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24. Tant que César vécut, Cléopâtre resta sous sa protection, et par conséquent dans la dépendance. Nonseulement une garnison romaine fut laissée dans la capitale, mais la reine elle-même fut obligée de le suivre à Rome avec son frère. Mais lorsque César eut été assassiné, elle prit, non sans danger pour l'Égypte, que menaçait Cassius, commandant de la Syrie, le parti des Triumvirs, et parvint, après la mort de son frère, à leur faire reconnaître pour roi, le fils qu'elle prétendait avoir eu de César, Ptolémée Césarion. Mais la passion profonde qu'Antoine prit bientôt pour elle, après la défaite du parti republicain, lia dès-lors sa destinée à celle de ce Romain; et lorsque Octave l'eut vaincu, Cléopâtre, après avoir fait de vains efforts pour le séduire, suivit le sort d'Antoine.

La chronologie des dix années pendant lesquelles Cléopâtre vécut presque toujours avec Antoine, n'est pas sans difficultés, et doit, d'après les déterminations les plus probables, se régler de la manière suivante : citée devant son tribunal, parce que quelques-uns de ses généraux avaient dû secourir Cassius, elle se présente devant lui à Tarse, 41, avec toute la pompe et les attributs que la fable prète à Vénus, et bientôt il la suit en Égypte. L'année suivante, 40, Antoiné se rend en Italie, à cause de la guerre de Pérouse, qui venait d'éclater, et il y épouse Octavie, par des motifs de politique, tandis que Cléopâtre demeure en Égypte. Dans l'automne de l'année 37, elle va le trouver en Syrie, où il se préparait à diriger en personne une guerre contre les Parthes, qui jusque là n'avait été conduite que par ses généraux. Elle se fait donner Cypre, Cyrène et la Phénicie, à l'exception de Tyr et de Sidon, et retourne én Égypte, pendant la durée de l'expédition. Antoine, après l'avoir terminée, retourne à son tour à Alexandrie où il fixe son séjour. Il voulut à la vérité en partir, dès l'année 35 pour attaquer l'Arménie; il n'exécuta ce dessein que l'année

suivante, 34, et rentra à Alexandrie en triomphe avec le roi d'Arménie, qu'il avait fait prisonnier. Il donne à Cléopâtre, ou aux trois fils qu'il avait eus d'elle, tous les pays conquis, ou qui restaient encore à conquérir, depuis la Méditerranée jusqu'à l'Indus. Comme il se proposait en conséquence d'atta. quer de nouveau les Parthes, de concert avec le roi de la Médie, Cléopâtre parvient à le décider à rompre formellement avec Octavie, qui devait lui amener des troupes, 33. La guerre entre lui et Octave devenant alors inévitable, Antoine suspend l'ex-pédition déja commencée contre les Parthes, et Cléopâtre l'accompagne à Samos, où il répudie solennellement Octavie, 32. Elle le suit encore dans son expédition contre Octave; et la bataille d'Actium, gagnée par celui-ci le 2 septembre de l'année 31, décide du sort de toute cette guerre. Octave suit immédiatement Antoine en Égypte, et met le siége devant Alexandrie, 30, qui est obligée de se rendre après qu'Antoine s'est tué de sa propre main; Cléopâtre se donne aussi la mort pour n'être pas menée captive à Rome,

25. Jusque dans cette dernière période, l'Égypte se montre comme le siége d'une richesse immense et d'un luxe effréné. On voit même que tous ses malheureux princes, depuis le troisième des Ptolémées, n'avaient presque rien perdu de leur opulence. Mais quelque étonnant que ce fait puisse paraître d'abord, il s'explique assez, lorsqu'on réfléchit que d'un côté les révolutions politiques, si fréquentes dans ce pays, se passaient uniquement dans la capitale, et que la paix des provinces n'en était point altérée; et, de l'autre côté, que c'était l'unique pays où l'on fît un grand commerce, et que ce commerce devait s'agrandir nécessairement en proportion des progrès du luxe dans l'empire romain. Ce qui fait mieux voir l'effet que le luxe des Romains produisait à son tour sur l'Égypte, c'est l'état de ce pays

devenu province romaine; puisque bien loin que le commerce fût tombé à Alexandrie, dans le cours de cette période, il y avait pris au contraire un accroissement extraordinaire.

III. Histoire de la Macédoine même et de la Grèce, depuis la mort d'Alexandre, jusqu'au temps où elle tomba sous la domination romaine, 223-146.

