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que, le 20 mars 1687, deux des compagnons de de la Salle, persuadés qu'il les menait à une perte certaine, crurent agir pour le bien de la communauté en se débarrassant de lui: profitant d'un instant où il s'était éloigné du camp, ils tirèrent lâchement sur lui presqu'à bout portant et le tuèrent. L'expédition, privée de son chef, poursuivit, comme elle put, sa route, mais sur les dix-sept personnes dont elle se composait au début, sept seulement atteignirent les établissements français du Mississipi.

Ainsi se terminèrent pour un temps les essais de colonisation entrepris par les Français dans le Nouveau Monde; bien que les résultats n'aient point répondu aux espérances conçues au commencement, cependant on n'en saurait contester l'importance, ainsi que l'histoire du siècle suivant le fit voir. A la fin du dix-septième siècle, en 1688, les contrées explorées par les Français et dans lesquelles ils avaient fondé quelques colonies, c'est-à-dire les contrées connues maintenant sous les noms de Louisiane, Arkansas, Mississipi, Iowa, Minnesota, Nebraska, Kansas, Canada et Acadie, s'étaient peu à peu étendues et comptaient une population de 11,000 habitants.

Les premières années du dix-huitième siècle virent les Français poursuivre avec vigueur leurs entreprises de colonisation. En 1700, de Fonty construisit le fort Rosalie près de l'emplacement actuel de la ville de Natchez; le fort Detroit fut bâti en 1701; Mobile, colonisé en 1702, devint bientôt la capitale de toute la Loui

siane; la Nouvelle-Orléans fut fondée en 1718 et Vincennes en 1735.

Les persécutions que les protestants avaient à subir en France favorisèrent activement l'émigration en Amérique, surtout au dix-septième siècle. Quand la Rochelle eut été prise par Richelieu, l'Amérique anglaise offrit un asile à beaucoup de calvinistes de l'ouest de la France. Après les Hollandais, c'étaient les Français qui, au milieu du dix-septième siècle, formaient, dans l'État de New-York, la partie de la population la plus importante par le nombre et la richesse. En 1680, l'arrivée de protestants français marque le premier accroissement notable de la population de Charlestown, qui devint la plus riche et la plus peuplée des colonies, et eut même des rues entières habitées par les réfugiés français. En Pennsylvanie accoururent surtout les protestants qui, après la révocation de l'Edit de Nantes (1685), avaient cherché un refuge en Angleterre et avaient été obligés par l'intolérance de Jacques II de quitter ce royaume. Mais, c'est la Caroline du Sud qui en recueillit le plus grand nombre: elle devint, comme disaient les Américains, « la maison des huguenots (the home of the huguenots) dans le Nouveau Monde, et en effet, c'était là que les populations du sud de la France préféraient se fixer, parce qu'elles y trouvaient le climat le plus chaud.

L'influence des protestants français se fit heureusement sentir en Amérique : ils se mirent à défricher les terres de la Virginie, du Massachusetts, de l'État de

New-York; ils introduisirent dans la Caroline des cultures nouvelles, donnèrent un certain développement au commerce de Charlestown et créèrent à New-Bordeaux des manufactures de laine et de soie. « Les noms des Français émigrés, dit un des principaux membres de l'Église épiscopale aux États-Unis, paraissent avec distinction dans les grands corps de l'État, sur les siéges de nos tribunaux. » — « Une politesse et une élégance de mœurs bien supérieures à celles des habitants d'origine anglaise, une moralité sévère, la charité la plus inaltérable, telles furent les qualités par lesquelles les réfugiés s'imposèrent à l'estime de leurs concitoyens. Aux manières distinguées qu'ils avaient apportées de leur ancienne patrie et qu'ils s'efforcèrent de communiquer aux Américains, ils joignaient cette rigidité de principes et de conduite dont leurs ancêtres persécutés avaient donné l'exemple en France avant la révocation1. »

1 Weiss, Histoire des réfugiés protestants de France, t. I.

CHAPITRE VI

Frobisher reprend les plans de Cabot et arrive à la baie de Baffin. - Sir Francis Drake passe par le détroit de Magellan; il explore les côtes de l'océan Pacifique jusqu'à la baie de San-Francisco. Sir Humphrey Gilbert crée quelques établissements dans l'île de Terre-Neuve. Sir Walter Raleigh fonde une colonie dans l'ile de Ransoke. Il revient en Angleterre où il introduit l'usage du tabac et de la pomme de terre. Il organise une seconde expédition; son entreprise échoue complétement. Formation des Compagnies de Plymouth et de Londres; résultats différents qu'elles obtinrent dans leurs essais de colonisation.

Nous devons d'abord remarquer qu'à cette époque le nom d'Amérique du Nord était à peine employé. D'après les cartes faites de 1530 à 1560 par différents navigateurs qui avaient exploré les côtes du Nouveau Monde, nous voyons que le nom d'Amérique fut, dès l'origine, donné à l'Amérique du Sud. Ce fait est d'ailleurs facile à expliquer, car c'est cette partie du continent qu'Améric Vespuce visita et décrivit dans ses relations de voyages, la prenant pour une île.

Plus tard, lorsque les Espagnols vinrent s'établir dans l'Amérique du Nord, ils l'appelèrent « Floride; » les Français lui donnèrent le nom de Canada ou Nouvelle-France, et ces deux nations s'en disputèrent la possession, chacune des deux ayant, par ses conquêtes, des droits à peu près égaux.

Pendant ces débats et ces luttes, les Anglais n'a- . vaient pas oublié que Jean Cabot et son fils Sébastien

avaient, les premiers, mis le pied sur le continent américain. Sir Walter Raleigh et quelques hommes de courage voulurent entreprendre de coloniser pour le compte de l'Angleterre les terres découvertes par ces navigateurs.

Les Anglais avaient toujours revendiqué leurs droits à la possession de tout le territoire compris entre le Canada et la Floride; ils l'avaient nommé « Virginie ». pour plaire à leur reine Élisabeth, qui aimait à être appelée la reine vierge. Mais, jusque vers l'année 1575, ils ne semblèrent pas vouloir s'occuper activement d'une conquête que les susceptibilités de nations rivales pouvaient rendre périlleuse.

Frobisher fut le premier à inaugurer une nouvelle ère de voyages en reprenant les plans de Cabot. Il se mit à la recherche de la route des Indes par le nordouest, mais, arrêté par les glaces, dans la baie de Baffin, il déclara toutes les terres qu'il avait devant lui apanage de la couronne d'Angleterre, puis revint dans son pays.

Sir Francis Drake fit plusieurs expéditions au Nouveau Monde. Se trouvant dans l'isthme de Panama, il grimpa au haut d'un arbre très-élevé d'où il aperçut l'immensité de l'océan Pacifique. Il revint en Angleterre où il arma quelques navires, puis, traversant le détroit de Magellan, il remonta toutes les côtes de l'Amérique du Sud et arriva dans la baie de San-Francisco. Après avoir fait quelques réparations à son navire, il se remit en route et, passant par le cap de

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