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1550. Les naturels du pays tentèrent vainement de s'y opposer; ils furent repoussés avec grande perte, dit Herréra, si l'on en juge par la quantité d'ossements dont les bords de la rivière sont encore jonchés.

Défaite des Araucaniens et fondation de la Ville Impériale (Imperialis, Castrum Imperatoris), en 1552 (1). Les naturels de Penco ayant mandé aux Araucaniens que les Espagnols venaient de former un établissement sur leur territoire, le toqui Aillavilu se mit à la tête de quatre mille hommes, franchit le Biobio qui sépare leur pays de celui des Pencons, et tomba à l'improviste sur les Espagnols d'Andalien, les attaquant à la fois de front et sur les flancs sans leur donner le teins de se reconnaître. La victoire flottait indécise depuis plusieurs heures, lorsque Aillavilu, voulant profiter du désordre des Castillans, s'avança imprudemment sur eux et reçut un coup mortel. Sa perte et celle de plusieurs autres chefs décidèrent les Indiens à la retraite. Mais, bientôt après, une autre armée plus nombreuse, qui marchait sur trois colonnes, sous la conduite d'un nouveau toqui, nommé Lincoyan, vintprésenter la bataille aux Espagnols. Ceux-ci, effrayés de leur nombre, se replièrent sous les batteries de leurs retranchements, où ils furent attaqués sans succès. Lincoyan, craignant d'y perdre son armée, se retira en bon ordre (2).

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Après cette victoire, Valdivia envoya le capitaine Jéronimo de Aldérète, avec soixante-dix cavaliers, reconnaître plus particulièrement la contrée d'Arauco et de Tucapel. Aldérète traversa le Biobio, en un endroit où il a quinze cents pas de large, et entra dans un pays où il remarqua plusieurs grandes villes et beaucoup de terres en culture. Les naturels s'étaient retirés à son approche dans les montagnes. Aldérète, trop faible pour les y aller attaquer, prit la direction de Talca

qui lui causa de grands dommages. Le 24 novembre 1764, une partie des habitants alla s'établir entre les rivières Andalien et Biobio, et y fonda la ville de la Nouvelle-Conception.

(1) Selon Ovaglie et Molina; Herréra la place en 1551.

(2) Des Espagnols, qui regardaient cette retraite comme un effet de la faveur du ciel, déclarèrent avoir vu saint Jacques, monté sur un cheval blanc, porter la terreur dans les rangs ennemis. Toute l'armée résolut en conséquence d'élever sur le champ de bataille une chapelle, qui fut dédiée quelques années après à cet apôtre.

mavido, et descendit le Biobio jusqu'à la Conception. Valdivia, qui venait d'achever le fort de cette ville, partit alors avec lui, au commencement de l'année 1551, emmenant tous les Espagnols disponibles et des Indiens alliés, pour combattre l'ennemi sur son propre territoire. Il passa par les vallées de Santiago et de Séréna, franchit les llanos ou plaines d'Ongol, culbuta plusieurs fois les Indiens pendant sa marche, et pénétra jusqu'au confluent des rivières Cauten et Damas, à trois lieues de la mer, où s'élevaient plusieurs villes popu. leuses. Il dressa son camp en cet endroit, y construisit un fort et y fonda une ville, qu'il appela la Impérial (1), en l'honneur de Charles V. Pour encourager les Espagnols à s'y défendre contre ces féroces et belliqueux Indiens, il leur fit la distribution des terres du voisinage.

Fondation de la ville de Valdivia, en 1551. Valdivia marcha de l'Impériale à la vallée de Mariquina, où il s'arrêta pour attendre un renfort de cent quatre-vingts hommes, sous la conduite de Francisco de Villagro, qui lui était annoncé du Pérou. Cet officier ne fut pas plutôt arrivé à Santiago, qu'il en partit avec quatre-vingts de ses meilleurs soldats, pour rejoindre le gouverneur. Valdivia traversa alors l'Araucanie du nord au sud; à son arrivée sur les bords de la rivière de Callacala, qui sépare ce pays de celui des Cunches (2), il

(1) Cette ville était située sur une éminence, par latitude sud 38° 42', à trente-neuf lieues de la Conception, et à cent soixante-dix de Coquimbo. Elle fut érigée en évêché par Pie IV, en 1564, mais le siége en fut transféré à la Conception, en 1620. Depuis sa destruction par les Araucaniens, en 1599, elle est bien déchue de son ancienne splendeur, elle est réduite aujourd'hui à la condition d'un misérable village; quoiqu'il y ait aux environs de riches mines d'or, qui, il est vrai, ne sont pas exploitées. Des géographes modernes, dit Molina, représentent cette ville comme existant encore, bien fortifiée, et le siége d'un évêché, quoiqu'elle ait cessé d'exister depuis plus de deux cents ans. Elle renfermait autrefois deux couvents d'hommes. Quelques auteurs prétendent qu'on lui donna le nom d'Impérial à cause des aigles en bois à deux têtes qu'on y trouva sur le faîte des maisons. Son port n'est pas assez profond pour de gros navires. (Voyez Molina, Storia civile del Chile, lib. III.)

