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FONDATION DE LA COLONIE DE PLYMOUTH.

En 1558, cinquante ans environ avant l'arrivée des émigrants envoyés par les Compagnies de Plymouth et de Londres, un fait d'une importance extrême s'était accompli en Angleterre, par la seule volonté de la jeune reine Élisabeth qui venait de succéder sur le trône à sa sœur Marie : le protestantisme était devenu, à la place du catholicisme, la religion de l'État. Quoique ce changement satisfît la majorité de la population, il se trouva, pourtant, un grand nombre de personnes appartenant au clergé et au peuple qui ne se contentèrent pas de ce qu'ils appelaient une demimesure; il fallait, disait-on, une révision et une purification plus complètes des anciennes pratiques et doctrines religieuses. A cause de cela, on appela ces mécontents «< Puritains. Ils voulaient que la reine fût à la tête de l'État et de l'Église, qu'elle eût la nomination des ecclésiastiques et qu'elle fixât la forme du culte. De plus, ils demandaient que les autorités civiles contraignissent le peuple à exécuter ces ordon

nances.

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Le gouvernement non-seulement rejeta leurs demandes, mais infligea des punitions à certains membres du clergé pour n'avoir point employé les rites prescrits. Il se produisit alors dans le camp des puritains une division en deux partis; pendant que l'un acceptait simplement les ordonnances du gouvernement,

l'autre, niant sa compétence en matière religieuse, déclarait qu'une réunion de chrétiens pouvait se constituer Église, choisir ses propres vicaires et être indépendante de toute autorité extérieure. Ils se séparèrent ainsi de l'Église d'Angleterre, et furent appelés pour cette raison Séparatistes et Indépendants. » Tandis que les puritains pratiquaient tranquillement la nouvelle religion réformée, les séparatistes étaient en butte à la plus rigoureuse persécution. C'est à la suite de ces incidents que les séparatistes émigrèrent en masse en Hollande et en Amérique, désireux de vivre en paix et de prier Dieu suivant leur conscience, sans être exposés à d'incessantes persécutions.

En 1620, une centaine de ces puritains dissidents frétèrent un vaisseau, « Fleur de Mai », et s'embarquèrent à Southampton pour le Nouveau Monde. Pendant la traversée, ils rédigèrent une convention stipulant que tous les membres de la colonie auraient des droits égaux dans l'administration, et ils choisirent John Carver pour leur premier gouverneur.

Après une traversée pénible, tourmentée par une suite de tempêtes qui les éloignèrent du fleuve Hudson où ils s'étaient proposé de s'arrêter, ils débarquèrent dans la baie de Plymouth, précédemment visitée par un navigateur anglais, le capitaine John Smith, qui lui avait donné le nom qu'elle portait. Trouvant l'endroit favorable pour leur établissement, ils commencèrent immédiatement à s'y bâtir des huttes, et apportèrent de leur vaisseau tous les objets et outils dont ils s'étaient

munis, et dont une grande partie, religieusement conservée, est exposée dans le palais des pèlerins (c'est le nom qui était employé pour les désigner à cause de leurs changements constants de résidence) à Plymouth.

Débarqués au commencement de l'hiver sur cette terre froide et humide, ils eurent beaucoup à souffrir des intempéries de la saison, à cause de leur mauvaise installation. En outre, les vivres leur manquaient souvent, et, quoiqu'ils se procurassent la plus grande partie de leur nourriture en chassant et en pêchant, l'un d'eux a écrit « qu'il vit des hommes marcher en trébuchant, affaiblis qu'ils étaient par le manque de vivres. Les Indiens heureusement ne les inquiétèrent pas; les rapports qu'ils eurent avec les nouveaux colons devinrent bientôt très-amicaux, et ceux-ci apprirent d'eux à se servir de l'arc pour tirer sur les poissons et à faire sortir de la vase, par le piétinement, les anguilles qui s'y cachaient.

Lorsque le printemps vint et fit disparaître avec les neiges une grande partie de leurs maux, ils se comptèrent et reconnurent que leur nombre était réduit de moitié. Beaucoup d'entre eux n'avaient pu résister aux fatigues et aux maladies auxquelles ils avaient été exposés pendant l'hiver. Cependant il ne s'en trouva pas un seul qui demandât de retourner en Angleterre. Tous préféraient la vie dure et laborieuse, mais libre, qu'ils menaient, au confortable et aux jouissances matérielles qu'ils eussent eues dans leur patrie.

En arrivant sur la côte américaine, quand ils cher

chaient un emplacement pour la fondation de leur colonie, ils avaient un jour ramassé une assez grande quantité de maïs trouvé dans la hutte abandonnée d'un Indien. Au printemps, ils se servirent de ces graines pour ensemencer les champs qu'ils avaient défrichés, et à la fin de l'été ils récoltèrent une ample provision de maïs.

Il avait été d'abord convenu que tous travailleraient dans l'intérêt commun, mais on ne tarda pas à voir les inconvénients de ce système. L'ardeur au travail diminua quand disparut l'appât d'un gain personnel. De quelques-uns même on ne pouvait obtenir de travail qu'en les menaçant de leur refuser le pain qu'ils n'avaient point gagné on allait tomber dans une

anarchie absolue.

Heureusement, en 1623-1624, c'est-à-dire après trois ans d'un essai infructueux de communisme, on attribua à chacun un arpent de terre. C'était peu! mais il était nécessaire que tous les membres de la colonie formassent un petit noyau et pussent se serrer les uns contre les autres, si une attaque des Indiens survenait. Plus tard, quand la colonie eut pris des forces, chaque colon reçut vingt arpents de terre hors de la ville.

Les liens de la commandite de Londres, car il avait fallu aux nouveaux colons des bailleurs de fonds, ces liens, disons-nous, qui enchaînaient tout le monde et dont aucun ne pouvait s'affranchir, attachaient la colonie au système de communisme, et faillirent empêcher la réforme accomplie d'être définitive. La diffi

culté ne fut résolue qu'en 1627. Huit des principaux colons se chargèrent de payer un intérêt fixe à ceux envers lesquels tous avaient contracté une dette. Pour compenser cette charge, on leur accorda le monopole du commerce. Dès ce moment, la prospérité fut assurée à la colonie, et ses habitants expédièrent des produits de leur chasse et de leur culture jusqu'en Angleterre.

COLONIE DE MASSACHUSETTS.

Le succès qui avait enfin couronné les courageux efforts des pèlerins fut bientôt connu en Angleterre, et l'idée vint de les imiter. Les persécutions religieuses n'ayant pas cessé, un grand nombre de familles de puritains voulurent émigrer. Le 29 juin 1628, cinq vaisseaux arrivèrent en Amérique, et s'arrêtèrent à un endroit que les nouveaux venus nommèrent « Salem,» nom tiré d'un mot hébreu qui veut dire « Paix. »

Ils étaient restés six semaines et trois jours en route, mais cette durée de leur voyage leur sembla néanmoins très-courte. Les conditions dans lesquelles ils se présentaient étaient bien différentes de celles où s'étaient trouvés, dès le début, les pèlerins; une charte régulière du roi d'Angleterre leur concédait le droit de s'établir dans le pays et de se gouverner eux-mêmes. Ils n'avaient obtenu cette charte qu'à force d'intrigues et d'argent. Elle fut signée le 4 mars 1629; d'après ses prescriptions, un gouverneur, aidé d'un lieutenant

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