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souris, parce qu'il a quelque ressemblance avec la chauve souris, par sa couleur et par son vol incertain et plus rapide qu'en toute autre espèce. Il exécute dans son vol tous les mouvemens qui lui plaisent, tantôt en battant des ailes avec précipitation, tantôt en les étendant tout-àfait, tantôt en s'élevant dans les airs, tantôt enfin en suivant toutes les directions qui lui conviennent, soit en ligne droite, soit en ligne oblique. Il passe avec beaucoup d'adresse entre les branches sèches, et il est si essentiellement destiné au vol, qu'il ne s'arrête ni ne se repose pas un instant dans la journée. C'est de Noseda que je tiens tous les détails relatifs à ce martinet.

« J'ai suivi, dit-il, plusieurs de ces oiseaux, et je n'ai jamais pu en tirer un seul, non-seulement à cause de «la rapidité de leur vol, mais encore de leur naturel rusé, « qui les fait tenir toujours hors de la portée du fusil ; « cependant ils sont très-communs dans le district que « j'habite. Fatigué de tant de peines inutiles, je chargeai « un Indien d'examiner si, par hasard, ces martinets ne « se percheraient pas sur les arbres pendant la grande « chaleur du jour, ou de reconnaître les endroits dans

lesquels ils passent la nuit. Cet Indien passa une se« maine entière dans les bois; et il remarqua que ces oi«seaux ne s'arrêtaient jamais pendant le jour, et qu'ils « s'élevaient souvent hors de la portée de la vue. Mais il << découvrit un arbre d'une grosseur extraordinaire et très«touffu, qui avait un trou, d'où il vit sortir, de grand << matin, plusieurs martinets. Il examina ce trou; et ayant « observé qu'il en sortait du vent, il comprit qu'il devait << y avoir une seconde ouverture, et il la découvrit en <<< effet peu au-dessus du sol. Je me plaçai dans un lieu d'où je pouvais apercevoir ces oiseaux entrer dans leur

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« domicile. Ils y arrivaient, au coucher du soleil, par« petites troupes (j'en comptai soixante-deux), mais avec « tant de rapidité, qu'à peine pouvait-on les distinguer. « Mais on entendait les petits coups qu'ils donnaient de « leurs ailes contre les bords du trou dans lequel ils se pré« cipitaient, et dont l'ouverture n'était pas assez large << pour qu'ils pussent y entrer les ailes étendues, quoique « l'intérieur le fût assez pour qu'ils y passassent deux «de front. Avant d'y pénétrer, ils volaient trois ou quatre a fois autour et à une assez grande distance de l'arbre. « Quand la nuit fut venue, je bouchai les deux ouver<<tures, et j'entendis que les oiseaux volaient dans l'inté rieur du trou.

« Le lendemain matin (3 décembre) je fis couper l'ar«bre; et ayant passé la main dans l'ouverture inférieure, « je pris quarante martinets; les autres s'échappèrent, « J'examinai l'intérieur de la cavité, et je reconnus qu'elle « n'était propre qu'à des oiseaux grimpeurs, comme les «charpentiers. Je mis en cage quelques-uns de ces mar «tinets, et je laissai les autres en liberté dans ma maison, « J'observai qu'ils ne pouvaient se tenir à terre, et que «<leurs ongles crochus, très-forts et aigus, leur donnaient «la facilité de grimper.

«Ils ont le tarse court, robuste et arrondi; les griffes «fortes; le croupion musculeux; les tiges des pennes de « la queue épaisses et se terminant en pointe aiguë et dé<< garnie de barbes, comme celles des charpentiers; 17 «< pennes aux ailes, et la deuxième la plus longue; une << place nue et noire au-dessus et au-dessous de la partie « externe de l'aile; les dix pennes de la queue presque << égales, et les couvertures supérieures presque aussi lon«gues que tes pennes; les tarses sans écailles, enfin l'œil

grand. Quand ceux que je nourrissais avaient le bec « en l'air, ils saisissaient avec promptitude ce qui se pré« sentait, et ils ne le lâchaient que par force. Leurs ailes « sont très-longues, fermes, étroites et pointues; leurs << pennes, sur-tout les extérieures, ont de larges barbes « et des tiges très-robustes; dans l'état de repos elles se «< croisent sur l'extrémité de la queue.

