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layène, indignée de sa lâcheté, lui en fit de si amers reproches, qu'il se dévoua de dépit au service des Espagnols.

Cependant Sotomayor, après avoir reçu de don Garcia de Mendoza, vice-roi du Pérou, un renfort de deux cent vingt soldats, retourna à la vallée d'Arauco, et réduisit ses belliqueux habitants. De là, il se rendit à celle de Tucapel; mais, trompé dans l'espoir, dont il s'était flatté, de faire la paix avec les naturels, par l'intermédiaire d'un prisonnier espagnol qui avait gagné l'estime et la confiance des chefs Araucaniens, il entra sur leur territoire, et ravagea tout sur son passage (1).

Le nouveau toqui Paillaéco, successeur de Quintuguénu, dressa une embuscade aux Espagnols. Il cacha ses troupes dans un bois, et laissa seulement à son entrée une centaine d'hommes, qui devaient se retirer à l'approche de l'ennemi. Mais les Espagnols, pénétrant leur dessein, effectuèrent leur retraite en rase campagne. Les Araucaniens sortirent alors du bois, poursuivirent les Espagnols, qui les taillèrent tous en pièces, à l'exception d'un petit nombre qui se sauva dans les marais.

Le gouverneur se réfugia à Santiago, et de là il partit pour le Pérou, à l'effet de s'y procurer des renforts. Il confia le commandement de l'armée à son quartier-maître, et le gouvernement civil au licencié Pédro Viscarra. A son arrivée à Lima, il y trouva don Martin Garcia Onez de Loyola (2), qui venait d'être nommé son successeur.

Le nouveau gouverneur fit voile, peu après, pour Valparaïso, d'où il se rendit avec un corps considérable de troupes à Santiago, dont les habitants lui firent un bon accueil.

Le nouveau toqui Paillamachu, qui était déjà avancé en âge, nomma pour ses lieutenants Pélantaru et Millacalquin, et se retira dans les marais de Lumaco, où il travailla sans ' relâche à mettre son armée en état d'exécuter ses plans de campagne.

(1) Minaña: Hist. de España, lib. IX, cap. 15. Madrid, 1804. (2) Neveu de saint Ignace, célèbre fondateur de l'ordre des jésuites. Il avait arrêté, dans les montagnes des Andes, le dernier Inca du Pérou, Tupac Amaru; ce qui lui avait valu le gouvernement du Chili et la main de la princesse Clara-Béatrix Coya, fille unique et héritière de l'Inca Sayri Tupac. (Voy. l'art. Pérou.)

Expédition du capitaine Hawkins, en 1594. Cet officier, fils du célèbre marin sir John Hawkins, fut envoyé dans la mer du Sud par la reine Élisabeth, pour y attaquer les Espagnols et faire en même tems une description exacte des côtes et des îles qu'il visiterait. Il franchit le détroit de Magellan, entra, le 29 mars, dans la mer du Sud, et relâcha, le 19 avril, à l'ile de Mocha, où il se procura des provisions. Il rangea ensuite les côtes du Chili, pilla plusieurs magasins et captura cinq navires à Valparaïso; il en rançonna trois, en rendit un quatrième au capitaine, et retint l'autre, dans lequel il espérait trouver quelque trésor caché. Après un séjour de huit jours dans cette baie, il en partit pour le Pérou (1).

Loyola se mit en route de la Conception, en 1594, passa le Biobio, fonda près de ses bords la ville de Coya, qu'il nomma ainsi en l'honneur de la princesse sa femme; y établit plusieurs églises et monastères, et construisit, pour sa défense, les deux forts de Jésus et de Chivécura. Cette ville offrait ainsi une retraite assûrée aux habitants d'Angol, et protégeait les mines d'or de Kilacoyan.

1595. L'année d'après, Paillamachu donna ordre à son capitaine Loncothéqua d'aller s'emparer du premier de ces forts. Il en incendia une partie, et fut tué sur les remparts de l'autre. Ce général fit de fréquentes incursions sur le territoire espagnol, pour se procurer des provisions et accoutumer ses recrues à la vie militaire. Loyola ne pouvant l'attaquer dans son camp, construisit, aux environs, deux forts, l'un sur l'emplacement de celui de Puren, et l'autre sur le bord du marais de Lumaco. Il y mit en garnison une partie des troupes qu'il avait amenées du Pérou, et envoya le reste, en 1597, former un établissement dans la province de Cujo, sous le nom de San-Luis de Loyola (2).

Paillamachu prit d'assaut le fort du marais de Lumaco, et

(1) Richard Hawkins publia, à son retour en Angleterre, une relation de l'expédition intitulée: The observations of sir Richard Hawkins, Knight, in his voyage into the South Sea, published in 1622. (Voy. Purchas, tome IV, p. 1367.)

