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mens qui font époque. Comment, par cette raison, la division en histoire, avant et après J.-C., serait peu convenable.

3. L'histoire politique, d'après la définition donnée plus haut, ne commence qu'à l'époque où les états se font remarquer. Tout ce que les traditions ont pu nous apprendre de relatif à notre espèce, dans les temps antérieurs sur quelques hommes isolés ou réunis en tribus, sur leurs migrations, leurs alliances, ou leurs inventions, n'appartient point à notre sujet, mais à l'histoire générale des peuples.

On sait qu'il y a, dans les livres sacrés des Hébreux, une foule de traditions sur les premières destinées de la race humaine, dont on avait coutume de faire, auparavant, une période de l'histoire, sous le nom de temps antérieurs au déluge; il est facile de voir, par ce qui précède, pourquoi cette période ne se trouve point ici, malgré la grande importance que ces traditions peuvent avoir pour l'histoire des premiers temps de la race humaine et de la civilisation.

4. Les sources de l'histoire sont principalement de deux espèces; les traditions orales, et les documens écrits de tout genre: c'est ordinairement avec les traditions orales que commence l'histoire de chaque nation; et elles en sont l'unique source, aussi long-temps que l'écriture chez un peuple, ou n'est point connue, ou n'est que très-rarement mise en usage.

5. On comprend, sous le nom de tradition ou de mythologie, tout l'ensemble des traditions orales qui se sont conservées chez un peuple. Et il n'y en a point qui, dans la première période de son existence, n'ait eu quelque tradition ou mythologie de cette espèce.

Mais elle ne comprend aucun récit historique proprement dit : c'est plutôt la totalité des documens qui ont paru importans aux hommes de ces temps reculés, et dont ils ont voulu conserver et propager la connais

sance.

La mythologie d'un peuple se compose donc toujours d'élémens très-hétérogènes; car, indépendamment des récits historiques de différens genres, on y trouve conservées les idées dominantes à cette époque sur la Divinité et sur son culte, avec un bon nombre d'observations astronomiques, morales, et des résultats de l'expérience. Mais tout cela s'y montre ordinairement sous le voile de l'histoire, parce que l'homme, n'ayant point encore l'habitude de rien concevoir d'une manière abstraite, devait nécessairement se représenter tout sous des images sensibles. Ainsi, autant les efforts de ceux qui croient pouvoir trouver, dans la mythologie d'un peuple, un tout lié et suivi, ou un système de science de quelque genre que ce soit, sont inutiles, parce qu'ils n'envisagent qu'une partie de la question; autant il est difficile, d'un autre côté, de distinguer ce qui est purement historique d'avec ce qui ne l'est pas. L'emploi de la mythologie, dans l'histoire, exige donc beaucoup de critique et une connaissance exacte de l'antiquité.

Heyne est le premier, dans ses travaux sur Virgile et sur d'autres poètes, aussi-bien que dans son édition de la bibliothèque d'Apollodore, et dans plusieurs dissertations insérées dans les Mémoires de la société des sciences de Gottingue, qui a répandu ces notions plus exactes, qui sont comme la clef de la haute antiquité. C'est principalement aux travaux de ce savant que les Allemands sont redevables de leur supériorité sur les autres nations dans la connaissance approfondie de l'archéologie.

6. Ordinairement c'est la poésie qui, chez de pareils peuples, supplée jusqu'à un certain point au défaut de

l'écriture, parce que, dans son origine, elle n'est autre chose qu'un langage entièrement composé d'expressions figurées, et doit naître comme d'elle-même, parmi des hommes qui ont coutume de se représenter tout sous des images sensibles. L'objet de la poésie chez chaque peuple, dans la première période de son existence, n'est et ne peut être autre chose que sa mythologie: et, comme les élémens en sont très-divers, ils ont dû dès-lors donner naissance aux différens genres de poésie, tels que le genre lyrique, le didactique, l'épique; ce dernier, comme comprenant la chanson historique et l'épopée, mérite spécialement l'attention de l'historien.

Les fables ont été souvent copiées et recueillies des écrits des poètes dans les temps postérieurs, par des grammairiens comme Apollodore, etc. Mais cela ne peut avoir aucune influence sur leur caractère primitif.

