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J'ignore ce qu'est devenue cette statue.

Dans le même lieu furent aussi trouvés à la même époque, et par le même M. Xénos, sept fragments de marbre appartenant à une autre statue, et une inscription qui fait connaître un sculpteur de Paros, Antiphanes, fils de Thrasonides.

ΑΝΤΙΦΑΝΗΣ

ΘΡΑΣΩΝΙΔΟΥ

ΠΑΡΙΟΣΕΠΟΙΕΙ

(Raoul Rochette, lettre à M. Schorn, Corpus inscript. græc. n° 2435.)

Ces diverses découvertes furent signalées par M. Louis Brest, vice-consul à Milo, dans le Bulletin de l'Institut archéologique de 1830.

Quant à la magnifique tête colossale d'Esculape, que M. Charles Lenormant vit, en 1829, dans la maison de M. Brest, et qui depuis a fait partie du musée de Blacas, d'où elle a passé dans le British Museum, elle a été trouvée, ainsi que les fragments de sept ou huit statuettes d'Hygie et des ex-voto, dans une grotte qui fut très-certainement un temple d'Esculape et d'Hygie, comme le constatent plusieurs inscriptions trouvées en ce lieu.

M. Lenormant, dans le premier volume des Annales de correspondance archéologique de Rome (p. 341), s'exprime ainsi au sujet de cette tête :

<< Le mouvement de cette tête, légèrement inclinée en arrière, celui des yeux qui regardent en haut, et la surface inégale et raboteuse sur laquelle le monument repose, semblent indiquer plutôt un fragment de statue qu'un buste proprement dit. Il est pourtant certain que, dans la grotte où cette tête était enfouie, on n'a trouvé aucun fragment qui puisse se rapporter à la statue dont elle est présumée avoir fait partie. On a seulement découvert, à côté d'elle, une base cylindrique décorée

de sa plinthe et de sa cymaise, sur laquelle on lit l'inscription suivante en caractères du 1° siècle de l'empire:

ΑΣΚΛΗΠΙΩΚΑΙ

ΥΓΕΙΑΟΙΕΡΕΥΣ

ΚΛΑΥΔΙΟΣΓΑΛΛΕΙΝΟΣ

« Ce qui est remarquable, c'est que les nombreux fragments de statuettes d'Hygie, de tablettes votives en marbre qu'on a trouvés dans le même sacellum, n'accusent pas une époque plus ancienne que l'inscription que nous venons de rapporter. Faudrait-il en conclure que la chapelle, dédiée par le prêtre Claudius Gallinus à Esculape, aurait été décorée par lui d'une tête appartenant à un monument détruit, reste précieux du siècle de Phidias et de Praxitèle ?"

On voit donc que la consécration, à l'époque romaine, de statues mutilées appartenant à la plus belle époque de l'art, ne serait pas un fait isolé à Milo, ce qui justifie la conjecture d'après laquelle je lis, sur l'inscription de Bacchios, le mot ayaλua, et l'applique à la statue de Vénus, sans pour cela la faire descendre au temps de ce gymnasiarque.

Voyons maintenant si l'autre inscription, qui contient un nom d'artiste et qu'on avait un moment essayé de rapprocher du socle de la Vénus, peut encore fournir quelques renseignements sur le problème qui nous occupe.

M. de Marcellus, qui cite dans ses Souvenirs d'Orient l'inscription de Bacchios qu'il avait laissée à Milo, n'en mentionne pas d'autre. Était-elle comprise avec les trois Hermès parmi les fragments de marbre qui lui furent remis, ou M. de Rivière, à son passage à Milo, où il fit faire de nouvelles recherches dans le caveau d'où les autres marbres étaient sortis, l'a-t-il rapportée avec celle de Bacchios? Tout ce qu'on sait, c'est que, dans les premiers essais de restitution de la Vénus, ce fragment fut rapproché du socle, et l'inscription reproduite

dans le premier dessin par Debay. Depuis, elle fut mise de côté et a disparu. On a dit qu'elle avait été effacée à dessein parce qu'étant évidemment d'une époque postérieure aux successeurs d'Alexandre, elle contrariait l'opinion des savants qui attribuent à la statue de Vénus une antiquité supérieure ; mais ayant été gravée et reproduite dans tous les ouvrages de Clarac, d'Osann, de Raoul Rochette, il n'y avait aucun intérêt à la faire disparaître, et il est plus naturel de penser que, dans l'atelier de réparation du Louvre, les sculpteurs, estimant qu'elle n'avait plus d'importance du moment qu'elle était copiée, s'en seront servis pour quelque restauration. Elle était, dit-on, d'un marbre moins fin que la statue, mais il suffit d'examiner le dessin de Debay pour voir que cette base est plus haute que celle de la statue, et ne peut s'y rapporter. Nous supposons qu'elle appartient à un des Hermès. C'est ce que nous tâcherons d'établir après avoir essayé de la restituer.

