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pelé Balyn-Guss, fort en honneur chez les Tartares et les Baskirs. Ils le regardent comme sacré, et croient que les dévots musulmans, dont les dépouilles mortelles occupent ce champ du repos, y font tous les jours quelque miracle. En été ce cimetière devient un lieu de pélerinage.

On doit cependant reconnaître que les traces d'une superstition si grossière deviennent chaque jour plus faibles chez les Baskirs, grâce à la civilisation qui a déjà trouvé faveur parmi eux. Dans presque tous les villages il y a des écoles où les enfans apprennent à lire, à écrire, etc. Les jeunes gens vont faire leurs études à Casan ou dans la petite ville de Kargal, connue sous le nom de capitale de Sentoffsk, et éloignée d'Orenbourg de dix-huit verstes. On y a fondé de très-bonnes écoles où l'on enseigne la lecture, l'écriture, la grammaire tatare, les langues arabe et persanne, l'arithmétique et l'histoire, où l'on explique le Coran, et où l'on apprend les élémens de la physique et de la philosophie d'après le système d'Aristote. En outre, il n'y a pas long-tems qu'il s'est ouvert à Orenbourg une école appelée Institut de Naplinjeff, du nom de celui auquel tout le pays d'Orenbourg doit la bonne organisation et la sûreté dont il jouit maintenant. La jeunesse baskirienne, tatare et kirguise, et même plusieurs Russes y apprennent les langues russe, arabe, tatare et persanne, la morale, l'histoire ́universelle et celle de Russie, la géographie, les élémens d'histoire naturelle et de physique, l'algèbre, la géométrie et les deux trigonométries, la fortification, les principes d'artillerie, le dessin, l'arpentage et les manœuvres militaires.

Tout fait espérer que l'institut de Naplinjeff répandra avec le tems, la lumière bienfaisante des sciences parmi les Cosaques kirguis, qui mènent une vie en grande partie nomade sur les rives de l'Uila, de l'Emba, de la Khobda, du Kirwan et du Syr-Déria, et qui jusqu'ici sont demeurés presque totalement étrangers aux bienfaits du christianisme. (Annalen der Erd- Volker-und Staatenkunde.) ̧

ILE DE MADAGASCAR.

ASIE.

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État des habitans; leurs croyances, leurs mœurs. Les voyageurs sont tombés dans les erreurs les plus étran ges en traitant de la religion des Malgaches. Ils n'ont point assez distingué les diverses peuplades de Madagascar, lesquelles diffèrent de moeurs aussi bien que de religion : ils ont parlé comme si la population était homogène. Quand on songe que l'on est réduit à puiser les connaissances qui se rapportent au culte de ces peuples enfans dans les ré

cits de quelques soldats anglais ou français venus en fugitifs de Bourbon ou de Maurice sur ces rivages, la crédule simplicité du lecteur a de quoi exciter le sourire,

Les Ovas reconnaissent seulement pour divinités deux génies constamment en guerre l'un contre l'autre. Le bon génie, Jankar, inspire aux hommes l'amour de la justice et du bien. Le mauvais génie, Agathic, s'attache à détruire les impressions vertueuses que le cœur humain reçoit de Jankar. Ce mauvais génie excite et développe en nous tous nos penchans vicieux où criminels. Lorsque le grand juge prononce une sentence de mort, il dévoue le condamné à Agathic. Quand un Óvas veut lancer contre son ennemi la plus terrible des imprécations, il lui dit : Puisses-tu devenir Caïman ou tomber entre les mains d'Agathic !»

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Radama', qui avait le goût des constructions, et qui, proportionnellement à ses moyens d'exécution en tout genre, a déployé en cela autant de génie à Madagascar que Pierre Ier en Russie, Radama fit élever à Tananarive un temple à Jankar; les murailles et les voûtes sont l'ouvrage d'un maçon que ce sultan avait fait venir de l'île de France. Le palais du conquérant malgache est aussi du même ouvrier. C'est une maison élégante et spacieuse dans le genre dès belles habitations coloniales.

Le lendemain de mon arrivée à Tananarive, je vís le temple de Jankar inondé par la foule des Ovas; ils venaient rendre grâce au bon principe, auteur de tous les événemens heureux, pour avoir donné un second fils au prince Ratheff, qui avait épousé une sœur du sultan.

