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Dans le manuscrit Harleyen consulté par Porson, après le vers 93 ci-dessus, on trouve ces deux vers écrits en marge:

ἐκεῖθεν δ' ἐς Κρήτην δὲ (1), παρ ̓ ἐδομενῆα ἄνακτα·

ὁ γὰρ δεύτατος ἦλθεν Αχαιών χαλκοχιτώνων (2).

« De là dans la Crète auprès du roi Idoménée; car il était venu « le plus récemment de tous les Grecs à la cuirasse d'airain. »

Il paraît, en effet, que, d'après certaines traditions assez obscures, Télémaque aurait voyagé dans la Crète; c'était l'opinion de Zénodote (3); et les soins que prennent les scholiastes de réfuter cette opinion (4) prouvent qu'elle avait existé. Il est possible que dans certains manuscrits rassemblés à Alexandrie, et dont Zénodote aurait eu connaissance, il fût question de ce voyage en Crète d'une manière plus explicite.

[v. 96-8.] Ayant ainsi parlé, la déesse attache à ses pieds de superbes et d'immortels brodequins d'or qui la portent sur les ondes et sur la terre immense aussi vite que le souffle des vents.

Comme ces vers se trouvent au vingt-quatrième de l'Iliade à l'occasion de Mercure (5), et que les trois suivants, où il est question de la lance de Minerve, se trouvent au cinquième de l'Iliade(6), Knight pense qu'ils auront été transportés à tort de ces deux endroits pour figurer ici; et en conséquence il les retranche de son édition. Ce qu'il y a de sûr, c'est que, quant aux vers 99,

(1) Buttmann propose d'écrire xeitev dè Kentvde, comme dans l'édition de Vienne donnée par Alter, où l'on trouve ces deux vers.

(2) Sch. edit. Buttm. in eumd. vers. Remarquez que le premier de ces deux vers suppose la prononciation du digamma. Remarquez aussi que le second vers est appliqué à Ménélas dans ce même chant, v. 286. (3) Sch. ed. Buttmanno in Odyss, y', 313.

(4) Ead. sch. in Odyss. B', 359, et d', 702.

(5) Iliad. ', 340-2.

(6) Iliad. e', 745-7.

quand il dit : « Nostra patria delectat : cujus rei tanta est vis, ac << tanta natura, ut Ithacam illam in asperrimis saxulis, tanquam nidulum, affixam, sapientissimus vir immortalitati antepone«ret (1). »

[v. 62.] Près des vaisseaux argiens, et dans les vastes champs d'Ilion, a-t-il jamais négligé vos sacrifices? Pourquoi donc êtes-vous maintenant si fort irrité contre lui, grand Jupiter?

Knight supprime le dernier vers du discours de Minerve (62), parce que, selon lui, un vers ne peut pas commencer par Tpoin, attendu que dans Homère ce mot n'est pas composé de deux longues, mais de deux brèves et une longue, TecFin (2). Dans ce cas, le sens est: «Près des vaisseaux argiens a-t-il jamais négligé « vos sacrifices? >> Ce qui vaut bien mieux (3).

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[v. 93.] Ensuite je veux l'envoyer à Sparte et dans la sablonneuse Pylos.

Quelques critiques anciens regardaient ce voyage de Télémaque comme hors de propos dans les circonstances où se trouvait ce jeune héros; d'autres le justifiaient (4). Tout ce qu'il y a à dire, c'est que la renommée des voyages de Télémaque s'étant répandue dans l'Ionie, fut célébrée par les premiers chanteurs, et que par la suite ces poésies, sous Pisistrate, furent réunies à celles qui étaient relatives au retour d'Ulysse, parce qu'elles s'y rattachaient tout naturellement.

(1) De Oratore, lib. I, § 44, éd. Oliv.

(2) Knight, Not. in Odyss. ά, 62.

(3) Voyez les obss. sur le v. 256 du XXIV chant de l'Iliade.

(4) Schol. edit. Buttmanni in Odyss. a', 93.

«

[v. 106.] Ils s'amusaient à jouer aux dés devant les portes.

J'ai rendu par dés ce qu'Homère en grec nomme σσi, faute de mieux. Les petites scholies disent: « Ce sont des espèces de cubes, nommés ainsi du verbe παίζειν, jouer, ou de πίπτειν, tomber, « parce qu'on y jouait en les lancant (1). » Les mêmes scholies traduisent aussi ce mot par petites pierres, ñsoooì dè ci ‡ñpoɩ (2). L'abréviateur d'Athénée nous a conservé une prétendue description de ce jeu, que donnait Apion d'Alexandrie, d'après Ctéson d'Ithaque (3); mais toutes ces explications sont purement arbitraires.

[v. 123-4.] Salut, étranger; vous serez accueilli par nous; puis, quand vous aurez pris quelque nourriture, vous direz ce qu'il vous faut.

