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dans l'Italie inférieure. Dans la première guerre avec Pyrrhus, 280-278, il se donna deux batailles, l'une près de Pandosia, en 280, et l'autre près d'Asculum, en 279, toutes deux malheureuses pour les Romains. Mais lorsque, après son passage en Sicile, en 278 (voy. ci-dessus, pag. 190), Pyrrhus fut revenu en Italie en 275, il fut battu près de Bénévent, et obligé d'évacuer tout le pays, en laissant seulement une garnison à Tarente. Cependant, dès l'année 272, cette ville tomba au pouvoir des Romains, et cette conquête leur servit à étendre leur domination jusqu'aux extrémités de l'Italie inférieure.

15. Le principal moyen dont les Romains se servirent, dès les premiers temps, pour affermir leur autorité sur les peuples vaincus, et pour prévenir l'accumulation de la multitude pauvre à Rome, était l'établissement des colonies de citoyens romains, qui servaient en même temps de garnison dans les villes où ils étaient transplantés. Chaque colonie avait son gouvernement intérieur, modelé la plupart du temps sur celui de Rome même, et le maintien des colonies dans la plus étroite dépendance dut naturellement entrer dans la politique de Rome. Ce système de colonies des Romains, qui dérivait lui-même de la coutume barbare d'ôter aux vaincus leur territoire et leur liberté, se forma principalement dans la guerre des Samnites, et embrassa peu à peu toute l'Italie. L'établissement des grandes routes militaires (viæ militares) a une étroite liaison avec celui des colonies; et entre autres la voie Appia, entreprise dès l'an 312, est encore un monument subsistant du degré où était alors parvenue la puissance romaine.

Le nombre des colonies romaines en Italie se montait déja à cinquante-trois lors de l'invasion d'Annibal; mais plusieurs de celles qui étaient établies secouèrent le jong.

HEYNE, De Romanorum prudentia in coloniis regendis, in Opusc., vol. III; cf. Prolusiones de veterum coloniarum jure ejusque causis, in Opusc., vol. I.

16. Mais il y eut toujours une assez grande diversité dans les rapports de Rome avec les peuples d'Italie. 1° Quelques villes et quelques peuples jouissaient complètement du droit de citoyens romains, sans cependant avoir droit de voter dans les comices; c'est ce qu'on nommait municipes (municipia). 2o Les priviléges des colonies (jus colonarium) étaient encore plus restreints, parce que les colons ne participaient ni aux comices, ni aux magistratures. Le reste des habitants de l'Italie étaient compris sous les titres d'alliés (soci, fœdere juncti), ou de sujets (dedititii). Les premiers conservaient leur propre gouvernement, mais devaient fournir des hommes et de l'argent (tributis et armis juvare rempublicam). Leurs rapports plus directs avec Rome étaient fondés sur les conditions de l'alliance, dont les plus avantageuses étaient 3° en faveur des Latins, quoique chacune de leur ville eût son droit particulier (jus Latü); comme aussi 4° les autres peuples d'Italie avaient le (jus Italicum). 5° Au contraire, les sujets (dedititü) avaient été privés de leurs constitutions intérieures, et étaient gouvernés par des magistrats romains (Præfecti), que l'on renouvelait chaque année.

C. SIGONIUS, De antiquo jure civium Romanorum ; et Deantiquo jure Italiæ, dans GREVII Thes. Ant. R. t. II. Ce sont les plus savantes recherches sur ces différents rapports.

17. La constitution intérieure que Rome s'était donnée à elle-même, présentait le caractère d'une démocratie, en ce sens que le peuple et la noblesse y jouissaient des mêmes droits. Mais c'était une démocratie

si merveilleusement modifiée; les droits du peuple, du sénat et des magistrats, se liaient de telle manière les uns aux autres, et trouvaient dans la religion de l'État, qui rattachait le tout à des formes invariables, un appui si ferme, qu'à cette époque on n'avait à craindre, ni les maux de l'anarchie, ni, ce qui est encore plus étonnant chez un peuple guerrier, le fléau du despotisme militaire.

