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RADCLIFFE (ANNE), romancière anglaise, s'est acquis une grande célébrité, non-seulement dans sa patrie, mais dans toute l'Europe, comme créatrice du genre sombre et terrible, qu'elle a traité avec une haute supériorité de talent, mais qui a si étrangement dégénéré sous la plume de ses innombrables et mal-adroits imitateurs. L'Italien, ou le Confessionnal des Penitens noirs; les Mystères d'Udolphe; l'Abbaye de St-Clair; Julia, ou les Souterrains du château de Mazzini, sont remarquables par une imagination forte et animée, par un vif intérêt, par des carac tères tracés avec vigueur, par une terreur mystérieuse portée au plus haut de gré, sans reposer, comme dans beaucoup d'autres ouvrages du même genre, sur des moyens entièrement dénués de vraisemblance, enfin par un style plein de chaleur et de coloris. Cet auteur réussit particulièrement dans les descriptions, qu'on peut cependant lui reprocher d'avoir trop prodiguées. Mistriss Radcliffe ne s'est pas bornée au genre du roman; elle avait parcouru plusieurs contrées de l'Europe, et les relations qu'elle en a publiées prouvent à-la-fois en elle les talens de l'observateur et ceux de l'écrivain. Son Voyage en Hollande et sur les frontières occidentales de l'Allemagne; son Tour aux lacs de Cumberland et de West-Moreland, offrent des descriptions pittoresques, des détails historiques fort intéressans, des réflexionsjudicieuses, un style ani. mé. Elle a en outre plaidé la cause de son sexe,dansunouvrage intitulé: L'Avocatdes Femmes, ou Tentative pour recouvrer les droits des femmes usurpes par les hommes; clle réclame contre l'abus dominant en Angleterre, d'employer des hommes dans un grand nombre de travaux qui conviennent au sexe. Mistriss Radcliffe est morte en 1800, dans un âge avancé. On attribue toutefois cette mort à une cause remarquable on a prétendu qu'une des scenes les plus terribles de son roman intitulé Les Visions du chateau des Pyrénées, se reproduisit à elle une nuit en songe d'une manière si effrayante, que son imagination vivement frappée recula devant son propre ouvrage, et qu'il en résulta une fièvre à laquelle elle succomba au bout de quelques jours. Il est vraisemblable qu'on ne doit regarder cette anecdote que comme une critique assez originale du genre qu'avait adopté cette célè

les

bre romancière. Quoi qu'il en soit, ouvrages de mistriss Radcliffe, dont nous n'avons cité que les principauxavaient produittant de sensation, et jouissaient d'une réputation telle que, depuis sa mort, plusieurs écrivains ont fait paraître leurs pro ductions sous son nom pour leur donner plus de vogue; mais le défaut absolu d'art et de talent qui règne dans la plupart de cespastiches,a bientôt trahi le stratagéme. Presque tous les romans de mistriss Radcliffe ont été traduits en français avec beaucoup d'élégance,par l'abbé Morellet (voy. ce nom).

RÅDET (Le baron ÉTIENNR ), né le 16 décembre 1762, en Lorraine, était chef d'escadron de gendarmerie à Avignon, lorsqu'en 1800, le gouvernement consu laire, lui confia le commandement en chef de cette arme. Il fut successivement envoyé en Corse, en Piémont et à Gènes, pour y organiser les corps de gendarmerie, et se fit remarquer dans ce travail par beaucoup d'intelligence, de zèle et d'activité. Nommé commandant-général de la gendarmerie dans les états romains, et non moins convaincu que le gouverneur-général Miollis, qu'un mouvement general, secrètement dirigé par le cardinal Pacca, était préparé contre les Français, il ne crut pas, d'après l'imminence du danger, devoir attendre les ordres de l'empereur pour s'assurer de la personne du Saint-Père, et se transporta au palais Quirinal dans la nuit du 6 juillet 1809, pour le constituer prisonnier. Le pape ayant refusé d'obéir aux injonctious qui lui étaient faites, le général Radet qui ne cédait qu'avec peine à la nécessité, lui déclara que, dans ce cas, il avait ordre de l'emmener avec lui. « Telle est ma commission, ajouta-t-il, je suis fàché d'ètre obligé de l'exécuter, puisque je suis catholique et fils de l'Église. » On assure, et nous le croyons sans peine, que pendant ce pénible entretien, les traits du général Radet éprouvèrent une altération sensible. Il était quatre heures du matin; le pape monta dans une voiture qui l'attendait à la porte extérieure du palais, et sortit de Rome par la porte dite du Peuple. Là, on changea de voiture et le général Radet s'adressant de nouveau au pape, lui dit : « Saint-Père, il est encore temps, voulez-vous renoncer aux états de l'Eglise? » Sur la réponse négative de Sa Sainteté, Radet ferma la por

