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tence qui le rend conforme au principe de sa nature, et tout ètre est bon par le simple effet de ce qu'il est l'ouvrage de Dieu (1).

C'est cette même science qui considère les différentes espèces de causes et de principes, et les diverses manières dont une chose peut être la cause ou le principe d'une autre, distingue aussi les principes spirituels des diverses connaissances de la vérité, comme sont ceux de la géométrie dont il sera parlé dans la suite, qu'on appelle axiomes, ceux de la morale, qu'on appelle maximes, et ceux des autres sciences; et la métaphysique a même les siens, comme celui-ci qu'il est impossible qu'une chose soit ou ne soit pas, et d'autres semblables. Ainsi, on distingue dans la métaphysique les causes qui produisent des effets, comme le soleil produit la chaleur, ce qu'on appelle cause efficiente, les principes qui nous font agir, comme la fin que nous nous proposons, qu'on nomme cause finale; l'exemple que nous imitons et les autres.

C'est encore cette science qui s'élève à la connaissance de la nature des anges et de celle de Dieu et des attributs divins, non de la manière réservée à la théologie, qui joint au raisonnement naturel les principes de la foi, mais par les simples lumières de la nature qui fournissent diverses preuves qu'il y a un Dieu, et qui renferment la nécessité de son existence, de son indépendance, de son immutabilité, de sa toute-puissance, de sa providence et de ses autres attributs.

La physique est différente de la logique et de la métaphysique, non-seulement la distinction de son objet, mais aussi par la par manière dont elle en traite; car elle n'a pour objet que les corps, et elle y considère principalement ce qu'ils ont de matériel et de sensible; leurs qualités, leur génération, leur corruption, leur construction, c'est-à-dire la manière dont ils sont composés, ce qui fait et distingue les différentes sortes de matières, l'assemblage des petites parties dont tous les corps sont composés, la nature de ses parties, celle des diverses qualités des corps, couleurs et autres, et de la lumière qui les fait voir, les causes des mouvemens que fait dans les corps ce qu'on appelle le poids, et de ceux que fait l'impression qu'un corps peut recevoir d'un autre, ce que c'est que ce poids, ce que c'est que cette impression, ce qui fait cette autre sorte de mouvement de la dilatation des corps liquides échauffés, qu'on appelle raréfaction; les diverses causes et effets de ce qu'on nomme fermentation, et les autres matières semblables qui ont presque toutes un caractère d'obscurité, qui fait qu'elles sont plutôt l'objet d'un travail d'esprit et d'une étude infructueuse, que d'une science qui parvienne

(1) Gen. 1. 31.

à des connaissances claires et certaines; car on peut dire de la physique, qu'elle n'a presque rien découvert jusqu'à présent, et qu'elle ne découvrira vraisemblablement que bien peu de choses, qui satisfassent parfaitement un esprit juste sur toutes les matières dont on y traite, comme de celles qu'on vient de remarquer, et des autres semblables. Sur quoi l'on peut dire que comme Dieu n'a donné aux hommes l'usage des sciences que pour leurs besoins, il ne leur a laissé que celui des connaissances que la raison et l'expérience peuvent leur donner de ce qui peut être nécessaire pour ces besoins, et leur a caché, comme il a été dit en un autre lieu (1), ce qui ne serait que l'objet de la curiosité, se rendant également admirable, et par l'ordre et la beauté de ce que nous connaissons de ces ouvrages, et par l'impénétrabilité de ce qu'il ne veut pas que nous connaissions.

et

La physique ne laisse pas d'avoir son usage; car, outre qu'elle enseigne quelques vérités certaines, comme, par exemple, ce qu'elle emprunte de la géométrie sur l'impossibilité d'arriver à une dernière division des moindres particules de chaque corps, ce qu'elle prend de l'astronomie pour la sphère et les mouvemens ou des cieux ou de la terre, qui font les jours et les années, qu'en quelque autre matière elle découvre plusieurs vérités. L'étude des matières même les plus obscures de la physique, a son utilité d'exercer les esprits des étudians par divers raisonnemens, Cette même physique a aussi cette utilité qu'elle conduit à une autre physique, dont l'usage est d'une grande nécessité et utilité pour le public, et qui a pour objet de découvrir par des raisonnemens et des expériences sur les diverses espèces de corps et de matières de toute nature, animaux, arbres, plantes, minéraux et autres, ce qu'il y a de qualités qui puissent servir à l'usage des remèdes pour les diverses maladies, et à une infinité d'autres usages dans tous les arts; car leur grande étendue demande qu'on y emploie une infinité de diverses matières nécessaires, ou par leurs simples qualités naturelles, ou par les diverses préparations que l'étude des expériences de plusieurs siècles a découvertes, et qui peuvent toujours se multiplier et se perfectionner de plus en plus en cultivant cette étude comme on le fait aujourd'hui en France.

