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sirs. Arrivé à Valançay, il rendit compte du résultat de sa mission au roi, qui, impatient de n'avoir pas reçu de ses nouvelles, avait expédié le général don Joseph Palafox, avec de nouvelles instruc. tions. Le duc de San-Carlos repartit de Valençay à la recherche de Napoléon, et après divers voyages dans toutes les directions, la rapidité des mouvemens auxquels l'obligeaient les opérations des armees alliées qui combattaient au sein de la France, ne lui permettant pas de l'atteindre, il se décida à rédiger un mémoire sur l'objet de sa négociation, et enfin il obtint, du duc de Basune réponse conforme à ses désirs. Le jour où le duc de San-Carlos remit à son souverain et aux infants les passeports pour se rendre en Espagne, par le Roussillon, sous le nom de comte de Barcelone, il reçut de Ferdinand VII la décoration de la toison-d'or Après avoir surmonté de nouvelles difficultés qui s'élevèrent à Perpignan de la part du maréchal Suchet, lequel, d'après les dernières instructions qu'il avait reçues, s'opposait à la continuation du voyage, vers le milieu d'avril, San-Carlos arriva avec le roi à Valence, où s'était rendu le cardinal de Bourbon, président de la régence, qui, d'après le décret des cortès du 21 février, continuait à gouverner. Le 3 mai, le duc de San Carlos fut nommé par S. M. premier ministre-secrétaire-d'état, et le lendemain le roi signa le fameux décret par lequel il reprit les rênes du gouvernement. Toutes les mesures furent concertées pour son exécution. On ne peut refuser au duc de San Carlos, d'autant plus qu'il paraît y tenir beaucoup (à en jugerd'a près l'article biographique dont nous avons déjà parlé, et qui n'a probablement pas été rédigé à son insu), le déplorable honneur d'avoir été l'auteur principal de cette révolution, qui, en détruisant les espérances les plus légitimes de la nation, par le renversement de l'autorité constitutionnelle dans les lumières et le dévouement avaient tant contribué au maintien del'indépendance espagnole, a préparé le systême par suite duquel ce pays se trouve, à l'époque où nous écrivons (mars 1820), menacé de la plus effrayante dissolution. Le duc continua d'exercer les fonctions de ministre-d'état, avec le regret de voir, dans différentes occasions et dans les objets importans, malgré ce

qu'il appelait sans doute l'imminent service rendu à la cause royale, son suffrage repoussé : il expédiait en même-temps les affaires du ministère de la maison du roi, et celles du ministère de la guerre, que n'avait pas voulu accepter le général Freyre, jusqu'à ce qu'on le dispensât de cette dernière charge, qui fut confiée au général Eguia. Le roi de Prusse envoya alors au duc les grandes décorations de l'aigle-noir et de l'aigle-rouge, et le roi de Deux-Siciles celles de Saint-Ferdinand et de Saint-Janvier, avec une lettre flatteuse sur les négociations quiavaient contribué à le replacer sur le trône de Naples. Nous n'entrerons pas dans le détail des opérations administratives qui ont signalé le ministère du duc de San-Carlos; nous nous bornerons à reconnaître, avec l'impartialité dont nous nous sommes fait une loi, et que ne nous font point oublier des torts politiques, quelque graves qu'ils puissent étre, que l'instruction publique a dû beaucoup à sa protection éclairée. Dans le mois de novembre 1814, voyant qu'il ne pouvait mettre à exécution le plan qu'il s'était proposé, et le nombre de ses ennemis augmentant, il demanda sa démission; le roi l'accepta, et nomma pour le remplacer don Pedro Cevallos. Le duc continua d'exercer le ministère de la maison du roi jusque vers le milieu d'octobre 1815, époque où ce monarque, en déclarant qu'il était satisfait de ses services et qu'il n'avait rien perdu dans son estime, lui ordonna de partir pour Truxillo en Estramadure, où le duc à une terre; mais le lendemain il fut nommé ambassadeur à Vienne, où il s'est occupé à examiner tous les établissemens utiles, et à soigner l'éducation de ses enfans. En 1817, il reçut ordre de se rendre en la même qualité à Londres, où il se trouve encore, vivant avec l'éclat qu'exige son rang, et que facilite son immense fortune. Les journaux ont surtout beaucoup parlé de la fête magnifique qu'il avait donnée en

à l'occasion du mariage de son souverain avec la jeune princesse de Saxe. Le duc de San-Carlos est un des diplomates de l'Europe les plus chargés de titres et de décorations; circonstances qui, aux yeux d'un ministre que l'ensemble de sa conduite doit faire croire plus cour. tisan que patriote, est sans doute une ample compensation du peu de bienveillance que lui portent la plupart de ses concitoyens.