tière de sa propre main; l'arrêta avec un cadenas; monta ensuite dans le cabriolet attaché à la voiture, et fit prendre la route de Florence. Lorsque le pape fut conduit à Savone, le général Radet a été chargé de l'y accompagner, et dans cette circonstance pénible, comme dans celle du même genre qui l'avaient précédée, il s'est fait remarquer par une extrême modération dans l'exécution des mesures rigoureuses dont il était chargé. Resté sans fonctions, pendant l'année de la première restauration, il se rangea, l'un des premiers, sous les aigles de Napoléon, au retour de ce prince; commanda l'escorte qui accompagna à Cette le duc d'Angoulême; et fut nommé, au mois de juin 1815, grand-prévôt de l'armée et inspecteur général de gendarmerie. Il suivit cette brave et malheureuse armée sur les bords de la Loire dans le mois de juillet, et fut remplacé dans ses fonctions mois d'août, par le colonel Coroller. En 1816, il fut arrêté à Vincennes et renfermé dans la citadelle de Besançon, jus qu'à sa traduction devant le conseil de guerre de la 6 division, qui le condamna à neuf ans de détention, pour avoir pris part aux événemens du mois de mars 1815. Une ordonnance royale du mois de décembre 1818, lui a rendu la liberté

au

RAEPSAET ( voy. le SUPPLÉMENT). RAFFET NICOLAS), commandant géné ral de la garde nationale de Paris, avait embrassé avec l'enthousiasme et le désintéressement d'un homme de bien les principes de la révolution. Il joignait à un caractère ferme, des intentions pures et beaucoup de modération; mais son éducation et ses lumières secondaient mal ces excellentes qualités. Des grades les plus subalternes de la garde nationale de Paris, il parvint, sans intrigue, à celui de commandant de bataillon de la section de la Butte des Moulins, connue, après les attentats du 31 mai, sous le nom de la Mon. tagne. Raffet s'y était constamment fait remarquer par son exactitude à son service, sa probité rigoureuse, et son amour de la liberté et des lois. Lorsque la lutte funeste établie depuis la réunion de la convention, entre la faction de septembre et le côté droit, eût pris, après la mort de Louis XVI, un tel caractère de fureur, que les divisions de cette assemblée ne pouvaient plus s'éteindreque dans le sang des partis, Raffet n'hésita point à

