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TROISIÈME PÉRIODE.

DEPUIS LE COMMENCEMENT DES TROUBLES CIVILS SOUS LES

GRACQUES, JUSQU'A LA CHUTE DE LA RÉPUBLIQUE.

134-30. (a. u. c. 620—724).

SOURCES, La première moitié de cette intéressante période, jusqu'au temps de Cicéron, est précisément celle sur laquelle nous manquons de renseignements satisfaisants. Il ue nous reste malheureusement aucun des écrivains contemporains, ni même aucun de ceux qui écrivirent toute cette histoire dans les temps postérieurs. Appien De bellis civilibus (des guerres civiles), Plutarque dans les vies des Gracques, et le spirituel abréviateur Velleius Paterculus, sont les principales sources où l'on puisse recourir. Il n'y a pas jusqu'aux minces sommaires des livres de Tite-Live que nous avons perdus, et que Freinshemius a suppléés le mieux possible, qui n'aient quelque importance. Pour les temps qui suivent, on a les Guerres de Catilina et de Jugurtha, par Salluste, deux excellents morceaux d'histoire particulière, et d'autant plus précieux, qu'ils nous font mieux connaître la situation intérieure de Rome. Mais, malheureusement, son grand ouvrage, les Histoires, s'est perdu, à l'exception de quelques fragments précieux. Pour l'époque de César et de Cicéron, on a, dans les Commentaires du premier, dans les Harangues et les Lettres du second, une source abondante d'instruction. Ce qui nous reste de l'histoire de

Dion Cassius, commence avec l'an 69 avant J.-C. Indépendamment des vies des Gracques, par Plutarque, c'est à cette période que se rapportent celles de C. Marius, de Sylla, de Lucullus, de Crassus, de Sertorius, de Pompée, de César, de Caton d'Utique, de Cicéron, de Brutus et d'Antoine. Sur les sources de ces vies de Plutarque, voyez mes dissertations citées ci-dessus page 355.

Parmi les modernes, la plus grande partie de cette période a été traitée par Desbrosses, dans l'ouvrage intitulé: Histoire de la république romaine dans le cours du V11° siècle, par Salluste, 3 vol. in-4o, à Dijon, 1777; traduit en allemand, par Schlüter, 1799, avec des remarques, 4 vol. L'éditeur de cet excellent ouvrage a eu l'idée de traduire Salluste et de le suppléer. Outre la traduction de l'histoire des guerres de Jugurtha et de Catilina, il contient tout le temps qui s'est écoulé entre l'une et l'autre, depuis l'abdication de Sylla, 79, jusqu'en l'année 67 avant J.-C. Cet ouvrage est également important par lui-même, et par la période qui y est traitée.

Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la république romaine, par de Vertot; Paris, 1796, 6 vol. in-12. Quoique cet ouvrage, justement estimé, embrasse aussi les périodes précédentes, il est principalement utile pour celle-ci.

Observations sur les Romains, par Mably; Genève, 1751, 2 vol. in-8°. C'est un coup d'œil sur l'histoire intérieure de Rome : l'ouvrage est ingénieux, mais superficiel, ainsi que les Observations sur les Grecs, du même écrivain.

1. Si la période précédente nous offre presque uniquement l'histoire des guerres étrangères, celle où nous entrons ne présente, au contraire, qu'un état continuel de convulsions intérieures, qui ne sont interrompues pendant un certain temps, par quelques guerres au dehors, que pour se renouveler aussitôt, et éclater enfin dans des guerres civiles encore plus furieuses. La puissance presque sans bornes du sénat, en créant une aristocratie de fa

milles extrêmement odieuse, contre laquelle s'élevèrent les tribuns du peuple, en prenant le rôle de puissants demagogues, donna naissance à une nouvelle lutte, entre le parti aristocratique et le parti populaire, qui bientôt devinrent de véritables factions. Cette lutte, tant par son étendue que par ses suites, devint beaucoup plus importante que ne l'avaient été les anciennes querelles entre les patriciens et les plébéiens.

L'exercice des magistratures qui étaient devenues alors nonseulement d'une grande importance politique, mais même d'un profit immense, par l'administration des provinces, fonda insensiblement cette aristocratie des familles. Elle se composait alors de nobles, formant le parti aristocratique concentré dans le sénat. La lutte avec le parti opposé, le peuple (Plebs), devait être d'autant plus violente, que les abus qui s'étaient glissés dans l'administration de l'État, surtout par rapport au partage des terres de la république, étaient plus grands, et assuraient aux seules familles dominantes le fruit de toutes les victoires et de toutes les conquêtes. Ajoutez à cela la puissance du parti démocratique, par l'énorme accroissement de la popu lation, par le nombre prodigieux des affranchis qui, quoique étrangers, et la plupart sans biens et sans propriétés, composaient en grande partie ce qu'on nommait alors le peuple romain.

