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CHAPITRE XVIII.

CALOYERS. - PAPAS. LEURS OFFICES.

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NOMINATION DES CHEFS DE L'ÉGLISE GRECQUE.-ANCIENNE FORmule des LetTRES. PATENTES, POUR LA NOMINATION DES EVÊQUES GRECS. — ACCIDENT. CouVENT DE SAINT-JEAN. -AUTRE COUVENT ABANDONNÉ, DU MÊME NOM. - MONTAGNES DU CAP MÉLEK. CATHOLICOS. GROTTE.- STALACTITES. SOLITUDE.

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PERDRIX. CHÈVRES SAUVAGES. GROTTE DE L'OURS.- RETOUR A LA CANNÉE. TURC, AMI DES FRANÇOIS.

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LES couvens sont très - multipliés dans la Grèce; ce sont des refuges consacrés à l'ignorance, à la superstition, et le plus sou vent à la fainéantise. On donne aux moines le nom de caloyers; de kalos, bon, et de géros, vieillard, bon vieillard. Il s'en faut bien, cependant, que l'on ne voie parmi eux que des vieillards, ni même que des hommes d'un âge mûr. Il n'est pas rare d'y rencontrer des jeunes gens, des enfans de dix à douze ans

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revêtus de l'habit, qui consiste en une longue robe noire et unie, arrêtée par une ceinture. La variété des réglemens, la bigarrure des costumes, qui frappent dans les diverses nuances de religieux répandues sur la surface des pays soumis à l'église latine, ne se font point remarquer chez les Grecs; il n'existe qu'un seul ordre, celui de saint Basile; et les moines assujettis au même régime, portent aussi le même vêtement.

Ces religieux sont fort sales, et l'on peut ajouter, fort laids, par l'habitude qu'ils ont de négliger leur extérieur, et de ne soigner ni leur barbe, ni leurs cheveux. Ils ne sont guère plus beaux à l'intérieur. L'hypocrisie, une orgueilleuse et grossière ignorance, la bassesse, la perfidie, forment leur caractère; sans instruction, ils veulent passer, aux yeux du peuple, pour posséder de grandes lumières, et jouir d'une réputation de sainteté, qui leur attire le respect et les égards.

Leurs vœux sont l'obéissance, la chasteté et l'abstinence. Le premier et le dernier de ces vœux sont assez exactement suivis ; des hommes nés dans l'esclavage, sont trèspropres à se courber sous quelque joug que ce soit; et habitués, dès l'enfance, à une vie

dure et misérable, la plupart de ces caloyers n'étant tirés que de la classe la plus basse, ils supportent aisément, et la simplicité d'une nourriture grossière, et les privations que leur imposent les jeûnes fréquens auxquels ils sont astreints; quoique plusieurs, dit-on, ne se fassent pas de scrupule de s'en dédommager en secret. Mais l'on prétend que le second des vœux n'est pas aussi régulièrement observé; et si on ne les accusoit pas de quelque brutalité dans les infractions à des loix que la nature, plus forte que toutes les institutions de couvens, réprouve, on leur pardonneroit de céder à des impulsions irrésistibles, délire enchanteur et inévitable, qui occupe et embrase tous les sens, et devant lesquelles les conventions humaines se taisent et s'évanouissent.

La discipline de l'église grecque ne contrarie pas, du moins, par des obligations indiscrètes, ces commandemens de la nature, à l'égard de son clergé séculier, dont les membres peuvent se marier. Chaque papas, c'est le nom que porte le prêtre séculier, peut avoir une femme, qu'il épouse avant de recevoir la prêtrise, et à laquelle, en cas de mort, il lui est interdit d'en faire succéder

une seconde. La femme d'un papas, s'appelle papadia, et elle participe à la considération dont jouit son mari. Les filles grecques ambitionnent l'honneur d'être unies à des ministres de la divinité; et ce sont, pour l'ordinaire, les plus jeunes et les plus jolies qui deviennent les épouses d'hommes, pour la plupart avancés en âge, et aussi sales et dégoûtans que les caloyers.

Je me dispenserai de parler des usages et des cérémonies du rite grec; ce sont des choses assez connues, pour qu'il soit nécessaire de s'y arrêter. L'on se feroit, au reste, une fausse idée de la décence de leurs offices, si on en jugeoit par la dignité et la gravité majestueuse des cérémonies de l'église latine en Europe. Tout y est petit et mesquin; tout s'y sent de la misère et du rétrécissement de l'esprit de ceux qui y figurent; tout s'y fait avec précipitation et irrévérence; rien ne parle à l'ame et n'en impose aux séns; rien n'y rappelle que le créateur et le maître du monde est l'objet de leur culte. L'on y remué beaucoup, l'on y cause, l'on y rit, l'on y fait sans cesse des inclinations, des signes de croix, qui semblent dessiner une écharpe sur la poitrine, parce que la main droite, portée

seulement au front, à l'épaule droite, puis à l'épaule gauche, retombe transversalement et avec vitesse. On ne retrouve pas, dans le chant, la mélodie et la gravité du chant grégorien; il est monotone, rapide, sans grâce et sans effet, et il est prononcé, en nasillant d'une manière fort désagréable.

L'on sait que les Turcs ont une aversion insurmontable pour les cloches, suite de la haine qu'ils portent aux chrétiens. Aucune église grecque n'en a, dans l'étendue de leur domination, et les caloyers se servent de bandes de fer en demi-cercle et suspendues, sur lesquelles ils frappent pour appeler à

l'office.

L'église grecque, qui comptoit autrefois au nombre de ses membres des hommes à grands talens, et dont les volumineux ouvrages renferment des traits nombreux d'une belle éloquence, est tombée dans le plus grand avilissement. La place de patriarche, qui en est le chef, est livrée à l'intrigue et à l'enchère. Nommé par la cour de Constantinople, il en est un des courtisans les plus souples et les plus rampans. Après avoir acheté sa dignité, il achète sa tranquillité et son crédit; pour se maintenir, il a souvent besoin de pressurer

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