offrir au côté droit le secours de son bras et les services des généreux citoyens qui étaient sous ses ordres. Appelé à la barre de la convention, le 27 mai 1793, il y rendit compte de l'ordre qui l'avait fait venir, avec son bataillon, au secours de la convention nationale, et accusa Marat de l'avoir menacé d'un coup de pistolet. En concurrence avec Henriot, apres le 31 mai, pour le commandement géné ral de la garde nationale parisienne, il obtintce commandement au scrutin secret; mais la faction qui venait de s'emparer du pouvoir et qui voulait nommer Henriot, ayant décidé que l'élection du commandant général devait se faire à haute voix, la terreur s'empara des meilleurs citoyens; presque tous se retirerent; et le choix du commantlant-général fut abandonné aux factieux qui élurent Henriot. Arrêté quelque temps après, Raffet dut sa liberté au 9 thermidor; reprit le commandement du bataillon de la Butte des Moulins; et au moment des insurrections anarchiques des 12 germinal et 1o prairial, il marcha à la tête de la section au secours de la convention nationale. Ce fut lui qui commanda les trois bataillons conduits par. Legendre et Auguis pour délivrer la convention, envahie par les factieux dans la dernière de ces journées. Le 5 messidor an 3 (23 juin 1795), il fut récompensé de son courage et de sa bonne conduite dans ces importantes circonstances, par la place de commandant temporaire de la ville de Paris, qu'il conserva jusqu'aux approches du 13 vendemiaire an 4. A cette époque, Raffet, égaré par un faux zèle et par l'honorable haine qu'il avait vouée à l'anarchie et au terrorisme, jugea mal les événemens, et se laissa entraîner à servir la faction royaliste alors meme qu'il croyait défendre seulement la république contre les factieux de 1793 et 94. Cette erreur qui ne se dissipa plus, fut, au 18 fructidor ap 5 (4 septembre 1797 ), la cause de son arrestation. Toutefois, elle ne fut pas de longue durée; le directoire exécutif ne jugea que les intentions de l'honnête hom. me et du vieil ami de la liberté, et Raffet fut rendu à sa famille. Rentré depuis cette époque dans l'obscurité de la vie civile, il n'a plus reparu sur la scène politique. Il est mort à Paris il y a quelques années.

RAFFRON-DU-TROUILLET (N.),

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né à Paris en 1709, fut, en 1792, député de cette ville à la convention nationale', où il vota la mort de Louis XVI, sans appel et sans sursis. Agé de 83 ans, il avait conservé toute la véhémence et toutes les passions d'un homme de trente, et se montra, dans la convention, républicain ardent et souvent fougueux. Le spectacle de la terreur décemvirale et la mort de quelques-uns de ses amis, dont la tête était tombée sur l'échafaud, ramenèrent Raffron à des principes de modération et de justice. Il insista vivement pour hater le jugement de Carrier et de ses complices; et se prononça avec assez d'énergie contre Lebon et quelques-uns dessanguinaires dominateurs de cetteépo. que. Devenu membre du conseil des cinq-cents, il présida la première séance comme doyen d'àge; s'éleva dans une motion d'ordre, le 9 mars 1796, contre le luxe des fonctionnaires publics, les folles dépenses et les vêtemens somptueux, et sortit du conseil le 20 mai 1797. Raffron est mort en 1800, à l'âge de 91 ans. RAMBAUD (Le baron PIERRE-THOMAS), né à Lyon en 1757, était, en 1783, avocat au barreau de cette ville, et fut nommé, à cette époque, avocat du roi au présidial. Etranger aux premiers événemens de la révolution, il échappa aux proscriptions épouvantables qui frapperent, en 1793, un si grand nombre de ses concitoyens, et fut élu, en 1795, membre du conseil des cinq-cents. Lorsque les cours d'appel furent instituées par le gouvernement impérial, Rambaud fut nommé procureur-général à Lyon; devint successivement président de canton, et président de l'administration des hôpitaux. En décembre 1808, il obtint des lettres-patentes de chevalier, pour lui et sa descendance. Deux ans après (22 août 1810), il reçut le titre de baron de l'empire. En 1813, il vint à Paris offrir à l'empereur, comme député de la ville de Lyon, des hommes et de l'argent. En janvier 1814, il convoqua extraordinairement la cour d'appel et prêta dans ces circonstances difficiles, un nouveau serment de fidelité à l'empereur et aux constitutions de l'empire, déclarant hau tement « qu'il ne pouvait y avoir de souverain legitime en France, que celui qui tenait le sceptre du choix du peuple Francais. En conformité de ces principes, M. Rambaud, quoique membre du con