L'intérieur du temple est presque vide; une espèce d'autel apparaît dans le fond; on y brûle des parfums en l'honneur du bon génie. Sur l'une des murailles on a représenté dans une peinture à fresque, informe et grossière, mais originale, Jankar, le bon génie, luttant contre Agathic, le mauvais génie. Jankar porte une couronne d'étoiles au milieu desquelles brille le soleil. Agathic a le front surmonté d'un diadème de têtes sanglantes, plantées en cercle dans des poignards joints les uns aux autres par des reptiles hideux. L'autre peinture représente le bon génie, debout sur le globe terrestre ; il a terrassé Agathic qui s'enfuit dans l'abîme en exhalant les restes de sa rage expirante...

Le temple de Jankar est le seul édifice religieux des Ovas: il est probable que, sans l'avènement d'un prince tel que Radama, plusieurs siècles auraient passé sur ces peuples encore enveloppés dans les langes des

Le dernier roi des Ovas, nation de Madagascar, homme fort supérieur à ses peuples, qui avait commencé à jeter parmi eux le germe de la civilisation, et qui est mort le 2 juillet 1828, empoisonné par sa propre femme, la reine Ranavalk-Manjoka.

plus affreuses superstitions, avant de parvenir à une sorte de bien-être qu'ils doivent au génie et à la volonté d'un seul homme.

Le sultan fit aussi plus d'un effort pour détruire l'usage immémorial chez les Ovas d'offrir des sacrifices humains au dieu du mal, Agathic. Ses intentions philantropiques obtinrent quelques succès à Emirne; partout ailleurs, le culte sanguinaire du chef des mauvais génies prévalut contre l'autorité du priace propagateur de la civilisation, et des mères égarées par l'absurde fanatisme de leurs croyances cabalistiques continueront long-tems encore à dévouer aux bêtes féroces leurs enfans nés sous le signe d'un astre malfaisant.

(Revue des deux mondes.)

AFRIQUE.

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COTE OCCIDENTALE. – Histoire des troubles religieux survenus parmi les indigènes. L'esprit de prosélytisme et de réforme religieuse qui fermente dans l'Afrique occidentale s'est récemment manifesté par de turbulens paroxysmes.

Il y a deux ans déjà un prétendu mahdy s'est montré parmi les Felâns de la province de Toro; Mohhammed-ben-A'amar, consacrant sa mission par le meurtre de son propre fils, au jour de la fête des victimes, bouleversa le pays, et tour à tour vainqueur et vaincu, lutta audacieusement contre le puissant émyr-al-moumênym, Yousefben Siry, solthân du triple Foutah.

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La mission de cet homme extraordinaire n'était point la manifestation d'un fanatisme individuel, d'un projet de réforme improvisé, accidentel; des informations que les événemens justifient, ont montré dans Mohhammed l'un des agens d'une ligne religieuse et sacerdotale, qui enlace d'un vaste réseau toute la region occidentale de l'Afrique musulet dont le projet est bien moins d'épurer les croyances, que servir à son influence despotique les gouvernemens des divers états. On devait donc s'attendre à voir surgir dans ces contrées d'autres apôtres que Mohhammed-ben-A'amar. Ils n'ont pas tardé à se montrer. S'il en faut croire certaines informations arrivées par la voie de Tangeh, un nouveau madhy, levant l'étendard de la réforme schya'yle au milieu des tribus ssanhagytes de l'aride Sâhhel, a récemment inquiété de ses prédications au désert la farouche susceptibilité de l'impériale Marok, qui, le jugeant digne de sa colère, aurait dépêché contre lui ses mamlouks en armes.

Dans le vaste royaume de Kayor, qui de l'embouchure du Sénégal s'étend au loin vers l'est et vers le sud, un apôtre aussi s'est élevé au district de Kogy, et ses ambitieuses tentatives ont éveillé les sollicitudes du prudent Damel, qui s'est hâté de l'expulser de ses états.

Tout nouvellement enfin, au milieu même de nos possessions sénéga laises, un apôtre des doctrines réformatrices était près de soumettre tout le pays de Ouâla à sa puissance, lorsque l'intérêt de nos droits politiques et commerciaux a exigé l'intervention de nos forces.

Quels sont tous ces fanatiques coryphées de réforme religieuse et de domination sacerdotale? Quels rapports les unissent au madhy du Foutah? Il est difficile de répondre d'une manière complète et précise à ces questions.

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Et d'abord quel est cet homme qui, dans le Ssahhâ, vient rallumer la ferveur mal éteinte des Morâbethyn de Lamtounah, et troubler la sécurité du palais des schéryfs? Je l'ignore: son nom, sa race sa patrie n'ont point encore été divulgués à l'Europe. Mais nous savons du moins que c'est au désert que le Félan Mohhammed-ben-A'amar avait étudié la science des Marabouths, et nous ne pouvons douter dès-lors que le mahdy moghrébin n'ait été le maître ou le condisciple du mahdy de Foutah.