«Le petit martinet a le corps maigre et léger; la tête, «le bec, toute la physionomie des hirondelles, et le cri « qu'il fait entendre en volant, semblable au bruit répété « d'une très-petite castagnette. Il jète aussi, lorsqu'on « le prend, le même cri que l'hirondelle domestique, « quoique plus bas; on voit accourir à ce cri les autres « martinets, mais néanmoins toujours hors de la portée « du fusil. Ces oiseaux vivent en familles ; de sorte que « les soixante-deux que je vis entrer dans l'intérieur d'un « arbre, étaient partagés en sept ou huit petites troupes. « Il n'y a point de différence entre le mâle et la femelle, << entre le jeune et l'adulte.

« Dimensions. Longueur totale, 4 pouces sept dou« zièmes, de la queue, 1 cinq douzièmes; du vol, 11 un « tiers; de la jambe, 10 lignes; du tarse, 6; du bec, un " peu plus de 6.

« Couleurs. Tout le plumage est d'une teinte noi>> râtre, beaucoup plus foncée sur la tête et mêlée de rouge «brun sur les couvertures inférieures de la queue. Il y a << un peu de blanc sous la mâchoire inférieure. Le tarse «<est violet et l'œil tout noir ».

CARACTÈRES COMMUNS

AUX IBIYAUS. ·

Le mot guarani ibiyau signifie nous mangeons la terre ;

et il exprime le cri d'une des espèces de la famille d'oiseaux à laquelle ce nom est appliqué dans le Paraguay. Ces oiseaux ont de grands rapports avec les hirondelles, par leur tête aplatie, leur cou et leurs pieds courts, leur bec faible, ainsi que par le genre de leur nourriture, leur manière de se la procurer, et par d'autres attributs. Mais les ibiyaus different principalement des hirondelles en ce qu'ils sont plus grands, nocturnes, solitaires ou moins sociables, en ce qu'ils se posent à terre, en ce qu'ils ont des moustaches, les ongles dentelés, etc. Leur bouche est difforme, par son ampleur, et aussi large, et même plus large que la tête. Ils ont, en outre, le bec petit et courbé; la langue étroite et singulière; des moustaches longues et dures; les ouvertures des narines en tuyaux; les yeux très-grands et à travers lesquels paraît la couleur de la bouche ouverte ; le cou court et comme renflé par la grande quantité de plumes qui le couvrent; les cuisses courtes; les pieds arrondis, robustes et revêtus de quelques plumes au haut de la partie antérieure; les trois doigts du devant unis près de leur insertion par une membrane; le doigt postérieur placé de côté; un rebord denté comme une scie, le long du côté interne de l'ongle du doigt du milieu ; très-peu de

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chair en comparaison de leur volume; l'envergure et la queue longues, enfin l'aile un peu étroite et en carré long.

La trop grande lumière les offusque; et, pendant le jour, ils ne s'enlèvent que quand on est très-près d'eux, pour voler quelques instans, bas et horizontalement, et se laisser tomber tout à coup, les ailes pliées comme une balle; il n'est pas aisé de les découvrir, parce que les teintes de leur plumage different peu de celles du terrain sur lequel ils tombent, et restent comme collés, sans se tenir sur leurs pieds. Ce n'est qu'à la lueur des crépuscules et au clair de la lune qu'ils cherchent leur subsistance, en volant avec beaucoup d'aisance et bas, mais en changeant fréquemment de direction pour attraper les insectes. Quelques espèces ne se posent qu'à terre, d'autres ne se perchent que sur les arbres, et quelques autres se reposent de ces deux manières. La première espèce s'accroche aux arbres, le corps vertical, de même que les charpentiers; les autres, au contraire, ne peuvent se tenir qu'appuyées sur le tarse. Les unes fréquentent les champs, d'autres les bois, et quelques-unes se trouvent dans les uns et les autres. Celles-ci ne paraissent au Paraguay qu'au milieu de l'hiver, celles-là n'y viennent qu'au printems, et quelques-unes y sont sédentaires, et se cachent dans l'intérieur des bois pendant les plus grands froids. On dit qu'aucune ne fait de nid, et qu'elles déposent leurs œufs sur la terre nue; cependant il est certain que la première espèce fait sa ponte sur les arbres. Elles ont toutes tant de ressemblance entr'elles, qu'il suffit d'en voir un individu pour ne pas se tromper sur la famille à laquelle il appartient; mais, par la même raison, il est extrêmement difficile de distinguer les espèces. En effet, les habitudes ne sont pas aisées à observer

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