La quatrième et dernière partie de la philosophie qui est la morale, a cela de commun avec la logique et la métaphysique, que son objet et ses principes sont indépendans des sens; car elle a pour objet tout ce qui regarde les mœurs, la nature et les caractères des actions humaines, c'est-à-dire celles d'une volonté libre qui agisse pour quelque fin, et qui sont capables du bien ou du mal, la nature et les caractères de cette liberté, les di

(1) V. le traité des lois, ch. 1, art. 3. Eccl. 3. 11. Eccl. 11. 5.

verses passions de l'homme, ses affections, ses habitudes, les fins qu'il se propose, sa pente au bien et à la félicité ou réelle ou apparente; les vertus qu'on appelle morales, prudence, justice, force, tempérance; les lois et les autres matières semblables qu'on explique dans cette science, comme on explique dans la métaphysique, ce qui regarde Dieu et ses attributs, c'est-à-dire par des raisonnemens tirés des lumières naturelles. Et on voit aussi que plusieurs auteurs païens ont traité de cette science. Sur quoi il faut remarquer la conséquence du bon usage de ces principes et du détail qu'on y enseigne pour ne rien donner aux principes de la philosophie humaine qui puisse blesser ceux de la religion, mais que ceux-ci tiennent lieu partout des premières règles, et que toute cette morale ait son esprit, ses sources et ses fondemens dans l'esprit de la religion, et dans les vérités de la foi qui doivent régner en tout ce qu'on y apprend. Comme la conséquence' de l'intégrité et de la pureté des mœurs et de toutes les règles qui regardent les matières qu'on enseigne dans cette science humaine de la morale, qui fait partie de la philosophie, a obligé à cette dernière remarque de n'en faire aucun usage qui blesse les principes de la religion et les vérités de la foi, on peut remarquer aussi sur les trois autres parties de la philosophie, logique, métaphysique et physique, qu'il est important non-seulement de n'y rien mêler et n'en rien tourner contre les dogmes de la foi, mais qu'il faut avoir soin d'éviter de plus en toutes sortes de raisonnemens, sur quelque matière que ce puisse être, non-seulement les subtilités et les curiosités inutiles que quelques-uns mêlent à ce qu'il y a de nécessaire et d'utile dans ces sciences, mais encore le mauvais usage de ce qui est même de leurs principes et de leurs règles; car, encore que ces principes et ces règles aient leur fondement dans la nature, et qu'ainsi un jugement solide puisse en faire un usage qui paraisse sans art et tout naturel, ces personnes en usent dans leurs discours et dans leurs écrits d'une manière qui marque la méthode et l'air des écoles, comme il arrive à ceux qui font un pareil abus de la rhétorique; au lieu que le bon usage de tous les principes et de toutes les règles de la rhétorique, de la logique et de la métaphysique, étant tiré de la nature, devrait être l'effet de l'habitude à concevoir et à raisonner naturellement. De sorte qu'il ne faut user de ces principes et de ces règles, que de la même manière qu'on use de celles de la grammaire, que l'on observe naturellement sans faire réflexion, ni sur la différente nature des noms, des verbes, des participes et des autres mots qui composent toutes les langues, ni sur les modes et les temps des verbes; ce qu'il faut entendre à proportion des différens usages de tous ces divers arts, et des différentes manières dont les habitudes peuvent s'en former.

Avant que de passer aux autres arts ou sciences qu'on enseigne dans les écoles publiques, et dont la principale est la géométrie, il faut rappeler ici la réflexion qu'on a déja faite sur la physique, qu'encore que cette science ait pour objet les corps et les matières sensibles, la nature des parties qui les composent, celle de leurs qualités, et les autres choses semblables qu'elle y considère, elle n'en donne que bien peu de connaissances qui aient quelque certitude; au lieu que la géométrie, qui a aussi pour objet les corps et les matières sensibles, mais qu'elle considère par d'autres vues, n'en enseigne rien, qui non-seulement ne soit trèscertain, mais qui n'ait une évidence telle que tout esprit capable de cette science est convaincu de tout ce qu'elle avance, de même que chacun est assuré que le tout est plus grand que sa partie.

