Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

servissement d'une république guerrière, lorsque les circonstances lui permettent de l'entreprendre.

On aurait dû s'attendre que la destruction, dans la même année, des deux premières villes commerçantes du monde, aurait eu pour le commerce des suites importantes; mais Rhodes et Alexandrie avaient déja attiré dans leurs ports tout le commerce de Carthage et de Corinthe; d'ailleurs Utique pouvait dès-lors, jusqu'à un certain point, remplacer Carthage.

21. Pendant que Rome précipitait de cette manière 146. les trônes et les États libres, elle rencontra enfin en Espagne un redoutable adversaire dans Viriathe, simple paysan espagnol, dont, après six ans de combats, elle ne put se débarrasser autrement que par un assassinat. La guerre n'en continua pas moins, après sa mort, contre les indomptables Numantins, que Scipion Émilien parvint enfin à exterminer, mais non à soumettre.

140.

133.

Les guerres contre les Espagnols qui, de tous les peuples vaincus, défendirent le plus opiniâtrément leur liberté contre Rome, commencèrent vers l'an 200, six ans après que les Carthaginois eurent été chassés de ce pays en 206. Elles furent extrêmement meurtrières, tant à cause de la nature du pays excessivement peuplé, et où chaque lieu était une forteresse, que par le courage de ses habitants; mais surtout par la politique des Romains qui armaient toujours leurs alliés contre les autres peuples. Les guerres furent rarement interrompues, 200 -133. Elles continuèrent à la fois, dans l'Espagne citérieure, où l'on eut dans les Celtibériens de redoutables adversaires, comme le furent les Lusitaniens dans l'Espagne ultérieure. Elles furent à leur plus haut degré de violence, en 195, pendant le commandement de Caton, qui réussit à pacifier l'Espagne citérieure dans les années 185-179, où l'on combattit les Celtibériens sur leur propre territoire; enfin, pendant les

années 155-150, les Romains furent si souvent battus dans ces deux provinces, qu'à Rome il n'y avait rien qu'on redoutát autant que d'y être envoyé. L'oppression et la scélératesse de Servius Galba, mirent Viriathe, 146, à la tête de ses compatriotes les Lusitaniens, et la guerre s'étendit bientôt dans l'Espagne citérieure où la plupart des peuples, surtout les Numantins, se soulevèrent contre Rome, 143. Viriathe, tantôt vainqueur, tantôt vaincu, n'était jamais plus redoutable qu'au moment d'une défaite, parce qu'il savait tirer avantage de la connaissance des lieux, et manier avec adresse le caractère de ses concitoyens. Après son assassinat, 140, par la trahison de Cépion, la Lusitanie fut soumise à la vérité; mais la guerre contre Numance n'en devint que plus violente, et les Numantins forcèrent le consul Mancinus à conclure un traité ignominieux, 137. Lorsque Scipion mit fin à cette guerre, 133, tout, à la vérité, était tranquille en Espagne; cependant le nord de ce pays n'était pas entièrement subjugué, quoique les Romains eussent pénétré jusque dans la Galice.

133

22. Vers la fin de cette période, les Romains obtinrent à beaucoup moins de frais la possession d'une de leurs plus importantes provinces, lorsque l'insensé Attale III, roi de Pergame, leur légua tout son royaume (voyez plus haut, page 321); on n'a jamais su par quelle impulsion. Ils en prirent aussitôt possession, et s'y maintinrent malgré la résistance de l'héritier légitime Aristonicus; seulement ils cédèrent la Phrygie à Mithridate V, roi de Pont, à titre de récompense. Ainsi il n'avait fallu jusq. qu'un trait de plume pour rendre Rome maîtresse de la plus grande et de la plus belle partie de l'Asie supérieure. Si ce singulier héritage fut l'ouvrage de la politique romaine, du moins Rome, par la perte de ses mœurs, et par les épouvantables guerres qui guerres qui en furent la suite, paya-t-elle bien cher cet accroissement de richesse et de puissance!

130.