Nous mettons sous les yeux de l'Académie le livre de M. de Clarac, Musée de sculpture, inscriptions grecques et romaines du musée du Louvre, 1839.

ΑΝΔΡΟΣΜΗΝΙΔΟΥ
ΑΝΤΙΟΧΕΥΣΑΠΟΜΑΙΑΝΔΡΟΥ
ΕΠΟΙΗΣΕΝ.

La dernière lettre de la première ligne, tracée en pointillé dans la gravure de M. de Clarac, était en partie brisée; on en a fait un Y, MHNIAOY. On a donc nommé le père de l'artiste Ménidos. Mais il n'y a pas d'autre exemple de ce nom. Il est probable que la lettre effacée est un Σ et qu'il faut lire MHNIAOE. Le nom de Ménis n'est pas très-commun; il y en ΜΗΝΙΔΟΣ. a cependant sept ou huit exemples, et entre autres dans une grande inscription d'Orchomène, publiée pour la première fois dans la géographie de Meletios, qui contient la liste des

artistes et poëtes vainqueurs dans les Xapiτnoia, fêtes en l'honneur des Muses. (Corp. n° 1584.)

Οἵδε ἐνίκων τὸν ἀγῶνα τῶν Χαριτησίων.

Σαλπιζὴς Μῆνις Απολλωνίου Αντιοχέος ἀπὸ Μαιάνδρου.

Ménis, fils d'Apollonios d'Antioche du Méandre.

La coïncidence d'un nom peu commun et d'un ethnique également assez rare peut faire croire qu'elle se rapporte au même personnage. ❤

Dans un savant commentaire, M. Boeckh établit, par le rapprochement de diverses circonstances, que cette inscription ne peut pas remonter plus haut que la 1 45° olympiade, 200 av. J. C.

Le nom de l'artiste, fils de Ménis, dans notre inscription se termine en avspos. Pape, dans les prolégomènes de son lexique de noms propres, énumère quarante-six noms terminés

je propose

avdpos. Mais la fracture permet de distinguer une barre horizontale qui peut être le reste d'un Σ ou d'un E, ce qui restreint le nombre des noms entre lesquels on peut choisir. On s'est arrêté par conjecture à celui d'Alexandros. Mais ce trait peut convenir également à un E et je propose de lire Kλéav pos. A la vérité on ne connaît pas jusqu'ici de sculpteur du nom de Cléandre; mais sur un bas-relief funéraire de notre musée du Louvre je trouve un Cléandre fils de Ménis, et cette seconde coïncidence vient ajouter quelque force au premier rapprochement. Ce bas-relief, qui représente un de ces banquets funèbres sur lesquels M. Albert Dumont a fait une intéressante étude, provient de la collection Choiseul. On ignore sa provenance. On a supposé qu'il vient d'Athènes, mais il est plus probable qu'il vient des îles où M. de Choiseul avait fait sa principale récolte d'antiquités. Il s'était arrêté à Milo qu'il décrit dans son voyage. Sous ce bas-relief on lit : Διονύσιε Μήνιδος χαῖρε, puis dans un angle : Κλέανδρε

pas

Mrvidos xaipe. Ces mots, dit M. Fröhner dans son catalogue, sont une addition à la première. En sorte qu'il ne serait impossible que le bas-relief fût l'œuvre de Cléandre pour son frère et que, lui-même étant mort plus tard, son nom eût été ajouté sur le même monument dont le style nous ramène aux temps voisins de l'époque romaine.

Il me reste à examiner quelle est la relation probable de l'inscription du fils de Ménis avec les divers monuments trouvés à Milo. Ce sera l'objet d'une seconde note.

Aujourd'hui je n'ai voulu qu'essayer de rétablir le texte des deux inscriptions mutilées et perdues. Quelle que soit l'appréciation l'on porte que du plus ou moins de probabilité de mes conjectures, elles mettront du moins en garde contre des restitutions qui pouvaient égarer. D'ailleurs, mon but, en faisant cette communication, est surtout de provoquer de nouvelles. recherches sur le sol de Milo. Tracer l'histoire de cette île, relever sa topographie, indiquer l'emplacement des monuments qu'on y a découverts, suivre la trace de ceux qui sont répartis dans divers musées, serait, pour un membre de notre École d'Athènes, un sujet intéressant d'étude. Ou si M. de Vogüé pouvait prendre sur ses occupations diplomatiques le temps de visiter cette île, avec ce coup d'œil exercé de voyageur et d'archéologue, avec son crayon exact et facile, il pourrait, après avoir rétabli par ses recherches dans les archives de l'ambassade les faits relatifs à la statue de Vénus, préparer ou peut-être accomplir de nouvelles découvertes.

No II.

STÈLE DE YEHAWMELEK, ROI DE GEBAL,

PAR LE COMTE de vogüé.

J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, pour la Commission des inscriptions sémitiques, la photographie et l'estampage

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