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que, c'est-à-dire leurs assemblées, voilà leurs représentants; ils ont toujours eu et exercé, ils ont et exercent encore le droit de taxer les colons; et s'ils n'avaient pas eu ce droit, n'auraient-ils point été esclaves? Je ne suis point venu ici armé de toutes pièces, je n'ai pas fouillé soigneusement dans les vieux livres de nos statuts, comme l'a fait le redoutable adversaire que je combats. Mais je sais, du moins, que, si l'on veut prendre exemple sur les faits antiques, on reconnaîtra que, sous les règnes mêmes les plus absolus, personne ne fut taxé qu'il ne fût représenté et de nos jours, ceux qui n'envoient pas de députés au parlement sont tous, du moins, habitants de la GrandeBretagne; ils peuvent voter dans l'élection de ces députés, ou enfin ils sont liés par plus d'un rapport avec ceux qui votent. Plût au Ciel, néanmoins, qu'ils fussent tous mieux représentés qu'ils ne le sont ! C'est le vice de notre constitution: et peutêtre arrivera-t-il un jour (c'est ma joie de le penser) où le mode de la représentation, partie si essentielle de notre organisation civile et la principale sauvegarde de notre liberté, sera porté à cette perfection qui doit faire l'objet des voeux de tout bon Anglais. On demande comment et depuis quand l'Amérique est émancipée? Et moi, de mon côté, je demande comment et depuis quand elle est esclave? On dit dans cette chambre que l'étendard de la rébellion y est dressé et c'est ainsi qu'on ose noter d'infamie la plus belle prérogative des sénateurs anglais, celle de dire ce qu'ils pensent, et de parler librement et sans fard des choses qui touchent à la patrie! Ils ont loyalement manifesté leur opinion sur cette loi fatale; ils ont pressenti, ils ont annoncé les périls qui nous menacent; et cette franchise leur est imputée à crime! C'est une profonde affliction pour moi de voir qu'on ne puisse plus exprimer son opinion dans cette chambre, sans se rendre coupable: il faut nous préparer au plus sinistre avenir, si nos voix, nos cœurs, nos mains n'osent plus s'opposer avec courage à la tyrannie dont nous sommes menacés. L'orateur précédent nous dit que l'Amérique

est obstinée, que l'Amérique est presque en complète rébellion. Eh bien! je me réjouis de ce que l'Amérique a résisté ! Trois millions d'hommes assez morts à tout sentiment de liberté pour se soumettre volontairement à devenir esclaves, auraient été des instruments propres à faire des esclaves du reste. L'honorable membre a dit encore, car il est riche en paroles acerbes, que l'Amérique est ingrate : il a exalté jusqu'aux cieux sa bonté envers elle; mais cette bonté, à tout prendre, n'avait-elle pas pour premier objet l'avantage de l'Angleterre? Comment donc l'Amérique est-elle ingrate? Ne nous rend-elle pas bon compte d'elle-même? Les profits que retire la Grande-Bretagne de son commerce d'Amérique sont de deux millions sterling par an. Voilà quel a été l'aliment de vos triomphes dans tout le cours de la dernière guerre. Les terres qui, soixante-dix ans auparavant, rapportaient 2,000 livres de rente, en rapportent 3,000 aujourd'hui, et c'est à l'Amérique que nous en sommes redevables. C'est le prix qu'elle vous paie pour votre protection; et je ne parle pas même ici de l'accroissement de la population des colonies, de l'affluence des nouveaux habitants qui s'y rendent de tous les points de l'Europe, et du développement ultérieur du commerce américain, s'il est régi par de sages lois.

Et il faudrait encore écouter les discours d'un publicain, qui vient se vanter de vouloir ériger en signe de droit, qui n'existe pas, quelques misérables sommes qui entrent dans le trésor royal! Il se plaint d'avoir été maltraité dans les papiers publics! Je n'ai rien à lui dire à ce sujet, sinon que c'est un malheur commun à tous ceux qui se sont élevés en grade ou qui prennent part à la gestion de la chose publique. Il prétend, en outre, que lorsqu'il a proposé pour la première fois cet impôt du timbre, personne ne s'est levé pour le combattre. Mais qui ne sait combien est grande la retenue de cette chambre, lorsqu'il s'agit de contredire un ministre? Si ces honorables membres ne parviennent pas cependant à s'en dépouiller, je crois bien que les peuples les dépouilleront d'une grande partie du respect et de

