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collines et les rochers. Vous y distinguez une jolie espèce de houx, que les Grecs appellent kadomelas ou koudomalia1, l'andrachné, l'alaterne, le cytise, etc.

Ces massifs, que la nature a distribués avec tant de grâce, sont entremêlés de plantes aromatiques, telles que le thym, le serpolet,· la sauge, l'origan, la sarriette, etc. Leur odeur comme leur verdure, se mêle et se confond; elle imprègne les airs d'émanations délicieuses. Vous voyez comme le fameux dictame de Crète, célébré par les anciens, tapisse avec profusion les rochers sur lesquels nous marchons. Les paysans l'amassent et en font de petits paquets de la grosseur du poing, liés avec du jonc; ils les apportent au marché de la Cannée et des autres villes, où cette plante est fort estimée par les habitans actuels. Son_odeur balsamique se conserve très-long-temps; il me reste encore de ce dictame, que j'ai rapporté de mon voyage en Candie, et qui, depuis plus de vingt ans, n'a presque rien perdu ni de son odeur, ni de ses vertus. C'est un vulnéraire et un stomachique excellent ; j'en ai vu de très - bons

I

Mespilus apii folio lucido elegantius laciniato. TOURN.

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effets, et je m'en suis servi avec beaucoup de succès dans différentes occasions.

Une abondance aussi grande de plantes bienfaisantes rend le climat de Candie le plus sain du monde. Hippocrate y envoyoit ses malades respirer l'air chargé de vapeurs salutaires, et je vous conseillerois aussi d'y fixer votre séjour, si ce magnifique pays pouvoit cesser d'être souillé de la présence et de la domination des barbares qui l'ont arraché des mains des peuples civilisés.

CHAPITRE

СНАРITRE

X X I.

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TURCS ET GRECS DE CANDIE. FEMMES. CLIMAT. AGRICULTURE.

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OLI

FORÊTS. CISTE.

LADANUM. CHEVAUX.

CHIEN TURC. COCHONS.

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--

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GEOISE GRECQUE. ABEILLES, MIEL ET

CIRE.

CAUSES DU RENCHÉRISSEMENT

DE LA CIRE, ET MOYEN D'y remédier.

Sous un ciel que le père de la médecine considéroit comme le réparateur de la santé des hommes, l'espèce humaine a dû naturellement se ressentir d'aussi heureuses influences. C'est en effet ce qui frappe l'observateur, dès qu'il aborde dans l'île de Candie. Les Turcs, dont la race est déjà si belle, y ont acquis une plus haute stature, des muscles plus saillans et plus prononcés, une poitrine et des épaules plus larges, toutes les proportions qui constituent la beauté et la force, un maintien et une démarche imposante; mais, à travers tous ces ayantages, que l'ou Tome I. Dd

ne voudroit qu'admirer, la physionomie de la dureté donne à l'extérieur majestueux une empreinte redoutable. Cette sorte de brillante acquisition que les Turcs ont faite en Candie, ne leur est pas commune avec les Grecs de cette île. De taille moins élevée, de corpulence moins grosse, de démarche moins grave, de formes moins robustes, mais plus gracieuses, ce peuple paroît avoir dégénéré sous un climat qui lui est naturel, et dans lequel il est livré à la servitude qui dégrade également, et les formes du corps, et celles de l'ame.

Et cette même disparité dans les attributs extérieurs du Turc et du Grec, se rencontre aussi chez les femmes de ces deux nations. Les Turques y sont plus belles que dans les autres parties de l'Orient, tandis que les Grecques y ont, généralement parlant, moins de charmes, qu'elles n'en ont dans plusieurs autres contrées. Ce fait est digne d'attention; il ne paroît pas facile d'en assigner la cause. Comment une température si favorable à la belle et vigoureuse constitution des étrangers, n'a-t-elle point, ou du moins ne paroît-elle pas avoir d'influence sur celle des indigènes? Le joug appesanti d'un dur esclavage peut

bien, comme je viens de le dire, diminuer, à l'égard des hommes, les effets d'un climat heureux; mais cette impression ne doit pas agir avec autant d'activité sur le physique des femmes, qui néanmoins semblent avoir beaucoup plus perdu de leurs agrémens. Une longue habitude du bien en détruiroit - elle la douce empreinte? ou bien les excellentes qualités de l'air qu'on respire en Candie, auroient-elles quelque chose de trop vigoureux, et, si je puis m'exprimer ainsi, de trop måle, pour les organes délicats des femmes qui y sont exposées depuis un temps immémorial?

A l'exception de la lèpre, qui y a été apportée de l'Asie, et qu'avec des précautions l'on parviendroit à faire disparoître, comme on l'a éteinte en France où elle fut un des présens funestes des croisades, il n'y a point de maladies contagieuses, ni régnantes dans l'île de Candie. Je ne parle pas de la peste qui, dans des pays où toute mesure de prudence est ignorée, peut y être introduite accidentalement. L'eau y est aussi bonne que l'air ; elle descend de tous côtés des montagnes; et ayant beaucoup de rapidité dans son cours sur des roches inclinées, elle conserve sa limpidité et ne se rassemble point

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