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Bonne-Espérance, retourna en Angleterre, ayant ainsi fait le tour du Monde.

Sir Humphrey Gilbert ne chercha point à faire de nouvelles découvertes. Connaissant, par les rapports qui avaient été publiés, les ressources du continent américain, il pensait qu'il était préférable, au lieu de courir après des épices et de l'or introuvables, de former sur ces nouvelles terres des colonies permanentes. Il transporta quelques compagnies d'émigrants dans l'île de Terre-Neuve, où elles s'établirent, puis il entreprit de retourner en Angleterre dans une barque ne mesurant pas dix tonnes. A moitié chemin, il fut surpris par une tempête épouvantable qui détruisit son embarcation; ni lui, ni aucun des marins qui l'accompagnaient ne survécurent à cette catastrophe.

Quoique le roi d'Angleterre Henri VII eût remis à Jean Cabot une commission royale pour les découvertes faites par lui sur les côtes de l'Amérique du Nord, il n'avait jamais songé à exercer effectivement sa souveraineté. Un temps considérable se passa avant que l'Angleterre ne fit valoir ses titres : c'est lorsque le pouvoir de cette puissance se fut agrandi par le commerce et que sa jalousie fut excitée par les richesses que l'Espagne tirait de ses colonies transatlantiques, c'est alors seulement, sous le règne d'Élisabeth, que sir Walter Raleigh' adopta les vues de son frère de lait Gilbert, et voulut continuer son projet.

1 Il importe de ne pas laisser passer, sans en esquisser les principaux traits, la figure originale de ce grand pasteur de l'Océan. »

Ayant obtenu de la reine Élisabeth le don de tout le territoire appelé Virginie, il partit, emmenant une nombreuse troupe de ses compatriotes et débarqua à l'île de Ransoke, où il posa les premiers jalons d'une colonie. Mais là encore, les difficultés éprouvées auparavant se présentèrent de nouveau : les colons refusèrent de cultiver la terre pour se livrer exclusivement à la recherche de l'or et des pierres précieuses. On était loin de s'attendre au seul résultat qu'eut ce voyage. Raleigh et quelques-uns de ses compagnons, lorsqu'ils virent l'insuccès de leurs efforts de colonisation, retournèrent en Angleterre, où ils introduisirent l'usage du tabac et de la pomme de terre. On raconte à ce sujet une anecdote peu connue dans ce premier voyage en Amérique, Raleigh avait contracté l'habitude de fumer; de retour en Europe, il se retirait souvent dans son cabinet de travail pour satisfaire ce goût, alors étrange. Ayant un jour donné l'ordre à un de

Gentilhomme accompli, c'est lui qui jeta son manteau brodé sous les pas d'Elisabeth, pour qu'elle ne mît pas le pied dans la boue. Rival presque heureux du comte d'Essex, il fut, sous le règne suivant, en butte aux vengeances de l'ami du comte, de Jacques Ier. Enveloppé dans un complot, il fut condamné à mort; son innocence était tellement manifeste qu'on n'osa point exécuter la sentence, mais on enferma le condamné dans la Tour de Londres. Les douze années qu'il y resta furent consacrées au Nouveau Monde qui, avant comme après cet emprisonnement, fut le but de tous ses voyages et de toutes ses pensées. Il écrivit une foule d'ouvrages sur l'Amérique, dont quelques-uns se lisent encore aujourd'hui. Un acte de piraterie qu'il exerça dans son dernier voyage donna au roi Jacques l'occasion d'exercer sa vengeance et de faire revivre l'arrêt de mort porté contre Raleigh. Agé de soixante-dix ans, en 1618, l'intrépide et opiniâtre homme de mer périt sur l'échafaud.

ses domestiques de lui apporter un pot de bière, celui-ci, voyant de la fumée sortir de la bouche de son maître, crut qu'il était en feu, et, perdant la tête, lui jeta à la figure le contenu du pot de bière qu'il tenait à la main, puis il courut hors de la maison, appelant au secours, dans la certitude que sir Raleigh allait être réduit en cendres.

