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état deux classes de citoyens, ou plutôt dans chaque citoyen deux hommes, l'homme public et l'homme privé : celui-ci, concentré dans sa famille, travaille en silence à son propre bonheur et à celui des êtres qui lui sont chers; l'autre, sortant de la sphère étroite où la nature semblait l'avoir circonscrit, s'élève à la hauteur des fonctions auxquelles il est appelé, et se sacrifie tout entier aux intérêts publics dont il est dépositaire. Car nos forces et nos facultés sont si bornées que, pour bien répondre au vœu de la providence, ou pour bien servir le pays, nous devons, autant qu'il est en nous, diminuer et resserrer nos obligations privées à mesure que nos devoirs publics s'étendent et se multiplient. Or, tel est le prêtre; c'est un homme public, ou plutôt c'est l'homme de tous. Il doit être prêt à voler à chaque moment où la voix de l'infortune et de la religion l'appelle, dans la cabane du pauvre, dans le palais des grands, dans le temple du Seigneur. Il est responsable dévant Dieu et devant les hommes, d'une heure, d'un moment. Et qu'on ne croye pas que ce soit là seulement le langage de la religion, c'est aussi celui de la politique. Nous ne demandons pas qu'on regarde le ministre catholique comme un homme privilégié placé hors de la classe commune des citoyens: un prêtre est l'homme public de tous les catholiques, grands ou petits, riches ou pauvres, savans ou ignorans. Il est leur.conseil, leur juge, leur père, je puis ajouter encore, leur serviteur. Or, j'ose soutenir, sans crainte d'être démenti par la bonne foi, que, pour remplir fidèlement ces fonctions élevées, il doit vivre dans la retraite et dans le célibat. Si on blâme avec raison le magistrat d'abandonner le tribunal pour s'occuper de ses affaires privées, et de préférer sa sûreté à celle de ses concitoyens, combien ne serait-il pas extraordinaire, j'ai presque dit indécent, de voir un prêtre se retirer chez lui lorsqu'il faudrait monter à l'autel, abandonner à la mort et au désespoir la famille du pauvre pour entretenir la sienne dans l'opulence. C'est donc ignorer les besoins de la société que d'en bannir entièrement le célibat.

La loi qui permet le célibat, a dit un de nos philosophes > modernes, n'est point opposée à la loi qui règle le mariage. › La fiu du mariage est de conserver le genre humain par la re

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» production: la fin du célibat social est de donner à la société » des ministres uniquement occupés de leurs fonctions, et qui » conservent les hommes, les uns en. leur communiquant la >> force morale de vivre en paix avec leurs semblables, les au>> tres en les empêchant par la force physique de troubler la paix. Ce sont des lois de conservation des familles, et la so» ciété se perpétue et s'accroît bien plus par la perpétuité des >> familles que par la fréquence du mariage. »

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Au reste, le tems serait bien mal choisi pour abolir le célibat ecclésiastique. Ce n'est pas lorsque l'Etat se retire de la religion, et la religion de l'État, lorsque le clergé, pour échapper au joug du pouvoir qui le menace, aux passions et aux vicissitudes politiques qui tourmentent la société, se réfugie dans son indépendance comme dans un dernier asile, qu'il faut briser la seule barrière qui l'isole du monde, et le relègue dans la solitude du sanctuaire où il ne doit avoir de communication qu'avec Dieu et avec les âmes fidèles. Ce n'est pas lorsqu'on réclame de toutes parts la séparation du temporel et du spirituel, qu'il faut, en donnant au prêtre une famille, le mêler à tous nos intérêts, l'associer à toutes nos faiblesses. Le clergé ne manifeste aucun désir d'être affranchi d'une règle qui lui est d'autant plus chère qu'elle lui commande plus de sacrifices; il est heureux et fier de sa virginité, parce qu'elle l'élève et le sanctifie aux yeux des hommes. Il ne demande pas à la loi civile de consacrer ses vœux, mais seulement la liberté de les contracter. Il n'y a que ses ennemis qui puissent vouloir lui imposer de vive force le joug du mariage dans l'espoir de faire tomber dans le même avilissement la religion et ses ministres; quant aux esprits éclairés et de bonne foi, nous croyons leur avoir démontré que le célibat des prêtres n'offre aucun des dangers que quelques philosophes à vue étroite ont imaginés; qu'au contraire, par l'appui qu'il prête à la morale publique en donnant l'exemple d'une vertu sublime, par la considération dont il environne le clergé, et par l'indépendance qu'il lui assure, il est en harmonie non-seulement avec la parole évangélique, mais encore avec les intérêts et les besoins de la société.

X.

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Il est probable que l'origine de l'écriture remonte à Adam.

Enfoncée dans la nuit des siècles, on ne connaît point l'origine de l'art de peindre les pensées généralement on la suppose postérieure au déluge. Si nous remontons aux monumens écrits, non-seulement le livre de Moïse et les tables de la loi nous montrent cet art en usage; mais le livre de Job, écrit par

