colonies, et telle est maintenant la nécessité qui les contraint à changer les premières formes de leur gouvernement.

L'histoire du roi actuel de la Grande-Bretagne est une histoire composée d'usurpations et d'injustices répétées, tendant toutes à l'établissement d'une tyrannie absolue sur ces États.

Afin de le prouver, que les faits soient soumis à l'appréciation du monde impartial.

Il a refusé son assentiment aux lois les plus salutaires et les plus nécessaires pour le bien public.

- Il a défendu à ses gouverneurs de faire les lois d'importance immédiate et pressante, excepté quand ils se trouveraient entravés dans leurs actions, et même, dans ce cas, il a négligé complétement de s'occuper d'eux.

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Il a refusé de faire d'autres lois pour le bien-être de grands districts, à moins que les populations de ces districts n'abandonnassent leur droit de représentation dans la législature; droit inestimable pour elles, et redoutable aux tyrans seulement.

- Il a convoqué les corps législatifs dans des lieux inaccoutumés, incommodes et éloignés du dépôt de leurs archives publiques, à seule fin de les fatiguer, pour les forcer à se soumettre à ses ordres.

- Il a dissous plusieurs fois les chambres de représentants pour s'être opposées avec une grande fermeté à ses usurpations sur les droits du peuple.

- Il a refusé, longtemps après ces dissolutions, de permettre que d'autres chambres fussent élues; par là, les pouvoirs législatifs, qui ne pouvaient être anéantis, sont revenus au peuple en entier, pour être exercés par lui; l'Etat demeurant, pendant ce temps, exposé à tous les dangers d'invasions du dehors ou de troubles à l'intérieur.

- Il a cherché à empêcher l'accroissement de la population de ces États, arrêtant, à cette fin, les lois concernant la naturalisation des étrangers, refusant d'en approuver d'autres qui encourageaient l'émigration dans ces États, et élevant encore le prix et les conditions des nouvelles concessions et acquisitions de terres.

Il a mis obstacle à l'administration de la justice en refusant son assentiment aux lois qui établissent les pouvoirs judiciaires.

- Il a institué des juges dépendant de sa seule volonté pour

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l'occupation de leurs places, et pour le chiffre et le paiement de leurs honoraires.

Il a fondé une foule de nouvelles charges, et en a investi un grand nombre d'officiers pour harasser le peuple et épuiser ses moyens d'existence.

Il a entretenu au milieu de nous, en temps de paix, des armées régulières, sans le consentement de notre législature. — Il a pris à tâche de rendre le pouvoir militaire indépendant du pouvoir civil, et même supérieur à lui.

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Il s'est allié à d'autres pour nous soumettre à une juridiction étrangère à notre constitution et non reconnue par nos lois; donnant son approbation à leurs actes et à leur prétendue législation;

Pour loger chez nous de grands corps d'armée, pour les protéger, par des procès dérisoires, contre les punitions qu'ils encouraient pour meurtre commis sur les habitants de ces États; Pour détruire notre commerce avec toutes les contrées du monde ;

Pour nous imposer des taxes sans notre assentiment; Pour nous priver, dans beaucoup de cas, du bénéfice des jugements par un jury;

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- Pour nous transporter de l'autre côté des mers, afin de nous faire juger pour de prétendues offenses;

Pour abolir la libre pratique des lois anglaises dans une province voisine, en y établissant un gouvernement arbitraire et en élargissant ses frontières, afin d'en faire immédiatement un exemple et l'instrument nécessaire pour introduire la même règle absolue dans ses colonies;

- Pour nous enlever nos chartes, abolir nos lois les plus importantes, et saper par le fondement les pouvoirs de notre gouvernement;

Pour interdire nos propres législatures, et se déclarer luimème investi du pouvoir de nous donner des lois dans toutes ies circonstances.

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