23. Sous le nom de Provinces (nom qui avait dans la langue latine une signification beaucoup plus étendue que dans toute autre), la domination romaine embrassait alors toute l'Italie proprement dite; à l'ouest, les Espagnes citérieure et ultérieure, l'Afrique (territoire de Carthage), la Sicile, la Sardaigne et la Corse, la Ligurie, la Gaule cisalpine; à l'est, la Macédoine, l'Achaïe et l'Asie (territoire de Pergame). Les habitants de ces contrés étaient entièrement sujets de Rome. L'administration en était confiée à des magistrats romains, des consuls sortis de charge, et des préteurs, auxquels étaient subordonnés des intendants ou Questeurs. Les gouverneurs étaient investis de la suprême puissance civile et militaire (cause principale de l'horrible oppression qui se fit bientôt sentir), et des troupes séjournaient sans cesse dans les provinces. En introduisant la langue latine partout où l'on ne parlait pas le grec, on cherchait à rendre les habitants tout-à-faits romains.

Les préteurs furent nommés expressément pour chaque province, jusque vers la fin de cette période. Ce ne fut que depuis l'établissement de ce qu'on appela quæstiones perpetuæ, que l'usage prévalut de laisser le gouvernement aux préteurs qui avaient fini le temps de leur magistrature, sous le titre de préteurs, cause fondamentale de la dégénération de la constitution romaine.

pro

C. SIGONIUS, De antiquo jure provinciarum, dans GREVII Thes. A. R., vol. II.

24. L'acquisition de ces riches contrées dut avoir naturellement une grande influence sur l'augmentation des revenus de la république. Rome n'était point, à la vérité, comme Carthage, un Etat dépendant uniquement de ses

[ocr errors]

finances; mais l'équilibre qu'elle sut établir dans cette partie est encore un sujet d'admiration, et l'esprit d'ordre le plus exact s'y montre comme dans toutes les autres parties de l'administration publique. Si, dans quelques circonstances, on avait recours à des emprunts secrets, à un changement dans le titre des monnaies, ou au monopole du sel, pour les besoins de l'État, l'ordre se rétablissait bientôt, et le butin fait sur les pays dont on s'emparait était sans doute une grande ressource pour le trésor public (ærarium), tant qu'il fut réservé pour l'État, et qu'il ne devint point la proie des généraux.

Les sources des revenus ( vectigalia ) de la république romaine étaient: 1. Les tributs, a, sur les citoyens romains, c'està-dire des contributions foncières déterminées par le sénat, suivant l'urgence des circonstances. Cependant, après la guerre avec Persée, 168, ils furent interrompus pendant long-temps, comme n'étant plus nécessaires. b. Les tributs des alliés en Italie il paraît qu'ils consistaient en contributions différentes, suivant les localités. c. Les tributs des provinces; quelquesunes payaient des capitations fort onéreuses, d'autres un impôt foncier; mais toutes étaient grevées par de fréquentes fournitures en nature, tantôt ordinaires, tantôt extraordinaires, qu'on exigeait tant pour les émoluments du gouverneur, que pour les approvisionnements de la capitale. 2. Les revenus du domaine de l'État (ager publicus), tant dans l'Italie, principalement dans la Campanie, que dans les provinces, sur lesquelles on levait la dîme (decuma), au moyen de baux de cinq années, passés par les censeurs. 3. Les revenus des douanes (portoria) dans les ports et les villes frontières. 4. Les revenus des mines (metalla), particulièrement des mines d'argent en Espagne, sur lesquelles les propriétaires devaient payer un impôt à l'État. 5. La taxe des esclaves qui étaient affranchis (aurum vicesimarium).—Toutes les recettes se versaient dans la caisse de l'État ou ærarium; toutes les dépenses qui en

provenaient, étaient exclusivement réglées par le sénat ; et le peuple était aussi peu consulté pour cet objet que pour les impôts. Les employés étaient les questeurs, quæstores, qui avaient sous eux des secrétaires, scribæ, divisés en décuries, et qui, quoique subalternes, n'en avaient pas moins une grande influence. Comme leurs fonctions étaient permanentes, ils devenaient indispensables aux questeurs nouvellement entrés en charge; et les affaires, du moins tout le détail, passaient en grande partie par leurs mains.

Sur les finances des Romains, jusqu'ici le principal ouvrage

est:

P. BURMANNI Vectigalia populi Romani; Leiden, 1734, in-4°. Depuis, il a paru, en Allemagne, deux excellents traités sur ce sujet :

Essai sur les finances des Romains, par D. H. Hegewisch; Altona, 1804 (en allemand), et

Esquisse de l'état des finances de l'Empire romain, par K. Bosse; Brunswick, 1803; 2 part. (en allemand). Ces deux ouvrages embrassent les temps de la république aussi-bien que ceux de la monarchie.

« VorigeDoorgaan »