Les sources pour cette partie de l'histoire sont toujours les mêmes que nous avons indiquées précédemment (voyez cidessus, p. 255.) C'est toujours Diodore pour tout ce qui s'est passé depuis la bataille d'Ipsus, en 301. Mais dans toute la période de 301 à 224, pour laquelle les fragmens de Diodore, quelques vies de Plutarque, et les récits dépourvus de critique que l'on trouve dans Justin, sont presque les seules sources où nous puissions puiser notre instruction, il y a bien quelques lacunes. A partir de l'année 224, c'est Polybe qu'il faut considérer comme le principal écrivain; et même dans les endroits où son ouvrage nous manque, ce sont encore ses fragmens qui nous offrent les documens les plus authentiques. Tite-Live et les autres historiens de Rome se placent à côté de lui.

Parmi les ouvrages des modernes, indépendamment de ceux qui embrassent l'histoire générale, cités ci-dessus, pag. 2, on distingue :

The History of Greece from the accession, of Alexander, of Macedon till the final subjection to the Roman Power, in eight books, by JOHN GAST, D. D. London, 1782, 4. Quoique cet ouvrage ne soit pas un chef-d'oeuvre, il mérite cependant d'être mentionné.

1. Des trois principaux empires qui s'étaient formés de la monarchie d'Alexandre, la Macédoine (au moins tant que la Thrace en fut séparée comme province par

ticulière, c'est-à-dire jusqu'en 286) était de beaucoup la plus faible, sous le rapport de l'étendue aussi bien que sous celui de la population et de la richesse: mais on la considéra comme la première en rang, étant comme le chef-lieu de la monarchie, d'où émanait, au moins nominativement, toute l'autorité administrative dans les premiers temps. Mais dès l'année 311, après l'entière extermination de la famille royale, elle devint un royaume séparé. Son influence au-dehors se borna dès-lors uniquement à la Grèce, dont l'histoire à partir de ce moment est intimement liée avec celle de la Macédoine.

État de la Grèce après la mort d'Alexandre : Thèbes était en ruines; Corinthe avait une garnison macédonienne; Sparte était découragée par la défaite qu'elle avait éprouvée sous Agis II, en cherchant à secouer le joug de la Macédoine pendant la régence d'Antipater, 333-331. La seule Athènes était encore florissante, et demeurait toujours le premier état de la Grèce par sa puissance navale.

2. Quoique, dans le premier partage des provinces, Cratérus eût été adjoint, comme gouverneur civil, à Antipater, celui-ci conservait néanmoins la direction des affaires; et la guerre Lamiaque, commencée aussitot après la mort d'Alexandre, par les Grecs, qu'un enthousiasme soudain semblait animer à reconquérir leur liberté, le mit en état, par le succès décisif qu'il obtint à la fin, de charger la Grèce de fers encore plus pesants que ceux qu'elle avait portés jusque-là.

La guerre Lamiaque (préparée par l'édit d'Alexandre qui ordonnait que tous les exilés Grecs, au nombre de vingt mille, et la plupart dans les intérêts des Macédoniens, rentrassenț

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dans leurs villes natales), fut commencée par le parti démocratique à Athènes, auquel se joignirent, à la persuasion de Démosthène et d'Hypéride, presque tous les États du milieu et du nord de la Grèce, à l'exception des Béotiens, et la plupart des peuples du Péloponnèse, excepté Sparte, Argos, Corinthe et les Achéens. Leur union n'avait pas été si grande, même dans la guerre contre les Perses. C'était Léosthène qui en était le principal chef.—Défaite d'Antipater obligé de se renfermer à Lamia; Léosthène périt au siége de cette place, 323. Quoique Léonnat, qui était venu au secours d'Antipater, dans l'espérance de monter au trône, en épousant Cléopâtre, eût été battu et tué, 322, néanmoins les Grecs succombèrent sous les forces que Cratérus avait amenées d'Asie à la défense de la Macédoine; et Antipater réussit complètement à dissoudre la ligue: en négociant séparément avec chacun des États qui la composaient, il parvint à dicter des lois à tous. La plupart des villes reçurent garnison macédonienne; et Athènes, outre cela, ne put acheter la paix, par l'entremise de Phocion et de Démade, qu'en changeant entièrement sa constitution. Les principales conditions étaient que les citoyens pauvres seraient exclus de l'administration, que la plupart seraient transportés en Thrace, et qu'on s'engagerait à livrer Hypéride et Démosthène; Phocion devait le remplacer dans la direction générale des affaires.-Les Étoliens qui avaient enfin été vaincus, obtinrent des conditions plus avantageuses qu'ils n'auraient osé l'espérer, parce que Cratérus et Antipater étaient pressés d'aller combattre Perdiccas en Asie,

3. La haine qui s'était déclarée, du vivant même d'Alexandre, entre Antipater et Olympias, parce qu'il n'avait pas voulu la laisser dominer à son gré, détermina cette princesse à se retirer en Épire, tandis que l'influence de la jeune reine Eurydice (voy. ci-dessus, page 247) ne faisait que l'aigrir davantage. Peu de temps après son expédition contre Perdiccas, dans la

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