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a le pilote » du roi dont il avait gagné la confiance. Ses compagnons de route avaient tellement foi en lui que lorsqu'il arma « la Grande Hermine, » plusieurs jeunes gens de distinction briguèrent l'honneur d'être associés à ses aventures. Il se conciliait la faveur même des sauvages, et l'on cite ce fait que, dans la baie de Gaspé, il leur inspira une si grande confiance qu'unde leurs chefs consentit à lui laisser emmener deux de ses fils, à la condition, bien entendu, qu'il les lui ramènerait. Ces deux jeunes naturels apprirent un peu de français et servirent plus tard d'interprètes entre Cartier et Donnacona, chef d'un pays voisin de Québec. Un jour que Cartier et les siens manquaient de vivres, les naturels leur en apportèrent; peu de temps après, quand le scorbut sévit sur la petite troupe française, les naturels vinrent encore à son secours en lui enseignant le remède qu'ils tiraient de l'arbre appelé « Anneda, remède qui les sauva.

La calomnie ne manqua pas à la gloire de Cartier. Roberval l'ayant accusé de malversations, les commisaires du gouvernement examinèrent sa gestion et trouvèrent qu'il avait consacré à l'armement de ses vaisseaux une partie de ses ressources personnelles. Le dénouement de ce procès mit le comble à sa popularité. Il acheva ses jours soit à Saint-Malo, soit au village de Limalon, où l'on montre encore une maison de campagne dite « les Portes Cartier. »

Jean de Ribaut, navigateur dieppois et zélé calviniste, organisa en 1562, sur l'ordre de l'amiral Coligny,

une expédition composée de deux vaisseaux appelés « roberges, dans le but de fonder au Nouveau Monde une colonie qui fût un refuge pour les protestants. Le 18 février, il appareilla et, après une navigation sans incidents remarquables, débarqua à l'endroit où, quarante ans plus tard, devait s'élever la ville de PortRoyal. De Ribaut et ses compagnons furent tellement émerveillés par la richesse de végétation et de climat de ce nouveau pays que, lorsqu'il demanda des volontaires pour garder cette terre au nom de la France, il s'en présenta tant et de si ardents qu'il ne savait comment résister à leurs demandes. De Ribaut fit construire un fort qu'il nomma « Caroline» en l'honneur du roi de France Charles IX. Bientôt après, les deux navires partirent pour retourner en France, laissant quelques établissements disséminés sur les côtes ou dans l'intérieur des terres, et dans le fort une petite troupe de trente volontaires. Mais ceux-ci ne tardèrent pas à être las de leur existence au milieu de contrées solitaires et sauvages, et ils résolurent, la nourriture venant à leur manquer, de retourner en Europe. Ils construisirent une frèle embarcation à laquelle ils se confièrent sans songer aux approvisionnements nécessaires, aussi, après quelques jours de voyage, commencèrent-ils à souffrir de la famine. Ils en arrivèrent à ce point de tuer et de manger un de leurs compagnons que le sort désigna. Enfin, un bâtiment anglais les recueillit, mais pour les emmener captifs en Angleterre. On raconte, à ce propos, que ce fut par

:

les conversations que la reine Élisabeth d'Angleterre eut avec ces prisonniers, qu'elle conçut le projet de coloniser le Nouveau Monde.

Trois ans après ces événements, Jean de Ribaut retourna en Amérique avec sept navires pour étendre et soutenir les colonies fondées dans son premier voyage et qui étaient continuellement attaquées par les Espagnols. Les secours qu'il apportait étaient bien nécessaires et arrivèrent juste à temps, car la garnison d'un second fort construit par Laudonnière deux ans auparavant, en 1564, et qui portait également le nom de « Caroline,» était sur le point de l'abandonner, lorsque Jean de Ribaut survint avec ses nouvelles troupes. Les hostilités entre les Français et les Espagnols qui réclamaient la possession de la Floride (c'est ainsi qu'ils appelaient toute l'Amérique du Nord) reprirent alors de plus belle, et dans l'un des premiers engagements qui suivirent son retour, Jean de Ribaut fut tué. Peu de temps après, Melendez, qui dirigeait les opérations des Espagnols, attaqua, au milieu d'une violente tempête, le fort Caroline et en massacra presque tous les

défenseurs.

Charles IX, dont l'esprit était occupé en France par les sanglantes querelles des catholiques et des protestants, ne fit rien pour venger ce désastre; mais un courageux Gascon, Dominique de Gourges, équipa à ses frais une petite flotte, et, traversant l'Océan, vint attaquer les forts des Espagnols situés sur la rivière de Mai et en passa les garnisons au fil de l'épée.

En 1603, Henri IV, désireux de voir une colonie française établie en Amérique, accorda à de Monts la souveraineté de toute la région comprise entre le 40° et le 47° degré de latitude nord. Pierre du Juast de Monts, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, était d'une famille italienne et catholique; quant à lui, c'était un bon Français et un protestant. Il était attaché à la personne d'Henri IV qui, lorsque le commandeur de Chaste, directeur de la Compagnie française du Canada, vint à mourir, donna à son fidèle compagnon d'armes cette place qui était presque considérée comme une sinécure. Mais de Monts prit son rôle au sérieux : il arma des bâtiments, choisit d'habiles lieutenants: Samuel de Champlain, de Poutrincourt, de Biencourt, de Pontgravé, etc... En outre, des faveurs dont il venait d'être l'objet, de Monts obtint aussi le monopole du commerce des fourrures avec les Indiens, et la promesse que la liberté de conscience serait laissée aux huguenots et que leur culte ne serait point gêné dans la colonie qu'il allait fonder.

Six mois après avoir reçu son brevet, de Monts quittait la France avec deux vaisseaux remplis d'émigrants, la plupart protestants. Vers le mois de mai 1604, il jetait l'ancre dans la baie de Fundy, et, aussitôt débarqué, il ordonnait l'érection d'un fort à l'entrée de la rivière Saint-Jean. Mais changeant subitement de projets, il abandonna cette place et les constructions qu'il venait d'y faire, et, suivant la côte de

l'ouest à l'est, il arriva à une jolie baie située sur la côte sud-ouest de la Nouvelle-Ecosse, où il s'arrêta. Là, le 14 novembre 1605, il posait les fondations de la première colonie française permanente en Amérique à laquelle, ainsi qu'au fort qu'il fit élever en même temps, il donna le nom de « Port-Royal (aujourd'hui Annapolis). Il prit ensuite possession, au nom de son souverain, de toute la contrée jusqu'à la rivière SaintJean, comprenant la Nouvelle-Écosse et les îles d'alentour, et l'appela « Acadie. »

Quelques années après, Samuel de Champlain, dont nous avons déjà prononcé le nom, l'un des hommes les plus éminents de son temps, fut chargé par une Compagnie de marchands de Rouen d'explorer la vallée du Saint-Laurent et d'y créer un poste commercial. Il traversa l'Océan dans une petite barque jaugeant environ douze tonnes, accompagné d'une autre, à peine plus grande, en mesurant quinze. A l'instar de Jacques Cartier, il remonta le cours du fleuve Saint-Laurent, mais à Hochelaga, point où s'était arrêté son prédécesseur, il trouva tout changé le village indien avait disparu et il ne restait rien de la population sauvage que Cartier avait vue établie en ce même lieu soixantedix ans auparavant. Séduit par la beauté du site et par la richesse de la végétation du Nouveau Monde, de Champlain aspira vivement à y introduire la civilisation et à y bâtir une ville française. Dans ce but, il retourna en France, et, en 1608, revint en Amérique où, le 3 juillet, il jeta les fondations de la ville de

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