Sir Walter Raleigh, quoique déçu, ne fut point découragé par le peu de succès de son premier voyage; mais la seconde fois, au lieu d'envoyer aux colonies qu'il voulait à toute force établir, des hommes seuls, il y envoya des familles entières. Celles-ci commençaient à prospérer, lorsque, par suite de circonstances inconnues, les établissements anglais furent détruits et tous les habitants disparurent, sans qu'il ait été jamais possible de retrouver leurs traces.

Enfin, dégoûté, et ayant englouti dans son entreprise la plus grande partie de sa fortune, Raleigh abandonna ses droits au roi Jacques Ier, qui, le 10 avril 1606, les divisa entre deux compagnies qui venaient de se former. Le roi décida que de tout le territoire appelé Virginie qui leur était cédé, il serait formé deux parts dont l'une, celle du nord, appartiendrait à la Compagnie de Plymouth, et l'autre, celle du sud, serait la propriété de la Compagnie de Londres. En outre, il était stipulé qu'afin d'éviter toute chance de querelles, aucune des deux compagnies ne pourrait fonder d'établissement à une distance du territoire de l'autre, moindre de cent milles.

Les deux compagnies envoyèrent vers la même époque les émigrants qu'elles avaient engagés. Les colons de la Compagnie du Sud arrivèrent dans la Virginie en avril 1607, et la même année bâtirent Jamestown sur la baie de Chesapeake. Ceux de la Compagnie du Nord débarquèrent à l'embouchure de la rivière Kennebec au mois d'août suivant. Cette seconde compagnie, plus faible que sa rivale, fut naturellement plus lente dans ses progrès; d'ailleurs, la partie de territoire qui lui avait été accordée avait un climat beaucoup moins hospitalier et le sol en était plus sauvage et plus rebelle à la culture. Les colons du sud persévérèrent dans leurs efforts et fondèrent l'État de Virginie, tandis que ceux du nord ne purent tenir longtemps et bientôt abandonnèrent l'entreprise. Quelques-uns restèrent néanmoins et construisirent le fort Saint-George; mais après avoir souffert pendant l'hiver toutes sortes de privations, ils retournèrent aussi en Angleterre où, confirmant le récit de leurs compagnons, ils racontèrent que la Nouvelle-Angleterre était trop froide pour être habitée.

Cette mensongère excuse jeta un profond découragement dans les masses qui avaient l'intention d'émigrer; douze années s'écoulèrent avant qu'une nouvelle colonie vînt en Amérique.

CHAPITRE VII

Formation de la Compagnie des marchands. Sir Henry Hudson entreprend un voyage pour le compte de cette compagnie. Il crée une première colonie hollandaise, pénètre dans le fleuve Hudson. A son retour, il s'arrête en Angleterre; il y est retenu prisonnier et cède aux instances de ses compatriotes pour partir à la découverte du passage maritime des Indes. Il pénètre dans le détroit d'Hudson où son équipage épouvanté l'abandonne dans une chaloupe. Les Hollandais s'attribuent la possession de cette partie du continent qu'ils nomment Nouveaux Pays-Bas. Adrien Block; fondation de la ville de New-Amsterdam. Récapitulation des prétentions de l'Espagne, de la France, de l'Angleterre et de la Hollande au sujet de leurs droits respectifs de possession en Amérique.

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Durant tout ce temps, les Hollandais n'avaient semblé prendre qu'un intérêt très-médiocre à ce qui se passait dans le Nouveau Monde. Cependant, vers le commencement du dix-septième siècle, cette nation sortit de son indifférence, et une compagnie de marchands fut organisée en vue de fonder quelques postes commerciaux et quelques colonies en Amérique.

Le capitaine sir Henry Hudson, dont l'Angleterre refusait de reconnaître les qualités exceptionnelles parce qu'il n'avait pas su découvrir la route maritime des Indes, accepta les propositions qui lui furent faites par cette compagnie. Au mois d'avril 1609, sir Hudson s'embarqua sur un yacht appelé « Demi-Lune, » et après une navigation de deux mois, dirigée un peu

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