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seil municipal, au 8 avril 1814, ne prit aucune part à la délibération par laquelle les magistrats municipaux reconnurent au nom de la ville, et proclamèrent solennellement Louis XVIII nouveau souverain de la France. Lorsque le 10 mars 1815, Bonaparte, de retour de l'ile d'Elbe, entra dans Lyon, aux acclamations des habitans et de l'armée, toutes les autorités s'empressèrent de venir le complimenter. M. Rambaud se présenta devant lui dès le 11, à la tête de la cour imperiale; lui renouvela les sermens de so corps et les siens; et rendit, quelques jours après, un requisitoire tendant à,ce que tous les conseillers et juges du ressort de la cour d'appel de Lyon fussent tenus de prêter le même serment. Il signa les articles additionnels; devint membre du bureau central de la fédération de Lyon; signa le pacte fédératif formé en cette ville; et se rendit ensuite à l'assemblée du Champ-de-Mai, où il siégea avec la double qualité de procureur-général et d'électeur du département dụ Rhône. Il était à Paris au moment où Louis XVIII fut ramené pour la seconde fois dans cette capitale. Revenu à Lyon pour y reprendre ses fonctions de procureur-général, il les perdit le 25 octobre suivant. Revenu en 1818, aux principes de modération et de justice qu'il avait abandonnés trop long-temps, paraissant attacher enfin à l'opinion publique une importance que les rois et leurs agens ne sauraient méconnaître sans danger, le gouvernement a cru devoir, en nommant M. Rambaud maire de Lyon, faire connaitre que sa volonté était de ne conserver aucun souvenir de ce qui s'était passé pendant les cent jours. Installé le 2 juin, Rambaud s'est voué depuis cette époque à servir les volontés et les intérêts ministériles d'une manière tellement exclusive, qu'il semble avoir eutièrement renoncé à penser et à agir d'après lui-même; et sans doute, il ne fallait pas moins que cet absolu dévouement pour faire oublier son ancien zèle pour le service de Napoléon, qu'il n'a pas abandonné toutefois de manière à ne pouvoir pas le reprendre dans le cas où Rambaud y retrouverait, un jour, quelques avantages. Il est facile de juger d'après cette esquisse, que le maire actuel de Lyon est ce qu'en terme de parti on appeile un veniru décidé. Comme il a

et

cru devoir, en cette qualité, ne pas courir les chances de montrer une opinion en faveur de la loi des élections, lorsque cette loi a été attaquée dans les chambres et défendue par les ministres, à la fin de 1818, ses concitoyens ne l'ont pas jugé digne d'être leur représentant; il doit néanmoins se trouver aujourd'hui (janvier 1820), fort dédommagé de cette disgrace; car il est probable que s'il eût voté alors avec le ministère de la fin de 1818, il serait destitué, maintenant, par le ministère de la fin de 1819. Au reste, quelqu'insignifiant que soit ce personnage, le choix qui a été fait de lui a dû paraître un bienfait, si l'on se rappelle les maux auquel Lyon avait été livré sous l'administration de son prédécesseur Defargues, dont le nom, justement placé à côté de ceux des Canuel, des Chabrol et de leurs complices, rappelle aux infortunes Lyonnais l'une des plus déplorables époques de leur histoire.