Cette différence entre la géométrie et la physique, est un effet naturel de la différence des manières dont l'une et l'autre considèrent les corps et les matières qui sont leur objet : car, au lieu que la physique doit considérer dans les corps, leurs causes, leurs qualités pour découvrir quelle est leur nature qui est invisible aux sens, la géométrie n'y considère ni leurs causes, ni leurs qualités, mais seulement leur quantité qu'elle regarde indépendamment de la nature des diverses sortes de corps et de toutes leurs autres qualités, se bornant à la seule vue de ce qui entre dans l'idée de la quantité. Elle en distingue deux espèces, l'une de l'étendue de ce qui est contenu et qui consiste ou en longueur seule, qui sont les lignes dont les points sont les extrémités; ou en longueur et largeur ensemble qui font les extrémités des corps, qu'on appelle leur surface; ou en longueur, largeur et profondeur qui font les corps solides; l'autre espèce est des nombres qui font la quantité des choses distinctes. Et parce que la durée du temps et les mouvemens des corps font aussi une espèce de quantité, la géométrie y a pareillement son usage selon que cette durée et ces mouvemens sont considérés sous cette idée de quantité. Ainsi, la géométrie considère les diverses sortes de lignes droites, courbes, spirales et autres, les diverses sortes d'angles que font ces lignes lorsqu'elles concourent à un point; les figures des triangles, des cercles, des quarrés et autres surfaces; les pyramides, les cubes, les globes, et les autres corps solides; les parties de la durée et du mouvement; et en chacun de ces différens objets, la géométrie regarde leur nature, leurs propriétés, les rapports des uns aux autres dans le même genre et leurs différences, comme si l'un est plus grand que l'autre; la manière dont l'un est contenu dans l'autre, ce qu'on appelle raison; la comparaison de la raison de l'un à l'autre, à une autre raison d'un autre à un autre, ce qui s'appelle proportion; et commençant par les définitions des termes et des choses qu'ils signifient, par des règles qui établissent des principes incontes

III.

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tables comme ceux ci, que deux choses égales à ane troisième, sont égales entre elles; que si à chacune des deux quantités égales on en ajoute d'autres égales, les tous seront égaux, et autres semblables; par des demandes dont on ne puisse disconvenir, comme qu'il soit permis de tirer une ligne d'un point à un autre ; on découvre par ce progrès une suite infinie de vérités dont les premières sont évidentes par leur liaison nécessaire aux définitions, aux principes et aux dispositions qui ont précédé. Et de ces premières vérités qui deviennent elles-mêmes des principes par leur évidence, on passe à d'autres successivement; de telle sorte, que rien ne soit avancé qui n'ait l'évidence d'une définition ou d'un principe, ou qui ne soit démontré avec la même certitude qu'ont les principes.

C'est par cet enchaînement de définitions, de principes et de démonstrations qui dépendent les unes des autres, qu'on découvre dans la géométrie une infinité de vérités qui paraissent impénétrables, et quelques-unes, même qui passent les bornes de toute imagination, comme, par exemple, qu'il y a des lignes, des surfaces et des corps solides, qui, comparés à d'autres de même genre, ne sauraient avoir aucune mesure commune, si petite qu'elle puisse être, ce qu'on appelle quantités incommensurables, qui ne peuvent être comparées entre elles comme un nombre à un autre nombre car tous les nombres ont pour mesure com. mune au moins l'unité. Mais quand on diviserait ces quantités en particules jusqu'à l'infini, on ne saurait arriver à une partie assez petite, pour servir de mesure commune à ces quantités; comme l'unité est une mesure commune de tous les nombres, et toutes les moindres particules où l'on ne saurait jamais arriver, divisant toujours, seront toutes trop grandes pour mesurer au juste ces deux sortes de quantités; de même que le nombre deux est trop grand pour être une mesure commune de trois et de quatre, ni de dix et d'onze.

On ne doit pas s'étendre davantage ici, ni sur les matières qui sont l'objet de la géométrie, ni sur les diverses manières dont on y use, pour former les démonstrations les plus difficiles, comme dans cette partie de la géométrie qu'on appelle algèbre; mais il a été nécessaire de faire ce peu de remarques pour expliquer en général l'ordre de la méthode dont la géométrie se sert pour faire les preuves de ce qu'elle enseigne. Et comme dans la logique on a aussi expliqué en général son usage, pour bien concevoir toutes sortes d'objets et en raisonner, on doit de même remarquer dans la méthode de la géométrie, l'ordre qu'elle observe pour ce même usage, et considérer en même temps différence entre l'objet et la méthode de la géométrie et l'objet et la méthode de la logique.

la

Cette différence consiste, pour l'objet, en ce que les matières

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