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A nos Lecteurs,

Tandis que nous nous préparions à soutenir, le bon combat, dont parle l'apôtre, avec les armes de la Science et de la Foi, tout à coup un cri sinistre a retenti à nos oreilles, et est venu interrompre pour un moment nos paisibles travaux. La force s'est heurtée contre la force. Partie de la capitale, aussi rapide que le feu du ciel, une commotion subite s'est fait sentir dans toute la France, et soudain cette Restauration, saluée de tant d'acclamations, qui devait durer à jamais, apporter ordre et sécurité dans notre France, s'est écroulée comme un de ces édifices fragiles bâtis pour un jour.

Nous l'avouons hautement, cette grande et royale infortune, ce renversement convulsif de la famille des Bourbons ont ému profondément nos cœurs, et nous nous sommes demandés d'abord ce qui pouvait rester debout sur une terre qui, en moins d'un demi-siècle, a dévoré tant de gouvernemens, vu tomber ces colosses de gloire et de puissance, qui commandaient l'admiration ou le respect à tout l'univers.

Cependant loin de nous la pensée de désespérer de notre cause, la cause catholique, celle de la religion et de la grande majorité des Français. Tant qu'il nous sera laissé un reste de force ou une lueur de liberté, nous la défendrons avec le même dévouement, la même persévérance.

Dans la carrière nouvelle que la France va parcourir, dans le régime démocratique sous lequel nous sommes, bon gré malgré, tous transportés, nous devons tirer le meilleur parti

possible des droits qui nous seront accordés, et demander ceux qui nous paraîtront conformes aux institutions nouvelles qui nous régissent.

Il faut que tous les catholiques comprennent que c'est de leur affaire qu'il s'agit; et, puisque appel est fait au peuple et à la majorité, qu'ils se montrent: maintenant, comme au tems de Turtullien, ils peuvent dire à leurs adversaires : Nous sommes plus nombreux que vous; on nous voit partout: si nous vous abandonnions, vous seriez effrayés de votre solitude 1.

Sans doute des voix hostiles, plus hautes que de coutume, s'élèvent contre la religion; mais que peuvent-ils contre elle, ceux qui voudraient la traiter en ennemis ? Ils la menacent de ne plus la reconnaître pour la religion de l'état; ils ont brisé quelques vases d'or, dépouillé ses prêtres de quelques ornemens destinés à orner les pompes de ses cérémonies...... Mais dans quel endroit de l'Evangile le Christ a-t-il dit que sa religion serait celle des Césars? Sans doute, la religion doit être reine, mais c'est dans le cœur de chaque individu qu'elle a assis son trône, et je ne sache pas de puissance qui ait le droit de prononcer sa déchéance de cet empire. Qui sait les desseins de Dieu, et s'il ne se propose pas de faire sortir sa gloire du fond de ce désordre ?

Ainsi donc notre route est toute tracée : elle est la même que celle que nous nous étions déjà proposé de suivre. Nous ne changerons rien à notre plan; on s'apercevra même que nous n'avons fait aucun changement à nos articles. Nos vues, nos principes, nos intentions, nous pouvons les proclamer au grand jour. Défendre la Religion par la Science; initier les chrétiens à ces connaissances dont le siècle se vante tant; nous trouver les premiers sur le champ des découvertes modernes, pour les disputer à l'incrédulité, et en faire hommage à la religion; scruter dans le passé les monumens, les faits, les actions qui peuvent tourner à sa gloire; tenir au niveau des connaissances nouvelles les prêtres chargés plus particulièrement d'instruire les peuples tel est notre but ; qui osera nous blâmer ou nous contredire ?

Tertullien, Apolog., n° xxxvII.

Quant aux prêtres, leur place est bien marquée, honorable, facile à remplir. Comme dans les premiers tems de l'Église, qu'ils n'entrent point dans l'arêne si orageuse de la politique ; que debout, veillant à la conservation de la doctrine dont ils sont les gardiens, répandant à droite et à gauche, sans distinction de partis, l'instruction, les consolations, l'édification des exemples de la charité évangélique, ils se contentent de voir passer tous ses pouvoirs éphémères, tous ces hommes d'un peu de bruit qui vont se succéder dans notre gouvernement. Dans les circonstances actuelles, il n'est pas d'autorité, si faible qu'elle soit, qui ne soit utile, si elle peut, de manière ou d'autre, en imposer à cette multitude qui, par la faute de la société au milieu de laquelle elle vit, et aussi par la faute de ceux qui l'ont élevée, a perdu la vraie notion du devoir et de l'obéissance. Bénissons plutôt Dieu qu'elle veuille se soumettre à un pouvoir quelconque.

