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Québec, premier poste commercial français. L'été suivant, désirant avoir une connaissance plus parfaite du pays, il se joignit à une expédition guerrière des Hurons contre les Iroquois ou Indiens des « Cinq Nations; » ce fut alors qu'il découvrit le lac magnifique auquel il a laissé son nom.

Malgré les revers et les ennuis qu'il endura et qui eussent certainement lassé un caractère moins déterminé que le sien, de Champlain parvint au but de ses efforts en établissant définitivement l'autorité française sur les rives du Saint-Laurent; il est incontestable, en effet, que c'est à lui, plus qu'à tout autre, que doit être attribuée la réussite de la colonisation française dans l'Amérique du Nord.

Pendant que ces diverses entreprises s'accomplissaient, la Nouvelle-France se peuplait et se civilisait de plus en plus. Tandis que la plupart des émigrants anglais repoussaient graduellement à l'intérieur les Indiens par l'agrandissement de leurs colonies, les Français, au contraire, fraternisaient avec eux, prenaient part à leurs divertissements et unissaient dans leur conduite la douceur à la fermeté. Au lieu de renvoyer les sauvages loin de leurs établissements, ils cherchaient, au contraire, à les utiliser; leurs efforts semblent n'avoir eu que deux objets : le commerce des fourrures et la conversion au christianisme des Indiens.

Cette dernière idée n'était pas neuve; Colomb l'avait longtemps caressée comme un rêve qu'il eût

aimé à réaliser. Elle était, en effet, belle et séduisante, mais son exécution, à cause des dangers de toute sorte qu'elle devait provoquer, demandait des hommes de grand courage et sachant faire une entière abnégation d'eux-mêmes. Les missionnaires jésuites acceptèrent cette tâche! Animés du saint désir de faire connaître et de propager la foi catholique parmi les peuplades indiennes vivant à l'ouest du Nouveau Monde, les jésuites quittèrent, sans crainte, les établissements français du Saint-Laurent et, convaincus de l'utilité et de la grandeur de leur, entreprise, ils se lancèrent hardiment parmi les solitudes encore inexplorées de l'intérieur du continent américain. Ils visitèrent les premiers la vallée du Mississipi, et les noms français qu'ils ont donnés à certains lieux ne sont point encore perdus dans cette contrée. Avec une énergie extraordinaire, ils poussèrent droit devant eux à travers les forêts inextricables, les rivières et les torrents, s'inquiétant peu des dangers qu'ils pouvaient courir. En 1641, le missionnaire jésuite Charles Raimbault traversait les détroits situés au nord du lac Huron et parvenait jusqu'au lac Supérieur.

Pendant les trente années qui suivirent, les jésuites continuèrent, sans relâche, leur œuvre de conversion et, en même temps, leurs explorations. Des missions furent fondées sur différents points au nord des grands lacs Ontario, Huron et Supérieur, ainsi que dans les contrées baignées par les eaux du lac Michigan.

En 1668, la mission Sainte-Marie, qui est actuelle

ment la plus ancienne de toutes les fondations des Européens dans l'État de Michigan, fut créée par ces hommes doués d'une activité prodigieuse. — Dans l'accomplissement de leur tâche, beaucoup tombèrent sous les coups des Indiens, plusieurs furent scalpés, d'autres brûlés vifs, certains eurent à endurer les supplices les plus effroyables. Malgré cela, leur courage ne se démentit pas, leur ardeur demeura ce qu'elle était au commencement de l'entreprise, et ne voyant devant eux que le but qu'ils voulaient atteindre, chaque fois que l'un d'eux était tué, un autre reprenait l'œuvre du mort.

Parmi ces infatigables et patients religieux, il faut citer le révérend père Marquette, qui, ayant entendu parler par quelques Indiens d'un grand fleuve qu'ils appelaient le « Père des Eaux, entreprit de le découvrir. En 1673, les pères Marquette et Joliette naviguant dans un canot d'écorce, passaient de la rivière Fox aux rivières tributaires du Wisconsin, puis de là, après un voyage de sept jours, arrivaient au Mississipi qu'ils descendaient jusqu'au golfe du Mexique, sans toutefois pouvoir reconnaître si ce fleuve se déversait dans un golfe dépendant de l'Atlantique ou dans l'océan Pacifique.

La solution de cette question importante était réservée à un membre de la même compagnie, au révérend père Robert de la Salle qui, certainement, de tous les missionnaires jésuites, est celui à qui la plus grande part de reconnaissance et de célébrité doit être

accordée. Le père de la Salle vivait tranquillement sur les rives du Saint-Laurent quand la renommée du père Marquette se répandit au Canada. Pris aussitôt de la passion des découvertes, de la Salle construisit et lança le premier bateau qui ait flotté sur les eaux du Niagara, au-dessus de la célèbre chute. Suivi de quelques compagnons, il traversa les lacs Erié, Huron et Michigan, jeta l'ancre dans Green - Bay, puis descendit le lac Michigan jusqu'à l'embouchure du SaintJoseph dont il remonta le cours; il traversa ensuite à pied toute la contrée qui le séparait du haut Kankakee, et, porté par le courant de cette rivière, arriva à l'Illinois. Mais la chance qui lui avait été jusqu'alors favorable lui devint contraire, et des malheurs successifs compromirent son expédition. Ayant perdu son embarcation dans un accident qui faillit même lui coûter la vie, de la Salle dut revenir à pied jusqu'au fort Frontenac, bâti à l'extrémité est du lac Ontario, parcourant ainsi une distance d'environ trois cents lieues.

Les circonstances désastreuses qui avaient fait échouer son entreprise alors qu'elle était sur le point de réussir, ne rebutèrent point le père de la Salle qui, un an après, organisait une seconde expédition. Au printemps de l'année 1682, accompagné de quelques hardis aventuriers, il descendait l'Illinois sur une barque dont il avait, lui-même, dirigé la construction et, après avoir rejoint le « Père des Eaux, › le Mississipi, il arriva, en peu de temps, au golfe du

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Mexique. Sur son passage, il avait, malgré le caractère religieux dont il était revêtu, établi un poste commercial à la source du lac Ontario; puis, voulant honorer le roi Louis XIV qui régnait en France à cette époque, il donna à tout le pays qu'il venait de traverser le nom de Louisiane.

Son retour s'effectua sans encombre, et de Québec, de la Salle s'embarqua pour la France, où il désirait faire connaître le résultat de ses explorations. Les descriptions des contrées merveilleuses qu'il avait visitées enflammèrent l'imagination aventureuse d'un grand nombre de ses compatriotes, et au mois de juillet 1684, quatre vaisseaux portant plus de trois cents émigrants quittèrent la France pour le Nouveau Monde. Mais, par suite de l'incapacité et de l'entêtement du commandant de l'expédition, les quatre navires dépassèrent l'embouchure du Mississipi, but de leur voyage, et allèrent jusqu'à la baie de Matagorda, sur la côte du Texas, où l'un d'eux se perdit corps et biens. Cependant, une colonie y fut fondée et le Texas devint ainsi une partie de la Louisiane.

De la Salle tenta, à plusieurs reprises, de découvrir une seconde fois le Mississipi, mais toujours un nouvel obstacle venait dérouter ses efforts. Désespérant à la fin de réussir, il partit à la tête d'une petite troupe pour se rendre au Canada par terre en traversant tout le continent américain. Après soixante jours de marche signalés par une foule d'aventures, nos voyageurs étaient déjà arrivés dans le bassin du Colorado lors

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