Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Notre-Dame du Pay. ·

Rectification historique par M. Béliben, au sujet d'un évêque du Puy, Jean IV de Cardaillac. - PERSONNEL DE LA SOCIÉTÉ : M. Ch. Calemard de Lafayette est réélu président au scrutin secret. M. Limozin est

élu secrétaire-adjoint. — ADMINISTRATION: Lettre de M. le Ministre de l'instruc tion publique et des cultes annonçant une allocation de 300 francs.

Présidence de M. Ch. Calemard de Lafayette.

A trois heures, la séance est ouverte.

Après la lecture du procès-verbal de la dernière séance, M. le Président rend hommage à la mémoire d'un de nos confrères, enlevé à l'affection de ses nombreux amis, à l'estime de ses concitoyens, par une mort instantanée. M. le docteur Peghoux, de Clermont-Ferrand, a succombé, à l'âge de 62 ans, le 9 du mois d'août dernier, au milieu de son dévoûment. Ce jour-là même, à sept heures et demie du soir, un incendie se déclare dans les bois de la commune de Royat. A cette nouvelle, le maire, M. Peghoux, monte à cheval et, négligeant toute précaution, il se rend précipitamment sur le lieu du sinistre. Le mouvement du cheval, l'émotion d'une course trop rapide produisent une congestion pulmonaire à laquelle il ne peut résister; il tombe au poste d'honneur, à l'endroit même où l'avait appelé ce qui fut le mobile de tous ses actes le sentiment du devoir; et cette fin est le digne couronnement d'une vie tout entière consacrée au bien.

M. Pierre-Gabriel-Auguste Peghoux était né au Puy, le 20 juin 1796, d'une très-honorable famille d'Auvergne et du Velay.

Après avoir fait de bonnes études classiques et avoir conquis le diplôme de docteur en médecine à la Faculté de Paris, il s'établit à Clermont où il ne tarda pas à s'attirer la confiance et l'estime publiques. Ses succès dans la pratique de son art le désignèrent de bonne heure aux fonctions de professeur. Nommé d'abord second professeur suppléant à la Maternité, il reçoit bientôt le titre de professeur de pathologie interne à l'école secondaire de médecine, où il a enseigné avec distinction jusqu'à sa mort.

Il était de ces natures douces, désintéressées, naturellement portées au bien, qui savent rendre féconds les loisirs que leur laissent les occupations inhérentes à leur profession. En 1830, il accepta des fonctions administratives, celles de conseiller de préfecture; il les a remplies, concurremment avec celles de professeur et, pendant dix-huit ans, à la satisfaction de tous les partis. Dans le cours de cette vie si occupée, où les soins de la famille eurent une grande place, il trouvait encore le temps de cultiver les sciences et l'archéologie; il a écrit pour l'Académie impériale de Clermont, dont il présidait la section d'histoire et d'archéologie avec un remarquable talent, des mémoires dont quelques-uns sont des livres d'un grand intérêt. Son dernier ouvrage, sur les monnaies gauloises frappées chez les Arverni, est, au jugement des savants, un véritable monument historique élevé à la gloire de son pays.

Voici d'ailleurs les titres de la plupart des ouvrages de M. Peghoux que nous sommes heureux de posséder dans la bibliothèque de la Société :

1822.

Thèse pour le grade de docteur : Essai sur la fièvre de lait.

1826. Discours Réflexions sur le mécanisme de l'accouchement naturel.

1829.

Mémoire sur des faits géognostiques observés au point de contact des laves et des basaltes avec les terrains stratifiés, en Auvergne.

1850.

Notions sur l'hygiène et la vaccine.

1832. Rapport sur le choléra-morbus de Paris.

1853.

[ocr errors]

Promenade au Cantal, notice lue dans une

séance de l'Académie de Clermont.

1834. - Discours sur les épidémies qui ont ravagé l'Auvergne depuis le commencement de l'ère chrétienne jusqu'à nos jours.

