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tion encore neuve de l'application en France du système Kénedy, pour la distribution des engrais.

Sans doute le peu d'étendue de la plupart de vos fermes ne vous permettra pas d'appliquer à vos terres un système toujours coûteux, dont le résultat sera bien de vous donner un produit brut considérable, mais dont le produit net, qui est le but définitif de toute entreprise raisonnable, pourrait bien n'être pas suffisamment rémunérateur. J'espère cependant que, dans les considérations qui servent de base à ce système, vous pourrez trouver encore quelque chose d'utile à votre pratique, ne serait-ce que la conviction de la valeur des purins et autres engrais liquides dont on fait généralement un si déplorable abandon, malgré leur grande puissance lorsqu'ils sont convenablement employés.

Je ne finirai point sans vous dire que les séances du Congrès ont été heureusement coupées par d'intéressantes visites faites en commun et sous la direction de M. de Caumont. La première a eu lieu à l'établissement du matériel agricole, véritable exposition d'instruments d'agriculture perfectionnés, que M. Jourdier, son directeur, nous a fait voir au repos et en fonction, en accompagnant ses démonstrations des renseignements les plus complets. La seconde a été celle faite au Jardin-des-Plantes et aux riches collections qu'il renferme, dont M. Geoffroy Saint-Hilaire a bien voulu faire en personne les honneurs au Congrès, Enfin M. de Caumont a réuni une dernière fois tous les membres du Congrès en une charmante soirée dans les salons Douix, au Palais-Royal, où, au milieu des plus chaleureux toasts, on s'est dit adieu jusqu'à l'année suivante.

Je voudrais. Messieurs, que ce rapport très-incomplet

sur les travaux du Congrès des délégués des Sociétés savantes de France, en 1857, donnât à ceux d'entre vous qui peuvent faire le voyage de Paris, à l'époque ordinaire de sa session, le désir d'y assister, de prendre part à ces délibérations où chacun apporte le tribut de ses propres connaissances, où tout le monde prend sa part d'instruction, et où, par des rapports quotidiens et obligés, se forment des relations à la fois utiles et agréables dont le souvenir ne s'efface jamais.

M. le Président exprime à l'auteur de cette communication tout l'intérêt que l'Assemblée a pris à l'entendre. « La Société, ajoute M. le Président, ne peut que se féliciter d'avoir été représentée aussi dignement qu'il lui a été donné de l'être par son ancien président, M. de Brive. A l'époque même du Congrès des délégués des Sociétés savantes, plusieurs journaux nous avaient appris quelle place notre collègue y avaient tenue. Le rapport qu'il nous fait aujourd'hui témoigne une fois de plus que le bénéfice des Congrès ne reste pas circonscrit dans l'enceinte où ils sont convoqués, et que, grâce au zèle intelligent des délégués, les plus utiles enseignements émanés de ces importantes réunions se répercutent, malgré la distance, au sein des Sociétés elles-mêmes.

L'ordre du jour appelle la discussion d'une proposition de M. le Président.

A l'appui de cette proposition, M. Ch. Calemard de Lafayette donne lecture de l'exposé suivant :

CRÉATION D'UNE COMMISSION PERMANENTE DES ÉTUDES HISTORIQUES ET DES RECHERCHES PALÉOGRAPHIQUES.

I.

MESSIEURS,

Si vous attachez une juste importance à ces études archéologiques qui. poursuivant à travers un passé toujours plus profond le fait encore obscur de nos origines, semblent pouvoir porter un jour la lumière dans ces ténèbres de l'inconnu pleines d'un mystérieux prestige pour les esprits chercheurs; si, dans cet ordre d'idées, pour favoriser de précieuses découvertes, la Société s'est de tout temps montrée prodigue d'efforts; si elle ne s'est jamais refusée à des sacrifices qu'on ne saurait regretter, quand on parcourt nos galeries et nos annales, je crois pouvoir dire que vous n'accordez pas une moindre sympathie à ces recherches moins difficiles, moins méritoires dès-lors, mais quelquefois plus immédiatement concluantes, qui peuvent se faire et qui ont déjà été faites avec de vrais succès, dans les documents écrits à l'aide desquels s'élabore l'histoire. Les études archéologiques interrogent la pierre, des ruines, des débris, témoins souvent muets.

