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il accomplit les ordres du maître des dieux, comme Apollon qui, au quinzième chant de l'Iliade, est envoyé par Jupiter pour secourir Hector blessé (1).

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[v. 44.] Il attache à ses pieds de superbes, d'immortels brodequins d'or.

On lit les mêmes vers au premier chant, lorsque Minerve quitte l'Olympe, comme ici Mercure (2). Ces expressions semblables attribuées à deux divinités différentes, et dans des circonstances analogues, méritent d'être remarquées. Les scholies ambrosiennes et celles du manuscrit harléien disent que c'est à tort qu'on les a transportés ici, soit du premier chant de l'Odyssée, soit du vingtquatrième de l'Iliade (3), où on les retrouve encore, lorsque Mercure est envoyé par Jupiter auprès du vieux Priam, pour le conduire dans la tente d'Achille (4).

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[v. 51.] Semblable à cet oiseau nommé Laros.

Le laros, en latin larus, est l'oiseau que nous nommons goëland. Quelques critiques pensent que ce pourrait être le martin-pécheur, qui se nomme aujourd'hui yλápos dans quelques cantons de la Grèce; mais il est constaté par toutes les analogies que notre martin-pécheur est l'alcyon ou alcyone dont Ovide nous a raconté la touchante aventure et la métamorphose (5), et dont l'histoire mythologique, dit Buffon, n'est que l'embléme de l'histoire naturelle (6). D'ailleurs plusieurs anciens auteurs ont parlé du laros, et ce qu'ils disent de ses mœurs, de ses habitudes, se rapporte entièrement au goëland, et non point au martin - pécheur (7).

(1) Cf. Iliad. o', 220 seqq.

(2) Odyss. a', 96.

(3) Sch. ed. a Buttm. in Odyss. ε', 43.

(4) Iliad. ', 339.

(5) Ovid. Metam. XI, 410 seqq.

(6) Hist. des oiseaux, t. XIII, p. 245.

(7) Suid. v. Aápoç. Sch. Aristophan. Nub. 591, Av. 568; et comparez ce qu'en disent ces auteurs avec son article dans Buffon, t. XVI, , p. 168 et suiv.

[v. 54.] Tel paraît Mercure penché sur la surface

des flots.

Ce vers a paru suspect à quelques anciens critiques, qui le retranchaient comme inutile (1). Les scholies ambrosiennes et celles du manuscrit harléien disent aussi que ce vers a été ajouté mal à propos (2). Les raisons données n'ont pas paru suffisantes à Eustathe (3). Knight le supprime, en faisant observer que jamais dans Homère Mercure n'est nommé Ἑρμῆς, mais toujours Ερμείας (4). Cette observation est très juste.

[v. 55.] Lorsqu'il arrive à l'île lointaine.

L'île de Calypso se nomme Ogygie dans Homère (5). Dans l'antiquité comme de nos jours on a beaucoup discuté sur l'endroit où elle était située (6); l'opinion la plus probable est celle de Pline, qui place cette île non loin du promontoire Lacinium, aujourd'hui cap Colonne, à l'entrée du golfe de Tarente (7). Quelques auteurs ont pensé qu'Ulysse avait parcouru l'océan Atlantique, parce que Calypso est désignée comme fille d'Atlas (8), et aussi parce qu'Homère nomme l'Océan en quelques occasions (9). J'ai déja fait observer que notre poète ne présente que des idées confuses sur l'Océan, qui tantôt est la mer, et tantôt un fleuve (10). D'ailleurs, du temps d'Homère les Grecs n'avaient point franchi le détroit de Gadès; Ulysse ne sortit point de la Méditerranée. Voici le récit sommaire de ses voyages: A son départ d'Ilion, il fit une invasion

(1) Eust. p. 1522 in calc.

(2) Sch. ed. a Buttm. in Odyss. S', 51. conf. sch. in v. 55.

(3) P. 1523 init.

(4) Knight, Not. in Odyss. 8', 54.

(5) Cf. Odyss. a', 85.

(6) Cf. Strab. VII, 299. Mme Dacier, t. I, p. 65. Le Chevalier, Voyage

de la Troade, I, 23, 24.

(7) Plin., III, 15. Cf. la trad. franç. de Strabon, I, p. 52.

(8) Odyss. ', 245.

(9) Strab., I, 26.

(10) Voy. les obss. sur le v. 1 du XIX ch. de l'Iliade.

dans le pays des Ciconiens, peuple de la Thrace, au nord-ouest de Troie. Cette expédition terminée, il éprouva une violente tempête, et lorsqu'il voulut doubler le cap Malée, les vents du nord le poussèrent sur les rivages d'Afrique habités par les Lotophages. Il y séjourna peu de temps, et força bientôt les siens à se rembarquer. Il tint ensuite la route du nord, et vint en Sicile au pays des Cyclopes. Après la terrible aventure du Cyclope, il tint encore la direction du nord, aborda dans l'île d'Éole, parcourut les côtes occidentales de l'Italie, visita l'île de Circé, les environs de Naples, puis revint au midi en traversant le détroit de Sicile. Lui seul étant échappé au naufrage, après son départ de l'île du Soleil, il fut jeté dans l'île de Calypso, à l'entrée du golfe de Tarente, et y séjourna plusieurs années. Quand il quitta cette île pour arriver à Ithaque, une autre tempête le força d'aborder dans l'île Schérie, aujourd'hui Corfou. Ce fut sa dernière station, et c'est de là qu'il fut reconduit dans sa patrie.