la confiance qu'ils leur ont accordés. On parle heaucoup, et peut-être plus qu'il ne serait convenable, de la force et de la puissance de l'Amérique. Mais dans une cause juste, pour la défense d'un droit légitime, l'Angleterre a des moyens plus que suffisants pour réduire l'Amérique à l'obéissance. Toutefois, quand il s'agit d'opérer une injustice évidente, je suis le premier à m'y opposer, à élever mes mains et ma voix pour qu'elle ne s'accomplisse pas. Dans un tel cas, le succès serait déplorable et la victoire périlleuse. Si l'Amérique devait tomber, elle tomberait comme l'homme fort; elle embrasserait et ferait écrouler les colonnes de l'Etat, elle entrainerait avec elle la constitution même. Voilà donc quelle est la paix que vous nous vantez! Ce n'est pas dans le fourreau, mais dans les entrailles de vos compatriotes que vous voulez enfoncer vos épées! Allezvous vous précipiter dans les discordes civiles, maintenant que toute la maison de Bourbon s'est liguée contre vous ? Déjà la France trouble vos pêcheries à Terre-Neuve; déjà elle entrave votre traite des noirs en Afrique; déjà elle retient les biens de vos sujets du Canada au mépris des traités; déjà l'Espagne refuse le rachat des Manilles; déjà leur valeureux conquérant est traité d'infâme traître, de détestable spoliateur. Assurément les Américains ont tort! Ils se sont écartés des devoirs de la prudence et de la modération. Mais vous, par vos injustices, n'aviez-vous pas égaré leur raison? Vos cœurs trouveront-ils la forcé de les punir pour des égarements qui sont votre ouvrage? Non, sans doute. Que l'Angleterre, comme la plus forte, comme il convient à une mère, soit aujourd'hui la première à user de bénignité et d'indulgence. Excusez leurs erreurs, sachez honorer leurs vertus.

Pour conclure définitivement, je déclare que j'estime plus conforme à notre dignité, plus utile à notre liberté, et en tout plus sûr pour ce royaume, que le bill du timbre soit absolument et immédiatement révoqué. J'opine, en outre, pour qu'il soit déclaré en même teinps que l'autorité de la Grande-Bretagne sur

les colonies est souveraine, et qu'elle peut s'étendre à tous les objets quelconques de législation. Statuons, enfin, que nous pouvons régler leur commerce, limiter leurs manufactures, et exercer sur eux nos droits de toute nature, hors celui d'arracher l'argent de leurs mains sans leur consentement.

TRAITÉ D'AMITIÉ ET DE COMMERCE CONCLU ENTRE LE ROI DE FRANCE LOUIS XVI ET LES ÉTATS-UNIS, LE 6 FÉVRIER 1778.

LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE et de NaVARRE, à tous ceux qui ces présentes Lettres verront; salut. Comme notre très-cher et bien-aimé le sieur Conrad-Alexandre Gérard, syndic royal de la ville de Strasbourg et secrétaire de notre conseil d'Etat, aurait, en vertu des pleins pouvoirs que nous lui avions donnés, conclu, arrêté et signé le 6 février de la présente année 1778, avec les sieurs BENJAMIN FRANKLIN, SILAS DEANE et ARTHUR LEE, Députés du Congrès général des Etats-Unis de l'Amérique septentrionale, également munis de pleins pouvoirs en bonne forme, un Traité d'Amitié et de Commerce dont la teneur s'ensuit:

LE ROI Très-Chrétien et les Treize Etats-Unis de l'Amérique septentrionale; Savoir, New-Hampshire, la baie de Massachusset, Rhode-Island, Connecticut, New-York, New-Jersey, Pennsylvanie, les Comtés de New-Castle, de Kent et de Sussex sur la Delaware, Maryland, Virginie, Caroline septentrionale, Caroline méridionale et Géorgie, voulant établir d'une manière équitable et permanente les règles qui devront être suivies relativement à la correspondance et au commerce que les deux parties désirent d'établir entre les deux pays, Etats et sujets respectifs; Sa Majesté Très-Chrétienne et lesdits Etats-Unis ont jugé ne pouvoir mieux atteindre à ce but qu'en prenant pour base de leur arrangement l'égalité et la réciprocité la plus

parfaite et en observant d'éviter toutes les préférences onéreuses, source de discussions, d'embarras et de mécontentements; de laisser à chaque Partie la liberté de faire, relativement au commerce et à la navigation, les règlements intérieurs qui seront à sa convenance; de ne fonder les avantages du commerce que sur son utilité réciproque et sur les lois d'une juste concurrence; et de conserver ainsi de part et d'autre la liberté de faire participer, chacun selon son gré, les autres Nations aux mêmes avantages. C'est dans cet esprit et pour remplir ces vues que Sadite Majesté ayant nommé et constitué pour son Plénipotentiaire le sieur Conrad-Alexandre Gérard, syndic royal de la ville de Strasbourg, secrétaire du Conseil d'Etat de Sa Majesté : Et les Etats-Unis ayant, de leur côté, muni de leurs pleins pouvoirs les sieurs Benjamin Franklin, Député au Congrès général de la part de la Pennsylvanie et Président de la Convention dudit Etat; Silas Deane, ci-devant Député de l'Etat de Connecticut; et Arthur Lee, Conseiller ès Loix Lsdits Plénipotentiaires respectifs, après l'échange de leurs pleins pouvoirs et après mûre délibération, ont conclu et arrêté les articles suivants :

:

ARTICLE PREMIER

Il y aura une paix ferme, inviolable et universelle et une ami ié vraie et sincère entre le Roi Très-Chrétien, ses héritiers et successcurs, et entre les Etats-Unis de l'Amérique, ainsi qu'entre les sujets de Sa Majesté Très-Chrétienne et ceux desdits Etals; comme aussi entre les peuples, iles, villes et places situés sous la juridiction du Roi Très-Chrétien et desdits EtatsUnis, et entre leurs peuples et habitants de toutes les classes, sans aucune exception de personnes et de lieux. Les conditions mentionnées au présent Traité seront perpétuelles et permanentes entre le Roi Très-Chrétien, ses héritiers et successeurs et lesdits Etats-Unis.

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