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tique, fut la période suivante (de 1818 à 1860), caractérisée par le règne de l'idéalisme. Dans la conception de V. Cousin, qui était influencé par l'esthétique allemande, l'art devient le moyen d'exprimer l'archetypé idéal des êtres. Le beau n'est qu'un des trois attributs de Dieu, dont les deux autres sont le bien et le vrai. Le jugement que nous émettons devant un objet beau, est universel, invariable, absolu. Cette théorie, déplorable pour l'esthétique dont' elle entrava tout progrès pendant trente ans, correspond en art à l'école de David et d'Ingres, au néo-académisme froid qui aboutit chez les élèves au simple poncif.

Malheureusement la théorie de V. Cousin eut une influence énorme. Presque tous les esthéticiens, entre 1818 et 1860, parlent du beau absolu, des attributs de Dieu, de l'archétype en art, de l'universalité du jugement, etc. Le résultat le plus tangible de cette période idéaliste, fut le triple couronnement de Ch. Lévêque, un élève de Cousin, dont les deux volumes sur le beau ridiculiseront longtemps encore les trois Académies qui les couronnèrent. Jamais l'esthétique n'a été plus pauvre, ni plus nulle que pendant la dictature de Cousin. Ce laps de temps a été pour elle une époque critique.

Le progrès des idées scientifiques et positives, qui se constate vers 1850, devait avoir une répercussion intéressante en esthétique. On reprit l'idée de la relativité de l'art; on envisagea l'œuvre d'art comme une chose non pas orgueilleusement et nuageusement divine, mais simplement et positivement humaine. Sainte-Beuve, le premier, annonça l'évolution. Après lui, Taine, trop systématique et trop philosophe, fit faire un pas à la question. Ce qu'il y a de certain, si l'on laisse toutes les constructions systématiques de Taine de côté, c'est qu'on s'aperçut vers 1868 que la mème méthode objective, patiente et positive, qui fait avancer les sciences, doit aussi s'infiltrer et s'installer dans l'esthétique. Véron, Hennequin, avec quelques nuances, représentent la même tendance. En même temps, l'influence de Spencer se fait sentir; on envisage l'art comme un jeu et cette théorie semble, pendant quelque temps, triompher. Même Guyau qui la critique, est forcé de la prendre en considération sérieuse. Enfin, vers la fin du XIXe siècle on arrive à découvrir l'utilité extrême des questions de détail; nous avons vu comment à partir de 1890 les monographies esthétiques se multiplient. Ce fut là la victoire la plus décisive de l'esthétique scientifique.

L'esthétique passa ainsi, des tâtonnements du xviie siècle, époque d'incubation dirait-on en médecine, à un état critique qui correspond à l'ère du règne de l'idéalisme de Cousin, et enfin, à un état de convalescence, de fécondité dans les résultats obtenus, qui commence avec Taine et que nous traversons encore aujourd'hui. La lenteur des conquêtes réelles que l'esthétique scientifique réalise ne doit guère nous décourager. Les premiers pas de toutes les sciences furent pénibles et douloureux. Pour nous, nous l'avons répété plus d'une fois pendant ce long travail, l'esthétique scientifique, vers laquelle nous évoluons, est en train de se réaliser aujourd'hui. Cette esthétique, qu'elle se serve de la physiologie, de la psychologie ou de la sociologie, a surtout besoin de documents de tout ordre.

La conclusion donc, et la «morale » qu'on doit tirer de l'histoire de l'esthétique française, est que plus que jamais, les monographies, les études de détail, les simples collections de faits esthetiques bien observés, sont utiles et même indispensables. Ce n'est pas en construisant des châteaux en l'air qu'on bâtit une maison réelle, mais en accumulant des cailloux et des pierres.

FIN.

ERRATA

Page 12, ligne 13 de la note, au lieu de 1850, lire: 1859.

Page 21, ligne 13, au lieu de : Nicolle, lire : Nicole.

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Page 90, ligne 32,`au lieu de la beauté, chose, lire la beauté chose. Page 91, ligne 5, au lieu de n'arrive à, lire n'arrive pas à. Page 157, ligne 4, et page 158, ligne 2, au lieu de Serment du Jeu de paume, lire Serment du Jeu de paume.

Page 174, ligne 8 de la note, au lieu de Ant. Molière, lire Ant. Mollière.

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