RAMEL-DE-NOGARET, député du tiers-état de la sénéchaussée de Carcas sonne aux états généraux, siégea au côté gauche de cette assemblée, et s'y occupa principalement d'objets de finance. Il réclama, en 1789, la conservation des divisions territoriales, et la motiva sur l'excellente organisation duLanguedoc Ildemanda la division des départemens en deux districts,et vota l'adoption du régime municipal.Député de l'Aude à la convention nationale, il y vota la mort de Louis XVI sans appel et sans sursis; fit décréter la translation à Paris, de son collègue Brissot, arrêté à Moulins, lorsqu'il se rendait en Suisse; s'opposa à l'arrestation des Anglais; attesta la falsification attribuée à Fabre-d'Eglantine, du décret relatif à la compagnie des Indes; et présenta, quelques jours plus tard, une nouvelle redaction de ce décret. En janvier 1795, il fut envoyé en mission en Hollande. Elu membre du conseil des cinq. cents, lors de l'organisation constitution nelle de l'an 3, il s'occupa des mêmes objets que dans la convention. C'est à lui que l'on doit la proposition vraiment nationale, mais qui n'a reçu son exécution que sous le régime impérial, de terminer le palais du Louvre. Nommé, le 25 pluviose an 4 (14 février 1796), ministre des finances, en remplacement de Faypoult, les ultra-révolutionnaires l'accuserent dans leurs libelles, d'être la

cause des malheurs de l'état, et l'une de leurs feuilles (le Journal des hommes libres) exprima une violente indignation contre le directoire qui lui avait témoigné qu'il était satisfait de son administration. Dénoncé avec une fureur nouvelle par un grand nombre d'adresses, conjointement avec les ex-directeurs Merlin, Treilhard, Reveillère-Lépeaux, Rewbell, le ministre Scherer et le commissaire Rapinat, dans la séance du 21 messidor an 7 (9 juillet 1799), Ramel sortit du ministere le 2 thermidor (20 juillet), le même jour que Talleyrand. Sans fonctions sous les gouvernemens consulaire et impérial, Ramel ne reparut sur la scene politique qu'en mai 1815, époque à laquelle il fut nommé préfet du Cal vados. Le second retour des Bourbons ne tarda pas à le priver de ses fonctions. Frappé quelques mois après par la prétendue loi d'amnistie du 12 janvier 1816, M. Ramels'est retiré à Bruxelles, où le barreau l'a admis au nombre de ses membres. On a de lui: Des finances de la république française en l'an 9, 1801, in-8. - Du change, du cours des effets publics et de l'intérêt de l'argent, 1807, in-8; 1810, in-8.-Plusieurs Mémoires sur les finances.

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RAMEL, maréchal-de-camp, fils d'un procureur de Cahors, entra au service à l'âge de quinze ans et obtint, à la fin de 1792, le grade d'adjudant-général. Quoiqu'il eût, jusqu'alors, peu servi aux armées et toujours d'une maniere assez obscure, il obtint, en 1797, le commandement des grenadiers de la garde du corps législatif. Engagé par Brottier, Duverne-de-Presle et La Villeheurnois à faire servir ses troupes au rétablissement de la royauté, il feignit de s'unir à eux; demanda à voir le plan et les instructions d'après lesquels ils agissaient, et les fit arrêter au moment où ils se rendaient chez Malo (voy. ce nom). Cette conduite lui valut un décret portant qu'il avait bien mérité de la patrie. Cependant, soit que naturellement porté à servir les Bourbons, la crainte seule l'eût décidé à trahir ceux dont il avait paru embrasser la cause; soit que d'autres considérations l'eussent déterminé plus tard à servir ce parti, il se lia, peu de temps après, avec la faction de Clichy, et fut dénoncé par le général Jourdan, alors député de la HauteVienne, comme signataire d'une lettre