[v. 59-60.] Et par toute l'île s'exhalait le parfum du cèdre et du thuya.

Pline l'ancien combat ceux qui traduisent ici le mot éúcu par du bois adorant (žúλov búov), et pense qu'on doit entendre ici l'arbre nommé thuya (1). Eustathe est du même avis (2). Pline ajoute que dans le même vers, Homère parle du cèdre et du larix; « eodem « versu cedrum laricemque una tradat (3).» Or dans le vers que nous avons il n'est question que du cèdre et du thuya fendu en éclats, et non du larix ou mélèse, en grec ñɛúжŋ. Il y a sans doute eu quelque erreur de copie, et au lieu de

κέδρου τ' εὐκεάτοιο θύου τ ̓ ἀνὰ νῆσον ὀδώδει,

peut-être faut-il lire, ainsi que me l'a indiqué M. Boissonade : πεύκης καὶ κέδροιο θύου τ ̓ ἀνὰ νῆσον ἐδώδει.

(1) L. XIII, c. 16, sect. 30. Pline dit Circé au lieu de Calypso, mais c'est évidemment une erreur de mémoire.

(2) P. 1523, 36. Cf. br. sch. in Odyss. e', 60.

(3) Loco cit.

« Le parfum du mélèse, du cèdre et du thuya se répand dans toute l'ile.» Hardouin propose une autre leçon, qui doit être rejetée, parce quelle pèche contre la mesure (1). Macrobe pense que par búov Homère entendait le fruit du citron; à l'appui il cite cet hémistiche, fúov ♪ úñò xáλov ¿dúde, « il exhale l'odeur d'un beau ci«tron (2), » qui ne se trouve dans aucune édition et n'est rapporté par aucun commentateur.

[v. 79-80.] Jamais les immortels ne restent inconnus les uns aux autres, quelque éloignées que soient leurs demeures.

Knight retranche ces deux vers qu'il traite de commenta putida et inficeta (3). Wolf place un trait après les vers 78 et 80, sans doute pour indiquer qu'ils lui paraissent suspects. Une scholie du manuscrit de Milan fait observer que ces vers sont en contradiction avec un passage du douzième chant de l'Odyssée dans lequel Ulysse, après avoir rapporté une conversation du Soleil avec Jupiter, ajoute: C'est de la belle Calypso que j'ai su toutes ces choses; elle - même m'a dit les avoir apprises de Mercure, le << messager des dieux (4). » Si, comme il est dit ici, les immortels ne sont pas inconnus les uns aux autres, il n'est pas nécessaire que Calypso ait appris de Mercure les événements dont parle Ulysse.

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[v. 82-4.] Mais ce héros gémissait, assis sur le rivage; là, comme auparavant, rongeant son ame dans les pleurs, les soupirs et les chagrins, il contemplait la mer orageuse en répandant des larmes.

Plusieurs scholies disent que le vers 84 est inutile, et que le

(1) Not. in l. c.

(2) Saturn. II, 15.

(3) Knight, Not. in Odyss. &', 79-80.

(4) Odyss. u', 389-90. Cf. sch. ed. a Buttm. in Odyss. ε', 79.

sens est complet à la fin du vers précédent (1). Cela n'est pas parfaitement juste, car la phrase ne peut pas se terminer par un participe (pv), et le verbe Sepxioxaro du vers 84 est indispensable pour compléter le sens. Cependant il faut avouer que les mots δάκρυα λείβων du vers 84, joints à ceux-ci δάκρυσι ... ἐρέχθων du vers précédent, surtout après le verbe zλaię du vers 82, forment une surabondance de pleurs et de larmes qui démontre suffisamment l'interpolation. Mais je crois que le retranchement doit porter sur le vers 83, comme je l'explique ailleurs (2). En retranchant ce vers 83, voici la suite de la phrase: «Mais ce héros pleu«rait, assis sur le rivage; et là, comme auparavant, il regardait la « vaste mer en répandant des larmes.» Ni Wolf ni Knight n'indiquent ici aucun retranchement.

[v. 91.] Mais suivez-moi d'abord, afin que je vous offre le repas de l'hospitalité.

Le manuscrit de Vienne et celui de la bibliothèque harléienne ne portent pas ce vers (3), que Wolf renferme entre deux parenthèses. Il se trouve aussi au dix-huitième chant de l'Iliade; c'est Charis qui l'adresse à Thétis lorsque celle-ci arrive dans les palais de Vulcain (4). Dans ce passage de l'Iliade, il n'est nullement contesté, Peut-être les éditeurs qui ne l'admettent pas ici ont-ils pensé que le mot eiviz, qui s'applique au repas que Calypso offre immédiatement à Mercure, n'a pas cette signification, mais qu'il emporte toujours l'idée des présents de l'hospitalité, ou même de l'hospitalité en général. Ainsi au neuvième chant de l'Odyssée le Cyclope s'écrie:

ἀλλ ̓ ἄγε δεῦρ ̓ ὀδυσεῦ, ἵνα τοι πὰρ ξείνια θείω (5).

(1) Sch. ed. a Buttm. in Odyss. ε', 82 et 84.

(2) Voyez les obss. sur le v. 156 de ce chant.

(3) Cf. Alteri et Porsoni edd.

(4) V. 387.

(5) Odyss. ', 517.

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