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[v. 260.] Elles, qui ne suivent ni les hommes ni les immortels.

Tel est le sens littéral du vers 260:

Αἅ ῥ ̓ οὔτε θνητοῖς οὔτ ̓ ἀθανάτοισιν ἔπονται.

Peut-être faut-il entendre par là qu'elles n'étaient pas soumises, qu'elles n'étaient aux ordres ni des hommes ni des dieux. Plusieurs passages de l'Odyssée autorisent cette interprétation (1). C'est ainsi qu'en français une suivante est une personne attachée au service de quelqu'un.

[v. 263-4.] Avec elles, les Silènes et le clairvoyant Mercure s'unissent d'amour dans des grottes profondes.

Les Silènes étaient les vieux satyres, comme le prouve Bachet Mériziac (2), d'après l'autorité de Pausanias (3) et de Servius (4).

HYMNE IV. A CÉRÈS.

[v. 1.] Je commence par chanter Cérès à la blonde chevelure.

Cet hymne n'a été imprimé pour la première fois que depuis

(1) Entre autres voyez le vers 248 du XVIa ch. de l'Odyssée : ἓξ δὲ δρηςῆρες ἔπονται,

....

"six serviteurs les suivent, »

(2) Comment. sur les Ép. d'Ovide, t. I, p. 440.

(3) Attica c. 23.

(4) In Virg. Ecl. VI, 14.

environ une cinquantaine d'années. Auparavant on n'en connaissait que quelques vers, cités par Pausanias (1); mais en 1780, Chrétien Fréd. Matthæi, appelé à Moscou pour y favoriser le goût des lettres, apprit qu'il existait dans la bibliothèque de Saint-Synode plusieurs manuscrits qu'on n'avait point encore examinés. Parmi ceux qu'il parcourut, il s'en trouva un d'Homère, à peu près de la fin du XIVe siècle, qui, outre un fragment de l'Iliade, contenait les seize premiers hymnes, dans l'ordre où nous les possédons. Mais après le seizième, le dernier de ceux qui se trouvaient dans le manuscrit, on lisait douze vers d'un hymne à Bacchus qui n'a jamais été retrouvé dans son entier, et à la suite l'hymne complet de Cérès, intégralement conservé, à l'exception toutefois de la seconde partie, où plusieurs vers sont mutilés. Matthæi, charmé de sa découverte, mais ne voulant ou ne pouvant pas la faire imprimer à Moscou, en confia le soin à Ruhnkénius, déja connu par une épître critique sur les hymnes d'Homère. En effet, en 1780, Ruhnkénius publia pour la première fois l'hymne à Cérès. Mais il arriva que Matthæi, trop pressé par le desir fort naturel de hâter sa publication, commit quelques erreurs de copie; si bien que, dans cette édition de 1780, après le vers 198, il manque vingt vers, et un après le vers 413. Ces omissions causèrent une vive peine à Matthæi. On s'empressa de démentir cette première édition, et d'en retirer tous les exemplaires qu'on put trouver; et Ruhnkénius, en 1782, donna une seconde édition, la seule authentique, à laquelle il joignit la version latine de Vossius et ses deux épîtres critiques: la première sur les hymnes d'Homère et sur Hésiode; la seconde sur Apollonius et Callimaque.

Cet hymne est fort beau, et la découverte est d'une haute importance. Il se rapporte sans doute à l'établissement des fêtes et des mystères d'Éleusis, comme celui d'Apollon se rapporte à l'établissement des oracles de Délos et de la Pythie.

[v. 47.] Pendant neuf jours la vénérable Cérès...

1) Lib. II, 24; IV, 30.

Le grec porte novia Anès, la vénérable Déo ; j'ai conservé ici le nom de Cérès pour la clarté du récit. Mais, dans d'autres passages où ce nom reparaît (v. 122, 211 et 492), j'ai traduit Dẻo. Au reste, ce nom donné à Cérès se retrouve plusieurs fois non seulement dans les auteurs grecs, mais aussi dans les auteurs latins (1).

[v. 122.] Mon nom est Déo.

dans

Le manuscrit porte Δὼς ἐμοί γ' ὄνομ ̓ ἐςί. Ruhnkenius aurait voulu qu'on écrivit Aopis, pour éviter la faute contre la mesure; car un vers hexamètre ne peut commencer par un trochée. Ilgen, la même vue, écrivait Δὼς μὲν ἐμοί γ. δ. έ. Wolf et Boissonade ont adopté Aro, nom donné dans la suite à Cérès, comme je viens de le remarquer (2). Dans tous les cas, voici, d'après le grand Etymologique, la signification de ce nom : « Déo, Cérès... du verbe So, qui signifie trouver. Car, après que cette déesse se fut mise « à la recherche de sa fille, tous lui disaient par euphémisme: Arts, «<tu la trouveras (3). »

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[v. 198.] Triste, elle resta long-temps sur son siége sans rien dire.