Quand ils n'ont pas, en effet, pour trucheman quel qu'une de ces inscriptions claires, saisissables, d'un sens incontesté, qui n'ouvrent point carrière aux mille caprices du doute et de l'hypothèse, les témoins dont je parle sont rarement accessibles au plus grand nombre. Il faut qu'une

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sagacité supérieure, qu'une érudition aux yeux d'Argus en même temps ouverts sur tous les points; il faut qu'une sorte d'omniscience pleine d'ingéniosité, où l'imagination est la compagne nécessaire de l'érudition, les confronte, les contrôle, les complète les uns par les autres. Il y a là, vous le sentez tous, à mettre en œuvre une divination d'instinct et de pressentiment, que j'appellerai le génie de l'archéologie et que de trop rares privilégiés ont en partage. Et jusqu'au bienheureux jour où la démonstration des faits énoncés s'affirme par une sorte d'invincible évidence, à quelle discussion sans limite peut donner lieu encore le vaste problème des probabilités! quelle réserve s'impose quelquefois à bon droit un scepticisme éclairé!

Les études historiques, au contraire, celles du moins que les monuments écrits guident dans leur voie toujours sûre, chacun peut en prendre sa part.

Que l'un de nous, je parle des plus profanes, et je me range parmi ceux-là, que le premier venu mette la main. sur un texte ignoré, qu'il puisse le déchiffrer avec plus ou moins de peine, et la signification réelle lui appartient. au simple titre d'homme apte à comprendre, tout aussi complètement, tout aussi pertinemment que s'il était un maître de l'érudition.

Le fait, si c'est un fait dont il s'agit, il le tient, il le possède, il peut l'offrir et il peut l'apporter comme son contingent personnel dans l'ensemble commun; c'est dire que, dans une plus ou moins grande mesure, chacun peut se faire, ne fût-ce qu'accidentellement, le collaborateur des plus grands et des plus utiles travaux; chacun y peut contribuer dans la proportion des forces qu'il a, comme du temps dont il dispose.

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Au point de vue du résultat général et définitif, ai-je besoin de signaler quelle puissance et quel concours l'effort collectif peut donner aux œuvres générales, en matière de recherches historiques?

Les recherches de cette nature demandent du temps, des mains intelligentes, des yeux exercés. C'est bien là le fait d'une commission. Un homme seul n'y saurait suffire; nul ne saurait d'ailleurs prétendre à pénétrer dans toutes les demeures, à avoir accès dans toutes les archives, en inspirant à tous une même sympathie; nul ne saurait prétendre à provoquer avec un succès égal les communications de tout le monde. Fureter avec la même facilité partout; s'introduire à volonté chez tous, au plus obscur recoin des galetas ou des cabinets noirs, où sont trop indignement relégués des entassements de pièces, de titres, de documents de toutes sortes, une commission seule, multipliant par chacun de ses membres les relations, une commission seule peut le faire avec une sorte d'universalité d'action qui rayonne en tout sens.

Effondrer ces vieilles malles poudreuses où gisent sans honneur liasses mystérieuses et parchemins inconnus: soulever, retourner, secouer ces vieux terriers maculés de moisissures, ces diplômes jaunis, ces dossiers des vieilles contestations judiciaires où nous retrouvons plus que nulle part la révélation des noms, des habitudes, des intérêts, de la vie enfin de nos ancêtres, cela a pourtant plus d'un genre d'attraits, plus d'une utilité réelle.

D'un autre côté, l'histoire, de nos jours, exige bien plus qu'elle ne demandait autrefois. Dans les annales d'une nation, notre époque cherche autre chose que la succession chronologique des pouvoirs qui l'ont gouvernée. Nous

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