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SAND (CHARLES-LOUIS), jeune Allemand, au nom duquel une seule action de sa vie assure une funeste, mais impérissable célébrité, naquit en..... à Weinseidel dans le margraviat de Bayreuth. La douceur de son caractère, la pureté de ses mœurs, l'inalterable régularité de sa conduite lui acquirent, dès ses plus tendres années. l'estime et l'affection de tous ceux qui le connaissaient. Il fit ses premières études au gymnase de Regensbourg, où il s'attacha principalement au professeur Klein; puis il se rendit à Tubingue, pour y suivre les leçons du savant Eschenmeyer. Là, se développèrent les heureuses qualités qu'il avait annoncées dès son enfance, et qui, unies à une intelligence rapide, à une constante assiduité, que relevaient encore ses avan tages physiques et l'agrément de ses manières, inspirerent pour lui à ses instituteurs ainsi qu'à ses compagnons, un atchement qui ne s'est jamais démenti. Ses habitudes contemplatives et la tendance religieuse de son caractère le dirigèrent vers la théologie, et les progrès qu'il y fit, joints à son ardente piéte, faisaient espérer en lui un digne ministre de l'évangile, lorsque les événemens politiques vinrent donner à ses sentimens une impulsion nouvelle, et lui faire suivre momentanément une autre carrière. Comme tous ses jeunes compatriotes, Sand s'indignait, depuis long-temps, avec toute l'énergie de son ame sensible et fière, contre le joug sous lequel Napoléon accablait l'Allemagne : et lorsque les résultats de la campagne de Moscou, en ébranlant cette puissance colossale, eurent appelé les peuples de cette vaste contrée à la vengeance et à la liberté, Sand fut l'un des premiers à se ranger sous l'étendard de l'indépendance. Il fit, avec courage et dévouement, les campagnes de 1813-14, et lors du retour de Bonaparte de l'île d'Elbe, il reprit les armes jusqu'à la paix. Rentré dans sa patrie avec l'estime de ses compagnons d'armes, il continua le cours de ses paisibles travaux. Il suivit les cours de l'université d'Erlangen, puis de celle ́de Jena, où il continua de se distinguer par l'application et l'intelligence qu'on avait déjà eu lieu de reconnaitre en lui, mais plus encore par une sensibilité exaltee, qui décelait dès-lors aux observa teurs attentifs une ame capable des plus grands sacrifices pour tout but qui lui en

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paraîtrait digne. Dans l'état où se trouvait Ï'Allemagne, il était naturel et nécessaire que cette surabondance de force se dirigeât vers les événemens politiques, devenus le premier et presque l'unique objet de toutes les pensées. Ce pays commençait à se trouver dans une situation pénible et violente; des promesses faites par le pouvoir à l'heure du danger, et sur la foi desquelles les populations entières s'étaient précipitées dans l'arène étaient violées avec audace ou dérisoirement éludées; et chez une nation, justement renommée par d'antiques habitudes de franchise et de loyauté, ce mélange d'ingratitude et de duplicité ministérielle n'avait pu manquer d'exciter une profonde indignation. Ce sentiment n'existait nulle part avec autant de force que parmi les étudians des nombreuses universités germaniques, qui s'élançaient au-devant de la liberté avec toute l'ardeur de leur âge, soutenue et fortifiée de la glorieuse conviction d'avoir déjà bien mérité de cette patrie pour laquelle ils avaient combattu et vaincu. Avec un caractère tel que celui que nous venons de dépeindre, Sand devait, plus que tout autre, éprouver la puissance de cet enthousiasme; et bientôt les souffrances de sa patrie, les moyens de l'en affranchir devia. rént l'objet habituel de ses méditations. La sombre mélancolie produite par cette disposition de son esprit fut, à ce qu'on assure, encore exaltée des événemens funestes qui vinrent le froisser dans ses affections les plus chères. Dans l'été de 1817, son meilleur ami se noya en se baignant; et peu de temps après, une de ses proches parentes eut le même sort, le jour des noces du frère de Sand, pour la célébration desquelles il s'était rendu de Jéna à

par

Weinseidel. Il est à croire que cette succession de malheurs ne contribua pas peu à détacher de cette terre une ame que sa pente naturelle et la nature de l'éducacation qu'il avait reçue, entraînaient invinciblement vers des idées d'abnégation de soi-même et de dévouement absolu. Ce qui se passait dans son pays ne pouvait qu'accroître ce penchant : le despotisme et l'oligarchie commençaient à ne plus garder de mesure. A la place des institu tions commandées par les lumières du siècle, sollicitées par les peuples de l'Allemagne, et méritées par leurs immenses sacrifices, il voyait établir en principe

