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embrassait au moins la Moyenne et Basse - Égypte,

et renfermait la cour nombreuse et brillante d'une caste sacerdotale et guerrière; qu'une agriculture florissante, et de nombreux établissemens annonçaient, dans ce pays, une civilisation qui avait déjà jeté de profondes racines. Mais aussitôt que Joseph y eut établi la servitude de la glèbe, et fait disparaître la classe des propriétaires indépendans, en concentrant toutes les propriétés territoriales dans les mains d'un roi pris dans la caste sacerdotale, les révolutions auxquelles cet État fut exposé durent devenir d'autant plus dan

gereuses.

11. Ces bouleversemens vinrent du dehors. L'Égypte, environnée de toutes parts par des peuples nomades, avait beaucoup à souffrir de leurs incursions, soit du côté du midi, soit du côté du nord. Mais jamais elles ne furent plus violentes et de plus longue durée qu'immédiatement après le temps de Joseph. Les Arabes bédouins inondèrent la Basse-Égypte; et leurs chefs, nommés Hycksos par les Égyptiens, parvinrent à s'y établir, fortifièrent Avaris ou Pélusium, et étendirent leur domination jusqu'à Memphis, où vraisemblablement ils fixèrent leur séjour. On les a dépeints comme les oppresseurs de la religion et de la caste sacerdotale; mais, s'ils le furent au commencement, ils finirent, en supposant qu'ils aient été contemporains de Moïse, par adopter insensiblement les usages et les mœurs des Égyptiens, à peu près comme ont fait les Mogols dans la Chine. Cependant ils ne paraissent jamais s'être rendus maîtres de Thèbes et de la Haute-Égypte, et la longue lutte qui s'engagea avec eux ne fut presque jamais interrompue, ou du moins ne le fut que pour un temps fort court.

La domination des Arabes Hycksos a eu lieu entre 1700 et 1500, époque où vécut Moïse et où les Juifs quittèrent l'Égypte. Josèphe, en évaluant la durée de leur règne à 500 ans, comprend apparemment, dans ce nombre, les longues périodes des guerres qu'ils firent aux Égyptiens avant d'établir leur domination.

12. Thumosis, roi de Thèbes, réussit enfin à expulser les Hycksos de la Haute-Égypte. Le rétablissement de l'indépendance et de la liberté du pays fut la suite de sa victoire; une autre conséquence de cet événement fut la réunion définitive des divers États en une seule monarchie, parce que les dominateurs de Thèbes devinrent dès-lors les maîtres de toute l'Égypte. Cette expulsion des Hycksos, un des plus grands exploits de la nation, devait s'imprimer d'autant plus fortement dans la mémoire des Égyptiens, qu'elle a été la catuse principale de la grandeur à laquelle l'empire parvint dans la période suivante.

L'expulsion des Hycksos paraît avoir été un des principaux sujets sur lesquels se sont exercés les artistes égyptiens, et elle se trouve représentée sur un des grands temples de Thèbes. (Denon, pl. 133.)

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PÉRIODE DES SÉSOSTRIDES JUSQU'A LA DOMINATION ABSOLUE DE PSAMMÉTIQUE, DEPUIS 1500 jusqu'en 650.

Les sources sont les mêmes pour cette période que pour la précédente; l'histoire conserve encore le caractère d'une tradition hieroglyphique. C'est dans cette période qu'il faut placer les séries des rois successeurs de Sésostris, qu'on trouve dans Hérodote et dans Diodore de Sicile. Les listes de l'un et de l'autre de ces écrivains s'accordent, à peu de chose près, pourvu qu'on ne regarde pas celle d'Hérodote, comme formant une suite de rois non interrompue, mais plutôt comme des renseignemens isolés sur des rois dont les noms s'attachent à des monumens publics. La table suivante démontre cette concordance. Nous y avons joint la suite des rois antérieurs à Sésostris.

Selon Hérodote.

Ménès. Et ensuite,

Selon Diodore.

Ménès.

Les 330 rois de la période Il a pour successeurs 52 rois, précédente, sur lesquels il ne dont le règne embrasse plus de reste que des documens incom- 1400 ans.

plets. On compte parmi eux

Busiris 1 et ses huit succes

dix-huit rois Éthiopiens, et une seurs, dont le dernier,

reine nommée Nitocris.

Busiris 11, fondateur de Thèbes.

Osymandyas et ses huit suc|cesseurs, dont le dernier,

Selon Hérodote.

Moris.

Sésostris.

Phéron, son fils.

Protée, au temps de la guerre de Troie.

Rampsinit.

Cheops, fondateur de la grande pyramide.

Chéprès, fondateur d'une pyramide, frère du précédent. Mycérinus, fils de Chéops, fondateur d'une pyramide. Asychis le Législateur. Anysis l'Aveugle.

Selon Diodore.

Uchoréus, fondateur de Mem

phis.

Egyptus, son petit - fils. Douze générations après,

Moris.

Sept générations.

Sésostris ou Sésoosis.

Sésostris II, fils du précé

dent, prend le nom de son père.

Lacune de plusieurs généra

tions.

Amasis, et l'Éthiopien

Actisanus.

Mendes ou Manès, fondateur du labyrinthe.

Anarchie pendant cinq générations.

Protée ou Cétès, du temps de la guerre de Troie.

Remphis, fils du précédent. Sept générations, parmi lesquels on remarque Nilus, qui donne son nom au Nil.

Chemmis ou Chembes de Memphis, fondateur de la grande pyramide.

Céphren, fondateur d'une pyramide, frère du précedent. Mycérinus, fils de Chemmis, fondateur d'une pyramide. Bochoris le Législateur. Lacune de plusieurs générations.

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Ce rapprochement avec Diodore nous démontre clairement non-seulement que le catalogue d'Hérodote ne présente qu'une suite de rois souvent interrompue, mais encore qu'il est impossible d'établir aucune chronologie suivie, puisque Diodore laisse deux fois indécis le nombre des générations. La comparaison avec l'époque de la guerre de Troie semble, à la vérité, donner un point fixe à la chronologie; mais l'empressement avec lequel les prêtres égyptiens, dans Hérodote, cherchent à concilier leurs traditions avec celles des Grecs, doit nous inspirer à ce sujet une juste défiance. Il faut donc s'en tenir à des résultats généraux; mais si l'on peut, avec la plus grande vraisemblance, placer le temps de Sésostris dans le 15° siècle av. J.-C. (Voy. ZOEGA, de Obeliscis), ces époques formeront un ensemble assez régulier. Parmi les dynasties de Manéthon, c'est à cette période que se rapportent les 18, 19, 20, et 22, surtout les deux premières, qui renferment la période la plus brillante de l'Égypte et les Pharaons les plus puissans.

1. La période suivante fut, presque sans exception, une période glorieuse pour l'Égypte; on ne peut douter que, pendant ce temps, ce pays ne formât un seul royaume, dont les rois nous sont représentés comme seuls dominateurs. Quoi de plus naturel que de voir succéder à la période d'un grand développement de forces pour l'expulsion des étrangers celle des conquêtes au dehors?

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