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les reflets éclatans dont brillent les écailles de la plupart d'entr'eux.

Mais une branche si intéressante de la science de la nature va prendre un nouvel élan et atteindre le point où sont parvenues d'autres partics plus faciles, mais non plus agréabels ni plus utiles à cultiver. Buffon avoit donné une impulsion à tous les esprits; les connoissances naturelles, généralement négligées ou circonscrites dans un cercle étroit de savans, devinrent un goût dominant, un besoin pour les hommes animés du désir de l'instruction; le génie du Pline de la France, aussi fier aussi sublime, mais moins sombre que celui du Pline de l'antiquité, les éclairoit de son. flambeau et les précédoit dans le sanctuaire de la nature, dont il avoit commencé à dévoiler et à livrer à l'admiration les réduits les plus secrets, les matériaux les plus précieux. En terminant une carrière de gloire qui le conduisit au temple de l'immortalité, cet homme, d'une renommée colossale, contre laquelle les efforts d'une audacieuse médiocrité, les traits d'une envie obscure, viennent s'anéantir, comme de foibles vagues contre un rocher à base inébranlable; cet homme, dis-je, confident chéri et peintre de

la nature, légua ses droits et ses pinceaux à celui de ses contemporains, le plus digne de ce brillant et honorable héritage. L'on aime à retrouver le successeur de Buffon, à le suivre dans ses recherches profondes, à contempler le coloris et la fraîcheur de ses tableaux, à partager les mouvemens de l'exquise sensibilité de son ame; et si Buffon a su rendre l'étude de l'histoire naturelle des quadrupèdes et des oiseaux si attrayante, il étoit réservé à Lacépède de répandre les mêmes charmes sur l'histoire naturelle des poissons.

Un naturaliste ancien, dont le nom vient se ranger naturellement avec ceux de Pline, de Buffon et de Lacépède, a dit que les serrans étoient tous femelles. Cette opinion étoit tellement répandue, que les poètes mêmes s'en emparèrent 2. Rondelet assure que tous ceux qu'il a disséqués avoient une vulve 3; d'autres auteurs ont répété ce qu'Aristote et Rondelet ont écrit; mais cette observation a été rejetée, sans examen, par

I

Aristote, hist. des animaux, liv. 4, chap. 11; liv. 6, c. 12; et Traité de la génération, l. 3, c. 5 et 10. Concipiunt channæ gemino fraudata parente,

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OVID.

3 Apud Gesnerum, in aquatilibus, de channa.

Duhamel. Cependant la remarque d'Aristote n'est point dénuée de fondement; et, si on vouloit se donner la peine de vérifier la plupart des faits que les bons ouvrages de l'antiquité donnent pour vrais, et que ceux de nos jours déclarent faux, on reviendroit peut-être de cette manie qui porte à rejeter une multitude d'observations qui, bien que, heurtant les idées générales, n'en ont pas moins quelque réalité.

J'ai cherché à connoître si Aristote s'étoit trompé à cette occasion, ainsi que Duhamel l'a prétendu. J'ai ouvert plusieurs serrans dans le Levant; et, si tous n'étoient pas des femelles proprement dites, tous pouvoient passer pour de vrais hermaphrodites, puisque tous avoient de la semence ou laite, et en même temps un ovaire contenant des œufs en petite quantité.

Ces poissons n'excèdent guère huit à dix pouces de longueur, dans la mer de l'Archipel, où on les trouve fréquemment. C'est en automne qu'ils y paroissent le plus communément, et qu'on les pêche avec plus de facilité, parce qu'alors ils sont réunis en troupes. Ils dévorent les poissons plus petits

› Traité des pêches, part. 2, sect. 3, chap. 3, art. 2

qu'eux, mais assez grands néanmoins pour qu'ils parussent à l'abri de la voracité des serrans; j'en ai vu un de cinq pouces de long, qui avoit avalé un atherno de près de trois pouces. Aussi leur gloutonnerie a-t-elle passé en proverbe chez plusieurs peuples de l'Orient. Au reste, la chair du serran est blanche, ferme et de bon goût, mais elle est remplie de petites arêtes qui la rendent fatigante à manger.

CHAPITRE

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CHAPITRE X I V.

AMORGO.

ORACLE DE L'INVENTION DES MOINES GRECS.-ETAT PRÉSENT DE CETTE

ILE.-ORSEILLE.-COMMERCE DES FRAN

ÇOIS ET DES ANGLOIS DANS LE LEVANT. -
SCILLES. DARTRES. DENTS.

-

PRÉ

LEUR

JUGÉS. FEMMES D'AMORGO.
COSTUME. AMORGO-POULO.- ILOTS.

Au nord-ouest de l'île de Stampalic, est celle d'Amorgo, qui portoit, au temps de Pline, le même nom d'Amorgos ou d'Amorgus; plus anciennement on l'appeloit Hypère, et auparavant Patage, et, suivant d'autres, Platage. Elle est un peu moins grande que Stampalie, et ses bords sont moins sinueux. et moins hérissés de caps et de pointes : aussi ne présentę-t-elle pas autant de retraites aux navigateurs. Il n'y en a point sur son long côté oriental, qui est très-escarpé, et l'on ne peut guère compter que deux ports ou havres assez commodes, sur son rivage occidental; l'un, au nord, s'appelle le port Sainte-Anne,

1

Pline, hist. nat. lib. 4, cap. 12. Tome I.

T

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