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obstacle aux progrès de l'agriculture.-Voici comment il s'exprime :

La question du morcellement est à la fois très-grave et très-complexe; elle est très-grave en ce qu'elle touche aux intérêts les plus importants, et très-complexe en ce que, suivant qu'on la considère au point de vue politique et moral, ou bien au point de vue agricole et économique, on arrive à une solution différente.

Je ne l'envisagerai pas sous le rapport politique; il me suffira de dire qu'à ce point de vue le morcellement de la terre peut être désirable, parce qu'il rattache un plus grand nombre de citoyens au sol, au principe conservateur, à l'ordre.

Mais au point de vue agricole et économique, il me paraît présenter les plus graves inconvénients.

Dans une société régulièrement établie, toutes les forces doivent être productives et il n'y a de véritable produit que le produit net. Or s'il est reconnu que la petite culture donne le produit brut le plus considérable, il est facile d'établir que ce produit est en très-grande partie annulé par la dépense des frais de culture, en sorte que ce produit brut le plus considérable devient le produit net le plus restreint. La grande propriété est celle qui donne le produit net le plus considérable, parce qu'elle peut concentrer ou diviser le travail, réduire les frais d'établissement, et surtout ceux de main-d'œuvre. Les instruments nouveaux et économiques déjà si fructueusement appliqués et ceux que le génie de l'homme invente chaque jour et qui tendent à substituer les machines aux bras 55

TOME XXI.

font un travail plus prompt, plus parfait et moins coûteux. Par eux on arrive donc à un produit moins cher. Or ces instruments ne peuvent être appliqués à la petite culture. La grande culture et la moyenne par l'association peuvent seules en faire usage et obtenir des produits économiques.

La grande culture est donc préférable à la petite culture, au point de vue économique, mais c'est à la condition que les forces actives de l'exploitation seront en équilibre avec les forces passives ou résistantes, que l'intelligence et le capital seront suffisants. Ce n'est que par la grande propriété et la grande culture que la vie à bon marché pourra être réalisée.

Au point de vue agricole, ce n'est qu'avec la grande propriété que les assolements réguliers et les prairies artificielles, qui représentent les deux plus grands progrès réalisés par l'agriculture des temps modernes, peuvent être établis, que l'élève des bestiaux, la conservation des bois et toutes les cultures qui demandent du temps et de l'espace peuvent être assurés.

Je pense que le morcellement, tel qu'il résulte de la loi sur les successions, et qui tendra à augmenter constamment jusqu'à ce qu'une digue lui soit opposée par la législation, est funeste aux intérêts agricoles et aux grands intérêts économiques du pays.

C'est par ces motifs que le Congrès scientifique, pendant la session qu'il a tenue au Puy en 1855, a émis l'avis que la division indéfinie de la propriété est contraire aux intérêts de l'agriculture, et le vœu que des mesures soient prises pour arrêter ce morcellement et spécialement que les dispositions du code civil soient

modifiées dans le sens de l'indivision des immeubles ruraux, toutes les fois que leur partage peut être évité.

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Ces considérations, qui portent sur le côté pratique de la question, sont écoutées avec intérêt, et il ressort de cette discussion si élevée que la complexité du problème ne permet pas d'émettre une déclaration positive au sujet de la question qui a passionné l'Assemblée. Tel est l'avis de M. le Président. Toutefois, il pense que les opinions divergentes pourraient se rallier à la mesure indiquée par M. de Lavergne, et qui aurait pour effet de faciliter les échanges. - Sans restreindre le nombre des propriétaires fonciers, elle donne une demi-satisfaction aux partisans de la réunion des héritages.

M. Chouvon rend compte de vive voix du Concours régional de Cahors, dans la circonscription duquel se trouve compris le département de la HauteLoire, et auquel il a assisté en qualité de membre du jury.

Sur l'invitation de M. le Président, il donne quelques explications sur la charrue dite Bisocs-Bella, qui se trouve mentionnée et dessinée au Moniteur des comices du 29 mai 1858. C'est une araire qui a deux socs et deux versoirs, et qui rend de merveilleux services dans les deuxième et troisième labours. Elle est facile à manier, ne dévie pas du sillon; M. Chouvon en est fort content et l'emploie avec succès.

M. Aymard cite encore avec éloge le semoir en lignes, à toutes graines, pour les petites exploitations, de M. Alphonse Calbiac, qui a obtenu à son inventeur le 1er prix des machines au Concours agricole de Paris, en 1856. M. Barral, dans son Journal d'agriculture, 5 mai 1858, le recommande comme étant d'une construction à la portée du premier menuisier et serrurier venu, et capable de rendre de vrais services, même à la petite culture.

M. le Président appelle l'attention de la Société sur un Rapport écrit avec beaucoup d'esprit, par M. le marquis L. des Inards, et inséré au Bulletin de la Société d'agriculture et d'horticulture de Vaucluse. Ce rapport a trait à une visite faite à la truffière artificielle de M. Rousseau, à Carpentras, le 18 février 1858.

Il a suffi à M. Rousseau de semer des glands d'une certaine espèce de chêne pour avoir des truffes; et ces bois, venus sur un sol compact, de 20 à 30 centimètres de profondeur seulement, reposant sur un tuf très-dur, lui donnent plus de revenu que la terre à blé ou à prairies.

N'y aurait-il pas là, dans certaines de nos localités où le terrain est aride, une source inespérée de produits?

Les administrateurs d'une société d'assurances mutuelles contre la grêle demandent le patronage de la Société. Elle passe à l'ordre du jour, qui indique la lecture du rapport sur une nouvelle méthode de culture, par M. Aroux.

MESSIEURS,

M. le Président m'a chargé, dans une de vos précédentes séances, de vous rendre compte d'une brochure qui vous est parvenue par l'intermédiaire de M. le Préfet.

Comme, sans rien préjuger sur le mérite que peuvent avoir les procédés qui y sont indiqués pour d'autres localités, il m'a paru qu'ils ne seraient jamais applicables à nos pays de montagnes, je vous demanderai la permission d'être bref dans mon appréciation, et d'économiser ainsi votre temps et le mien.

Cette brochure a pour titre Méthode nouvelle de culture et d'ensemencement. Elle est l'œuvre de M. Félix Aroux, ancien fabricant de draps à Elbeuf, aujourd'hui propriétaire et horticulteur aux environs de Louviers. Ce dernier titre m'a d'abord donné à penser que la méthode recommandée par l'auteur pourrait bien être le résultat d'expériences faites dans un jardin; et l'on sait à quels mécomptes s'expose celui qui essayerait d'en faire l'application sur de vastes espaces, où l'agriculteur se trouve, à chaque instant, aux prises avec des difficultés de tout genre, Ce qui m'a paru confirmer cette conjecture, c'est d'abord que l'auteur ne nous dit pas un mot de la nature et de l'étendue du terrain sur lequel il a opéré, c'est qu'il ne rend pas compte d'une seule de ses expériences et qu'il s'est ainsi ôté la confiance qu'il était de son intérêt d'inspirer, à défaut de l'autorité qui lui manque encore comme notabilité agricole; c'est enfin de lui entendre parler de grains de blé qui lui auraient rendu 80, 400, 450 et jusqu'à

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