C'est surtout dans l'Odyssée qu'on trouve de nombreux exemples de cette hospitalité si touchante des siècles héroïques. Alors les hommes voyageaient rarement, et rien n'était disposé pour la commodité du voyage. Quand par des raisons puissantes on était forcé de quitter sa patrie, chacun obtenait sans peine un asile dans la demeure d'un inconnu, qui réclamait à son tour les mêmes bienfaits en pareille circonstance. C'est ainsi que les mœurs fondèrent cette religion d'hospitalité à laquelle les anciens héros se montrèrent toujours si fidèles (4). Ils adoraient Jupiter hospitalier, Jupiter vengeur des suppliants (5); ils croyaient que les étrangers et les pauvres leur étaient envoyés par cette divinité (6), et ils appelaient sa colère sur ceux qui violaient ces devoirs sacrés (7).

(1) Brev. sch. in Odyss. a', 107.

(2) Id. ibid.

(3) Deipn. Epit. I, p. 16, F, 17 A. (4) Iliad. v', 625. Odyss. E', 284.

(5) Odyss. ', 270.

(6) Odyss. ', 208. ', 58.

(7) Iliad. y', 354.

On jurait par la table et le foyer où l'on était accueilli (1).« A la «<voix d'un étranger, dit Barthélemy, toutes les portes s'ouvraient, <<< tous les soins étaient prodigués; et pour rendre à l'humanité le <plus beau des hommages, on ne s'informait de son état et de <«<sa naissance qu'après avoir prévenu ses besoins (2).» Bien plus, on faisait accepter à son hôte de riches présents, et les rois les conservaient dans leurs palais, pendant plusieurs générations, comme de précieux monuments (3). Enfin les liens de l'hospitalité imposaient des obligations qu'on ne transgressait jamais (4).

[v. 132.] Loin des prétendants.

Le grec porte ἔκτοθεν ἄλλων μνηστήρων. Knight finit la phrase au vers 132, Exтolev äλwv, loin de tous les autres en général, c'està-dire à l'écart (5). Il croit que le mot pornpov mis en marge aura produit les trois vers suivants 133-5: conjecture d'autant plus probable, que les prétendants, ajoute Knight, ne sont point encore rentrés dans la salle du festin. Il blâme aussi le verbe adoɛtav du v. 134, pour androetev, se déplaire (6).

[v. 139-40.] L'intendante du palais y dépose le pain et des mets nombreux, en y joignant ceux qui sont en réserve.

J'ai traduit les mots χαριζομένη παρεόντων qui terminent le vers 140, en y joignant ceux qui sont en réserve. Eustathe dit que les

(1) Odyss. ', 157. p', 155.

(2) Introd. au voyage de la Gr., p. 57, éd. de 1789. Cf. Athen. Deipn. V, 185. C.

(3) Iliad. ', 215 seqq.

(4) Iliad. ', 224 seqq.

(5) Souvent Homère emploie l'adjectif λ dans cette acception générale. Cf. Odyss. p', 592.

(6) Knight, Not. in Odyss. a', 133.

mets désignés ici par l'épithète mapeóvra étaient ceux qu'on tenait renfermés dans l'office: Tà év T Tapeío dñólera (1). Il ajoute que c'étaient les mets que l'on pouvait conserver long-temps, comme les viandes salées: τὰ ἐπὶ πολὺ παραμένοντα, ὅποια τὰ ἁλίπαστα (2). Ce qui suppose déja un raffinement de cuisine dont il n'y a pas de traces dans l'Iliade. Au reste, on ne trouve dans l'Odyssée aucun détail sur l'art de conserver les viandes, soit par la salaison, soit par tout autre procédé.

[v. 141-2.] Un autre serviteur apporte des plats chargés de toute espèce de viandes, et leur présente des coupes d'or.

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Voici ce que dit Athénée à l'occasion de ce passage: «Si l'intendante (rain) a déja servi beaucoup de mets (ɛidata moddà), il est inutile que l'écuyer tranchant (darpòs) apporte des restes « de viandes qui ne doivent point être servies. De sorte que les deux vers précédents (139-40) suffisent (3).» Eustathe combat cette opinion, ce qui n'empêche pas que Wolf ait renfermé les v. 141-2 entre deux parenthèses. Knight ne les supprime pas; je crois que Wolf a raison; le darpos n'apportait pas les viandes, il les coupait, et distribuait les portions, comme l'indique son nom (4).

[v. 145.] ...et s'asseyent en ordre sur des trônes et sur des siéges.

J'ai dit ailleurs ce qu'il fallait entendre par le siége nommé trone dans Homère, et quelle origine Athénée donnait à ce mot(5). Le même critique explique aussi que le xuò doit s'entendre

(1) P. 1402, l. 7 seqq.

(2) L. c.

(3) L. V, p. 193. B.

(4) Voyez le dict. de Damm au mot d'airpés.

(5) Voy. les observ. sur le v. 238 du XIV ch. de l'Iliade.

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