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Or, à Lucas il n'en refta que dix: mais du travail anoiffant tout le prix, il redouble d'ardeur, s'empreffe, s'évertue; à chacun de fes champs, bien fumés & nourris, il donnoit, au lieu d'un, quatre coups de charue; lui-même, avec grand foin, relevoit les épis, les dirigeoit, avoit à tout la vue.

Un long foffé recevoit les torrens;

& lorfque du foleil la flamme plus prochaine, lance fur les guerets des rayons dévorans,

des mêmes eaux dont la foffe étoit pleine, par des canaux, il arrofoit la plaine. Bientôt enfin ces dix arpens, fertilisés par fa main diligente, rendirent à Lucas autant que les quarante. Il paffoit pour forcier parmi les payfans: on le fuyoit, on redoutoit fa vue.

Arrêtez, leur dit-il, & contemplez mes champs j mon fortilège, amis, c'est ma charrue.

Par M. FALLET.

\ ÉPITAPHE D'UN PARESSEUX.

CY-GIT

Y-GIT Charlot le pareffeux,

lequel à fon heure dernière

s'écria: « Que je fuis heureux!

»je vais n'avoir plus rien à faire ».

Par M. le Comte DE FONTETTE SOMMERY,

UNE DEMOISELLE CONSIDÉRANT UNE MONTRE.

CON

OM ME elle bat! fon bruit imite
de mon cœur le palpitement.
L'aiguille approche du moment :
ainfi le defir qui m'agite,
me rapproche de mon amant.
Comme elle tourne lentement !
Ah! vers mon amant, ma pensée
eft mille fois plus empreffée.
Mais dans ces inftans pleins d'appas
qu'il me dita: Je vous adore,
lente aiguille, ne tourne pas;

ou du moins, fois plus lente encore.

Par M. MAYER.

G

CONT E.

UILLOT tout fier revenoit de Versailles; Jean lui demande : As-tu bien vu le Roi? Vrament, compère, il a parlé de moi, en me voyant ! Bon, reprit Jean, tu railles. Nenni parguienne! hier, pour le mirer, tour diet à lui j'allions à la fourdeine il a bian dit qu'on falle retirer

cet homme-là, je n'aime point fa meine.

Par M. PONS DE VERDUN.
NAIVETÉ

NAÏVETÉ D'UNE BERGERE.

Fuis tous nos Bergers d'afentour,

à fa fille difoit Climène ;

mon enfant, ce qu'on nomme amour, fait moins de plaifir que de peine.

Le bonheur eft dans l'amitié;
écoute toujours fon langage:
mais d'amour qui reçoit l'hommage,
mon enfant, me fait grand'pitié.

Maman, je promets d'être fage: je retiendrai cette leçon.............. Daphnis, caché par un buiffon, juroit auffi d'en faire usage.

I la guetta le lendemain,
cette naïve Bergerette,
& la trouva dès le matin,
qui gardoit fes agneaux feulette.

De l'amour il ne lui dit rien; afin d'être plus sûr de plaire, il l'infpira cela vaut bien la peine qu'il eut à fe taire. Année 1780.

I

Je fuis ami, jamais amant,
dit le Berger qui favoit feindre.
Tant mieux! reprit la jeune enfant,
je pourrai te voir, fans rien craindre.

Hé bien fois toujours mon amie,
reprit Daphnis en fouriant;

je veux,

fans être ton amant,

t'aimer.... t'aimer toute ma vie.

« Donne-moi donc, ô ma Philis,
» de ta bouche un baiser pour gage;
par-là commencent les amis ».

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Volontiers, puisque c'est l'usage,

Baifer plus tendre fuit le fien:
ah dit la fenfible Bergère,
l'amitié feule eft le vrai bien,
j'eus ráifon de croire ma mère.

Par Madame la Marquise DE LA Fer.

EPIGRAMME.

.....

MyIUS s'en alloit en criant par la ville:

Meffieurs, j'ai le fecret des vers du grand Virgile ». · Oui, reprit un passant, d'un air persuadé, » & jamais un fecret ne fut fi bien gardé ».

COUPLETS

A MADAME DE **, ET A M. L'ABBÉ DE **.

E

AIR: De Joconde.

NTRE vous, je vois en honneur,
des traits de reffemblance.

Tes regards font fuir le malheur,
vos yeux l'indifférence.

Tu gagnes les cœurs à jamais,
& vous tournez les têtes.
Chaque moment voit tes bienfaits:
chaque jour vos conquêtes.

Mais, l'Abbé, je t'aime encor mieux....
foit dit Yans vous déplaire.

Sans ceffe tu fais des heureux,
& vous n'en faites guère.
Ta bienfaifance, & vos appas,
auront un fort contraire :

tu pourrois trouver des ingrats,
mais vous n'en fauriez faire.

Par M. RoYOU,

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