Quant aux énergumènes de Kayor et du Ouâlo, leur histoire est plus connue, leur connivence avec Mohhammed-ben-A'amar plus avérée. L'intimité de leurs rapports mutuels m'engage à réunir en un seul récit tout ce que m'ont appris à leur égard les relations que j'ai pu recueillir en puisant aux meilleures sources.

Nghiâgha-l'ysay, dont le caractère entreprenant et les démarches suspectes avaient effrayé la prudence du Damel, est né du sang royal de Kayor; et, revêtu du caractère sacré de séryn ou docteur de la loi, il exerçait à ce titre l'autorité sacerdotale dans le district de Kogy. Banni par son souverain, il ne porta pas au loin son exil; franchissant le district neutre de Nghian-Bour, il arriva sur les terres de Ouâlo, et s'arréta au village de Ndymb, appartenant au Beyghio Sâkora, chef de Mérina-Ghem, l'un des feudataires du Brak: ily trouva accueil, et devint le chef sacerdotal ou séryn du lieu, Sâkora se conservant le titre et l'autorité de Bourom-Dèq ou chef civil.

C'est sur ces entre faites que Mohhammed-ben-A'amar revenant du désert, où sa défaite de Podor l'avait contraint naguère à chercher un asile, reparut à Daghanah, dans les premiers jours de mars 1829. On sait que l'êmyr-al-mouménym Yousef-ben-Siry menaçait de la guerre le vieux Brak Fara-Penda, si celui-ci n'expulsait du Ouâlo le madhy fugitif; l'imân de Dimar, Abou-Baker, chef de Ghialmag, qui avait contre

Fara-Penda des motifs personnels d'hostilité, voulait en venir aux mains sans plus attendre ; Yousef, plus prudent, fit connaître ses volontés par un message auquel le Brak promit de déférer.

Le Damel avait, de son côté, dans un traité récent avec le Brak, stipulé la condition expresse que le Mahdy félan ne pourrait être admis dans le Ouâlo, ni le traverser pour gagner le Kayor, sans que, par ce seul fait, la paix ne fût rompue. Ce n'est pas sans raison que ce monarque voulait tenir éloigné de son royaume l'entreprenant Mohhammed; car celui-ci était uni par des liaisons intimes à plusieurs séryns remuans de Kayor, surtout à ce Nghiâgha-l'yssay, contre lequel le Damel avait conçu de légitimes motifs d'appréhensions, et qu'il voyait encore puissant à la porte de ses états ; il avait intérêt à ce que l'audacieux et résolu mahdy ne viut pas augmenter par sa réunion à l'ancien sérya de Kogy les dangers d'un tel voisinage. Des précautions furent donc prises pour empêcher Mohhammed de pénétrer dans l'intérieur du Ouâlo.

Ainsi repoussé, l'apôtre félan prit le parti qui semblait le plus périlleux; il rentra dans le Foutah; sa présence y ralluma l'ardeur de ses anciens partisans, et l'on apprit bientôt qu'aux premiers jours de mai, Yousef déchu demandait asile aux maures de Berâknah, pendant que son infatigable compétiteur Ibrahym ou Biram était salué du titre d'émyr-al-moumiénym par le Youyallah ou conseil des imâns des trois

Foutabs.

Après ce triomphe, Mohhammed vint rejoindre son partisan, son ami, l'ancien séryn de Kogy, et resserra les liens qui l'unissaient à lui en prenant au nombre de ses femmes une sœur de Nghiâgha-l'ysay. A peine le Damel eut-il la nouvelle de l'arrivée du madhy dans le Ouâlo, que ses envoyés se rendirent à Daghanah pour concerter avec le Brak les moyens de saisir, par une double invasion, les deux énergumènes dont il redoutait les entreprises. Au milieu de juin, les armées de Kayor et de Ouâlo se précipitèrent simultanément sur Ndymb; mais avant qu'elles y arrivassent leur proie était hors de portée; instruits par leurs nombreux affidés, Mohhammed et Nghiâgha-l'ysay avaient déjà gagné les états du Bour des Ghiolofs.

Le Damel n'attribua point au hasard le désappointement qu'il venait d'éprouver; depuis long-tems il avait les yeux ouverts sur la vaste conjuration que tramait en secret dans la Basse-Sénégambie la congrégation des séryns et marabouths. Il découvrit des correspondances suspectes entre les fugitifs et le séryn de Lougah; une heure fut accordée à celuici pour quitter le Kayor. Le séryn obéit, et il prit la route de Ouâlo avec une suite de 200 partisans en armes ; les gens de Brak étaient prévenus et l'attendaient ; ils fondirent sur lui à l'improviste, le battirent,

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