C'est après ce vers que, dans la première édition de 1780, il en fut omis vingt; de sorte qu'immédiatement après le vers 198 on lisait le vers 226 :

Παῖδα δέ τοι πρόφρων ὑποδέξομαι, ὥς με κελεύεις.

La

« Je recevrai volontiers l'enfant, comme vous me l'ordonnez. phrase, non finie au vers 198, et le sens du vers 226, firent bien

(1) Aristoph. in Plat. 515. Eurip. in Helena 1359. Apollon. Rhod. III, 413. Athen. Deipn. X, p. 449, C. Pausan. VIII, 42. Suid. et Hesych. in voc. Anó. Ovid. Metam. VI, 114; VIII, 758.

(2) Voy. les obss. sur le v. 47 de cet hymne.

(3) Voc. Arò, p. 263, l. 48, et plus loin on trouve : Arò, & Anutτηρ· ἀπὸ τοῦ δήειν (τοῦ ζητεῖν) τὴν Περσεφόνην, p. 266, 1. 42.

pressentir à Ruhnkénius qu'il y avait une lacune; en effet, la copie qu'on lui envoyait était fautive (1),

[v. 211.] L'auguste Déo l'accepta par grace.

ὁσίης ἕνεκεν, comme le manuscrit, et non point ὁσίης ἐπέβη, comme le proposait Vossius, leçon adoptée par Wolf et rejetée par M. Boissonade, d'après l'observation de Dupuy, qui pense qu'on ne peut pas supposer que Cérès jouit d'un honneur divin, doing één, puisque Métanire ne savait pas qu'elle était une déesse. Mais Dupuy se trompe en disant ici que le sens n'est pas complet (2), parce que, comme l'observe très-bien M. Boissonade, δεξαμένη Δηώ est un nominatif absolu (3).

[v. 236.] Sans se nourrir de pain et sans sucer le lait. Cérès, etc.

Voici comment Wolf et Hermann écrivent ce passage:

Οὔτ ̓ οὖν σῖτον ἔδων, οὐ θησάμενος.

Δημήτηρ κ. τ. λ.

M. Boissonade ne suppose point de lacune, et suit la leçon du manuscrit :

Οὔτ ̓ οὖν σῖτον ἔδων, οὐ θησάμενος. Δημήτηρ κ. τ. λ.

Quoique la transition soit brusque, je ne crois pas qu'il soit indispensable de supposer et d'admettre une lacune.

[v. 239.] Pendant la nuit elle le cachait, tel qu'un tison, dans un ardent foyer.

La loi des Hébreux s'élève contre cette superstition de ca

(1) Voy. les obss. sur le premier vers de cet hymne. (2) Mém. de l'Acad. des Inscript., t. XLVI, p. 435. (3) Notul. in h. v.

cher un enfant dans le feu pour le rendre immortel : « Qu'il ne « se trouve personne parmi vous qui purifie son fils ou sa fille <«<en les faisant passer par le feu (1).» J'ai déja eu l'occasion de remarquer que cet usage barbare n'était pas connu d'Homère, qui sans doute en eût fait mention à l'occasion d'Achille (2), qu'on a dit plus tard avoir été mis dans le feu par sa mère Thétis pour le rendre immortel, comme le rapportent Apollodore (3) et Apollonius de Rhode (4).

[v. 344-5.] Elle, qui conçut un dessein funeste aux pénibles travaux des dieux.

Voici comment la fin du vers 344 et le vers suivant sont écrits dans le manuscrit de Moscou :

Ηδ' ἐπ' ἀτλήτων

ἔργοις θεῶν μακάρων μητίσετο βουλή.

M. Boissonade, dont j'ai suivi la leçon, corrige un peu ce texte évidemment corrompu, mais laisse subsister encore des difficultés; car ἐπ' ἀτλήτοις et ἔργοις θεῶν pèchent contre la mesure. Si l'on fait tant que de corriger, il faut adopter la conjecture très-vraisemblable d'Hermann :

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[v. 371-3.] Pluton alors, rôdant autour d'elle, lui donne à manger, en secret, un doux pepin de grenade. Les anciens attachaient une idée singulière et mystérieuse à la grenade. Pausanias s'écrie : « Loin de moi de dire ce qu'on raconte << sur les grenades! c'est un mystère qui ne doit pas être ré‹vélé (5).» Artémidore, dans ses explications des songes, dit : Les grenades sont un signe de désastres à cause de la couleur,

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(1) Deuteron. 18, 10. Cf. Reg. IV, 16, 3.

(2) Voyez les observ. sur le v. 57 du XVIII ch. de l'Iliade.

(3) Bibl. III, 13, 6.

(4) Arg. IV, 869 seqq. (5) Pausan. II, 17.

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