1845.

Recherches sur les hôpitaux de ClermontFerrand, précédées de considérations générales sur l'origine des établissements de bienfaisance. (Environ 500 pages, ouvrage capital.)

-

1847. Procès Ardaillon, affaire d'empoisonnement portée devant les assises de la Haute-Loire en novembre 1846 et mars 1847: Réfutation d'un compte-rendu de l'affaire.

1855. Note sur deux colonnes itinéraires nouvellement découvertes dans le trajet de la voie romaine de Clermont à Lyon par Vichy.

1857. Essai sur les monnaies des Arverni, avec médailles gravées.

Tels sont les témoins irrécusables de la vie studieuse et dévouée de M. le docteur Peghoux. Ajoutez à ces travaux le goût des collections scientifiques, celui des livres rares, des reliures précieuses, dont il aimait à orner sa bibliothèque; mettez par-dessus tout cela les plus aimables qualités de l'homme privé unies aux solides vertus de l'homme public, et vous aurez une existence bien remplie, dont la fin trop précipitée a été regardée, à Clermont-Ferrand, comme un malheur public. Elle a été vivement ressentie au Puy, surtout dans notre Société, où M. Peghoux comptait de nombreux amis d'enfance et des collègues qui lui étaient unis par des liens étroits de parenté. M. le Président transmettra à madame Peghoux et à ses enfants l'expression des regrets de la Société.

M. le Président est encore l'organe de la Société en exprimant des regrets au sujet de la mort d'un autre de ses membres.

M. Jules Pradier est décédé à Paris, à l'âge de 51 ans, le 27 septembre, sans laisser d'enfant. Il était un digne représentant d'une de ces fortes et anciennes familles dont nous voyons se perdre le nom avec tant de regret, et qui, dans les fastes consulaires de la cité, dans les événements de notre histoire locale, ont rempli un rôle actif. M. Jules Pradier n'avait pas dégénéré; il accomplissait avec distinction les devoirs de sa place, et ses loisirs étaient occupés par l'étude de l'histoire et par des travaux scientifiques; membre non résidant de cette Société, il prenait part à nos travaux et, quoique éloigné du pays, il s'intéressait vivement aux études

ayant trait à notre histoire et à nos antiquités qu'il connaissait et qu'il aimait en véritable enfant du Puy.

L'entomologie de ces contrées avait surtout attiré son attention. Il avait du goût pour ce genre de recherches qui l'appelaient souvent dans le département de la Haute-Loire. La collection d'insectes coléoptères de ce département qu'il a laissée est complète et précieuse; sa place, déjà marquée, dit-on, par la libéralité de sa famille, comblera une grave lacune dans les galeries scientifiques destinées à décorer notre nouveau Musée (1). Cette collection, enfermée dans vingt vitrines, a été classée et déterminée par son auteur avec un vrai talent et d'après les méthodes modernes. Elle est très-appréciée par la Société entomologique de France, dont M. Pradier était un des membres les plus actifs. M. Dejean, un des premiers entomologistes de notre époque, dont le nom fait autorité dans les sciences naturelles, par une rare distinction, a donné le nom de Jules Pradier à un sujet découvert par notre savant compatriote.

Sa mort est une perte réelle pour la science, dont il cultivait avec tant de succès une des branches; elle sera aussi vivement déplorée dans notre ville, vers laquelle son cœur et sa pensée le portaient sans cesse, où il laisse de nombreux amis qui ont su apprécier

(1) Le frère de M. Jules, M. Felix Pradier, qui dirige avec des soins si consciencieux et si éclairés la construction de la fontaine monumentale qui s'élève sur la place du Breuil, est aussi chargé du plan de reconstruction de notre Musée, qui est encore un des legs de Crozatier. Notre habile architecte saura bien trouver dans les nouvelles salles un emplacement digne des travaux de son frère.

« VorigeDoorgaan »