Au reste, pour finir par quelques paroles de consolation, qu'on le sache bien : cet état d'effervescence et de crise ne durera pas; les nations malades doivent être guéries 1, et leur guérison ne peut se trouver que dans le repos de l'ordre. Ne craignons pas de le dire, ce n'est ni un homme ni une charte, c'est la Religion seule qui peut le donner, ce repos de l'ordre, le restaurer et le consolider. Sans doute, le moment en est encore éloigné; mais, comme nous le voyons arriver chez des nations voisines, tourmentées et hors de leur repos comme nous, peu à peu les idées religieuses prendront le dessus. Plus d'une fois la Religion verra les puissans fauteurs du désordre, comme des nageurs fatigués d'avoir lutte contre les vagues et les couse tourner vers elle, et venir se reposer de leurs rudes combats, jusqu'à ce qu'enfin les peuples eux-mêmes, éclairés sur leurs vrais intérêts, viennent s'asseoir à l'abri de la loi et de la puissance de la Religion et de Dieu.

rans,

LES ÉDITEURS

DES ANNALES DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENne.

Et sanabiles fecit nationes orbis terrarum. Sap. ch. 1, v. 14.

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Beaux-Arfs.

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DE LA RELIGION

DANS SES RAPPORTS AVEC LA SCIENCE.

Revue sommaire de l'histoire de la Science. Elle a prospéré toutes les fois qu'elle a été unie à la Religion. séparée d'elle.

· Elle a déchu quand elle s'est

Qu'est-ce que la Science ? C'est la connaissance intime de cet univers. La nature est un immense tableau dont chacun peut admirer les beautés; aussi quels yeux ne se plaisent à la vue d'une campagne couverte des brillantes créations du printems ou des riches tributs de l'automne ! Quelles oreilles ne sont pas sensibles à la douceur de ces chants qui répandent l'harmonie dans nos vergers, et animent le silence des forêts! Mais il est d'autres beautés, il est d'autres harmonies dans la nature, que l'œil, que l'oreille ne peuvent saisir : ces plantes qui s'épanouissent sous l'éclat du jour, ces animaux qui deviennent nos serviteurs, sont soumis à des lois admirables, cachées, incompréhensibles; rechercher ces lois, connaître la composition intérieure de ce monde, voir par quelle action Dieu conserve cet univers: tel est l'objet de la Science.

Or qu'est-ce que la Religion? que veut-elle ? qu'est-elle pour l'homme? La Religion, telle qu'elle a été entendue dans toute la suite des tems, est la connaissance des volontés, des perfections de Dieu; croire ce qu'il a dit, faire ce qu'il a commandé, et par conséquent rechercher avec amour et désir ses paroles, les suivre avec dévouement et plaisir: voilà la Religion,

Ainsi la Science a pour but de connaître ces volontés parfai

tes que Dieu a répandues dans toute la nature, à notre insu, cachant sa main derrière le bienfait, comme s'il tenait peu à ce que nous lui en témoignassions de la reconnaissance; et la Religion a pour but ces autres volontés de Dieu, qui s'appliquent plus particulièrement à nous, qui se sont manifestées et exercées sur nous et pour nous : c'est la science des choses que Dieu a faites à notre usage, et dans laquelle il veut que nous soyons

savans.

Ainsi le but de la Religion est le même, en dernière analyse, que celui de la Science, avec la différence qu'elle s'attache à des choses plus nobles, plus relevées, plus intimement liées à notre bonheur ou à notre malheur.

Comment donc a-t-il pu se faire que jamais la Religion et la Science se soient séparées, soient même devenues hostiles l'une à l'égard de l'autre ? Et qu'est-ce à dire que ces attaques que la Religion impute à la Science, et que ces reproches d'ignorance que la Science fait à la Religion? Ne serait-ce pas ici une de ces déplorables divisions de famille qui contristent tous les cœurs, et pour lesquelles les honnêtes gens doivent offrir leur influence afin de les faire cesser?

Voyons.

Prouver que là Religion et la Science sont sœurs, c'est déjà prouver qu'ils n'ont point la véritable religion, ni la véritable science, ceux qui prétendent que l'une doit exclure l'autre, ceux qui se vantent d'aimer l'une et haïssent l'autre.

Telles n'étaient point les pensées de l'antiquité, et il n'est pas un peuple chez lequel on ne trouve la Science et la Religion se donnant la main, et marchant d'un commun accord. Et d'abord nous voyons clairement dans nos livres que l'invention et la perfection de tous les ouvrages de l'art sont attribuées à l'intervention immédiate de Dieu, depuis les premiers habits dont l'homme fut revêtu, jusqu'à la construction de ces palais qui flottent sur les mers, dérnier effort du génie de l'homme. Chez les Égyptiens, chez les Gaulois, à Athènes, à Rome, c'étaient les prêtres qui conservaient la Science; cux qui ont inventé les arts, qui ont recueilli les expériences, gardé les traditions, écrit les histoires qui nous restent. C'est sur l'autel, pour ainsi dire, que la Science a pris naissance, dans les tem

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