(2) Cette nation, une des plus belliqueuses du Chili, habitait la contrée maritime située entre la rivière Calacala et l'archipel de Chiloé.

trouva les habitants sous les armes, disposés à lui en disputer
le passage. Mais le chef de ces derniers, cédant aux sugges-
tions d'une femme, nommée Récloma, le laissa passer libre-
ment la rivière, à laquelle il donna son nom, et qui forme
un port spacieux, et y fonda une ville, qu'il appela aussi
Valdivia (1). Il s'occupa ensuite d'y construire un fort,
répartit les terres voisines entre les habitants. Il donna à son
lieutenant Francisco de Villagro, la province de Maquégua,
qui renfermait une population de trente mille habitants, et
était regardée par les Araucaniens comme la clef de leur
pays, et accorda à ses autres officiers de huit à dix mille ha-
bitants avec des terres en proportion.

et

(1) Cette ville est située dans la vallée de Guadallanquen, par le

39° 36' de lat. sud, selon les observations de Frézier, à soixante-cinq

lieues de la Conception. Son emplacement occupe la pointe d'une

péninsule, formée par deux rivières qui, avec plusieurs îles voi-

sines, offrent la rade la plus étendue et la plus sûre de toute la côte

du Chili. La plaine environnante est élevée de quatre à cinq toises

au-dessus du niveau de la mer. Placée dans le voisinage de riches

mines d'or, et d'un des meilleurs ports du monde, cet établissement

prospéra rapidement. Les Araucaniens l'ayant réduit en cendres, en

1603, on envoya des bannis le repeupler. L'amiral hollandais Henri

Bronwer fit une tentative infructueuse pour s'emparer de cette

ville, en 1643. Deux ans après, elle fut rebâtie et fortifiée sous

la direction du colonel don "Alonso de Villanueva, par ordre du

vice-roi du Pérou. Elle souffrit considérablement du tremblement

de terre de 1737. Valdivia recevait autrefois du trésor royal de

Lima, un situado, ou secours annuel de 70,000 écus, dont

30,000 en espèces, l'équivalent de 30,000 autres en vêtements ou

étoffes pour en faire, et les 10,000 restant étaient destinés à ap-

provisionner la place. « Les avantages de ce port, » dit Frézier,

«ont engagé les Espagnols à élever plusieurs forts pour en défen-

dre l'entrée aux étrangers, parce qu'ils le regardaient comme la

clef de la mer du sud. Aujourd'hui (1712), ajouta-t-il, il y a plus

de cent pièces de canon qui se croisent à l'entrée : le fort de Man-

séra en a quarante; celui de Nièble, trente; celui de Margue,

vingt, et celui de Corral, dix-huit; la plupart de fonte. Pour ne

pas laisser ce fort dépourvu, on y envoya les blancs du Pérou et

du Chili, condamnés à l'exil pour quelque crime; de sorte que

c'est une espèce de galère. On les occupe aux fortifications et

aux besoins de la garnison, qui n'est composée que de ces sortes

de gens, qu'on fait soldats et officiers, même pendant le tems de

leur punition. » Frézier donne une description et le plan de ce

port, planche VI, pag. 40.