7. La seconde source pour l'histoire, beaucoup plus riche et plus importante, consiste dans les monumens écrits de toute espèce. On peut les ranger, suivant l'ordre des temps où ils ont pris naissance, 1o en inscriptions sur les monumens publics, en y comprenant les médailles, qui sont d'une époque postérieure; 2o en annales, chroniques, etc., où les événemens sont marqués suivant l'ordre des temps; 3° en ouvrages qui contiennent les documens et pièces officielles pour servir à l'histoire.

8. Les plus anciens documens écrits sont incontestablement les inscriptions placées sur les monumens publics à l'époque où, pour éterniser la mémoire de certains faits, on se contentait d'élever une simple pierre, où même on se servait d'un rocher naturel. L'art les

façonna bientôt en colonnes monumentales, en pyramides, en obélisques, du moment où le goût des peuples, par l'effet des circonstances locales, eût reçu une direction déterminée, et où l'architecture commença à naître et à se perfectionner parmi eux. La nécessité même devait introduire l'usage de couvrir ces monumens d'inscriptions qui continssent les traditions des événemens dont on voulait conserver le souvenir; et les plus anciens, ceux de l'Égypte en particulier, sont, sans aucun doute, de cette espèce. Mais l'usage de mettre des inscriptions s'est conservé chez des peuples plus récens, et particulièrement chez les Grecs et chez les Romains, où elles sont beaucoup plus nombreuses que chez les modernes, quoique, parmi la foule de celles qui existent maintenant, le nombre de celles qui sont importantes pour l'histoire soit proportionnellement beaucoup moins grand.

L'écriture dont on se servait pour cela était ou des figures symboliques (les hiéroglyphes; voy. ci-dessous l'article des Égyptiens), ou les caractères alphabétiques; l'invention et la propagation en ont été attribuées communément aux Phéniciens; mais, à en juger par la figure cunéiforme des lettres, elle paraît avoir été en usage dans l'intérieur de l'Asie, sans qu'ils y aient eu aucune part.

Les recueils généraux d'inscriptions sont :

L. ANT. MURATORI Novus thesaurus veterum inscriptionum. Mediolani, 1739, seq., 4 vol. in-fol., avec Seb. Donati supplementa. Lucca, 1764.

J. GRUTERI Inscriptiones antiquæ totius orbis romani, cura J. G. GREVII, Amstel, 1707, 2 vol. in-fol.

Parmi les inscriptions isolées, la Chronique de Paros ou les marbres d'Oxford ( marmora Oxoniensa, Arundeliana); publiée par SELDEN, en 1629, et par PRIDEAUX, en 1676, est

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surtout importante pour l'histoire générale. La meilleure édition est celle de RICH. CHANDLER. Oxford, 1763, in-fol. Une édition utile et portative est celle de Wagner. Gotttingue, 1790, in-8°, où le texte grec est accompagné d'une traduction allemande et d'éclaircissemens.

comme

9. Les médailles peuvent également être considérées une source pour l'histoire ancienne, parce qu'elles fournissent des éclaircissemens pour la généalogie et la chronologie, en même temps qu'elles servent à mieux disposer et classer les événemens connus. Leur importance se fait particulièrement sentir dans ces périodes de l'histoire où la perte des écrivains originaux nous réduit à n'employer que des fragmens historiques. On peut consulter sur cette matière:

Ez. SPANHEMII Dissertatio de usu et præstantia numismaLondini, 1707-1709, 2 vol. in-fol. Mais l'ouvrage capital sur la science des médailles est aujourd'hui :

tum,

ECKHEL, De doctrina nummorum veterum, Viennæ, 1792 à 1798, 8 vol. in-4°. Il y a un abrégé de ce même ouvrage en allemand:

Eckhel Kurzgefasse anfangsgründe der alten numismatik, Wien, 1787, in-8°; et comme secours très-utile. J. C. RASCHE, Lexicon universæ rei nummariæ veterum, 1785, seq. 5 vol. in-8°.

10. Les chroniques et les annales forment la seconde classe principale des monumens écrits. Elles supposent l'invention de l'écriture et l'usage des matières propres à la recevoir, et par conséquent sont certainement d'une date plus récente que les simples inscriptions. Néanmoins elles se rencontrent déjà dans la première période de l'histoire des nations, et fournissent ordinaire

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