(2) Au-delà de la Punta, chef-lieu de Cujo ou de Mendoza, par lat. S. 33° 18', à 50 lieues de la Conception. Elle renfermait autrefois un couvent et un collége de jésuites.

avait réduit l'autre à la dernière extrémité, lorsque Pédro Cortez vint à propos le dégager. Le gouverneur y arriva peu après avec le reste de son armée, en rasa les fortifications, démantela de même Villa-Rica et Valdivia, dont il transféra les garnisons à Angol, et se rendit ensuite à l'Impériale pour en relever les remparts. De là il se dirigea vers le Biobio, où, se croyant en sûreté, il congédia l'escorte de trois cents cavaliers qui l'avaient accompagné jusqu'alors, et ne garda que soixante officiers à la demi-solde, avec lesquels il alla camper, ainsi que sa famille et trois moines, dans la vallée de Caralava. Mais Paillamachu, qui ne l'avait pas perdu de vue, arriva pendant la nuit avec deux cents hommes, en contrefesant le chant des oiseaux, et le cri des animaux nocturnes, entoura le camp des Espagnols, et les massacra tous pendant leur sommeil, le 22 novembre 1598.

Avant son départ pour cette expédition, Paillamachu avait ordonné une levée en masse de ses sujets, et deux jours après, les habitants des provinces araucaniennes, de celles des Cunches et des Huilliches, et de tout le pays jusqu'à l'archipel de Chiloé, étaient sous les armes. Les Espagnols qui se trouvaient hors des garnisons furent égorgés sans pitié, et les villes d'Osorno, de Valdivia, de Villa-Rica, d'Impériale, de Canète, d'Angol et de Coya, ainsi que le fort d'Arauco furent investis. Paillamachu passa le Biobio, brûla les villes de la Conception et de Chillan, ravagea le pays, et retourna à son camp, chargé de butin. Les habitants espagnols, consternés se disposaient, la plupart, à abandonner le Chili pour se retirer au Pérou, lorsque Pédro de Viscarra, général septuagénaire, franchit le Biobio à la tête de forces imposantes, et emmena les habitants d'Angol et de Coya pour repeupler les villes de la Conception et de Chillan.

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Administration de don Francisco Quinonès. Viscarra après avoir exercé l'autorité durant six mois, fut remplacé par don Francisco Quinonès, que le vice-roi du Pérou venait de nommer gouverneur. Il lui donna bon nombre de troupes et des munitions en abondance. Cet officier livra plusieurs combats à Paillamachu, sur la rive droite du Biobio; mais aucun ne fut décisif. Le plus opiniâtre se donna dans les plaines de Yumbel. L'audacieux toqui s'en retournait avec environ deux mille hommes et des troupeaux de bestiaux qu'il avait enlevés dans le district de Chillan. Quinonès, à. la tête de forces à peu près égales, voulut s'opposer à la retraite. Les Araucaniens s'avancèrent intrépidement contre

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les Espagnols sous le feu de huit pièces de canon et de toute la mousquéterie, et combattirent, avec une fureur sans exemple, jusqu'à la nuit, lorsque leur général crut devoir profiter de l'obscurité pour repasser le Biobio. Leur perte fut considérable, et celle des Espagnols ne fut guère moindre. Quinonès fit écarteler et pendre aux arbres les prisonniers qui étaient tombés entre ses mains, pour inspirer de la terreur aux autres; mais cette barbarie eut un effet tout contraire. Les Espagnols évacuèrent le fort d'Arauco et la ville de Canète, dont les habitants se réfugièrent à la Conception.

Paillamachu ayant appris que ses généraux avaient levé le siége de Valdivia, marcha contre cette ville avec quatre mille Indiens des frontières et des districts de l'Impériale, de Pica et de Puren, dont trois mille cavaliers, trois cents archers, deux cents, couverts de cottes de maille, et soixante-dix arquebusiers (1). Le 14 novembre 1599, il passa à la nage la grande rivière de Calacala ou de Valdivia, surprit la ville au point du jour, le 24, il y mit le feu, et égorgea quatre cents habitants de tout sexe et de tout âge. Le reste parvint à se sauver à bord de trois navires qui étaient à l'ancre dans la rivière. Les Espagnols, qui venaient de prendre le fort du marais de Paparlen, croyaient n'avoir aucun ennemi à redouter, et dormaient profondément. En moins de deux heures tout fut mis à feu et à sang (2); le vainqueur, chargé d'un butin estimé plus de deux millions de dollars, et emmenant quatre cents prisonniers et toute l'artillerie de la place (3), retourna auprès de Millacalquen, qu'il avait laissé sur les bords du Biobio pour en défendre le passage.

Dix jours après la destruction de Valdivia, le colonel Francisco Campo y arriva du Pérou avec un renfort de trois cents hommes, qu'il tenta vainement d'introduire dans Sorsono, Villa-Rica et l'Impériale.

(1) Les arquebuses dont ils étaient armés avaient été prises à la bataille de Yumbel.

(2) Les Indiens, qui avaient vécu plus de cinquante ans sous le joug des Espagnols, n'en vinrent à cet excès de barbarie, dit de la Véga, que pour se venger de ce qu'ils leur avaient enlevé leurs femmes et leurs enfants pour les vendre comme esclaves à des étrangers. (Coment. Real., lib. VII, part. I, cap. 23.) Cet auteur écrivait en 1603.

(3) De la Véga dit trois cent mille pésos.

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