adressée aux inspecteurs de la salle, sur l'existence d'un parti qui voulait renverser la constitution. Justifié par Dumolard, il s'unit de plus en plus à la faction clichienne; fut abandonné par ses soldats, arrêté et désarmé par eux dans la journée du 18 fructidor an5 (4 septembre 1797), et compris dans les listes de déportation du 19. Transporté à Cayenne avec Pichegru, Willot et les autres proscrits, il s'échappa avec eux; passa en Angleterre, où il fut bien accueilli par le duc de Portland et M. Wickam; et fut inscrit sur la liste des émigrés par ordre du directoire. Rappelé en France par le gou. vernement impérial, il y fut employé comme adjudant-commandant chef de l'état-major de la re division de l'armée de Portugal. Ayant ouvertement embrassé la cause des Bourbons, lors de la restauration de 1814, il fut nommé maréchalde-camp le 25 novembre de la mème an née. Il commandait à Toulouse, lorsqu'à la fin d'août 1815, il fut assassiné par des brigands royalistes, avec des raffinemens de barbarie qui font frémir. Echappé un moment aux poignards de ses bourreaux, on l'avait transporté, percé de coups et mourant, dans son lit. Les monstres forcèrent les portes de sa maison, et vinrent lui arracher, aux cris de vive le roi, le reste de vie que leur férocité lui avait laissé. Son corps fut haché en morceaux. Connus, arrêtés, et mis en jugement, ces exécrables assassins, dignes de mille morts, ont été condamnés, sous la terreur royale de 1815, à des peines correctionnelles très-légères. C'est ainsi que se rendait la justice à cette époque épouvantable, que certains minisdevenus to ut-puissans par le 19 novembre 1819 (*), paraissent avoir résolu de rendre à la France, sur les débris de la charte constitutionnelle.

res,

RAMOND (Le baron Louis - FRANCOIS-ELISABETH), né à Strasbourg le 4 jan. vier 1755, fut long-temps attaché au cardinal de Rohan, en qualité de conseiller tintime. Il était gendarme de la garde du roi au moment où la révolution éciata. Député de Paris à l'assemblée législative, il y défendit avec une inébranlable et courageuse persévérance la constitu

tion qu'il avait jurée; et mérita ainsi l'estime de tous les sincères amis de la liberté. Dans la discussion relative aux émigrés, il reconnut que la confiscation devait frapper tous ceux qui prendraient les armes contre la France, mais il soutint en même temps, avec l'approbation de tous les gens de bien, que les autres devaient jouir du droit qui appartient à tout homme de transporter sa personne et ses propriétés où bon lui semble. Le 29 octobre 1791, il parla avec force en faveur des prétres insermentés; insista sur la nécessité de laisser libre l'exercice de tout culte, et demanda qu'on les salariât tous. Le 27 mars 1792, il fit, au nom du comité diplomatique, un rapport sur l'état des relations de la France avec l'Espagne, et obtint, le 31 mai, un décret en faveur des prisonniers de guerre. Le 23 du même mois, il défendit de nouveau les prêtres insermentés, et s'éleva contre la tyrannie qu'exerçaient sur eux quelques autorités départementales. Le 29, il parla contre le projet de licencier la garde du roi. Le 28 juin, il embrassa la défense du général La Fayette qui était venu demander justice à l'assemblée des attentats commis le 20 du même mois contre le trône constitutionnel, et déclara qu'il partageait tous les principes contenus dans la pétition de ce général citoyen, auquel il donna le premier le nom de Fils aîné de la liberté, qui lui est resté depuis, et qu'il justifie si noblement par toute sa conduite. Proscrit après le 10 août, Ramond eut le bonheur d'échapper aux échafauds de 1793-94; devint, après la terreur, professeur d'histoire naturelle à l'école centrale des Hautes-Pyrénées; fut appelé, en mars 1800', au corps-législatif par le sénat; et fut nommé membre de l'institut le 24 février 1802. Il siégea au corpslégislatifjusqu'en 1806, époque à laquelle il passa à la préfecture du Puy-de-Dôme, qu'il administra avec talent et intégrité jusqu'en 1814. Il a été nommé par le roi, en août 1815, maître des rèquêtes en service ordinaire, section des finances; et en 1818, conseiller-d'état en service extraordinaire. Il paraîtrait, d'après la table alphabétique du Moniteur, que la Biographie de MM. Michaud aurait confondu M. Ramond, député à l'assemblée législative, avec M. Ramond de Carbonnières, de l'académie des scien

(*) Renvoi des ministres constitutionnels Dessoles, Gouvion de St-Cyr et le baron Louis.

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