1 La dissertation fort ingénieuse sur l'origine de l'écriture que l'on va lire est de M. Appert, dont nous avons déjà eu l'occasion de relever le talent et le mérite, en parlant des fossiles humains antediluviens qu'il a découverts. C'est avec plaisir que nous l'insérons dans notre recueil pour la livrer aux réflexions du public. Nous sommes heureux de pouvoir ainsi fournir aux savans chrétiens un moyen de faire connaître leurs travaux. Il existe un grand nombre de prêtres, de professeurs de philosophie, de théologie, et autres, qui dans le silence se sont livrés aux plus profondes et aux plus solides recherches; mais éloignés de la capitale, et ne pouvant la plupart, surtout dans les circonstances présentes, affronter les dépenses d'une impression coûteuse, à peine si un petit nombre d'amis ou d'élèves jouissent du fruit de leurs veilles : d'autres, découragés par pea de publicité que peuvent obtenir leurs travaux, les discontinuent. Nous offrons aux uns et aux autres les pages de notre recueil. Ce n'est pas assez : nous les conjurons, au nom de la cause de la religion menacée, de reprendre leurs travaux, et de se présenter dans l'arène pour lutter avec la science du jour. Leur vie active et retirée toute consacrée à l'étude, leur dévouement à leur croyance, et surtout la force de la vérité, quels

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Moïse, selon l'opinion commune, nous fait connaître que cet art était déjà bien usité du tems où ce sage arabe parlait 1: Quis mihi tribuat ut scribantur sermones mei? Voilà l'usage de l'écriture. Quis mihi det ut exarentur in libro, stylo ferreo et plumbi lamina? Voilà une sorte de gravure. Vel celte sculpantur in silice? Voilà la gravure monumentale. Or, l'époque où parlait Job, 184 ans environ avant la sortie d'Égypte, n'était postérieure à la mort de Sem que de 112 ans, et sa naissance était arrivée soixante ans seulement après la mort de cet antediluvien.

Il est bien vrai que les caractères de l'écriture et l'art d'en faire usage auraient pu être inventés dans ces époques; mais aussi on aurait pu les tenir des antediluviens par les enfans de Noé.

Voici ce qui nous confirme dans cette idée. Tous les faits cités, toutes les époques rapportées de ces tems anciens, le sont d'une manière positive, comme connus avec certitude; et. cependant rien n'est plus fugitif ou plus sujet à être interverti que l'âge des patriarches, dans un tems surtout où toutes

immenses avantages sont en leur faveur! Déjà plusieurs ont répondu à un appel d'amitié personnelle, et nous ont adressé des travaux précieux. Nous les donnerons successivement. Les Annales sont consacrées à tout ce qui pourra tourner au profit de la religion. Nous le répétons, ce n'est point ici une spéculation mercantile : malgré les malheurs du tems, qui empêchent et gênent leur développement, elles continueront leur cours, dussent les rédacteurs y sacrifier leurs travaux. Suivant que nos abonnés répondront à nos espérances, elles prendront de plus en plus de développement. Aucun autre recueil semblable n'existe. Nous ferons donc tous nos efforts pour le rendre de plus en plus digne de la cause qu'il soutient. Dans le prochain numéro nous ferons connaître à nos lecteurs et au public la situation des Annales. On verra avec quelle ardeur le clergé a répondu à l'appel que nous avons fait de le mettre au courant des connaissances du siècle, et de défendre la religion par la science. Nous n'avons pas besoin d'avertir que dans les fragmens d'ouvrages que nous 'pourrons donner, nous laisserons toute latitude aux auteurs : aussi nous ne prendrons pas sur notre responsabilité toutes les assertions qu'ils pourraient émettre. Ces articles seront signés, ou au moins nous avertirons qu'ils n'appartiennent pas à la direction habituelle du journal. (Note de l'Editeur.)

Job, ch. xix, v. 23.

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les traditions avaient cessé, ou plutôt étaient toutes renfermées dans une famille composée de huit personnes. Mais ce qui nous porte encore à attribuer à l'écriture une origine antédiluvienne, c'est l'histoire du livre d'Enoch. L'apôtre saint Jude parle de sa prophétie dont il cite les paroles, et saint Jude était un auteur inspiré. Voici le texte de l'apôtre. Prophetavit autem et de his septimus ab Adam Enoch, dicens: Ecce venit Dominus in sanctis millibus suis, facere judicium contrà omnes, etc. Il conste, d'après ce grave témoignage, 1° que le patriarche Enoch a vraiment prophétisé, 2° que sa prophétie a été con

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Il n'est pas question dans ce passage de l'existence d'un livre d'Enoch. C'est cependant de cette manière que l'entend saint Jérôme, lorsqu'il dit: Judas frater Jacobi, parvam quidém, quæ de septem catholicis est, epistolam, reliquit. ET QUIA DE LIBRO ENOCH, qui apocryphus est, in eá assumit testimonium à plerisque rejicitur tamen, etc. Saint Jérôme croyait donc qu'il existait réellement un livre sous le nom d'Enoch; ce que n'exprime ni ne nie saint Jude. Saint Jérôme croyait encore que ce livre était apocryphe, c'est-à-dire, sans autorité, qu'il n'était pas démontré qu'il fût de l'auteur dont il portait le nom. Mais que de choses sont vraies, et qui manquent de preuves ! En outre saint Jude avait bien autorité pour le certifier, et, à parler même humainement, écrivant avant la ruine de sa nation, avant la complète dispersion des Juifs, lorsque la synagogue possédait encore toutes ses traditions, il pouvait discerner le fait avec plus de certitude que saint Jérôme écrivant quatre siècles après, et séparé de cette tradition antique par tant d'événemens qui avaient dû anéantir une multitude de monumens, bien moins multipliés alors que ne le sont les livres parmi

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Or, Enoch naquit l'an du monde 622, et disparut l'an 987," qui était le 57 depuis la mort d'Adam. Cette invention, connue dès le tems d'Enoch, qui n'a vécu sur la terre que trois cent soixante-cinq ans, remonterait nécessairement au tems d'Adam, et peut-être lui appartient-elle. On sait que les Grecs,

> Epitre canon. de S. Jude, v. 14.

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