G. AL. RUPERTI Stemmata gentium romanarum, Goett., 1795, in-8°; ouvrage presque indispensable pour saisir clairement la généalogie des familles romaines, et par conséquent pour l'étude de l'histoire romaine.

2. Commencement des troubles sous le tribunat de Tib. Sempronius Gracchus, que ses premiers rapports avaient dès long-temps rendu l'homme du peuple. Son but était d'améliorer la situation des dernières classes du peuple, et il se flattait d'y parvenir par un partage plus

équitable des terres de l'État, qui étaient presque exclusivement dans les mains des aristocrates, ce qui fit que sa réforme devint nécessairement une lutte contre l'aristocratie. Mais il éprouva bientôt qu'un démagogue ne peut s'arrêter où il veut, quelque pures que soient ses vues dans le principe; et du moment où il fut parvenu à se faire proroger le tribunat contre le vœu des lois, il périt victime de son projet.

La première loi agraire de Gracchus, confirmée par le peuple, après la vaine opposition de son collègue Octavius, portait qu'aucun citoyen ne pourrait posséder plus de cinq cents acres de terre, et chaque enfant plus de la moitié; c'était proprement l'ancienne loi Licinia renouvelée : mais, à dire le vrai, dans la situation où était Rome, à cette époque, c'était porter aux propriétés usurpées de toutes les grandes familles, une atteinte infiniment plus grave que dans l'ancienne Rome. Établissement d'une commission chargée de procéder au partage des terres, et en même temps de faire des enquêtes sur ce quiest ou n'est pas du domaine de la république (ager publicus). -Nouvelles propositions populaires de l'aîné des Gracques, particulièrement pour le partage des trésors légués par Attale, roi de Pergame, afin de se faire continuer dans le tribunat.— Grande révolte et meurtre de T. Gracchus, par le parti aristocratique, dirigé par Scipion Nasica, le jour même de l'élec tion des tribuns du peuple.

3. Cependant, malgré la chute du chef du parti populaire, ce parti n'était rien moins qu'anéanti; non-seulement il n'y avait pas moyen de songer à abroger la loi agraire, mais le sénat fut même obligé d'adjoindre un nouveau membre à la commission, pour y remplir la place vacante par la mort de Gracchus, et Scipion Nasica luimême fut écarté, sous prétexte d'une ambassade en Asie.

A la vérité le parti du sénat ne tarda pas à trouver momentanément un puissant appui, dans Scipion Æmilien 132 qui revenait d'Espagne, et qui sut se servir habilement des difficultés qui s'élevèrent au sujet de l'exécution de la loi.

Révolte alarmante des esclaves en Sicile, sous Eunus, 134131. Elle ne contribua pas peu à faire revivre les dissensions dans Rome, parce qu'elle fit sentir la nécessité d'une réforme.

4. Acheminement insensible des tribuns du peuple à l'agrandissement de leur puissance, que Gracchus leur avait enfin appris à connaître. Car, non content qu'ils eussent obtenu le droit de siéger et de voter dans le sénat, Carbon exige encore que la prorogation de leur dignité 130, soit autorisée par une loi. Cependant, en éloignant, sous des prétextes honorables, les chefs du parti populaire, on parvint à empêcher pour quelques années de nouveaux

troubles.

Premier établissement de la puissance romaine dans la Gaule transalpine, par M. Fulvius Flaccus, qu'on avait envoyé au secours de Marseille, 128. La Gaule méridionale était devenue province romaine, dès l'an 122, par la victoire que Q. Fabius avait remportée sur les Allobroges et les Avernes, contre lesquels Rome avait pris la défense des Éduens, ses alliés.— Prise des îles Baléares, par Métellus, 123. Questure de C. Gracchus, en Sardaigne, 127—125.

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5. Cependant tous les palliatifs devinrent impuissants, lorsque C. Gracchus fut revenu de la Sardaigne, avec le dessein de marcher sur les traces de son frère. Il suc comba, à la vérité, victime de son entreprise; mais les troubles qu'il excita pendant les deux années de son tri

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