Les droits du peuple consistaient dans le pouvoir législatif toutes les fois qu'il était question des lois fondamentales de l'État, et dans l'élection des magistrats. La différence entre les comitia tributa (comme étant indépendants du sénat ), et les comitia centuriata (comme étant dépendants du sénat ), subsista toujours, mais seulement pour la forme, et perdit toute son importance depuis que la distinction entre les patriciens et les plébéiens ne fut plus qu'une simple différence de nom " et que, par l'établissement des tribus urbanæ, en 303, on eut remédié à la trop grande influence du peuple (forensis factio) sur les comices par tribus. Les droits du sénat consistaient dans l'administration et la discussion de toutes les affaires de l'État qui n'intéressaient pas sa constitution politique; ( excepté cependant lorsqu'il s'agissait de faire la guerre ou la paix, pour lesquelles on avait besoin de l'assentiment du peuple): et outre cela, de toutes les affaires qui concernaient les finances ou les réglements pour le repos et la sûreté intérieure de l'État. Mais la manière dont le sénat se complétait contribua à en faire le premier corps politique d'alors. Les droits et le rang des magistrats étaient fondés sur les grands ou petits auspices (auspicia); car il n'était permis d'entreprendre aucune affaire publique qu'avec cette cérémonie religieuse ( auspicato). Voilà pourquoi il n'y avait que ceux à qui appartenaient les premiers qui pussent posséder le suprême pouvoir civil et militaire (imperium civile et militare; suis auspiciis rem gerere); comme le dictateur, les consuls, le préteur, et non les autres magistrats, qui n'avaient que les petits auspices.

La réunion du pouvoir civil et militaire dans la même personne n'était point, à la vérité, sans inconvénients; cependant on prévint le despotisme militaire par une loi qui défendait expressément à tout homme revêtu d'une magistrature, de conserver le pouvoir militaire dans l'enceinte de la ville. Au reste, comme la constitution de Rome se forma seulement par l'usage et par la pratique, et comme il n'y eut jamais de constitution entièrement écrite, on ne doit pas s'attendre que tout y fût réglé avec précision; car le plus sûr moyen de tomber dans l'erreur serait de vouloir, malgré cela, tout fixer et tout déterminer. Parmi les nombreux ouvrages sur la constitution ou sur les antiquités romaines, nous indiquerons:

La république Romaine, ou plan général de l'ancien gouvernement de Rome, par M. de Beaufort, 2 vol. in-4°; à La Haye, 1766. Cet ouvrage est un des plus amples et des plus essentiels sur les matières qu'il traite; cependant il n'embrasse point le sujet tout entier.

Histoire critique du gouvernement Romain, Paris, 1765. Il y a quelques vues, et ingénieuses.

Du gouvernement de la république Romaine; par A. Ad. de Texier, 3 vol. in-8°; Hambourg, 1796. Cet ouvrage contient plusieurs recherches propres à l'auteur.

On trouve encore dans les 2 premiers vol. du Thes. Ant. Rom. de Grævius, de savantes recherches sur les principales parties de la constitution romaine. SIGONIUS et GRuchius, De comitüs Romanorum; ZAMOSCHIUS, De senatu Romano, etc.

Parmi les nombreux manuels sur l'antiquité romaine : NIEUPORT, Explicatio rituum Romanorum, ed. GESNER, Berolini, 1743, tient du moins ce qu'il promet. Les recueils qui traitent de l'antiquité romaine d'une manière complète, ne s'élèvent guère au-dessus du médiocre; on a été beaucoup plus heureux dans les travaux sur l'antiquité romaine qui ont rapport au droit : nous indiquons ici les deux meilleurs livres élémentaires sur ce sujet.

BACHII Historia jurisprudentiæ Romanæ; Lips. 1754. 1796. Éléments de l'histoire du droit Romain, par Hugo; 3* essai (en allemand); Berlin, 1806.

SECONDE PÉRIODE,

DEPUIS LE COMMENCEMENT DE LA GUERRE AVEC CARTHAGE

JUSQU'AU COMMENCEMENT DES TROUBLES INTÉRIEURS, SOUS LES GRACQUES, 264—134 (an. de R., 490—620).

Sources. Le principal écrivain, pour cette période, jusqu'à l'an 146, est Polybe; la partie de son histoire qui nous a été conservée conduit jusqu'à l'an 216; pour le reste, c'est-à-dire pour tout l'intervalle compris entre les années 218 et 166, on n'en a que des fragments. Tite-Live (Livres XXI-XLV) le suit, en général. Appien, qu'il faut nommer ensuite, ne contient guère que l'histoire des guerres. Florus n'en a donné qu'un abrégé. Les vies de Fabius Maximus, de Paul Æmile, de Marcellus, de M. Caton et de Flaminius, par Plutarque, appartiennent à cette période.

Parmi les modernes nous n'en nommerons qu'un seul; car quel autre pourrait-on citer à côté de lui?

MONTESQUIEU, Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains.

1. La division politique de l'Italie ouvrit le chemin à la domination des Romains sur ce pays. Le défaut d'union et de relations politiques entre les États du monde d'alors leur fraya la route à la domination uni

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