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» néral t'envoie vers lui, selon sa requête, mais s'il veut user » de violence à ton égard, je t'ordonne.de lui faire sentir la force » de tes armes. » Le Maure, qui vit venir le jeune espagnol bien armé, s'enfuit d'un autre côté, et vint rapporter à Hali que le chrétien s'étant présenté avec des armes, il n'avait pas pu remplir son désir. « O vieux poltron, lui répliqua Hali, tue les » chrétiens qui sont en défeuse, comme nous faisons mes gens >> et moi, et Dieu récompensera cette action, mais non le meur>>tre de guet-à-pens 1. »

Une autre manière d'être sanctifié, c'est d'avoir échappé à quelque péril imminent. Une anecdote qui vient à l'appui de ce que je dis ici, servira à faire connaître l'ignorance profonde des premiers principes de la nature dans laquelle est tombé ce malheureux peuple.

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« Un chirurgien portugais assurait qu'un Maure de campagne vint le trouver un jour, et lui dit : « Christian barbèros » (c'est ainsi qu'on nomme les chirurgiens étrangers dans ce » pays), donne-moi quelques drogues pour faire mourir mon père; je te les paierai bien. » Le Portugais, étonné comme le serait tout Européen à qui l'on ferait une pareille demande, resta un moment interdit; mais, en homme qui connaissait bien cette nation, il revint à lui, et dit à ce Maure, avec un sang froid égal à celui qu'avait employé ce dernier pour faire son atroce demande : « Est-ce que tu ne vis pas bien avec ton » père ? — On ne peut pas mieux, répondit le Maure; c'est un » brave homme il a gagné du bien, m'a marié et m'a donné >> tout ce qu'il possédait. Nous vivons ensemble depuis quelques » années, et je le nourris, sans reproche; mais il ne peut plus » travailler, tant il est vieux, et ne veut pas mourir. C'est » une bonne raison, dit le chirurgien; je vais te donner de quoi »l'y faire consentir. »

En même tems il prépara une potion cordiale, plus propre à reconforter l'estomac du vieillard qu'à le tuer : et, sans faire la moindre observation à ce sauvage, pensant bien qu'il suffirait de montrer la plus petite répugnance, pour déterminer le Maure, natureilement défiant, à aller trouver d'autres per

1 Histoire d'Alger, p. 70.

sonnes qui montreraient moins de scrupules à lui accorder sa demande. Le Maure paya bien et partit; mais, huit jours après, le voici qui revient annoncer que son père n'est pas encore mort. « Il n'est pas mort! s'écrie le chirurgien; il mourra. » Aussitôt il compose une autre potion, qu'il se fait également payer, et promet qu'elle ne manquera pas son effet le Maure le remercia. Quinze jours n'étaient pas écoulés, qu'il reparut de nouveau, assurant que son père paraissait mieux se porter depuis qu'il prenait des drogues pour mourir. « Il ne faut » pourtant point se décourager, dit ce bon fils au chirurgien, » donne-m'en de nouvelles, et mefs toute ta science à les ren» dre sûres. » Après celles-ci, le Maure ne revint plus. Mais le chirurgien le rencontra, et lui demanda des nouvelles du remède. « Il n'a rien fait, dit le Maure, mon père se porte bien; » Dieu l'a fait survivre à tout ce que nous lui avons donné : il » n'y a plus à douter que ce ne soit un marabout (saint) 1. »

Comme tous les peuples ignorans et abrutis, les habitans de l'Afrique sont extrêmement superstitieux, et ajoutent une foi aveugle à la magie. A propos de la plus petite chose qui leur paraît un peu extraordinaire, ils sanctifient les hommes, les animaux, etc. « J'ai vu, dit M. Renaudot, un lion familier, qu'un fripon faisait voir comme un saint; chacun y courait, » et portait des présens au conducteur. » Le lézard, le crapaud, plusieurs sortes d'oiseaux, sont pareillement regardés comme saints.

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La magie est exercée par un grand nombre de marabous et de femmes. On ne saurait lire sans affliction à quelles ineptes formules et extravagantes cérémonies ces peuples attribuent la connaissance de l'avenir, la guérison des maladies, la réussite d'une affaire. Aussi n'ont-ils pas manqué de prendre nos artilleurs, nos mineurs, et même la plupart de nos soldats pour des sorciers, et de penser qu'ils se servaient contre eux des armes de la magie.

Tel est l'état moral et religieux des hommes. Pour faire comprendre quel doit être celui des femmes, il suffira de dire qu'elles sont regardées comme d'une nature inférieure, même par ces sortes de demi-sauvages. Aussi rien de ce qui ennoblit

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ce sexe, de ce qui peut l'encourager dans ses devoirs ne lui est permis ou accordé. Le mari se regarderait comme déchu, s'il faisait part à sa femme de quelqu'un de ses projets, ou s'il la consultait dans quelqu'une de ses affaires; la mère n'a pas même d'autorité sur ses enfans. Les pratiques de la religion, cette consolation des êtres faibles et opprimés, sont interdites aux femmes musulmanes; on ne prend pas la peine de les instruire sur cet article. A peine si la loi et la coutume leur accordent le droit de pleurer sur les tombeaux. Sequestrées dans l'enceinte des maisons, elles y sont les premières esclaves, et y vivent dans une dissolution de mœurs que la dégradation de leur intelligence fait assez concevoir.