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le pouvoir absolu des monarques et le mépris de la classe plébéienne, de cette classe qui, seule, avait affranchi, sauvé la patrie, abandonnée ou vendue par une aristocratie si souple, si débile aux jours du danger, si orgueilleuse depuis le succès obtenu sans elle, mais à son profit. Les écrivains généreux qui osaient encore réclamer les droits et défendre les intérêts de la nation, étaient réduits au silence, frappés par des amendes et quelquefois par l'exil ou la prison: tandis que, pour comble d'injure, ils étaient insultés par les scribes du pouvoir. Ces vils mercenaires étaient, il faut le dire pour l'honneur de l'Allemagne, en nombre comparativement très-petit; mais la protection ouverte dont ils jouissaient de la part de certains gouvernemens et l'impunité assurée à leurs calomnies, ne les en rendaient pas moins redoutables à la liberté. Au nombre de ces dangereux stipendiai, res, se trouvait un homme (voy. KOTZEBUE) qui jouissait dans toute l'Allemagne d'une vaste réputation littéraire, d'autant plus brillante qu'elle reposait en grande partie sur les principes philosophiques développés dans ses ouvrages, où même l'on remarquait par fois une tendance marquée aux innovations politiques. Soit inconstance, soit plutôt calcul, cet homme avait totalement changé de systême, et ́suivant l'usage des rénégats, il était devenu le plus ardent ennemi des principes qu'il avait abandonnés. Cette espèce d'apostasie avait irrité les Allemands, en raison de la faveur même dont cet écrivain avait joui jadis auprès d'eux ; et cette indignation s'accrut encore, lorsqu'on apprit sa conduite odieuse envers le conseiller aulique Luden, qui rédigeait à Jéna une feuille libérale, intitulée : La Nemesis, que Kotzebue parvint à faire supprimer, et dont l'éditeur fut en proie aux plus cruelles persécutions. Mais ce qui acheva de soulever l'opinion contre Kotzebue, ce fut l'accusation qu'il lança contre l'esprit des universités d'Allemagne en général, à l'occasion du tumulte qui avait éclaté dans celle de Goettingue. Dans un article publié à ce sujet, il vantait hautement les mesures de rigueur prises par le gouvernement hanov rien contre les étudians impliqués dans cette affaire, et les citait comme un exemple à imiter pour la répression de ce qu'il appe. lait effervescence et esprit d'insubordi

nation. En écrivant ces lignes fatales Kotzebue était loin de se douter qu'il tra çait l'arrêt de sa mort. Le silence profond que l'on a cru devoir garder jusqu'ici sur le résultat des enquêtes relatives aux circonstances qui précédèrent le meurtre, ne permettent pas encore de juger de l'exactitude du fait rapporté à cette époque, que plusieurs étudians des universités d'Erlangen et de Jena, après avoir, suivant des formes juridiques semblables à celles de l'ancien tribunal secret, condamné Kotzebue à mort, avaient tiré au sort pour savoir qui d'entr'eux serait l'exécuteur de cette sentence, et que le sort avait désigné Sand. Ce bruit ne s'étant point confirmé, paraît devoir être rangé jusqu'à nouvel ordre dans la classe des rumeurs tendantes à faire attribuer un acte isolé à des machinations étendues et profondes; système que nous voyons se reproduire aujourd'hui en France avec le plus déplorable succès (voy LOUVEL au SUPPLÉMENT). Tout annonce, au contraire, que Sand n'avait point de complices, et qu'il avait, depuis long-temps peutêtre, concentré dans son cœur le projet qu'il ne tarda pas à exécuter. Cette conjecture prend même tous les caractères de l'évidence, lorsqu'on examine attentivement les fragmens de sa correspondance, dont nous parlerons ci-après. Quoi qu'il en soit, tout prouve que Sand mit dans l'action terrible qu'il méditait une résolution aussi calme qu'inébranlable, et le plus tranquille fanatisme. Parti de Jéna, le 9 mars 1819, avec une somme d'argent peu considérable, et revêtu de l'ancien costume allemand, il s'arrêta, suivant les uns, à Francfort où il eut une conférence avec un de ses amis; suivant d'autres, à Erlangen où il prit la poste. Il

arriva à Manheim, le 23, vers les 10 heures du matin. On a prétendu qu'en descendant de voiture, il avait prononcé, assez haut pour être entendu, les mots suivans: Vivat Teutonia! A l'hôtel de la Vigne, où il descendit, il s'annonça sous le nom d'Heinrich, élève de l'université d'Erlangen. Aussitôt après son arrivée, il s'informa de la demeure de Kotzebue, chez lequel il se présenta deux fois dans la même matinée, sous prétexte d'avoir des lettres à lui remettre; mais le conseiller étant dans l'habitude de consacrer cette partie du jour au travail, on pria le jeune étranger de revenir dans la

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