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enlevé une partie des couleurs de ce riant tableau. Une sombre nudité attriste dans des lieux autrefois ornés des richesses de la nature et de l'industrie; et les hommes qu'un pays agréable et vraiment heureux appelle, sont repoussés par l'effroi qu'inspire une horde de dévastateurs. Le bonheur n'habite plus une terre jadis fortunéc; et la pluie d'or, que les poètes de l'antiquité y faisoient descendre, comme un emblême de ses riches et brillans avantages, est convertie en orages de désolation.

Le nom de l'île de Rhodes a exercé les recherches et les conjectures des étymologistes. Bochart, l'un des plus infatigables, s'appuyant du nom d'Ophiusa, c'est-à-dire, d'ile aux serpens, sous lequel les anciens Grecs la désignoient à cause du nombre de ces dangereux reptiles qui l'infestoient, sans doute, dans les premiers temps qu'elle fut habitée, dit que les Phéniciens l'appelèrent aussi ile aux serpens, en leur langue Gesirat-Rhod, ce dernier mot désignant un serpent, d'où les Grecs out ensuite formé le nom de Rhodes, que l'île a conservé depuis. Cette conjecture savante n'est pas la plus naturelle; et il est plus simple, ce me semble,

de faire dériver le nom de Rhodes de celui

fleur très

de Rhodos, qui, en grec, signifie une rose, commune dans cette contrée, et dont la figure se trouve sur les médailles de l'ile dont elle étoit l'emblême.

Après avoir perdu et reconquis plusieurs fois leur liberté, les Rhodiens passèrent sous la domination des Romains. Lors de la décadence de l'empire grec, ils devinrent les sujets des Génois, des Arabes, des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, et enfin les esclaves des Ottomans. Ce fut là le terme de leur gloire et de leur commerce; et si l'histoire ne nous avoit conservé les preuves de leur ancien amour pour les sciences et les beauxarts, de la magnificence de leur ville, de leur industrie à seconder la nature, qui avoit versé ses dons avec une riche profusion sur leur territoire, de leur activité entreprenante et de leur habileté dans la navigation, enfin du grand commerce dont leur île étoit le centre, l'on ne pourroit soupçonner, quand l'on se trouve à présent à Rhodes, que l'on est dans leur île et chez leurs descendans.

CHAPITRE

VIII.

VILLES ANCIENNES DE L'ILE DE RHODdes.RAVAGES DES HOMMES.-TREMBLEMENS

-

DE TERRE. FORMATION DE L'ILE De RHODES. PESTE. HABITANS DE L'ILE,

-

SON HEUREUSE POSITION, SES PORTS, SES PRODUCTIONS. BARTAVELLES. PER

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TOURTERELles.

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TABLEAU

D'UNE BELLE Solitude. CAILLES.

BÉCASSES. POISSONS.

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EPONGES.

--

CORAIL.

LA ville de Rhodes est aujourd'hui la seule de l'île; il y en avoit très-anciennement trois autres, qui n'existoient déjà plus au temps de Pline. La plus considérable de ces trois villes, patrie de Charès, qui fit ou du moins commença le fameux colosse consacré au Soleil, s'appeloit Lindos, et renfermoit un temple magnifique, dédié à Minerve. Il en reste encore quelques vestiges, avec le nom

Hist. nat. lib. 14.

de Lindo, dans un bourg situé à-peu-près au milieu du côté oriental de l'ile, et entièrement peuplé de Grecs: son port, peu spacieux, est très fréquenté par les bateaux du pays, qui y chargent les denrées de l'ile et y apportent les marchandises du dehors. Aussi presque tous les habitans de Lindo sont-ils adonnés au commerce ou au cabotage des côtes et des îles voisines; ils naviguent avec de petits bâtimens légers qu'ils construisent eux-mêmes, et auxquels ils donnent plus de solidité qu'aux vaisseaux qui sortent des chantiers de Rhodes pour le compte du gouvernement. Quelques Lindiens s'occupent aussi des travaux champêtres; mais de tous les quartiers de l'île, celui qu'ils habitent étant le moins propre au labourage, à cause de sa nature rocailleuse et inégale, la culture consiste principalement dans des plantations de vignes, de figuiers et d'autres arbres.

La seconde ville qui portoit le nom de Camyros, étoit située sur la côte occidentale, presqu'à l'opposite de Lindos; il n'en existe plus de traces que dans le nom de Camyro, village grec, bâti dans le même emplacement.

On ne retrouve aucun indice de la plus

ancienne de ces trois villes, Ialyssos; l'on sait seulement qu'elle avoit été bâtie sur la côte septentrionale de l'ile.

Quand la pensée se promène sur cette multitude innombrable de cités et de grands édifices, qui ont couvert en différens lieux la surface de la terre, et qui en ont été successivement effacés, l'on ne peut se défendre des sensations pénibles que font naître les fureurs des hommes. Les monumens que le génie des arts et la patience de l'industrie élèvent avec tant de solidité et de lenteur, s'écroulent en un instant sous les coups d'une impétueuse barbarie, ou par les chocs plus prompts encore de l'art terrible de la guerre, qui ne se repaît que de sang et de ruines. L'homme renverse ce que l'homme édifie; lę temps est trop lent à son gré; il anticipe sur les ravages des siècles, auxquels il semble les envier: et dans sa rage de destruction, il laisse, fort loin derrière lui, les animaux les plus féroces, dont il surpasse la méchanceté, en dévorant-lui-même sa propre espèce. Les bouleversemens partiels qu'occasionnent quelquefois de violentes commotions de la terre, ne sont pas d'un effet très-sensible sur la carte des dévastations, si on les com

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