Fondation de Ciudad Rica, ou Villarica (Ditea), en 1551. Valdivia, ayant achevé ces dispositions, fit explorer le lac qu'il appela aussi Valdivia, et chargea Jéronimo de Aldérète d'aller avec soixante hommes fonder, au pied des montagnes neigeuses (Gran Cordillera Nevada), la colonie de Ciudad Rica (1), ou Villarica, qui reçut ce nom à cause de la quantité d'or que les Espagnols recueillirent aux environs. Aldérète y bâtit un fort et y laissa des habitants, à chacun desquels il assigna une certaine étendue de terrain. Toutefois, cette situation n'étant pas jugée favorable, le gouverneur transféra la colonie sur le bord du grand lac de Tauquen. Valdivia se mit alors en marche pour l'Impériale, il traversa le pays de Puren, et les provinces de Tucapel et d'Arauco, dont les habitants se soumirent d'abord sans résistance. Néanmoins, pour mieux s'assûrer de leur tranquillité, il fit construire trois maisons fortes à huit lieues de distance l'une de l'autre, malgré la vive opposition des naturels qui lui livrèrent plusieurs combats. II prit pour sa part, ces deux provinces jusqu'à Puren, à l'exception de quelques propriétés qu'il donna à des Espagnols qui habitaient déjà cette contrée. Valdivia visita ensuite les villes de la Conception et de Santiago, d'où il expédia pour l'Espagne, Jéronimo de Aldérète, avec l'argent du roi, une partie du sien, et une description de la richesse et de la beauté

du pays.

Sur ces entrefaites, don Martin de Avendano arriva à Santiago, avec un renfort considérable et trois cent cinquante chevaux et juments envoyés par le vice-roi du Pérou, don Antonio de Mendoza. Valdivia fit alors partir Francisco de Aguirre, avec deux cents hommes, pour réduire les provinces de Cujo et de Tucuman, situées à l'est des Andes. Ce capitaine franchit la grande Cordilière, et se fixa dans le pays des Diaguites et des Juries.

a

Fondation de la dernière ville (2) établie par Valdivia,

(1) Située par lat. 39° 9', à quatre lieues des Andes, à dix-huit de l'Impériale et à vingt-huit de l'Océan-Pacifique.

(2) « Siete ciudades prosperas fundaroa, Coquimbo, Pinco, Angol, y Santiago, la Imperial, Villarica y la del Lago. » (La Araucana, part. I, canto 2.) Voyez Historia provinciæ Paraquariæ, lib II, cap. 17. De Chilini regni urbibus et earum fundatoribus.

en 1552. Le gouverneur, informé de l'état de détresse dans lequel se trouvaient les colonies qu'il avait fondées, se mit en route pour leur porter secours, avec toutes les forces qu'il put rassembler, les troupes d'Avendano et quelques hommes avec leurs femmes qui venaient d'arriver par mer. Il fit chercher des mines dans les environs de la Conception, et en ayant trouvé plusieurs d'or fort riches dans le pays de Ongol ou Angol (i), il y fonda la ville de los Confines (2), ou de la Frontera (Villanova ad fines, ou Confinium), qui fut ensuite transférée à trois lieues de son premier emplacement. D'autres mines d'or ayant été découvertes à un endroit appelé Quillacoya, à quatre lieues de la Conception, Valdivia s'y rendit et y établit trois officiers militaires, un quartier-maître général, un sergent major et un commissaire. Valdivia, voulant gagner l'approbation royale, conçut le projet de faire de nouvelles découvertes par mer, et pour cela il équipa deux navires, dont il donna le commandement à Francisco de Ulloa, qu'il avait laissé à Arauco et Tucapel. Il lui recommanda de pousser jusqu'au détroit de Majellan (el estrecho de Magallanes), par lequel il espérait établir une communication directe avec l'Europe.

Après le départ de cette expédition, qui eut lieu pendant l'hiver de 1552, il porta son attention sur les mines de Quillacoya, et y envoya un grand nombre d'ouvriers pour recueillir tout l'or qu'ils y pourraient trouver. Il fit partir ensuite Aldérète pour l'Espagne, à l'effet de remettre au roi une somme considérable d'argent, et obtenir pour lui le gouvernement des pays qu'il avait conquis, avec le titre de Marquis d'Arauco.

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La Martinière et d'autres écrivent ce mot Angola.

Cette ville, qu'on appelle aussi Villanueva de los Infantes, était située dans une vallée bien arrosée et abondante en vignes, par lat. S. 37° 56', à huit lieues de la Cordilière, et à seize de Santiago. Elle est aujourd'hui en ruines. Coléti et Alcédo prétendent qu'elle fut fondée par don Garcia Hurtado de Mendoza, en 1549, suivant le premier de ces auteurs, et qu'elle fut réduite en cendres par les Araucaniens, en 1599. Ovaglie suppose qu'elle doit sa fondation à Valdivia, et qu'elle fut ensuite rebâtie à trois lieues de son ancien emplacement. C'était autrefois, dit Molina, une ville riche et commerçante, et dont les environs abondaient en vins qu'on transportait à Buenos-Ayres par une route pratiquée à travers les Cordilières. L'Encyclopédie décrit cette ville sous le nom d'Angol, comme existant encore.

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