Tel est le peuple que le christianisme est appelé à civiliser, à instruire. Nous le répétons, pourvu qu'on ne mette aucune entrave à l'action naturelle des esprits, à cette domination paisible que la vérité exerce sur l'erreur, ces peuples ne pourront résister à la vue, à la connaissance de nos mœurs, de nos croyances, et nous pourrons nous vanter d'avoir conquis des hommes sur la barbarie, ce qui vaut bien des millions et des chameaux.

A.

Nouvelles et Mélanges.

FRANCE. PARIS.

NOUVELLES.

EUROPE.

· Révolution de juillet 1830.-Dans la première édition des Annales, ce numéro ayant été publié, presque au bruit du canon qui ensanglantait Paris, nous n'avions pas cru devoir donner même un aperçu des événemens qui se sont passés à la fin de juillet et au commencement d'août, tant ils avaient cu de retentissement en France, et étaient présens à la mémoire de tous! Aujourd'hui (octobre 1833) que les événemens sont moins présens à la pensée, nous croyons devoir, dans celțe seconde édition, en rappeler les principales circonstances, et indiquer quelques-unes des conséquences qu'ils ont eues pour la religion.

Le lundi 26 juillet. —Le Moniteur publie un long rapport signé de M. le prince de Polignac, président du conseil, ministre des affaires étrangères, et de la guerre, pendant l'absence de M. de Bourmont; de M. de Chantelause, ministre de la justice; de M. de Peyronnet, ministre de l'intérieur: de M. de Montbel, ministre des finances; de M. Guernon de' Ranville, ministre des affaires ecclésiastiques et de l'instruction publique: de M. d'Haussez, ministre de la marine, et de M. Capelle, ministre du commerce, exposant la situation morale et politique de la France.

Après ce rapport le Moniteur publiait quatre ordonnances, contresignées toutes par ces différens ministres; par la re la liberté de la presse périodique était suspendue; aucun ouvrage au-dessous de 20 feuilles d'impression ne pouvait paraître sans l'autorisation du pouvoir, La 2. ordonnance prononçait la dissolution de la chambre des députés. La 3o changeait le mode d'élection. Les colléges électoraux de département ne devaient être composés que du quart des électeurs les plus imposés : les colléges d'arrondissement ne devaient élire que les candidats à la députation, sur lesquels le collége du département avait à choisir ceux qui

devaient être députés ; enfin la 4o ordonnance fixe au mois de septembre la convocation des colléges électoraux et des chambres.

A mesure que ces publications sont connues, l'agitation se fait remarquer dans Paris.

Le mardi 27. La plupart des journaux de l'opposition font paraître leurs feuilles malgré les ordonnances, protestent contre elles, et appellent le peuple à la résistance et aux armes. Le peuple commence à piller les magasins d'armes et à construire des barricades; un anglais, qui avait tiré le premier coup de fusil sur la garde-royale, est tué aussi le premier. Le mercredi 28. Le combat continue tout le jour; le palais de l'archevêché est envahi par le peuple et dévasté.

Le jeudi 29.-Les troupes royales s'étant concentrées dans le Louvre et les Tuileries, le peuple est maître du reste de la ville. Ces deux postes sont évacués vers les 2 heures de l'après-midi.

Cependant Charles X, qui se trouvait à Saint-Cloud, avait retiré les ordonnances; et plusieurs personnes viennent de sa part proposer des accommodemens. Deux ou trois députés qui avaient pris sur eux de représenter la France, répondent qu'il est trop tard.

Le vendredi 30.-Le combat a cessé : on enterre les morts; on remarque l'empressement des vainqueurs à appeler la religion et un prêtre à cette cérémonie. Tandis que Charles X et le dauphin passent la revue de leurs troupes encore nombreuses à Saint-Cloud, on nomme à Paris de nouveaux maires. Le duc d'Orléans qui s'était tenu caché à Neuilly, puis dans une ferme de Raincy, sollicité par MM. Lafitte, Dupin et Thiers, arrive à Paris, et accepte le titre de lieutenant-général du royaume.

Le samedi 31. —La commission municipale, ayant Lafayette en tête, vient au palais-royal remettre ses pouvoirs entre les mains du lieutenant général. Embrassement du duc d'Orléans et du général Lafayette, qui dit au peuple : voilà la meilleure des républiques. Les trois couleurs sont déclarées couleurs nationales.

Une proclamation est adressée aux Français, signée par 64 députés. Première réunion des députés au nombre de 40 ou 50; ils portent leur proclamation au duc d'Orléans qui l'approuve.

Charles X et sa famille quittent Saint-Cloud, et se dirigent sur Rambouillet avec des forces encore nombreuses.

Le dimanche 1er août. -- Les églises sont r'ouvertes; les services se font comme à l'ordinaire.

De nouveaux pour parlers ont lieu entre le roi Charles X et les nouveaux chefs.

Le 2 août. Charles X, ainsi que le duc d'Angoulême, abdiquent leurs droits à la couronne de France en faveur du duc de Bordeaux ; il confère

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